13 décembre 2000

 

Reporters sans frontières

DERNIèRES NOUVELLES (13 décembre 2000): Mwamba wa ba Mulamba, membre de Journalistes en danger, l'organisation correspondante de RSF en RDC, assiste actuellement aux rencontres de la presse à ouaga, voici ces impressions, notammment sur l'interdiction de la manifestation du 12 décembre: "Je suis arrivé à Ouaga le vendredi 9 décembre 2000 en début d'après-midi, après une brève escale à Abidjan. Je suis logé au Pacific Hotel, rue Léo Frobénius, dans le quartier Zabra Daaga (Marché du soir), en plein centre-ville... Sachez que l'Afrique est la même partout. Le festival sur la liberté de la presse et d'expression est carrément pris en otage par Blaise Compaoré et sa troupe. Le programme prévoyait, hier mardi 12 décembre, une cérémonie d'hommage à Norbert Zongo, sur le lieu de son martyr, à Sapouy (100 km de Ouaga). Alors que nous étions déjà à quelque 5 km de là, un important dispositif militaire de la DCIR (Direction de compagnie d'intervention rapide) nous a barré la route et sommé de rentrer sur Ouaga. Nous avons du nous contenter, le soir, du vernissage de l'exposition des oeuvres d'art et des photos. Au moment où je vous envoie ce mail, la ville de Ouaga vit une sorte d'état de siège qui ne veut pas dire son nom. L'accès au cimetière où se trouve la tombe de Norbert Zongo est interdit. Les sbires sont partout dans la ville et notre lieu de contact, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), est bouclé par des soudards armés. Je ne sais pas si le colloque, prévu pour ce soir et demain, aura lieu... Je me propose de faire une alerte, cet après-midi, dont je vous enverrai le texte pour distribution. Je vous dis que l'Afrique a définitivement refusé le développement... Cet homme, Norbert Zongo, avait, en tout cas, une (un ?) aura incroyable. Tout Ouaga est suspendu sur son souvenir en ce 13 décembre 2000, deux ans, jour pour jour, après sa brutale disparition... J'ai fait quelques interviews à des radios. Je risque, peut-être, d'être pris par la DCIR ! Mais ils n'ont pas le droit d'agresser un citoyen étranger. Tout ce qu'ils peuvent c'est m'expulser, comme ils en ont l'habitude avec Ménard..." - FIN -

7 décembre 2000

Deux ans après, les coupables sont toujours en liberté et RSF ne peut pas se rendre au Burkina Faso A l'occasion du deuxième anniversaire de l'assassinat du journaliste Norbert Zongo, le 13 décembre 1998, Reporters sans frontières (RSF) dénonce, une fois encore, l'impunité dont bénéficient toujours les responsables de ce meurtre. Deux ans après les faits, aucun des six suspects désignés par une commission d'enquête indépendante, en mai 1999, n'a été inculpé, et François Compaoré, le frère du chef de l'Etat, largement impliqué dans cette affaire, n'a même pas été entendu par le juge d'instruction en charge de ce dossier. Par ailleurs, le 27 novembre 2000, l'ambassade du Burkina Faso à Paris a refusé d'accorder des visas à deux représentants de RSF qui souhaitaient assister au festival pour la liberté de la presse, à Ouagadougou. L'organisation s'est indignée de ce refus et a précisé à l'ambassadeur du Burkina Faso que "cette décision montre, une fois de plus, le peu de volonté des autorités burkinabés de faire la lumière sur cette affaire. Il est inacceptable qu'une organisation non gouvernementale de défense des droits de l'homme ne puisse se rendre en toute liberté dans votre pays." Enfin, RSF profite de cette journée commémorative pour mener une campagne de presse dans sept journaux burkinabés et deux hebdomadaires panafricains. L'organisation désirait également acheter des espaces pour coller des affiches 4x3 m dans les rues de Ouagadougou, mais la municipalité a refusé "en raison du caractère spécifique de ces affiches". Le visuel de cette campagne montre un gâteau d'anniversaire avec deux bougies, accompagné du message : "Les assassins du journaliste Norbert Zongo fêtent leurs deux ans d'impunité."

Norbert Zongo était le directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant. Il a été retrouvé mort, carbonisé dans son véhicule, en compagnie de trois de ses compagnons, le 13 décembre 1998.

Cette date a été le point de départ d'une vague de contestation dans tout le pays. Plusieurs dizaines de manifestations ont eu lieu à Ouagadougou et dans les principales villes du pays, en 1999. Le 7 mai 1999, une commission d’enquête indépendante, chargée de "déterminer les causes de la mort" du journaliste Norbert Zongo, conclut, après avoir auditionné plus de deux cents personnes, que, "concernant les mobiles de ce quadruple meurtre (…), il faut les chercher du côté des enquêtes menées depuis des années par le journaliste, et notamment sur ses récentes investigations concernant la mort de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence" et frère du chef de l'Etat. Le rapport donne également le nom de six "sérieux suspects" dans cette affaire. Tous appartiennent au Régiment de la sécurité présidentielle (RSP). En mai 1999, le secrétaire général de RSF, Robert Ménard, avait été expulsé du pays sur l'ordre du ministre délégué à la Sécurité, Djibril Bassolé. En septembre 1999, deux représentants de l'organisation avaient été refoulés à leur arrivée à l'aéroport de Ouagadougou. Dans ces deux cas, les membres de RSF disposaient d'un visa, en cours de validité, accordé par l'ambassade du Burkina Faso en France.

 

 

 

 

 

 

 

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