2 décembre 2007

LRU - Privatisation des facs - Loi Pécresse

Appel de la coordination nationale de Nantes

MANIFESTATIONS LE 6 DÉCEMBRE DANS TOUTES LES VILLES

http://mai68.org/ag/1262.htm
http://cronstadt.org/ag/1262.htm
http://kalachnikov.org/ag/1262.htm

    Le mouvement contre la Loi Pécresse continue.

    La mobilisation importante a contraint la Ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, à un déblocage de moyens pour l'Université. Cela n'est pas une réponse à la revendication première d'abrogation de la Loi d'autonomie des Universités des étudiant-e-s mobilisé-e-s depuis plus d'un mois.

    La mission sur le cadrage national des diplômes n'apporte aucune garantie législative. Les annonces budgétaires de 20 milliards d'euros demeurent insuffisantes (10% de plus de budget par an) face à la pénurie de moyens dans les Universités, et rien ne garantit que ces promesses soient réalisées d'ici 2012. Par ailleurs, le financement public de l'enseignement supérieur ne peut pas se faire par la privatisation rampante d'EDF (en vendant des actions, comme le propose Nicolas Sarkozy).

    Tout cela ne change rien au coeur de la Loi. L'autonomie budgétaire des Universités, l'introduction forte des entreprises privées et leur influence dans leur contenu des cours en contrepartie de fonds privés, l'octroi d'un pouvoir arbitraire aux présidents d'Université, le risque d'une hausse des frais d'inscription, la précarisation généralisée du personnel enseignant et administratif sont toujours présentes dans la LRU. Par conséquent, nous réaffirmons notre opposition à la loi Pécresse et nous condamnons les négociations de la direction nationale de l'UNEF.

    La LRU n'est ni amendable, ni négociable, que ce soit sur un plan local ou national. Depuis le début de la lutte, c'est la position de toutes les assemblées générales et de la coordination nationale, seules instances représentatives des étudiant-e-s mobilisé-e-s.

    Si nous nous battons pour l'abrogation de la LRU, c'est parce que nous nous battons pour le droit à l'éducation pour tous, et contre la destruction du service public. Étudiant-e-s et lycéen-ne-s, avec la LRU et les 11500 suppressions de postes dans l'éducation, c'est notre avenir qui est menacé.

    Exiger l'abrogation implique donc de lutter pour une augmentation massive du budget de l'enseignement supérieur, pour la création des milliers de postes dont il y a besoin, pour de vrais diplômes nationaux reconnus dans les conventions collectives, pour l'égalité entre Français-e-s et Étranger-e-s dans l'accès aux études, pour la gratuité des enseignements et pour la redistribution interne des financements de la Recherche.

    Cela implique aussi de lutter pour une augmentation massive des aides sociales, et d'être solidaires des salarié-e-s qui luttent en ce moment pour une amélioration de leur pouvoir d'achat. Nous appelons à la tenue d'Etats-Généraux de l'enseignement supérieur pour formuler des propositions en positif face au projet du gouvernement avec les acteurs de la communauté universitaire (les enseignants, les chercheurs, les Biatoss) et de leurs mouvements (SLR, SLU). De telles propositions sont de toutes façons, pour nous, subordonnées à l'abrogation de la LRU.

    Il est possible de gagner, de faire reculer le gouvernement sur nos revendications. SNCF et RATP, Air France, EDF-GDF, avocats, salariés de la fonction publique... Sarkozy a beau dire qu'il ne reculera pas face à nous, lui et son gouvernement ont été affaiblis par les grèves. La réussite de la journée de grève du 20 novembre a montré qu'il existait une volonté de lutte dans de larges secteurs de la jeunesse et du monde du travail.

    En effet, la LRU n'est pas une loi isolée mais fait partie d'un contexte de casse généralisée du service public dû à une libéralisation grandissante de la société et de l'économie française, ce que nous condamnons. Face à un État autoritaire, qui joue sur l'usure du mouvement contestataire, et constatant l'échec des négociations SNCF, nous annonçons que nous allons combattre et que nous réfléchirons à l'interruption du mouvement uniquement lors de l'officialisation de l'abrogation de la loi Pécresse.

