31 janvier 2001
Les 21 et 22 janvier 2001 était mis en place un 
  centre de convergence à
  l'espace autogéré des Tanneries de Dijon, dans le but de permettre 
  à
  divers-es militant-e-s de se rencontrer, de se préparer et de coordonner
  des actions contre le World Economic Forum (WEF) de Davos. A l'appel de
  la Coordination Anti-OMC de Suisse (le texte de la plate-forme est
  disponible sur en ligne à http://under.ch/davos), 
  de nombreuses actions
  et manifestations étaient en effet prévues pour empêcher 
  la tenue de
  cette réunion annuelle de puissants, de "maîtres du monde" comme 
  ils se
  plaisent à se dénommer eux-mêmes.
  Ce forum très chic a mobilisé le plus impressionnant arsenal policier 
  et
  militaire qu'ait connu la Suisse depuis les mouvements ouvriers du
  siècle dernier, et a transformé la petite ville de Davos en véritable
  forteresse hérissée de barbelés, de blindés et de 
  flics armés jusqu'aux
  dents ainsi que l'ensemble de la Suisse en véritable zone militaire. 
  La
  répression de la contestation a été spectaculaire et d'une
  exceptionnelle intensité, marquant un pas dans la lutte du pouvoir
  contre la dissidence. 
  Comme à l'habitude, les médias institutionnels ont joyeusement 
  occulté,
  manipulé et désinformé, préférant la moustache 
  de José Bové en pleine
  campagne électorale et exotique aux milliers de manifestant-e-s
  anticapitalistes rassemblés en Suisse et aux frontières. Pour 
  ceux et
  celles qui n'ont pu suivre les événements, voici donc un condensé
  (largement non exhaustif) de la multitude de choses qui se sont passées
  à Davos et alentours du 22 au 30 janvier. 
  
  Note : des actions de soutien aux personnes interpellées ont eu lieu
  dans diverses villes d'Europe. N'hésitez pas à vous organiser 
  et à
  exprimer votre colère, votre indignation et votre soutien là où 
  vous
  êtes ! Par ailleurs, un journal mural sur Davos a été réalisé, 
  et
  n'attend que d'être téléchargé, photocopié 
  et collé. Il est disponible
  en ligne à http://www.chez.com/maloka/.
  
  Mardi 23 janvier 2001
  
  - un bus parti de Dijon transportant une quinzaine de militant-e-s est
  refoulé à la frontière suisse, après 7 heures d'immobilisation. 
  Tou-te-s
  les passager-e-s sont fouillé-e-s nu-e-s, les documents relatifs à 
  leur
  identité photocopiés et envoyés au Ministère de 
  l'Intérieur Suisse,
  leurs numéros de téléphone confisqués. Une passagère, 
  interdite de
  territoire depuis le 15 janvier suite à sa participation aux
  manifestations de Prague contre le FMI et la Banque Mondiale en
  septembre 2000 (vive le fichage international) est séquestrée 
  dans une
  pièce pendant 6 heures. Un arrêté officiel lui est donné, 
  lui expliquant
  qu'elle encourt 6 mois de prison et 10 000 francs suisses d'amende si
  elle tentait d'aller en suisse du 15 au 31 janvier. Les autres
  occupant-es du bus se voient signifier une interdiction de territoire
  durant la durée Forum de Davos (heureusement, cela ne les découragera
  pas pour autant). La police suisse a communiqué qu'elle disposait d'une
  liste d'au moins 300 noms de personnes à qui elle interdirait
  catégoriquement l'accès au territoire.
  
  - un centre de convergence est ouvert depuis plusieurs jours à Zurich 
  à
  la Rote Fabrik, ancien lieu squatté désormais légalisé, 
  géré par nombre
  d'associations culturelles et politiques. S'y retrouvent pour l'occasion
  des militant-e-s venu-e-s de Suisse, de France, d'Allemagne, d'Italie,
  d'Espagne et d'Angleterre.
  
  Mercredi 24 janvier 2001
  
  - de premières actions contre le WEF ont lieu à Zurich : une parade
  rassemblant une cinquantaine de militant-e-s chaussé-e-s de skis,
  habillé-e-s en clowns, dansant et chantant dans la rue défile 
  dans le
  centre de la ville.
  
