13 mars 2001
Bonjour à toutes et à tous,
La commission prisonniers du CSIA et le Groupe de Soutien à Leonard
Peltier
(LPSG-France) souhaitent attirer votre attention sur la situation d'urgence
d'Eddie Hatcher, un activiste amérindien que nous avons déjà
soutenu dans
le passé et qui se trouve à nouveau menacé très
sérieusement en raison de
son engagement militant sans relâche. Nous espérons que vous ne
nous en
voudrez pas trop de vous imposer un message au volume aussi encombrant...
Qui est Eddie Hatcher ?
Eddie Hatcher est un Amérindien Tuscarora âgé de 43 ans,
incarcéré en
préventive depuis le 1er juin 1999 au centre de détention de Lumberton,
Etat de la Caroline du Nord. Il est accusé d'homicide volontaire.
Eddie a 15 ans lorsque son père est retrouvé mort abattu d'une
balle dans
la tête. Ni Eddie, ni sa famille n'ont cru à la thèse du
suicide conclue
par la police. Pour aider sa mère à subvenir aux besoins de la
famille, il
a travaillé dans les champs de coton. Il a poursuivi ensuite sa scolarité
et a obtenu des diplômes en théologie et en sciences politiques.
Il
souhaitait s'inscrire en Droit mais l'accès lui a été refusé
en raison de
sa "forte personnalité".
Il a fait très tôt l'expérience du racisme et découvert
qu'il existe des
écoles pour les blancs, des écoles pour les noirs et d'autres
pour les
Indiens. Les écoles pour Indiens disposent de bien moins de ressources
que
les autres. Ceci l'a conduit à devenir un militant actif dans la lutte
contre le racisme, la pauvreté, la discrimination, les brutalités
policières, le trafic de drogues, la corruption et pour les droits des
minorités.
En 1988, il a défrayé la chronique en occupant avec un autre
militant
indien le siège d'un journal local, "The Robesonian". Il est
parvenu à
attirer l'attention d'un public large et a exigé du gouverneur de la
Caroline du Nord que des investigations soient menées sur cette situation
de corruption ainsi que sur les circonstances entourant les morts suspectes
de plusieurs Amérindiens et Africains-Américains.
En dépit des tentatives répétées de l'Etat de la
Caroline du Nord pour le
réduire au silence, Eddie continue sa lutte en faveur de la justice pour
tous. Mais il est aujourd'hui pris au piège d'une machination à
l'instigation de la police et des instances judiciaires de la Caroline du
Nord. Son procès va débuter le 9 avril 2001 à Lumberton
(Caroline du Nord).
Le procureur de l'Etat réclame sa condamnation à mort. Sa vie
est en jeu !
<> L'occupation du Robesonian Newspaper en 1988
A la fin des années 80, la cocaïne a envahi le comté rural
de Robeson de la
Caroline du Nord (lieu de transit entre la Floride et l'Etat de New York) à
tel point que cette région est appelée "la petite Miami".
Une vague de meurtres déferle sur la région. La plupart de ces
meurtres,
jamais élucidés, sont des exécutions pures et simples.
En 1987, un
Amérindien est assassiné par le shérif adjoint Kevin Stone.
Eddie décide
alors de mener une enquête sur la corruption et le trafic de drogue
sévissant dans la région. Il obtient d'un indicateur fédéral
qui avait
travaillé avec le FBI et le DEA (Drug Enforcement Agency) sur plusieurs
grosses affaires de drogue, des cartes et des documents qui lui fournissent
la preuve que 34 hommes d'affaire et officiers de police sont à l'origine
d'un large trafic de cocaïne couvrant tout ce secteur de la Caroline du
Nord, parmi lesquels on trouve le shérif Hubert Stone, père de
Kevin Stone.
Ces preuves en main, Eddie décide d'alerter le FBI, le DEA et les douanes
fédérales qui lui refusent toute aide. Cette démarche ne
réussit qu'à
éveiller la méfiance du shérif Stone, qui sait désormais
qu'Eddie détient
des informations compromettantes. Avec la complicité du FBI, le shérif
décide "qu'ils auront Eddie avant la fin de la semaine", comme
le révélera
un témoin lors du procès. Eddie comprend qu'il n'a d'autre alternative
que
d'attirer l'attention de l'opinion publique.