    Pour cela, la coordination nationale appelle les étudiant-e-s à approfondir et amplifier la mobilisation dans les campus, à créer des assemblées générales communes avec les enseignant-e-s et les personnels afin de consolider les liens en vue d'arriver à une cooordination nationale de l'enseignement supérieur. Les lycéen-ne-s doivent se mobiliser encore plus massivement. Et lycéen-ne-s et étudiant-e-s doivent chercher la convergence avec les travailleurs, en premier lieu ceux de l'Education Nationale, notamment dans les universités et dans les lycées.

    La plupart des présidents d'université étant en faveur de la LRU, ils n'hésitent pas à recourir à la répression pour briser la mobilisation. Les fermetures administratives, les interventions policières... ne répondent pas à de prétendus « problèmes de sécurité » : elles visent à nous empêcher de nous mobiliser, c'est-à-dire nous priver de notre droit de nous révolter. Nous condamnons toutes les interventions policières et les arrestations. Nous exigeons l'amnistie de tous les inculpé-e-s des mouvements sociaux, y compris ceux du mouvement cheminot. Nous exigeons la réouverture de toutes les universités fermées administrativement, et le retrait de toutes les forces répressives (polices, vigiles privés...) qui occupent actuellement des universités. Nous réclamons la démission des présidents d'universités ayant fait appel à la répression et collaboré à l'expulsion de sans-papiers.

    La semaine dernière, le mouvement a été veritablement victime d'un durcissement de la répression. Le recteur de l'academie de Nantes a interdit la tenue d'Assemblées générales dans les lycées. Les charges de CRS ont été particulièrement dures à l'encontre des manifestants ; un mineur a été gravement blessé à l'oeil par un tir de flashball.

    Face à cette situation, nous réaffirmons que le droit de réunion, le droit de manifestation et de grève doivent exister pour tous, y compris les étudiants et les lycéens. Suspendre les cours est le seul moyen efficace pour que tous les étudiant-e-s, notamment les boursiers, puissent se réunir et décider ensemble de se mobiliser. Sans piquets de grève votés dans des Assemblées Générales massives, les étudiant-e-s ne disposent pas réellement de droit de grève. Sans occupation des locaux, ils ne disposent pas véritablement du droit de se réunir.

    Face aux tentatives de faire reprendre les cours par l'intermédiaire des référendums, nous réaffirmons la seule légitimité des Assemblées Générales pour décider des suites du mouvement : c'est dans les AG que les informations, les différents points de vue peuvent être échangés et que les étudiant-e-s peuvent voter en connaissance de cause.

    C'est aux grévistes d'organiser eux-mêmes la prise de décision et non aux présidences d'université, qui pour la plupart soutiennent la réforme. Nous appelons donc au boycott des votes organisés par les administrations universitaires.

    Les annonces du gouvernements, présentées par des organisations syndicales comme une raison d'arrêter le mouvement, tout comme la répression généralisée, visent à nous isoler. Loin de nous résigner à ce risque d'isolement, nous réaffirmons que notre mouvement a vocation à s'étendre dans les universités, dans la jeunesse et dans le monde du travail.

    Le projet du gouvernement est de détruire l'ensemble des acquis sociaux. Face à ce projet, c'est ensemble que nous gagnerons : nous devons construire un mouvement d'ensemble des jeunes et des salarié-e-s pour riposter à l'offensive du gouvernement.

    Nous appelons à un véritable service public dans tous les domaines : éducation, santé, transports, protection sociale, ce qui implique un réengagement massif de l'État dans le financement de l'enseignement supérieur et la recherche, la titularisation des précaires, l'augmentation des salaires et du point d'indice dans la fonction publique....

    Nous appelons à une manifestation massive le 6/12 pour que le mouvement montre sa force et qu'il encourage plus d'étudiant-e-s et de lycéen-ne-s ainsi que d'autres secteurs à nous rejoindre dans la lutte : nous appelons à une manifestation massive pour assurer la visibilité du mouvement et son élargissement vers d'autres secteurs. Nous appelons en particulier les personnels de l'université à nous rejoindre dans cette manifestation dans des cortèges communs.

    Nous appelons désormais à la tenue de coordinations nationales de l'enseignement supérieur qui inclueraient les étudiant-e-s et les personnels de l'université. Nous appelons à participer à toutes les initiatives d'autres secteurs en lutte contre le gouvernement et sa politique, en particulier à la manifestation des chômeurs et des précaires du 8/12.