  - l'accès à Davos est bloqué par des barrages policiers. 
  Personne ne
  passe, pas même les habitant-e-s de la région qui se font arrêter 
  et
  fouiller, parfois pendant de longues heures. Un van d'Indymedia est
  arrêté 5km avant Davos et refoulé, les médias indépendants 
  n'étant pas
  bien vus autour du Forum. Même sort pour un bus de cuisine allemand
  (expulsé dans les heures qui suivent) et de nombreux-ses autres. Toutes
  les personnes essayant de se rendre à Davos sont contrôlées,
  photographiées et refoulées.
  
  - le second recours contre l'interdiction de manifester à Davos est
  repoussé par la cour cantonale, qui protège sans surprise la réunion 
  des
  dirigeants. Le porte-parole du WEF déclare qu'il n'est pas démocratique
  de venir manifester contre le WEF (qui est quant à lui et comme chacun-e
  sait, extrêmement démocratique). Rien qu'en annonçant depuis 
  de nombreux
  mois qu'elle viendrait bloquer le sommet de Davos et s'opposer
  radicalement à l'existence du WEF, la coordination WOW (Wipe Out WEF), 
  a
  créé une psychose sans précédent en suisse. Des 
  sommes énormes sont
  mises en jeu pour assurer la sécurité du sommet, depuis des semaines 
  les
  journaux parlent plus de la police et des manifestations à venir que 
  du
  contenu du forum. En conséquence, le WEF et la police suisse font
  quelques faux pas médiatiques en cherchant à se justifier.
  
  Jeudi 25 janvier 2001
  
  - dans le Jura suisse, une manifestation anti-Davos est organisée pour
  protester avec humour contre l'envoi de 5 policiers du Jura suisse à
  Davos sous le slogan "pas de poulets jurassiens à Davos". Les
  manifestant-e-s en profitent pour enchaîner la porte de la gendarmerie 
  !
  
  - deux actions directes sont menées pour empêcher l'arrivée 
  des délégués
  du WEF à Davos en début d'après-midi. Des autonomes mènent 
  quelques
  actions éclairs de barrages routiers dans Zürich. Un groupe de
  militant-e-s effectue un cours blocage sur la route qui conduit à
  l'aéroport depuis Zurich, pendant qu'un convoi de voitures roulant à
  20km sur l'autoroute bloque pendant une heure et demie le seul axe
  routier menant à Davos, largement emprunté par les Limousines 
  des
  délégués, avant l'intervention musclée des flics 
  arrivés par voiture et
  par hélicoptère. Quatre voitures sont arrêtées, les 
  passagers embarqués.
  Un conducteur est menotté et projeté à terre après 
  que des flics l'aient
  menacé avec un revolver et brisé la vitre de sa voiture. Les personnes
  sont relâchées après 3 heures de détention, contre 
  trois cautions de
  1000 francs suisses (environ 4500 francs français) et doivent en outre
  payer une dépanneuse pour récupérer la voiture endommagée 
  par les flics.
  
  - deux caméras vidéo de surveillance sont découvertes devant 
  le Centre
  Social autogéré "Il Molino" à Lugano, et sont aussitôt 
  détruites par des
  militant-e-s. La police arrive immédiatement et encercle le lieu,
  remplaçant leurs caméras de surveillance sabotées par un 
  contrôle de
  toute personne entrant ou sortant du bâtiment.
  
  - une quarantaine d'activistes du WOW (Wipe Out WEF) entre dans les
  locaux du siège gouvernemental du Tessin à Bellinzone, pour protester
  contre les pratiques de la police cet après-midi et contre les mesures
  répressives mises en place sur l'ensemble du territoire helvétique.
  
  - en fin de journée, le van d'Indymedia est finalement autorisé 
  à
  rejoindre Davos (après intervention d'un avocat). Des webcams y sont
  installées. Par la suite, le van d'Indymedia sera très régulièrement
  perquisitionné, des journalistes seront arrêtés puis relâchés, 
  du
  matériel détérioré.
  
  Vendredi 26 janvier 2001
  
  - une troupe de théâtre de rue (quatre hommes et une femme) est
  violemment refoulée de Davos le matin, après fouille et détention 
  d'une
  heure. Sur place, la police incite les habitant-e-s à dénoncer 
  toute
  personne "louche" ou tout journaliste non-accrédité. Dans les 
  semaines
  précédant le sommet, le personnel des hôtels a suivi des 
  entraînements
  par la police afin de pouvoir participer à la répression des anti-Davos.
  
