17 mai 2007 Récit
de la journée de lutte du 16 mai 2007 à Paris http://mai68.org/ag/1150.htm Récit
de la manif du soir depuis Barbès Climat pesant le 16 mai à Paris. Comme d'habitude, il fallait que rien ne puisse arriver... et pourtant... Une première manifestation part de Bastille vers Nation dans l'après-midi, 1500 personnes environ défilent dans un calme plat et sous le regard de plein de keufs en civil. Une manif « réussie » selon les gentils organisateurs. À Nation, tout le monde attend, nous attendons qu'il se passe quelque chose mais rien ne se passe. Timidement, néanmoins, circule un rendez-vous pour le soir à la Bastille à 20h30 et ensuite on bougerait ailleurs pour esquiver les flics. 20h30 à la Bastille, toujours autant de flics : des cars en nombre impressionnant qui stationnent dans les rues alentours et des civils au rassemblement composent le dispositif prêt à se refermer sur nous. Puis ce mot qui circule : « à Barbès au plus vite ». On s'éclate pour se reformer ailleurs, on n'est pas très nombreux, une centaine à avoir répondu à l'appel. Là, une voiture de flics nous mate grave en passant, c'est la surprise pour eux. L'ambiance est électrique, on va pouvoir faire un truc, c'est sûr. Allez faut se bouger, nous partons un peu au hasard en manif sauvage, nous commençons par crier « Paris debout, réveille-toi », « Sarko, nique sa mère » ou encore « Sarko au poteau », on a envie d'en découdre. Boulevard de Rochechouart, on croise une bagnole de keufs aux cris de « Nique la police », elle se reçoit une bouteille et s'en va vite voir ailleurs si on y est. L'idée de partir pour rameuter des gens et grossir rapidement fait rapidement place au « Il faut frapper ». Le temps que quelques personnes du quartier s'empressent de nous rejoindre, la rage au ventre, et la manif continue. Quelques rétros et quelques vitres de bagnoles sont shootés et détruites pour ensuite partir sur un truc plus ciblé. On descend alors sur la rue des Martyrs dans le 9ème arrondissement qui n'a rien de populaire malgré les conneries qu'on peut lire. Une quinzaine de banques, assurances, agences immobilières et concessionnaires automobiles voient leurs vitrines systématiquement détruites, principalement sur les rues des Martyrs, rue Clauzel et rue Notre-Dame de Lorette. Ça ne durera pas, nous sommes trop peu nombreux, au-dessus de l'église Notre-Dame de Lorette, on se disperse avant de voir les keufs. Il est possible que les sirènes folles qu'on entendait au loin soient les signes de quelques arrestations, nous n'en savons pas plus à ce sujet. 20 minutes ça aura duré, 20 minutes que nous avons arrachées à l'apathie des derniers jours, 20 minutes où la rage face à ce monde s'est exprimée, 20 minutes dérobées aux regards des bâtards en uniformes. 20 minutes de vie dans cet océan mortifère. 20 minutes et aucun journal n'en parle, même pas métro. Même à peu nombreux, on peut esquiver les flics, on peut frapper encore. La lutte continue. Petite note relative aux autres articles postés sur cette manif partie de Barbès : Oui, peut-être pouvons-nous regretter de ne pas être allé dans le 18ème pour ramener des gens mais l'envie d'en découdre était forte et c'est pourquoi la manif s'est dirigée sur le 9ème et n'a donc rien cassé dans le « Barbès populaire », excepté sans doute le Darty, mais avons-nous vraiment envie de défendre les grandes enseignes ou les banques installées dans les quartiers populaires ? Ensuite : oui, des gens du quartier nous ont rejoint ! pas des centaines, évidemment, mais il y en a eu. Notons que l'ambiance entre les manifestants était largement portée sur l'entraide, l'échange d'informations et de conseils techniques. Biens sûr qu'on pouvait effrayer des gens ; cependant, nous avons aussi vu dans plusieurs situations quelques rapides échanges avec des petits commerçants ouverts le soir du type « C'est pas contre vous, c'est contre les symboles du pouvoir et du capitalisme », qui permettaient de faire comprendre ce qui se passait. Sans doute ne faut-il pas faire que cela, mais être capable de déjouer les dispositifs policiers et de se retrouver à une centaine dans la rue pour gueuler notre hostilité à ce monde et en attaquer les symboles, c'est une force ; et, vraiment, tant pis pour ceux qui veulent défendre les vitrines des banques ou qui pensent qu'il faut attendre et encore attendre |
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