Le 1er février 1988, Eddie Hatcher et un autre Amérindien, Timothy
Jacobs,
occupent les locaux du Robesonian Newspaper retenant 17 employés de ce
journal local. Pendant plus de 10 heures, Eddie négocie avec le gouverneur
de la Caroline du Nord. Il demande que des enquêtes sérieuses soient
ouvertes sur le département du shérif du comté de Robeson
et le système
judiciaire local, sur la série de morts suspectes d'Amérindiens
et
d'Africain-américains dans le comté, et sur la mort récente
d'un jeune
Africain-Américain dans la prison locale. Enfin, il demande que Timothy
Jacobs et lui-même ne soient pas livrés aux autorités du
comté. Il ne
réclame ni amnistie, ni aucune faveur personnelle.
En 1988, Eddie Hatcher est le premier citoyen américain à tomber
sous le
coup de la loi anti-terroriste de 1984 décrétée par le
président Reagan. Il
est rapidement arrêté et incarcéré et se voit refuser
à deux reprises une
libération sous caution. L'Etat de la Caroline du Nord engage des
poursuites judiciaires à son encontre pour répondre du chef d'inculpation
de prises d'otages. Il les abandonne très vite pour laisser le champ
libre
à l'Etat fédéral qui attaque Eddie pour répondre
des mêmes charges et de
surcroît de celle de conspiration contre les Etats-Unis.
Depuis le mois de février, sept témoins potentiels ayant fourni
des
informations déterminantes aux avocats d'Eddie ont été
assassinés, les
circonstances de leur mort restant à ce jour non élucidées.
Les autorités imposent des conditions de détention sévères
à Eddie. Il est
continuellement mis en isolement. Il parvient au terme de deux procédures
en appel à obtenir une libération sous caution début juillet.
Mais deux
mois plus tard, la cour de cassation annule la décision et exige sa
réincarcération. Eddie s'enfuit de l'Etat de la Caroline du Nord
déclarant
qu'il ne reviendrait que pour son procès. Le FBI offre une prime pour
sa
capture. Une chasse à l'homme est lancée. Des centaines d'agents
fédéraux
harcèlent et menacent les membres de la communauté amérindienne
du comté de
Robeson. Il est finalement arrêté alors qu'il se rend à
son procès. Il
comparait pendant trois semaines devant un juge fédéral qui lui
impose de
se représenter lui-même! En dépit de toutes les pressions
qui s'exercent
sur lui, Eddie parvient à convaincre les jurés de la légitimité
de son
acte. Le 14 octobre, ils le déclarent non-coupable des deux chefs
d'inculpation.
Le 6 décembre, la Caroline du Nord relance des poursuites judiciaires
contre Eddie pour les mêmes charges que l'Etat avait pourtant abandonnées
et pour lesquelles Eddie vient d'être acquitté au niveau fédéral!
Il reste
en liberté après s'être acquitté d'une caution de
25000$.
Le conseil tribal de la réserve indienne Shoshone-Bannock dans l'Idaho
lui
accorde l'asile politique sur son territoire en janvier 1989. Un membre de
la communauté est aussitôt arrêté et interrogé
par le FBI. Eddie se réfugie
en Californie. Le 10 mars 1989, il se rend au consulat de l'ex-URSS à
San
Francisco et demande l'asile politique qui lui est refusé. Il est arrêté
par des agents fédéraux et mis en détention. Un juge californien
ordonne
son extradition vers la Caroline du Nord. Il est transféré à
la prison du
comté de Robeson et le shérif Stone le fait transférer
dans le quartier
d'isolement maximal de la prison centrale de Raleigh.
Dès le début du procès en automne 1989, le juge décide
arbitrairement de
récuser tous les avocats d'Eddie, dont le célèbre William
Kuntzler. Un
avocat lui est commis d'office mais Eddie déclare qu'il se défendra
seul.
Lors d'une audience, le Pr. Naskell, un de ses défenseurs, tente de se
faire entendre. Le juge l'inculpe d'outrage à magistrat et le fait
expulser. Eddie excédé l'interpelle et le traite de "raciste,
ségrégationniste...". Le juge fait évacuer la salle
d'audience, puis
ordonne qu'il soit bâillonné et attaché. Le 13 février
1990, après trois
mois de procédure illégale (on lui a même interdit de consulter
les livres
de droit pour établir sa propre défense), de harcèlements
constants et de
menaces sur sa famille, et bien que tous les otages aient témoigné
en sa
faveur, Eddie Hatcher est condamné à une peine de 18 ans de prison...
En février 1993, après quatre refus de mise en liberté
conditionnelle,
Eddie entame une grève de la faim pour protester contre la corruption
au
sein du bureau d'application des peines. Il passe beaucoup de temps à
aider
les autres prisonniers dans leurs démarches judiciaires et quand il en
a
les moyens, il publie un bulletin distribué dans tout le pays.