  - en début d'après-midi, une cinquantaine de personnes occupe 
  le siège
  de l'USB (Union de Banques Suisses, troisième groupe bancaire du pays) 
  à
  Lugano et y déploie une banderole pour appeler à la manifestation 
  de
  Davos le samedi 27 janvier.
  
  - à Lausanne, 80 personnes occupent également les locaux de l'USB 
  pour
  protester contre la militarisation autour de Davos et la criminalisation
  du mouvement anti-WEF. Une banderole est déployée sur le bâtiment 
  pour
  sensibiliser les passant-e-s sur ce qui s'est passé ces derniers jours,
  en particulier la "répression préventive" contre tou-te-s celles 
  et ceux
  qui cherchent à entrer en Suisse pour manifester contre le WEF.
  
  - à Zurich, une action de sabotage au concentré de boule-puante 
  a lieu
  dans un supermarché Globus (supermagasin pour riches au cour de Zürich)
  et a pour effet de vider quelques étages de leurs clients. Plusieurs
  personnes jettent des tracts en allemand devant le supermarché avec
  comme slogan : "Davos est inaccessible - le capitalisme est partout -
  sabotage !". Un peu plus tard, un communiqué est diffusé : "A 
  Davos, il
  devait y avoir une réunion de "global leaders" décidant de notre 
  avenir
  dans la transparence. Cette réunion se tient en fait dans un camp
  militaire retranché duquel même la citoyenneté la plus inoffensive 
  est
  bannie. Nous nous sommes attaqués aujourd'hui au centre commercial de 
  la
  société Globus à Zurich parce qu'elle représente 
  ce monde factice qu'on
  nous vend chaque jour et qui est pérennisé une fois l'an à 
  Davos.
  Jusqu'à quand ? Nous encourageons la population à saboter de quelque
  manière que ce soit tout ce qui l'enferme et l'aliène. Nous ne 
  crèverons
  pas pour le profit maximal de quelques-uns. Signé : les putois
  anticapitalistes "
  
  - tout au long de la journée, de nombreux-ses manifestant-e-s
  "indésirables" sont refoulé-e-s, certain-e-s figurant sur la fameuse
  "liste noire" de 300 noms. A 18h, les cars et voitures du Global Action
  Bus transportant une centaine de militant-e-s italien-ne-s (les "Tutte
  Bianchi") sont bloqués à la frontière, attendu-e-s par 
  150 flics et
  carabiniers. Comme à Prague et à Nice, les manifestant-e-s italien-ne-s
  ne sont pas les bienvenu-e-s. Après de veines tentatives de négociation,
  les manifestant-e-s essayent à plusieurs reprises de traverser la
  frontière les mains levées et se font charger par les flics. Les
  "invisibles" décident alors d'occuper de façon permanente le poste 
  de
  frontière de Chiasso, et appellent au blocage de la frontière, 
  où
  ils-elles vont passer la nuit. Dans l'après-midi, des militant-e-s de
  Suisse francophone ont bloqué un poste frontière en solidarité 
  avec les
  italien-ne-s.
  
  - la compagnie des chemins de fer rhétiques et la police ont décidé 
  de
  suspendre tous les trains pour Davos dans la journée du samedi 27.
  
  Samedi 27 janvier 2001
  
  - à 7h, 200 activistes (suisses, français-es, allemand-e-s,
  espagnol-e-s, anglais-es) investissent le hall du siège de l'OMC à
  Genève, pissent et taguent sur les murs ("We are pissed of by the WTO 
  so
  we piss on the WTO"). La façade est repeinte avec le slogan "Assassins,
  Moore aux tirants" (Mike Moore est le président le l'OMC). Les
  militant-e-s font une déclaration sur le rôle de l'OMC et ses
  conséquences ainsi que sur les discussions au sein du Forum de Davos
  visant à reprendre les négociations de l'OMC avortées à 
  Seattle le 30
  novembre 1999.
  
  - partis de Lugano, les 17 cars de la "Caravane du peuple de Seattle"
  sont en route pour Davos, rejoints par d'autres autocars en provenance
  de Genève, de Basilea et d'ailleurs. La route en direction de Davos est
  bloquée dans les deux sens et survolée par un hélicoptère. 
  Environ 600
  manifestant-e-s descendent des cars avec banderoles et sound-system et
  bloquent complètement l'autoroute, causant un bouchon de plus de 15
  kilomètres. Les flics chargent, lancent des lacrymos et tirent des
  balles en caoutchouc. Après deux heures de négociations, les
  manifestant-e-s obtiennent la possibilité de retourner à Zurich 
  contre
  la libération de l'autoroute.
  
