22 février 2001

 

                    Salut,
 
        Ça fait vraiment plaisir de lire des choses qui tiennent debout même si je ne suis pas d'accord avec tout !
        Je vais mettre cet article dans l'AG de mon site.
 
        Comme je ne suis pas d'accord avec tout, j'espère trouver le temps de faire une réponse.
 
        En attendant, une remarque essentielle : Au sens où les situs utilisaient le mot " prolétaire " : " Le prolétaire est celui qui n'a aucun contrôle sur l'emploi de sa vie et qui le sait ", on peut dire, contrairement à ce que dit l'article que tu m'as envoyé, que la classe prolétarienne s'est agrandie, n'a pas disparue, loin de là, mais que, comme l'aurait dit karl marx, la petite bourgeoisie a continué à se prolétariser. Prolétaires, ceux qui ne l'étaient pas avant le sont devenus (par exemple, aujourd'hui, les paysans, en fRANCE, sont des salariés du crédit agricole) et d'autres vont le devenir !
 
       Au sens stricte de classe ouvrière, où ne sont prolétaires que les ouvriers, s'il est vrai qu'en fRANCE il y a de moins en moins d'ouvriers, au niveau mondial, il y en a au contraire de plus en plus ! Il n'y en a même jamais eu autant. Et tu sais bien que la révolution ne sera pas française mais mondiale.
 
        Donc je pense que les concepts de " classe "  et de " lutte de classes " sont encore productifs. Et même, que faire sans eux ? nier les classes et la lutte des classes, c'est quasiment nier qu'une poignée de salauds exploite tous les autres individus. Et partant de là le mot " révolution " perd lui-même son sens !
 
        Ça répond à la phrase : " Fondamentalement ce qui est posé par l'urgence de la situation, ce sont les conditions d'une articulation entre des luttes dont le caractère fragmenté est évident, en l'absence d'un sujet historique global, et une référence à un universel qui n'apparaît plus directement depuis que s'est dissoute l'image d'une classe émancipatrice universelle. "
 
        En effet, d'après moi, le " sujet historique global " existe toujours, même s'il a évolué. Nous sommes dans la société du spectacle dont une des lois dit que " ce qui est bon apparait, ce qui apparait est bon ". Justement, pour le capital, l'universel dont parle l'article est mauvais car il est lourd de menaces de révolution. Il doit donc ne pas apparaître. Et si, avant, il est apparu quand même, en force, comme en mai 68,  le spectacle a ensuite tout fait pour qu'il disparaisse à nouveau. La " classe émancipatrice universelle " existe et n'a jamais été aussi nombreuse (même à la proportionnelle.). C'est seulement son image qui est dissoute ! Puisque la classe existe, ce qui manque le plus, c'est la conscience de classe. C'est mon travail et c'est le tien de la faire renaître là où elle est absente. Mais comment envisager une telle entreprise si tu nies l'existence même de la classe ? je crois que toi et tes amis de " Temps Critique " êtes tombés dans un piège tendu par le capital et qui est destiné à démoraliser les révolutionnaires !
 
 
        Au sujet du concept d'" individu ", j'aimerais bien que tu lises mon texte sur l'individu qui se trouve facilement sur mon site (cliquer sur " doc " puis sur " individu et amour ") Et que tu m'envoies une critique ou ce à quoi ça te fait penser...
 
        A propos du " fatalisme des conditions objectives " dont parle l'article auquel je suis finalement en train de répondre ici (j'ai pas pu m'en empêcher ! Des fois, il faut s'autoriser à faire ce qu'on a envie, car on y prend tellement de plaisir. Tant pis si, normalement, j'avais pas le temps !), j'aimerais que tu lises ma thc (théorie du concept) qu'on trouve facilement sur mon site. Parce que dans le chapître sur la " matérialisation du concept ", je dis ce que je pense d'un tel fatalisme. Je dis pourquoi il est là et l'ensemble de la thc montre comment on peut y échapper ! Et j'aimerais bien savoir ce que tu en penses.
 
        J'aimerais, et pas seulement pour les gens qui viennent sur mon site, mais aussi pour moi, que tu m'expliques ce que signifient exactement dans la bouche de " temps critique " les expressions de " État-société " et " État-capital "
 
        Qu'est-ce que la " société civile " à ton avis? C'est un mot qu'on n'employait pas, il y a 10 ans ! De même que " mouvement citoyen " (mais là j'ai fini par comprendre ce que recouvre ce néologisme de " citoyen " : citoyen = militant (ou sympatisant) du Parti Socialiste ; mouvement citoyen = satellite du PS ; et action citoyenne = propagande pour le PS.)
 
        Quelle différence fais-tu entre société " capitaliste " et " capitalisée " ?
 
        Je suis sûr que bien des visiteurs de mon site ne savent pas ce qu'est " l'État-nation ". Je ne me sens pas moi-même capable de l'expliquer sans dire de bêtises ! Pourrais-tu nous dire en deux mots de quoi il s'agit ?
 
                    A+
                    do
                    do@mai68.org
                    http://www.mai68.org
 
 PS) prolo, prolétaire et conscience de classe
 
        Dans ma bouche, prolo = celui qui n'a aucun contrôle sur l'emploi de sa vie (et ça il y en a vraiment de plus en plus !)
                                  prolétaire = celui qui n'a aucun contrôle sur l'emploi de sa vie et qui le sait.  
 
        Il ne suffit pas d'être prolétaire pour avoir de la conscience de classe. Il faut encore savoir que d'autres savent et en plus il faut savoir qu'ils savent que d'autres savent. Ça, ça disait ce qu'est la conscience de classe relativement à un individu. Maintenant, pour la conscience de classe en soit, collective, et donc pour la constitution ou la reconstitution de la classe de la conscience, pour qu'elle cesse de n'être que potentiellement une classe, et pour qu'elle le devienne visiblement, il faut que la plupart des prolos sachent (=il faut qu'ils soient des prolétaires), et qu'ils sachent aussi que presque tous savent.
        Par exemple, une prise de conscience collective est marquée par de forts applaudissements après  une intervention en AG. C'est une bonne façon de construire ou reconstruire la conscience de classe. Par les applaudissements, chacun dit aux autres qu'il est d'accord et chacun voit que les autres sont d'accord aussi ! C'est pourquoi certains veulent interdire les applaudissemnts dans les AG de luttes. C'est pourquoi il faut applaudir ou huer (mais pas sur commande afin de censurer ce qui aurait été dit et qui n'a pas pu l'être à cause du fait que la personne a été huée dès le début de son intervention par une foule hypnotisée — une foule est hypnotisée, une masse est consciente) quand même ! (Le nombre de présents dans une manif, ou dans un ensemble de manifs, peut jouer le même rôle que des applaudissements massifs, mais à un niveau encore bien plus collectif !) 


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