Pendant son incarcération de 1990 à 1995, Eddie sera transféré
plusieurs
fois, malmené, gardé en sécurité maximale. Le 18
septembre 1991, Eddie
Hatcher est poignardé avec un pic à glace par un prisonnier qu'il
n'avait
jamais vu auparavant. Il souffre d'une perforation du poumon et il est
transféré dans un état grave dans le service de réanimation.
L'agresseur
d'Eddie avoue qu'il avait été engagé par des cadres de
la prison pour
"s'occuper d'Eddie" en échange de certaines contreparties qu'il
n'obtiendra
finalement pas.
Sa famille est également menacée, le courrier est intercepté,
la maison de
la mère d'Eddie est survolée par des hélicoptères,
des voitures de police
stationnent près de sa maison. Quant aux avocats d'Eddie, ils ont tous
été
victimes de représailles de la part du gouvernement, ils ont dû
payer de
fortes amendes, et certains ont été rayés du barreau.
C'est aussi en prison qu'Eddie apprendra par hasard, en mars 1990, qu'il
est séropositif. Eddie avait réclamé lors d'une consultation
médicale pour
un banal problème de sinusite un dépistage du virus HIV. Ce dépistage
s'était révélé positif, mais par négligence
(?), les services médicaux de
la prison n'ont pas jugé bon d'avertir Eddie du résultat, ni par
conséquent
d'assurer aucun traitement. C'est en retournant à l'infirmerie de la
prison, plusieurs mois après, qu'il demandera les résultats et
apprendra la
mauvaise nouvelle...
Courant 1995, son état de santé s'aggrave. Grâce aux pressions
d'une
campagne de soutien international, il est libéré sur parole le
3 mai 1995.
Il sort amaigri, épuisé. Les médecins lui donnent 5 ans
à vivre. Eddie
pense qu'il a été relâché à cause de sa maladie.
"Le gouverneur m'a relâché
car ce n'est pas bon pour lui de laisser mourir en prison un prisonnier
politique reconnu par Amnesty International" déclare-t-il à
sa sortie.
Il sera maintenu en liberté conditionnelle pendant 2 ans jusqu'en 1997.
<> 1999 - 2001 : le coup monté
En 1998, une fois sa libération conditionnelle arrivée à
terme, Eddie
décide de revenir dans le comté de Robeson (d'où il avait
été interdit de
séjour durant toute sa période de probation) et ce, malgré
l'avis
défavorable de ses amis (et de ses ennemis). Il reprend très vite
ses
activités militantes et commence à développer son projet
du Hatcher Center
for Human Rights, un centre où il réaffirme sa volonté
de se battre contre
les problèmes endémiques du racisme, de la discrimination, de
la pauvreté
et du sida qui affectent la population carcérale et l'ensemble des
communautés rurales de l'Etat. Il envisage même l'idée de
faire campagne
dans le futur pour assumer un mandat de représentant au sein de l'Assemblée
de la Caroline du Nord. Il annonce surtout sa ferme résolution de
poursuivre ses investigations sur la corruption et les malversations
maffieuses impliquant des élus politiques et des officiers de la police
de
cet Etat. Sa détermination dérange. Un coup monté entre
les instances
judiciaires et policières visant à le neutraliser ne tarde pas
à se profiler.
Les faits
Le 15 mai 1999, la maison d'Eddie Hatcher est cambriolée. Presque tout
ses
biens lui ont été dérobés. Il suspecte que l'auteur
est Michael Anthony
Locklear, un délinquant âgé de 17 ans qui s'est déjà
illustré dans des
actes similaires. Des témoins ont rapporté sa présence
sur les lieux le
jour où s'est produit le cambriolage et l'avoir vu revendre des affaires
ayant appartenu à Hatcher. Eddie ne dépose évidemment pas
de plainte auprès
d'une police dont il dénonce la corruption et les abus.
Le 19 mai, alors qu'Eddie se trouve à l'intérieur d'une épicerie,
la
propriétaire l'avertit de l'approche de Locklear qui semble armé.
Eddie
sort et se dirige vers sa voiture pour y chercher son arme. Lors d'un face
à face avec l'adolescent qui fait mine de pointer vers lui une arme cachée
sous sa veste, Eddie tire à plusieurs reprises vers le sol pour l'intimider
puis dans les jambes de Locklear, voyant que celui-ci ne bouge pas.
Locklear s'enfuit. Il s'en tirera avec des blessures bénignes au pied.
Le
service du shérif du comté de Robeson lance contre Eddie un mandat
d'arrêt,
le décrivant comme "armé et dangereux", une telle description
autorisant
les forces de police à l'abattre en cas de besoin.