  - au même moment, la route nationale est bloquée par environ 200
  manifestant-e-s, qui se font également charger par les flics à 
  plusieurs
  reprises avant de rebrousser chemin.
  
  - environ 500 manifestant-e-s sont bloqué-e-s dans un train à 
  50km de
  Davos, à la gare de Landquart, transformée en un véritable 
  centre de
  rétention pour l'occasion : flics, blindés, barbelés tous 
  azimuts. Les
  manifestant-e-s descendent sur les quais et bloquent toutes les voies,
  demandant un train pour Davos. Face au refus prévisible de la police,
  les manifestant-e-s exigent un train pour retourner sur Zurich. Nouveau
  refus de la police. Les manifestant-e-s tentent alors de rejoindre leurs
  camarades bloqué-e-s sur l'autoroute, à quelques kilomètres 
  de là, en
  coupant à travers les champs clôturés de barbelés. 
  La police les attaque
  aussitôt à coups de balles en caoutchouc et de gaz. Les manifestant-e-s
  ripostent à coups de pierres et de bûches, abondantes dans la campagne
  suisse. 15 minutes plus tard, un train est finalement affrété 
  pour
  Zurich. Arrivé-e-s au niveau du blocage de l'autoroute, des 
  militant-e-s arrêtent le train pour soutenir les autres manifestant-e-s.
  Quelques un-e-s rejoignent l'autre cortège, et le train repart, pour
  finalement arriver à Zurich.
  
  - au poste frontière de Chiasso, la police italienne repousse au canon 
  à
  eau les activistes bloqué-e-s depuis vendredi après-midi, blessant 
  un
  militant. Dans l'impossibilité de passer la frontière, les
  manifestant-e-s se dirigent vers la ville de Côme aux alentours de 12h.
  En tout, à peine une dizaine d'Italien-ne-s a pu entrer en Suisse, pour
  250 refoulé-e-s.
  
  - le réseau de communication téléphonique Swisscomm est 
  victime d'un
  sabotage visant à perturber le bon déroulement du Forum de Davos. 
  Les
  câbles du réseau sont coupés par le collectif "Sand in the 
  Wheels".
  
  - 14h : à Davos même, 400 manifestant-e-s sont parvenu-e-s à 
  franchir
  les barrages policiers et avancent vers le centre ou se tient le Forum,
  sous une neige battante, par - 10°C et malgré l'interdiction de
  manifester. La présence policière est impressionnante. A 500 mètres 
  du
  centre, les flics ont dressé des grilles, gardées par un canon 
  à eau,
  qui tire sur les manifestant-e-s qui refusent de se disperser (Note :
  les flics prévoyaient d'utiliser des lances à purin, mais les 
  fermiers
  locaux ont refusé de les fournir en matière première !). 
  Très vite, les
  manifestant-e-s sont reconduit-e-s à la gare par la police et doivent
  repartir pour Zurich.
  
  - simultanément à Berne, environ 150/200 personnes manifestent 
  et
  bloquent la circulation en s'asseyant sur un des ponts qui enjambe
  l'Aar. Des militant-e-s jettent des pierres et des bouteilles sur les
  flics présents et leurs véhicules. La manifestation est improvisée 
  par
  la Coordination Anti-OMC suite à la décision prise hier par la 
  compagnie
  (privée) des Chemins de fer rhétiques de supprimer le trafic ferroviaire
  vers Davos. Deux personnes se font embarquer par les flics.
  
