L'orchestration et la spectacularisation de la lutte contre les OGM a pour but que de faire accepter aux masses l'idée des manipulations génétiques, mais a aussi pour but que ces organismes modifiés entrent dans nos assiettes (et donc dans notre corps)

Voilà le grand plus grand obstacle actuel à l'application des techniques de modifications génétiques sur les humains: le sentiment, encore solidement encré, de l'intégrité du corps. Nous faire accepter d'ingérer des OGM est un premier pas vers l'acceptation que le corps humain pourra lui-même être modifié.

Mais les psychologues savent que ce ne sera pas suffisant. Un deuxième pas sera d'amoindrir le sentiment que notre corps nous appartient.

C'est pourquoi il est en train de se lancer à l'heure actuelle une campagne publicitaire visent à banaliser les atteintes au corps. C'est en agissant dans le champ conceptuel du sado-masochisme et de la prostitution que les publicitaires tirent, pour l'instant, leur inspiration. Le retour en force du sado-masochisme dans les esprits, en tant que pratique sexuelle, a été amplifié par les publicités depuis quatre ans (bien que quelques firmes, dont "ERAM", s'appuyaient déjà sur une symbolique néo-nazie pour bâtir leur image depuis des années).

La dernière publicité en date, pour les téléphones portables "nomad" de bouygues telecom, dévoile bien l'esprit de cette vague publicitaire. L'annonce est la suivante:

"1 heure pour 100 F, sans engagement" . En photo, on voit une jeune femme en robe ou en nuisette noire qui se pince fortement (diverses poses sont utilisées)

Cet exemple n'a pas besoin, il me semble, d'explication plus poussée : le corps jouït en se pinçant, sous la contrainte ou en contraignant un autre corps. C'est une incitation à oublier que le corps d'autrui (et par effet miroir le notre) a son intégrité propre, et qu'il n'est pas fait pour être contraint ou violé.

Un autre exemple flagrant de cette campagne publicitaire a été, il y a un an, la publicité pour une crème fraiche: "babette, je la lie, je la fouette, et quelquefois je la passe à la casserole"

A l'époque je supposais simplement que l'on préparait les foules à se faire diriger par un nouveau "führer", ou à oublier les derniers résidus de mai 68 qu'il restait dans les esprits (en fait, je ne savais pas quoi en penser). Do, en parlant de la lepénisation de la société, avait commencé à me donner un début de réponse certes un peu plus consistant, mais qui ne me satisfaisait qu'à moitié. La déclaation de Reisel me donne une nouvelle raison, mais là encore je pressens que je suis encore en dessous de la vérité. Quelqu'un aura-t-il d'autres éléments à me fournir ?