Dans la nuit du 31 mai, une fusillade éclate à Maxton dans le
comté de
Robeson, tuant à son domicile Brian McMillian (19 ans) et blessant à
la
hanche Amelia Chavis (15 ans).
Le 1er juin 99, Eddie Hatcher est arrêté par la police. Il est
appréhendé
pour agression à main armée sur la personne de Locklear et est
également
accusé du meurtre au premier degré de McMillian. Il est immédiatement
transféré à la prison centrale de Raleigh, dans une cellule
de haute
sécurité à proximité du couloir de la mort... Eddie
se trouve désormais
engagé dans un nouveau bras de fer...
Des poursuites judiciaires émaillées d'irrégularités et de fraudes
Dès les premiers jours de son incarcération, les autorités
de la prison
refusent à Eddie l'accès à un téléphone,
à des visites et tout son courrier
est soumis à une censure sévère. L'Etat de la Caroline
du Nord tarde dans
un premier temps à fixer une audience qui aurait dû se dérouler
moins de 3
jours après son arrestation. Durant celle-ci, Johnson Britt, le procureur
du Comté de Robeson, doit démontrer devant un juge du district
et la
défense qu'il dispose de preuve(s) suffisante(s) justifiant la comparution
d'Eddie devant une cour de justice supérieure. Britt utilise la seule
déposition d'un officier de police qui prétend qu'Eddie lui aurait
avoué le
soir de son arrestation avoir tiré sur McMillian. Evidemment, aucun autre
témoin a entendu cette confession prétendument faite par Eddie.
Cette thèse
est d'autant moins crédible qu'un rapport officiel de la police démontre
que 7 minutes auparavant, après la lecture de ses droits, Eddie avait
immédiatement refusé de faire la moindre déclaration et
exigé la présence
d'un avocat. En dépit de cette argumentation plus que douteuse, Eddie
est
maintenu en détention.
Le 8 juillet suivant, Eddie comparaît devant un Grand Jury (séance
tenue à
huis-clos). Le procureur Britt introduit la mise en accusation d'Eddie pour
meurtre au premier degré et tentative de meurtre perpétrés
depuis sa
voiture qu'il aurait conduit à toute allure devant la maison de McMillian.
Il s'appuie cette fois-ci sur la déposition scabreuse de Gatrell, un
agent
spécial du Bureau d'Etat d'Investigations (SBI). Celui-ci affirme avoir
consigné auprès de certaines personnes des informations accablantes
pour
Eddie en relation avec la fusillade du 31 mai. Cependant, grâce à
l'enquête
menée par le détective privé de Hatcher, il sera ultérieurement
démontré
que ces personnes n'ont jamais fait de telles déclarations alors même
qu'elles ont subi des pressions aux mains des agents. Leurs témoignages
ont
été enregistrés par le détective.
Les rapports balistiques
Le SBI affirme avoir trouvé dans la rue face à la maison de McMillian
5
douilles de balles dont le calibre correspondrait au fusil qui a été
trouvé
dans le véhicule d'Eddie lors de son arrestation. Cependant, la balle
qui a
tué McMillian est d'un calibre différent de celles contenues dans
son arme.
Le médecin légiste qui a effectué l'autopsie a également
déclaré que les
deux blessures de McMillian (à l'épaule et à la tête)
ne seraient pas
survenues au même moment. De plus, d'autres balles de calibre différent
ont
été retrouvées sur le lieu du crime et l'expert en balistique
refuse de
communiquer les résultats des tests.
Des témoins qui étaient présents dans la maison lors de
la fusillade ont
affirmé dans leurs dépositions que la cadence des coups de feu
ressemblait
à celle d'armes à répétition, ce qui n'est pas le
cas de l'arme d'Eddie. De
plus, selon les enquêtes menées indépendamment par le comité
de défense
d'Eddie, il s'était produit des altercations violentes et un certain
nombre
d'allées et venues chez McMillian bien avant les coups de feu fatals.
Une femme qui se trouvait dans sa voiture juste derrière celle d'où
sont
partis les coups de feu le soir où a été tué McMillian
a affirmé avoir vu
les deux hommes qui ont tiré. Elle dit avoir tenté de faire valoir
son
témoignage auprès de la police mais celle-ci a refusé d'enregistrer
sa
déposition.
Avant que soit révélée l'existence de plusieurs balles
de calibres
différents, le SBI et le procureur Britt demandaient l'extraction pour
expertise de celle qui s'était logée dans la hanche de la jeune
Amelia
Chavis. Sa mère s'y étant opposée, elle a été
arbitrairement condamnée à 30
jours de prison. A partir de l'instant où il s'avère manifeste
que
plusieurs armes ont été utilisées le jour du meurtre, ces
mêmes
protagonistes font volte face et s'opposent à toute intervention
chirurgicale sur Amelia, prétextant que la balle serait logée
trop près de
la colonne vertébrale. Ce que les radiographies de la jeune fille démentent
formellement.