  - tous les différents cortèges sont repartis pour Zurich, où 
  un nouveau
  rendez-vous a été fixé. Le train bloqué à 
  Landquart arrive à Zurich vers
  17h15, mais s'arrête avant la gare centrale et refuse d'emmener les
  manifestant-e-s plus loin. Un cortège rythmé par une "battucada"
  révolutionnaire se met alors en marche vers le centre de Zurich, mais
  est systématiquement attaqué par les flics à l'approche 
  du centre-ville.
  Sur le chemin, des chantiers fournissent aux manifestant-e-s des barres
  de fer et autres projectiles. Il y a un parfum d'émeute dans l'air. Les
  vitrines de banques, de multinationales et les voitures de luxe jonchant
  le parcours sont méthodiquement détruites. Rassemblés sur 
  une place, les
  autres cortèges se font également agresser par la police. A 19h, 
  les
  différents groupes de manifestant-e-s parviennent finalement à 
  se
  rejoindre à la gare centrale autour du camion sono qui envoie des
  kilowatts de techno-jungle anticapitaliste sur la ville. La gare est
  encerclée par les flics. Ultra violents, ceux-ci chargent à la 
  moindre
  pause de la manifestation, pour d'empêcher à tout prix la foule 
  de se
  rendre jusqu'au précieux centre-ville de Zürich (cible que se donnent
  chaque année les autonomes zurichois lors des manifs du 1er mai). A
  plusieurs reprises, les manifestant-e-s tentent d'installer le camion
  sono à un endroit pour faire une "Radical Rave", mais les attaques
  systématiques de la police les en empêchent. Les affrontements 
  entre
  flics et manifestant-e-s continuent de plus belle. Le camion sono anime
  la manif pendant que des barricades s'élèvent et qu'un train servant 
  de
  rempart à des policiers vole en éclats. Des voitures et des poubelles
  sont en feu, des pierres et des pavés répondent aux gaz lacrymogènes,
  canons à eau et balles en caoutchouc tirées en continu, à 
  hauteur de
  tête. Plusieurs personnes sont blessées, notamment au visage, et 
  doivent
  être emmenées à l'hôpital. Pendant 2 heures, les combats 
  font rage. 
  
  - les flics parviennent à arrêter une cinquantaine de personnes, 
  dont
  les 6 individus s'occupant de la sono, qui est endommagée par la même
  occasion. Montées dans un tramway pour rejoindre la Rote Fabrik (centre
  de convergence), quelques 80 autres personnes sont arbitrairement
  arrêtées et menottées par la police qui stoppe le wagon. 
  En tout, 121
  personnes de nationalités diverses sont interpellées, sans aucun
  flagrant délit, mais cependant accusées de "participation à 
  une
  manifestation interdite".
  
  - 6 manifestants doivent être transportés à l'hôpital. 
  Un passant est
  sérieusement blessé à l'oil, un autre homme hospitalisé 
  à cause d'une
  commotion et d'un oil gonflé, un autre encore gravement coupé 
  à la jambe
  (à une artère) et ayant perdu beaucoup de sang. Un homme a plusieurs
  coupures sur le visage après avoir reçu des balles en caoutchouc 
  en
  pleine figure, d'autres ont des blessures causées par des flics
  sectionnant sans ménagement leurs menottes plastiques ou ont été
  salement matraqués par des policiers. Par ailleurs, 3 policiers auraient
  été blessés pendant les affrontements.
  
  - la manifestation est finalement et définitivement dispersée 
  par les
  flics vers 23h. L'accès à la Rote Fabrik est menacé toute 
  la nuit par la
  police, et des groupes fascistes traînent aux alentours, à l'affût 
  de
  militant-e-s isolé-e-s.
  
  Dimanche 28 janvier 2001
  
  - la situation reste tendue à Zurich. Les flics sont partout, et
  seulement 28 manifestant-e-s ont été libéré-e-s. 
  Aucune nouvelle de tous
  les autres, la police restant totalement opaque à ce sujet.
  
  - 4 personnes sont toujours hospitalisées suite aux agressions de la
  police samedi soir.
  
  - la presse suisse fait ses gros titres des événements de Davos 
  et
  Zurich. Cependant, on y trouve d'inhabituelles condamnations de la
  présence policière, et plus généralement une indignation 
  face au
  couvre-feu militaire qu'a connu la Suisse en cette semaine un peu
  particulière. Politiciens de gauche et journalistes sont d'accord pour
  dire que c'était "un peu trop", et semblent ainsi exceptionnellement
  épargner quelque peu les manifestant-e-s radicaux et radicales de leur
  habituel vomis. Quelques titres : "la police comme dans une dictature"
  (dans Sonntagsblick, le journal de droite zurichois !), "l'esprit de
  Davos a étouffé dans les gaz lacrymogènes", "la police 
  a empiété sur les
  droits fondamentaux" (dans Sonntagszeitung), ainsi que "les anti-Davos
  ont gagné. Malgré la police" (dans Dimanche.ch). Contrairement 
  a ce qui
  s'est passé pour Nice, on ne met pas l'accent sur d'irresponsables
  casseurs et casseuses, mais bel et bien sur l'enjeu politique de ces
  manifestations. 
  
