12 décembre 2000
« La section de Bastia de la ligue des droits de l'homme, tient à dénoncer
la situation trop souvent faite à un certain nombre de détenus politiques
corses.
La ligue des droits de l'homme n'a pas à prendre position sur le fond des
affaires, ce n'est pas son rôle. Il est par contre de son devoir, de manifester
son indignation concernant les méthodes judiciaires d'exceptions, porteuses
d'arbitraire, sujettes à toutes les instrumentalisations, opaques, et donc
dangereuse pour la démocratie. De même manière, des conditions de détention
exceptionnelles doivent interroger tous les démocrates. Qu'on en juge à travers
un exemple :
Les parents d'Etienne Lovisi, ses avocats, viennent de témoigner de la situation
faite à leur fils et client depuis le mois de Septembre. Ayant diagnostiqué
un très grave problème cardiaque, les médecins, dès cette date, préconisent
une opération à cSur ouvert de toute urgence. Cette opération indispensable
sera refusée pendant près de deux mois, par l'administration pénitentiaire.
Elle n'aura lieu que le vendredi 24 novembre dans le secret le plus total.
Ni les parents, ni les avocats ne seront prévenus.
Monsieur Lovisi, sera acheminé à l'Hôpital par une vingtaine d'hommes en armes,
menotté aux pieds et aux mains jusqu'à la table d'opération. Celle-ci s'est
déroulée en présence de deux policiers armés dans le bloc opératoire. Les
parents prévenus le samedi se présenteront dès le dimanche matin à Paris,
sans savoir où était leur fils. On leur refusera tout droit de visite et d'information
sur son état de santé. La maman seule, sera autorisée à le voir quelques minutes
le lundi après-midi. Un droit de visite ne leur sera accordé que le mercredi
suivant, cinq jours après l'opération. Etienne Lovisi en détention provisoire
sera obligé de descendre au parloir menotté aux pieds et aux mains en empruntant
les escaliers à l'aller comme au retour.
La section de Bastia de la ligue des droits de l'homme tient à dénoncer ces
méthodes. Elles sont insupportables à l'heure même où le Sénat et l'Assemblée
Nationale viennent de rendre publics les rapports de leurs missions d'enquête
respectives sur la situation dans les prisons françaises, un constat accablant
s'impose. Pour la ligue des droits de l'homme, un citoyen incarcéré doit conserver
toute son humanité, et les droits qui en découlent.
La section de Bastia prend dès ce jour contact avec les instances nationales
de la ligue, afin qu'une démarche forte soit engagée auprès du garde des Sceaux
»
Libertà
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