13 juillet 2006
Attentats
de Buenos Aires
MANIPULATION
DU TERRORISME ANTISÉMITE PAR LE MOSSAD
http://mai68.org/ag/1034.htm
http://cronstadt.org/ag/1034.htm
http://kalachnikov.org/ag/1034.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/1034.htm
LIen originel : http://www.voltairenet.org/article141896.html
La
justice argentine a écarté la piste islamique
Washington veut réécrire les attentats de Buenos-Aires
par Thierry Meyssan
Les États-Unis voudraient utiliser le souvenir des attentats de Buenos Aires de 1992 et 1994 pour étoffer leur dossier contre les musulmans chiites. La plupart des encyclopédies continuent en effet à attribuer ces massacres au Hezbollah ou à lIran. Mais ces accusations ont fait long feu, la Justice argentine sest orientée entre temps vers une piste israélienne. Du coup, Washington fait pression pour geler une enquête qui devient gênante.
Pour étoffer ses accusations contre le « croissant chiite » (Iran, Syrie, Hezbollah libanais), Washington a décidé de verser au dossier les attentats commis à Buenos Aires au début des années 90. Il est en effet communément admis dans les pays atlantistes quils furent luvre de terroristes musulmans.
Or, cette version des faits a été entre temps démentie par la Cour suprême argentine qui sest, au contraire, orientée vers une piste israélienne. Une opération a donc été montée par les néo-conservateurs pour renverser le cours des choses. À la suite dune réunion qui sest tenue à Washington en mai 2006 et à laquelle ont participé deux hauts magistrats de Buenos Aires, de fortes pressions ont été exercées à la fois sur le gouvernement et sur la justice argentine. En réplique, un groupe de citoyens argentins conduit par le docteur Oscar Abdura Bini [1] vient de porter plainte devant le Tribunal de Grande Instance de Buenos Aires nommément contre lAmerican Jewish Committee [2] et les procureurs Nissman et Martinez Burgos pour entrave à la Justice.
Pour comprendre les enjeux de cette polémique, souvenons-nous de ces attentats.
Le 17 mars 1992 une violente explosion détruisait lambassade dIsraël à Buenos Aires et endommageait gravement une église catholique et une école adjacentes. 29 personnes furent tuées et 242 autres furent blessées.
Dans un premier temps, lenquête sorienta sur la piste islamique. Lattentat aurait été commis par un kamikaze palestinien utilisant une camionnette bourrée dexplosifs. Il aurait appartenu au Jihad islamique et aurait voulu venger lassassinat par Israël du leader du Hezbollah libanais cheikh Abbas al-Musawi et de sa famille. Lopération aurait été préparée par un groupe de Pakistanais et coordonnée par Moshen Rabbani, lattaché culturel de lambassade dIran. Ce dernier fut dailleurs interpellé, quelques années plus tard, en Allemagne avant dêtre relâché faute de preuves.
Le 18 juillet 1994, une seconde explosion dévastait limmeuble de lAssociation mutelle israélite argentine (AMIA) faisant 85 morts et plus de 300 blessés.
Lenquête initiale sorienta également sur la piste islamique. Lattentat aurait été commis par un kamikaze de 29 ans, Ibrahim Hussein Berro, conduisant un véhicule piégé. Quelques années plus tard, un mandat darrêt fut lancé contre Imad Mugniyah, un membre du Hezbollah libanais ; puis, lancien ambassadeur dIran en Argentine, Hade Soleimanpour, fut interpellé au Royaume-Uni et relâché faute de preuves.
Tous ces éléments, qui paraissent être des conclusions définitives, sont reproduits depuis des années dans toutes sortes dencyclopédies. Pourtant, aucun jugement nest venu les confirmer. Pis, les enquêteurs ont progressivement déconstruit des versions quIsraéliens et Américains leur avaient glissées à loreille pour en arriver à une hypothèse radicalement contraire : les deux attentats auraient été commis par des agents israéliens pour casser lantisionisme de la communauté juive argentine. Les valses-hésitations des enquêteurs doivent être replacées dans le contexte politique mouvementé de leur pays, où les gouvernements et les insurrections se sont rapidement succédés. À ce jour, aucun jugement définitif nayant été rendu dans aucune des deux affaires, chacun peut donc tirer les conclusions qui larrangent en se référant à des actes contradictoires de procédure.
Quoi quil en soit, le moins que lon puisse dire est que la piste du terrorisme musulman ne tient plus la route et que les néo-conservateurs font tout ce quils peuvent non pas pour débloquer les enquêtes, mais pour les enterrer définitivement.
Le juge dinstruction Alfredo Horacio Bisordi a témoigné sous serment à huis clos, le 5 mars 2002, à propos du premier attentat, devant une commission denquête parlementaire. Le Réseau Voltaire a pu se procurer le script de cette audition.
Selon le juge Bisordi, le commissaire Meni Battaglia dirigea lenquête sur lattentat contre lambassade. Il était secondé, à titre non-officiel, par un béret vert de lambassade des États-Unis (non identifié) et par le chef de la sécurité de lambassade dIsraël, Ronie Gornie, tous deux disposant prétendument dune longue expérience de ce type dattentat au Proche-Orient. Sur les conseils de ces « experts », le commissaire adopta immédiatement lhypothèse de la voiture piégée et consigna avoir retrouvé des morceaux épars du moteur dune camionnette Ford 100.