  Lundi 29 janvier 2001
  
  - à Lausanne vers 16h, 30 à 40 personnes se réunissent 
  devant un
  McDonald's auquel est accrochée une banderole et dont l'entrée 
  est
  bloquée pendant environ 20 minutes, pour réclamer la suppression 
  du
  Forum Economique Mondial et la libération de tou-te-s les personnes
  détenues suite aux manifestations de Zürich. Des tracts sont distribués
  aux passant-e-s. L'action est organisée par la Coordination Anti-OMC
  Lôzanne.
  
  - environ 200 personnes manifestent à Genève pour protester contre 
  la
  répression par les autorités suisses des opposant-e-s au WEF, 
  puis
  occupent le siège du Département de justice et police de Genève 
  et
  réclament que les autorités rendent public le lieu de détention 
  des
  personnes arrêtées et leur libération. Après avoir 
  appris par le bureau
  anti-répression de WOW à Zurich que ces personnes se trouvaient 
  bien
  encore à Zurich et que leur libération était annoncée 
  pour ce soir, les
  manifestant-e-s quittent les lieux.
  
  - alors que tou-te-s les militant-e-s suisses ont été libéré-e-s, 
  il
  reste au moins une cinquantaine de personnes retenues par les autorités,
  toutes de nationalité étrangère, bien que quasiment aucune 
  information
  ne soit disponible à leur sujet. Contrairement à ce qui avait 
  été
  déclaré, elles n'ont pas été libérées 
  lundi soir, et risquent d'être
  expulsées du territoire mardi. Certains individus sortant de garde-à-vue
  témoignent de "torture blanche" : musique techno et radio à fort 
  volume
  la nuit pour empêcher les prisonnier-e-s de dormir, refus des flics de
  donner du papier WC, entre autres pressions physiques et psychologiques.
  
  Mardi 30 janvier 2001
  
  - les dernier-e-s détenu-e-s sont finalement relâché-e-s 
  vers 11h,
  raccompagné-es à la frontière et expulsés du territoire, 
  après plus de
  70 heures d'emprisonnement. Seule une québécoise n'est pas libérée, 
  la
  police suisse voulant l'expulser directement au Canada. Quelques
  personnes se mobilisent et envoient des fax de protestation. Elle est
  enfin relâchée dans la soirée.
  
  Ailleurs qu'en Suisse, de nombreuses actions de soutien ont également 
  eu
  lieu :
  
  Outre un concert de soutien, des militant-e-s grenoblois-es ont organisé
  diverses actions théâtrales autour de Davos, comme la Tantatélé,
  animation ayant sévi en plein centre ville de Grenoble entre le 20
  janvier et la date fatidique de mobilisation. Il s'agissait d'une tente
  dans laquelle les passant-e-s pouvaient visionner des documentaires et
  boire du thé. Cette tente était un pseudo Office de tourisme (petits
  drapeaux suisses, enseigne "Office de tourisme de Davos") mais lorsque
  l'on s'approchait, on constatait des drapeaux Adieu Davos, un cercueil
  confectionné pour l'enterrement du capitalisme contenant des documents
  sur le kapitalisme et le néolibéralisme. Il était également 
  possible d'y
  faire une pêche à la ligne dans une cuve de mazout et de participer 
  à
  d'autres amusements.
  
  Vendredi 26 janvier 2001, une action de théâtre de rue pour appeler 
  aux
  manifestations de Davos a eu lieu sur le marché de Foix, en France. A
  17h, c'est à Toulouse qu'une manifestation rassemblant une trentaine 
  de
  personnes a eu lieu pour dénoncer la répression de la SNCF à 
  l'encontre
  des opérations trains-gratuits menées au moment de Nice les 6, 
  7 et 8
  décembre 2000 et appeler à aller manifester à Davos contre 
  le WEF. Les
  manifestant-e-s ont fait une déambulation silencieuse et théâtrale 
  dans
  la gare, mimant la répression subie à l'occasion de Nice. Une 
  centaine
  d'affiche fut collée dans la gare et 2000 tracts "bienvenue à 
  la SNCF"
  sur Nice et Davos distribués.
  
