23 janvier 2001
Liban
Enquête
sur l'utilisation par Israël
de
munitions à l'uranium appauvri
Branle-bas de combat
diplomatique au Liban où l'affaire des munitions à l'uranium appauvri qui
auraient été utilisées par Israël prend de l'ampleur. Beyrouth n'a pas encore
exhibé des preuves, mais il envisage déjà de revoir à la hausse les dédommagements
qu'il réclame à l'État hébreu.
Comme une boule de neige,
l'affaire de l'uranium appauvri prend de l'ampleur au Liban. Le chef du gouvernement
Rafic Hariri et le président de la Chambre Nabih Berri, ont annoncé la formation
de commissions pour enquêter sur les informations selon lesquelles l'armée
israélienne aurait utilisé ce genre de munitions à différentes étapes de son
engagement militaire au Liban, ces vingt dernières années.
L'affaire a été révélée
au grand jour par la presse jeudi. Pourtant, les faits remontent à plusieurs
mois, plus précisément à la nuit du 3 au 4 mai 2000. Trois semaines avant
le retrait israélien, deux guérilleros du Hezbollah, surpris alors qu'ils
s'infiltraient dans l'ancienne zone occupée, sont tués. Leurs corps désarticulés
gisent sur une petite route, à 7 km à l'ouest de Hasbaya. Les débris de deux
roquettes expliquent pourquoi les cadavres sont effroyablement mutilés. Des
correspondants de presse présents sur les lieux découvrent, entre autres,
les restes d'une roquette portant en anglais la mention: Radioactive Material.
La Finul se refuse toujours
à confirmer l'utilisation par Israël de ce type d'armement: «Je ne peux confirmer
ou infirmer», déclare le porte-parole de la Finul, Timor Goksel. Mais un député
de la Knesset, Issam Makhoul, a appelé à une réunion urgente de la Commission
parlementaire des Affaires étrangères et de la Sécurité pour statuer sur l'utilisation
de bombes à l'uranium appauvri par l'armée israélienne lors de ses confrontations
avec les Palestiniens de la nouvelle intifada et dans sa guerre au Liban.
Témoignages et enquêtes
Le député israélien affirme être en possession d'un rapport rédigé par l'organisation
internationale International Action Center. Ce rapport, basé sur des témoignages
et des enquêtes sur le terrain, apporte les preuves tangibles de l'utilisation
par l'armée israélienne de bombes à l'uranium appauvri contre des objectifs
civils et militaires dans les territoires palestiniens et au Liban.
À Beyrouth, c'est le
président de la Chambre Nabih Berry qui le premier en a parlé à l'émissaire
de Kofi Annan au Liban. Se basant sur les informations fournies par le député
israélien, il a réclamé l'ouverture d'une enquête internationale. «Nous sommes
persuadés que le Liban a été un terrain d'expérimentation pour des obus à
uranium», a-t-il dit. Quelques heures plus tard, c'est le premier ministre
Rafic Hariri qui annonçait la formation d'une commission d'enquête.
L'avocat Michel Tueni,
membre du comité chargé de l'évaluation des dommages occasionnés par les agressions
israéliennes au Liban ne cache pas, quant à lui, ses craintes. «Nous sommes
inquiets pour la population, a-t-il déclaré. Si ces faits sont prouvés, cela
pourrait expliquer l'augmentation des cas de cancer au sein de la population
du Liban-Sud». L'affaire a rapidement occupé l'ensemble de l'appareil de l'État:
«J'attends le feu vert pour revoir à la hausse notre demande de compensations
financières réclamées à Israël», affirme l'avocat.
Le Liban prend l'affaire très au sérieux et a déjà entrepris des investigations approfondies. Des preuves étayant les accusations pourraient être exhibées dans les prochains jours. En attendant, un vent de panique commence à souffler au sein de la population qui craint d'avoir été soumise à des radiations pendant des années sans le savoir.
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