19 janvier 2001
Pour que le Congo puisse vivre ...
Communiqué du PTB
18 janvier 2001, 13h30
La télévision congolaise vient d'annoncer la mort
du président Kabila.
Depuis le début de la guerre en août 1998 le Congo
a compté 2,3 millions de morts, un nombre alarmant de réfugiés et une misère
chaque semaine plus intenable pour au moins 16 millions de civils. Or, ce n¹est
qu¹au moment où l¹occident pense pouvoir tirer profit des évènements en RDC,
que les médias occidentaux parlent du Congo.
Pourquoi?
Le congo est stratégiquement trop important pour
que les puissances impérialistes laissent ce peuple tranquille.
C¹est avec l'argent tiré de l¹exploitation barbare
du caoutchouc, que Léopold II finança l¹Union Minière pour exploiter le cuivre
katangais. Lors de la deuxième guerre mondiale c¹était le Congo qui finançait
le gouvernement belge en exil et qui contribuait de manière décisive dans l¹effort
de guerre des alliés par la livraison des matières premières. C'était l'uranium
congolais qui permit la fabrication des deux premières bombes atomiques lâchées
sur Hiroshima et Nagaski en 1945.
Les ressources congolaises sont nombreuses: à coté
de l'or, du diamant et du cuivre, on y trouve manganèse, zinc, tungstène, bauxite,
tantale etc. Aujourd'hui, c'est le coltane congolais volé dans les territoires
occupés par le Rwanda et l'Ouganda qui permettent le boum de gsm en Europe.
Des études récents de la Banque Mondiale parlent de trois bassins pétroliers
importants, dont il n'y a qu'un qui est actuellement exploité. Les potentialités
agricoles peuvent faire du pays le grenier de toute l'Afrique centrale.
Aujourd'hui on assiste à une campagne de dénigrement
contre le président Kabila et à une campagne de calomnie rarement vue dans la
presse occidentale. Un gangster comme le "colonel" Mallants, ancien mercenaire
de Mobutu et agent de la sécurité belge, crache sa haine à la radio et la télévision
belge dans un verbiage indécent contre le président Kabila.
Or Kabila est la personnification d'un peuple qui
a subi d'énormes humiliations et souffrances, d'abord par le colonialisme belge
et ensuite par le néocolonialisme belgo-américain-français avec son homme de
main Mobutu. Un peuple qui est résolu à ne plus plier et qui, jour pour jour
40 ans après l'assassinat de son héros Lumumba, tient tête aux machinations
les plus obscures et criminelles.
Lors du premier anniversaire de la révolution, le 17 mai 1998, Kabila a
répondu: "Toutes les radios du monde dépeignent le congo et ses dirigeants comme
des diables: ils sont mécontents que nous ayons réussi à bouter dehors leurs
agents, ceux qui volaient pour eux, ceux qui leur permettaient d¹emporter toutes
les richesses du congo. Maintenant les patrons sont fâchés: ils pensent que
nous sommes des ennemis. Mais nous, nous sommes chez nous, nous voulons créer
le bonheur de notre peuple. Si tous ces gouvernements étrangers sont coalisés
contre la RCD, c¹est tout simplement parce que nous avons réfusé d¹avoir des
maîtres, des patrons." (ACP, 17 mai 1998)
Kabila refusait les diktats
du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale et il avait
élaboré un plan de reconstruction en s¹appuyant sur ses propres forces.
Le 29 juin 1998, eut lieu à Kinshasa le troisième sommet de la COMESA,
la Conférence du Marché Commun de l'Afrique de l'Est et Australe. Kabila y déclare
que, depuis plus de trente ans "les indépendances africaines offrent au monde
le spectacle tragique d¹un continent trahi, pillé, humilié et exsangue avec
la complicité de ses propres fils". Il exprime son espoir "que l'Afrique
sorte du vingtième siècle guérie de toute velléité de dépendance extérieure".