  Samedi 27 janvier 2001 s'est tenu une action de théâtre de rue 
  visant à
  informer les passant-e-s sur le Forum de Davos et ses méfaits sur le
  marché de St-Girons, en Ariège, France. A St-Etienne, environ 
  150
  personnes se sont rassemblées sur une place du centre-ville derrière 
  une
  banderole "contre le capitalisme et ses institutions", distribuant des
  tracts dans une ambiance festive. La manifestation s'est poursuivie au
  squat autogéré IZMIR, où fut organisé un apéro 
  avec diverses
  informations sur Davos et des projections vidéos sur des luttes
  anticapitalistes. Au Brésil également, en marge du Forum Social 
  Mondial
  de Porte Alegre, s'est déroulé une manifestation en solidarité 
  avec les
  opposant-e-s au WEF de Davos. Le cortège s'est rendu en particulier
  devant les locaux de la VARIG, une entreprise de Rio Grande présente 
  au
  forum économique, sans oublier un passage obligé devant les McDonald's
  et les banques. Enfin, entre 5000 et 7000 manifestant-e-s ont défilé
  dans les rues de Madrid à l'appel du Movimiento de resistencia global,
  en solidarité avec les manifestant-e-s de Davos et pour dénoncer 
  les
  nouvelles lois anti-immigration mises en place en Espagne. La
  manifestation s'est déroulée sous haute surveillance policière, 
  les
  forces de l'ordre contrôlant à tour de bras dès la sortie 
  des stations
  de Métro et une cinquantaine de véhicules se tenant à proximité 
  du
  cortège. Quelques incidents et actions de désobéissance 
  par les "white
  monkeys" ont ponctué cette manifestation qui s'est terminé en 
  grosse
  fête de rue.
  
  Lundi 29 janvier 2001, le consulat de Suisse à Lyon a été 
  occupé par un
  groupe d'une trentaine de personnes vers 15h, pX-Mozilla-Status: 0009on
  immédiate de toutes les personnes interpellées lors des émeutes 
  de
  samedi à Zurich et dénoncer la violente répression dont 
  font l'objet les
  opposant-e-s au WEF. Une banderole a été déployée 
  devant le bâtiment,
  sur laquelle on pouvait lire : "Hiver 2001 : Chaos à Davos - Pas de
  forum pour les tyrans - Luge des classes contre le Forum Economique
  Mondial" et des tracts distribués. Après deux heures de palabres 
  avec
  les personnes du consulat, peu conciliantes, les murs ont été 
  tagués,
  recouverts de quelques slogans anticapitalistes et anti-WEF. Par la
  suite, des communiqués ont été envoyés au Ministère 
  de l'Intérieur
  suisse ainsi qu'à l'ambassade suisse à Paris.
  
  Le Centre social occupé autogéré Forte Prenestino
  (http://www.forteprenestino.net) 
  a appellé à un sit-in devant
  l'ambassade de Suisse à Rome, mardi 30 janvier, pour protester contre 
  la
  répression des manifestations de Zurich et contre le bouclage des
  frontières dont ses militant-e-s ont été particulièrement 
  les cibles. 
  
  Mercredi 31 janvier 2001 au matin, une action de protestation contre la
  répression des anti-WEF par le gouvernement suisse s'est déroulée 
  à
  Helsinki, en Finlande. A l'appel de Friends of the Earth et Ya Basta, un
  groupe de militant-e-s finlandais-es a chanté des slogans devant
  l'ambassade de Suisse et remis un message de protestation à
  l'ambassadeur, appelant le gouvernement suisse à enquêter sur l'attitude
  de la police lors des manifestations anti-WEF.
  
  A Berne, un appel à manifester contre l'Etat policier a été 
  lancé. Le
  rendez-vous est fixé le 3 février 2001 à 14 heures, près 
  de la gare de
  Berne.
  
  Ce compte-rendu des événements de contestation du World Economic 
  Forum
  provient notamment de nombreuses brèves et articles publié-e-s 
  sur
  Internet par Hacktivist News Service
  (http://www.samizdat.net/infos/hns/davos_palegre2001) 
  et Indymedia
  (http://france.indymedia.org 
  & http://davos.indymedia.org). 
  Pour plus
  d'infos sur le WEF et sa contestation, consulter également le site de 
  la
  Coordination Anti-OMC : http://under.ch/davos.
  
  
  
  
Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                      ou : 
  http://www.cs3i.fr/abonnes/do 
  
             ou : 
  http://vlr.da.ru
                ou : 
  http://hlv.cjb.net