Il ne fut pas possible détablir la liste exacte des victimes, car il savéra que la liste des diplomates israéliens accrédités ne correspondait pas à la réalité du personnel de lambassade, sans que cette différence puisse être expliquée. Le commissaire Battaglia sopposa au juge Bisordi, qui souhaitait faire autopsier les victimes, au motif que cela napporterait pas déléments nouveaux. Le juge insistant, le Grand rabbin dArgentine sy opposa à son tour au motif que, dans le cas des victimes juives, il sagirait dune profanation. Il ne fut en définitive procédé à aucune autopsie.
Le magistrat sinterrogeait sur deux points : pourquoi avoir attendu que lambassade soit vide pour lattaquer alors que, quelques heures plus tôt, on y recevait en grande pompe une centaine de personnalités juives ? Et pourquoi recourir à un kamikaze alors que cela nétait pas nécessaire pour jeter la camionnette sur lambassade ?
Manifestant de plus en plus de scepticisme sur la version que lon essayait de lui imposer, il reçut la visite du directeur adjoint des services secrets (SIDE), le docteur Gerardo Conte Grand. Chargé de lui faire entendre raison.
De plus en plus soupçonneux, le magistrat fit irruption à limproviste au commissariat lors de linterrogatoire dun témoin-clé : un chauffeur de taxi qui attestait avoir raccompagné un groupe de musulmans à laéroport juste avant lattentat. Ceux-ci lui auraient dit quil fallait quitter rapidement le quartier avant quil ne se transforme en enfer. Le juge Bisordi interrogea lui-même le témoin qui croyait avoir à faire à une personne aussi complaisante que les policiers. Le chauffeur de taxi refusa de décliner son identité et se présenta comme « lhomme dIsraël ». Il revendiqua être colonel de Tsahal et avoir combattu durant la Guerre des Six jours.
Les éléments relatifs à la seconde enquête sont tout aussi édifiants avec notamment un vrai-faux policier israélien qui se promène comme chez lui dans les commissariats et les prisons argentines, et procède à des interrogatoires hors procédure et à des pressions sur les témoins. Prié de sexpliquer devant la justice argentine, lhomme a disparu. Le gouvernement israélien, après avoir nié son existence, a finalement reconnu lemployer, mais sest opposé à son audition.
La Cour suprême sest réunie à huis clos pour examiner diverses pièces de procédures. Elle a validé des investigations scientifiques établissant de manière formelle que, contrairement à ce qui avait été admis au départ, il ny avait pas de véhicules piégés conduits par des kamikazes, mais que les explosifs avaient été installés dans les bâtiments, aussi bien à lambassade quà lAMIA.
Tout ce qui a été dit sur lorigine des véhicules et leurs conducteurs est donc invalidé.
Au lendemain de cette audience, le porte-parole de lambassade dIsraël à Buenos Aires a déploré ces conclusions et accusé les juges de la Cour suprême dantisémitisme.
Il faudra certainement encore beaucoup dindépendance et de persévérance à la justice argentine pour élucider complétement ces affaires. Au demeurant, ceci suscite quelques commentaires.
Il est étrange quil faille une dizaine dannées pour se rendre compte quun attentat a été réalisé en plaçant un explosif dans un bâtiment et non avec un véhicule kamikaze. Jobserve au passage que dans lenquête actuelle sur lassassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri, la thèse de la camionnette piégée qui était considérée comme certaine par lenvoyé spécial de lONU Detlev Mehlis, nest plus quune hypothèse de travail pour son successeur.
En quatorze ans, de nombreux experts occidentaux ont rédigé des ouvrages sur le terrorisme en raisonnant sur une interprétation erronée des attentats de Buenos Aires. Ils ignorent ou feignent dignorer les progrès de lenquête argentine, ce qui est soit un signe dincompétence, soit de mauvaise foi. Ils saccrochent aux conclusions de leurs raisonnements alors que les prémisses en sont fausses.
Il est pénible de constater que les enquêtes judicaires sur les grands attentats terroristes imputés aux musulmans sont inachevées, quil sagisse de Buenos Aires, de New York, de Bali, de Casablanca, de Madrid ou de Londres. Dautant que cela nempêche guère les gouvernements néo-conservateurs et leurs « experts » den tirer des conclusions générales.
Les États-Unis ont lhabitude de modifier rétrospectivement lattribution dattentats dont ils furent victimes, de manière à accuser leur adversaire réel ou fabriqué du moment. Ils envisagent maintenant de réécrire lHistoire jusque chez les autres.
Enfin, il convient de se montrer vigilant face aux va-t-en-guerre qui évoquent mensongèrement les attentats de Buenos Aires pour qualifier tel parti ou tel gouvernement de « terroristes » et appeler à son éradication.
Thierry Meyssan
Journaliste et écrivain, président du Réseau Voltaire.
http://www.voltairenet.org
NOTES :
[1] Le docteur Oscar Abdura Bini est bien connu du public argentin. Il avait été sollicité par le président Carlos Menem pour empoisonner son épouse, dont il était le psychiatre attitré, en lui prescrivant des doses excessives de médicaments. Il avait alors protégé sa patiente contre les sbires présidentiels.
[2] Créée au lendemain de la Révolution russe, lAmerican Jewish Committee était initialement une association anti-communiste. Elle est devenue aujourdhui néo-conservatrice. Il sagit avant tout dune organisation politique interne à la communauté juive américaine et non pas dune organisation communautaire.
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REMARQUE de do :
Je vous invite à relire mon texte intitulé « Guerre psychologique : la sionisme manipule l'antisémitisme ! » :
http://mai68.orgjournal/N64/1avril2002.htm
Vive la révolution : http://www.mai68.org
ou : http://kalachnikov.org
ou :
http://vlr.da.ru
ou :
http://hlv.cjb.net