A la prison de la Santé
Les détenus corses refusent les
plateaux repas
Les détenus corses, droit commun et politique,
de la prison de la Santé refusent les plateaux repas depuis le 20 octobre.
Dans un communiqué, ils expliquent : « Nous dénonçons la politique
de défiance raciste menée par la direction de l'établissement à l'encontre
des détenus corses. Alors que le regroupement nationalitaire, ethnique et
confessionnel est institué dans la maison d'arrêt, la direction refuse toujours
aux Corses isolés en bloc, de rejoindre les autres Corses dans les divisions
où ils bénéficieraient de cellules individuelles.
Nous appelons tous les Corses détenus dans
les autres établissements à protester contre les conditions de détention qui,
par l'éloignement qu'elles imposent, génèrent de lourds problèmes financiers
et familiaux. Nous demandons à ce que soit rapidement mise en uvre une
politique de rapprochement et, à terme, soit organisée notre détention sur
le sol corse. Contrairement aux assertions de la nouvelle Ministre de la justice,
notre maintien en région parisienne ne peut être justifié par la nécessité
des auditions. D'une part, passés les deux premiers mois, les convocations
devant les juges ne se font que pour les renouvellements de mandat en détention,
tous les 4 ou 6 mois. D'autre part, la durée de détention préventive moyenne
est de 28 mois (36 pour certains cas) et est utilisée comme un « pré-peine ».
Enfin, certains condamnés attendent leur transfert en centre de détention
ou centrale... depuis plus d'un an. Dans ce cas, leur maintien en maison d'arrêt
leur fait perdre tous les avantages auxquels ils auraient accès en centre
de détention ou centrale (R.P.S., droit de téléphoner aux familles, travail
rémunéré, etc...)
Alors que la Constitution ne nous
reconnait aucune spécificité, la politique judiciaire et pénitentiaire qui
nous est appliquée est discriminatoire et pénalise lourdement nos familles.
Pour une seule visite de 3/4 d'heure à Paris, pour deux personnes, le montant
financier est de 5 000 F minimum (avion 3 400 F ; hôtel 500
F ; repas + taxi 1 000 F). Nous refusons que cette situation perdure
alors que la maison d'arrêt de Borgu est prévue pour être aménagée en centre
de détention. Il suffit d'une réelle volonté politique de la part du pouvoir.
Notre détermination à nous faire
entendre est totale et, si cela est nécessaire, nous engagerons d'autres formes
de lutte dès la mi-novembre. Nous refusons la situation d'indignité qui nous
est faite, ainsi qu'à nos familles. Nous irons jusqu'au bout de nos choix. »