    Nous proposons une prochaine date de manifestation interprofessionnelle le 11 (ou 13)/12, et nous adressons en ce sens à l'ensemble des salariés et de leurs organisations.

__________________
¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯
REMARQUES de do :

TRÈS BIEN !

Salut à toutes et tous,

Cet appel est très bien et correspond à peu près à ce que j'espérais, mais il existe tout de même trois points que je tiens à signaler :

1°) La coord nous dit :

« Nous appelons à la tenue d'Etats-Généraux de l'enseignement supérieur pour formuler des propositions en positif face au projet du gouvernement avec les acteurs de la communauté universitaire (les enseignants, les chercheurs, les Biatoss) et de leurs mouvements (SLR, SLU). »

Attention :

En inventant une quelconque autre réforme, vous jouez au ministre à la place du ministre !

On a mieux à faire :

Lutter contre la répression globale !

Ne nous laissons pas distraire par un attrape-mouche qui nous détournera de la seule chose efficace :

La mobilisation de l'ensemble de la population en lui dénonçant la répression féroce subie par notre mouvement.

2°) La coordination continue à employer le vocabulaire du pouvoir :

En effet, elle nous parle d'une prétendue "libéralisation grandissante".

Il n'y a aucune libéralisation, nous ne sommes en effet pas de plus en plus libres ; bien au contraire, la répression se fait de plus en plus féroce !

S'il n'y a aucune "libéralisation grandissante", il y a par contre une privatisation grandissante de tous les services publics.

VOCABULAIRE DE L'ENNEMI,
VOCABULAIRE ENNEMI !

http://mai68.org/ag/1112.htm

3°) Je suis très heureux que la coord cherche à unir tous les mouvements de contestation en un seul et même mouvement,

et je suis bien sûr très content qu'elle ait insisté sur la répression que subit notre mouvement,

mais justement, à ce propos,

je regrette beaucoup que la coordination n'ait pas pris la peine de dire que ce qu'il y a de commun entre tous les mouvements de contestation, c'est qu'ils subissent tous une répression de plus en plus terrible et que c'est par conséquent sur ce point que doit se faire la convergence des luttes.

Je regrette profondément qu'elle n'ait pas dit expressément que, dorénavant, c'est la luttre contre la répression en général qui passe avant toute autre chose, et que c'est avant tout en parlant de la répression, en la dénonçant et en la montrant que nous devons désormais amplifier et approfondir la mobilisation.

Notre meilleure chance de gagner est tout de même de parvenir à lancer un appel efficace à la grève générale illimitée de l'ensemble du prolétariat ("prolétariat" au sens généralisé).

Or, rien de tel que de mobiliser sur la répression pour y parvenir. De plus, la répression sous toutes ses formes est tout de même ce qu'il y a actuellement de plus choquant dans ce pays !

Donc ce que je propose est parfaitement justifié.

Bien à vous,
do
http://mai68.org

Post-scriptum :

1°) Je devine sans mal que si la coordination appelle "à la tenue d'Etats-Généraux de l'enseignement supérieur pour formuler des propositions en positif face au projet du gouvernement avec les acteurs de la communauté universitaire (les enseignants, les chercheurs, les Biatoss) et de leurs mouvements (SLR, SLU)", c'est parce qu'elle est parasitée (paralysée) par divers militants de quelques partis ou syndicats qui aimeraient bien qu'un membre de leur parti devienne ministre à la place du ministre.

Avec cette proposition, on sent poindre la récupération politique, car QUI ira jouer au ministre à la place du ministre sinon celles ou ceux qui veulent faire carrière dans la politique politicienne ?

Par ailleurs, je vous invite à lire les commentaires sous le texte dont le lien est ci-dessous. Ils expliquent pourquoi le mouvement "AntiCPE" s'est terminé prématurément :

http://mai68.org/ag/1054.htm

2°) Voici quelle était ma proposition pour la coordination, proposition que je maintiens pour la prochaine réunion de la coordination :

http://mai68.org/ag/1259.htm


Retour en AG

Vive la révolution : http://www.mai68.org
                      ou : http://kalachnikov.org
           ou : http://vlr.da.ru
              ou : http://hlv.cjb.net