30 décembre 2007
FUMER
TUE !!! crac ! boum ! hue !
http://mai68.org/ag/1290.htm
http://cronstadt.org/ag/1290.htm
http://kalachnikov.org/ag/1290.htm
L’anthropologie de l’imaginaire nous explique que le rouge et le noir symbolisent le tumulte des passions, par contre le noir et le blanc, c'est-à-dire le contraste violent entre la lumière et les ténèbres, représentent la vérité, l’intégrité et l’absolu.
Lorsque les talibans s’emparèrent de Kaboul, ils décidèrent d’établir des règles très strictes telles l’interdiction de l’usage du tabac en public, l’euthanasie des oiseaux d’agrément, la fermeture des bars à alcool…
Puis, lorsque leur pouvoir fut solidement établi, ils s’interrogèrent sur la pertinence du drapeau afghan. Celui-ci comportait une bande horizontale verte suivie d’un rectangle blanc où figuraient deux sabres noirs croisés et un verset du coran écrit en noir, enfin, une bande horizontale rouge soulignait le tout.
Choqués par une telle débauche signalétique, ils réformèrent plusieurs fois l’emblème, supprimant d’abord le rouge, puis les deux sabres, puis le vert pour aboutir à la bannière idéale : un verset écrit en noir sur fond blanc !
Peut-être parce qu’ils partagent le même imaginaire diaïrétique, nos croisés anti-fumeurs imposèrent que fût écrit en noir sur fond blanc " FUMER TUE " sur presque tous les paquets de cigarettes. Ces gens-là nous assènent la vérité sans fioritures parce qu’à l’instar des inénarrables talebs ils vivent l’ardente conviction d’être des agents du BIEN en conflit ultra légitime avec les forces obscures du MAL.
Initié à l’esprit critique, malgré l’école de la république, je fus immédiatement choqué par cette affirmation péremptoire que mon expérience personnelle dément car je fume quarante cigarettes par jour depuis trente-cinq ans. Peut-on commettre 511000 fois le geste qui tue et être encore vivant ? Suis-je l’une de ces exceptions qui confirment la règle ?
L’observation attentive de la vie quotidienne m’a montré que la réalité ne respecte rien et se fiche de confirmer les propagandes d’état… Certains fumeurs vivent très vieux et certains abstinents meurent très jeunes. Cela constitue la pire des injustices puisque, dans ces cas-là la vertu absolue – la sainte tempérance- subit une sorte de punition alors que les plus abjects des vicieux –les fumeurs, serial killers et pédocriminels- reçoivent une sorte de récompense scandaleuse.
Trêve de plaisanteries : Comme nous l’a démontré Aristote, une théorie n’est valide que si toutes les expériences destinées à la confirmer réussissent. Dans le cas contraire, elle devient fragile, ou douteuse, ou fausse, voire même imbécile.
Or, sur notre planète, vivent des millions de fumeurs qui, malgré leur petit défaut - péché mignon - accomplissent parfaitement leurs destins d’êtres humains : la vie, l’amour, la mort !
Certains fumeurs nous ont légué des œuvres gigantesques : Molière, Freud, Marx, Arendt, Sartre, Gainsbourg… Par contre, des anti-fumeurs militants comme Hitler et Mussolini (bigre !) ne nous inspirent plus que de la haine et du mépris car leurs trop visibles traces sentent très mauvais !
Revenons à la logique aristotélicienne qui, maintenant, n’autorise qu’une conclusion : FUMER NE TUE PAS, FUMER NE TUE PAS TOUT LE MONDE, FUMER NE TUE PAS VITE… Je l’ai démontré !
Par contre, il est exact que l’espérance de vie moyenne des fumeurs est inférieure à celle des non-fumeurs, mais cette donnée n’est vraie que si l’on compare un chiffre moyen à un autre chiffre moyen. Je m’explique : le rapport au tabac n’est qu’une variable parmi d’autres qui influent sur l’age probable du décès. A titre d’exemple ; un enseignant qui fume dispose d’une espérance de vie supérieure de 8 ans à celle d’un ouvrier agricole qui ne fume pas !
Mais, sous l’emprise des présidents sarkozy, des madames royal, des docteurs got, des députés bur et des monsieurs chérèque notre société préfère le moralisme, le paternalisme et l’autoritarisme à la lutte contre les scandaleuses inégalités devant la mort que produisent les conditions de vie et de travail des ouvriers les plus exploités.
Et cela s’explique très facilement : les campagnes anti-fumeurs créent un conflit entre salariés, suscitent des vocations de fayots-délateurs, flattent l’égo des petits chefs autoritaires et des salariés chrétiens dépourvus de conscience de classe. On voit très bien le bénéfice que les patrons et les directeurs peuvent tirer de ce climat détestable (1).
Par contre, améliorer les conditions de travail les plus pénibles et les plus pathogènes n’est pas jugé prioritaire puisque les patrons et les actionnaires, surdotés en pouvoirs, s’y opposeraient facilement et efficacement !
Georges SPORRI
DIVERSION : pendant que les salariés se disputent et s’oppriment mutuellement, ils fichent une paix royale à leur Saint-Patron, protecteur des pauvres victimes du tabagisme passif.
CONTRE-PIED : les syndicalistes collabos qui approuvent ces règlements au nom de l’hygiène et de la sécurité renforcent en fait l’autoritarisme et le moralisme ambiants, ils peuvent même apparaître comme des sous-flics bénévoles au service de l’ordre moral.
CONFUSION : les fumeurs peuvent percevoir leurs collègues qui approuvent leur ostracisation comme des ennemis. Surtout s’ils ignorent que la réglementation qu’ils subissent, plus sévère que celle des nazis en 1935, a été élaborée par l’O.M.S (2).
(3) La réglementation actuelle, qui sera définitivement instituée en France le 1er janvier 2008, fut élaborée par les églises néo-puritaines américaines et proposée à l’administration Reagan qui n’en demandait pas tant…
Post-scriptum : la morale républicaine, laïque et obligatoire, n’est-elle qu’une résurgence, abjecte et odieuse, d’une autre morale, plus ancienne et plus démodée ?
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