Et il affirme que le combat pour l'indépendance et la souveraineté du Congo
concerne tout le continent: "Notre pays s¹est donné pour vocation africaine d¹exporter
la paix, la sécurité et le développement". Le régime de Mobutu,
inféodé aux puissances impérialistes, a fini par détruire les capacités productives
et défensives du pays. "Une République Démocratique du Congo faible, c¹est
une Afrique vulnérable à partir de son centre. J'allais dire : c¹est une Afrique
sans cur." Kabila comprend qu'il ne peut y avoir de renaissance économique
en Afrique dans le cadre de la globalisation impérialiste. "Nous devons considérer
le marché COMESA comme l'horizon de notre survie et comme la pierre angulaire
de notre participation à l¹économie mondiale". "Nous devons créer de manière
concertée et coordonnée une base économique régionale sociale, sur laquelle
pourront s¹appuyer les plans de reconstruction et de développement de nos pays.
Sans une base économique maîtrisée de cet ordre, nous serons davantage fragilisés,
manipulés et nous répondrons isolément et sans réalisations majeures aux espérances
et aux défis que nos justes luttes de libération ont fait naître chez nos peuples."
(ACP, 01/07/98)
Durant la première année de son gouvernement alors que les Rwandais et
Ougandais n'avaient pas encore mis le pays à feu et à sang, kabila a rétabli
l'ordre et mis fin au régime de pillage. Il avait aussi réalisé la réforme monétaire.
Deux réussites qui jetaient la base d'un fonctionnement normal de l'économie.
Or cela n'a pas plu aux maîtres du monde. Le 2 août 1998 l'agression commença,
préparée soigneusement par l'impérialisme américain de concert avec ses laquais
locaux: les présidents Kagame et Museveni et leurs alliés mobutistes.
Confronté à cette agression Kabila a réussi à
mobiliser la population congolaise à se battre pour son indépendance,
à mettre debout une nouvelle armée et à trouver des alliés parmi les pays africains
qui tiennent à l¹indépendance du continent. De vrais
miracles ont été réalisés.
Après avoir arrêté l'offensive militaire et avoir
consolidé ses positions, Kabila avait obtenu ces derniers mois une série de
victoires politiques importantes. D'abord, il a réussi à obtenir des
changements fondamentaux à l'accord de Lusaka qui niait la souveraineté de la
RDC
Ensuite, il a réussi à exporter la paix au Burundi,
là où le président sud-africain avait échoué. Autrement dit, Kabila a obtenu
une rencontre avec le président burundais Buyoya et le dirigeant de la rébellion
burundaise, qui avait refusé de signer l'accord de paix. Des négociations étaient
prévues à Naïrobi entre responsables militaires congolais et burundais en vue
de réaliser un cessez-le-feu et le retrait des troupes burundaises de la RDC.
Même la propagande mensongère mobutiste selon laquelle
Kabila ne voulait pas gagner la guerre contre les agresseurs car il aurait vendu
le Kivu à Kagame en 1997, était complètement réduite en ruines. Au Kivu, plusieurs
organisations confirment même leur soutien au gouvenenemt du président Kabila.
L'Union des Fédéralistes congolais vient même de changer son nom en Parti de
la Résistance Nationale qui dénonce les tentatives d'opposer la population du
Kivu au gouvernement de Kabila.
Confronté avec ces victoires majeures pour Kabila, l'impérialisme a besoin
de calomnier le président Kabila.
Aujourd'hui le parlement Belge a formé une commission
d'enquête sur l'assassinat commis par l'impérialisme sur le dirigeant nationaliste
Lumumba, tué le 17 janvier 1961. Nous exigeons que la commission d'enquête parlementaire
s'active plutôt à expliquer l'actualité et commence à étudier les ingérences
et interventions de l¹impérailisme contre le congo de Kabila depuis le 17 mai
1997.
Pour obtenir des victoires durables dans la lutte pour l'indépendance et
la souveraineté le peuple congolais a besoin d¹une organisation et direction
fermes et unifiées. La construction d'une telle organisation était le maillon
faible dans le travail de Kabila. Ceci est une leçon importante pour le futur.
Le PTB quant à lui continuera à soutenir les forces qui persévereront dans
la voie de défense conséquente de l¹indépendance et de la souverainité du
Congo vis-à-vis les grandes puissances et multinationales; le refus de l¹ingérence
et de la collaboration avec l¹agression impérialiste et le combat pour que
le Congo puisse vivre.
Espérons que la crise actuelle aide les révolutionnaires congolais à renforcer
leur unité dans la défense contre la guerre d¹agression et à construire une
vraie organisation révolutionnaire et populaire.
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