Courant mars 2000, Eddie Hatcher a déposé une motion exigeant
que le
ministère public communique aux avocats qui l'assistent les résultats
de
l'expertise balistique concernant des balles de calibre 380 retrouvées
sur
les lieux du crime. Curieusement, le procureur Johnson Britt ne semble pas
parvenir à mettre la main sur le document...
Un crime sans mobile apparent
Eddie Hatcher nie depuis le début toute implication dans le meurtre
de
McMillian. Le procureur n'a pas trouvé d'autre mobile pour ce meurtre
que
celui d'une hypothétique présomption d'Eddie que McMillian aurait
également
participé au cambriolage de sa maison. Ce qu'Eddie et ses proches
démentent. Même la mère de McMillian a déclaré
ne pas croire un seul
instant à la culpabilité d'Eddie. Elle a même soutenu la
demande de
libération sous caution d'Eddie qui a été refusée.
L'accusation cherche par tous les moyens à lui faire endosser tout seul
ce
crime. Mais les découvertes balistiques ne vont pas dans son sens. C'est
même encore plus improbable dans la mesure où le bras gauche d'Eddie
est
complètement paralysé depuis un accident survenu en 1998 !
Tout récemment, il a été révélé que
Phillip Quinn Smith, le principal
témoin à charge, a été inculpé d'un meurtre
survenu en mai 2000. Le
procureur Johnson Britt a déclaré qu'il ne réclamera pas
la peine capitale
contre son témoin. Actuellement incarcéré, Smith est supposé
témoigner lors
du procès d'Eddie que celui-ci, peu de temps après la fusillade
du 31 mai
99, lui aurait soit-disant révélé avoir tué McMillian.
Il est clair que
Smith est pris au piège et que l'accusation ne fait que multiplier ses
manoeuvres frauduleuses.
Machination judiciaire et guerre psychologique
S'appuyant sur la législation en vigueur dans l'Etat de la Caroline
du
Nord, le procureur Johnson Britt réclame la peine de mort contre Eddie
invoquant le caractère "violent" de la prise d'otages de 1988.
Il est
évident que l'Etat a saisi l'opportunité de fabriquer une corrélation
pourtant inexistante entre la confrontation d'Eddie avec Locklear survenue
le 19 mai et le meurtre de McMillian deux semaines plus tard.
Le 27 octobre 2000, Eddie a été condamné à 75 jours
de prison pour
agression à main armée à l'encontre de Locklear au terme
d'un procès où il
a plaidé la légitime défense. Il a depuis longtemps accompli
cette peine...
Jusqu'au mois de janvier 2001, Eddie Hatcher s'était préparé
à assumer seul
sa défense lors du prochain procès où il devra répondre
des chefs
d'inculpation de meurtre au premier degré et tentative de meurtre. Le
30
janvier dernier, les gardes du centre de détention de Lumberton (où
il
avait été récemment transféré) ont effectué
un raid dans sa cellule sous
prétexte d'y rechercher des affaires passées en contrebande. En
fait, ils
ont emporté plusieurs dossiers légaux qu'Eddie avait préparés
pour sa
défense. Tout ce qui relevait de la contrebande ne lui a pas été
confisqué... Privé de ses dossiers, il a dû s'entourer de
deux avocats (Sue
Berry et Woody Bowen). L'un d'eux a déposé le 6 février
une motion exigeant
l'abandon des charges pesant sur lui en raison de ce raid.
L'Etat de la Caroline du Nord cherche par tous les moyens à épuiser
et
anéantir Eddie Hatcher. Non parce qu'il veut punir le crime de McMillian,
mais parce qu'Eddie poursuit avec acharnement ses activités militantes
jusque derrière les barreaux. Il continue à assister des prisonniers
en
difficulté qui ont maille à partir avec les autorités carcérales.
Il leur
fait prendre conscience de leurs droits et les aide à exiger que ces
droits
soient respectés. Devant cette situation, les autorités utilisent
des
prétextes tous plus fallacieux les uns que les autres comme celui de
sa
séropositivité pour l'isoler et le maintenir en isolation.
Le 9 avril prochain va s'ouvrir son procès à Lumberton, dans
le comté de
Robeson. Face aux menaces sérieuses qui pèsent sur son existence,
il est
urgent de nous mobiliser pour s'assurer qu'Eddie Hatcher reçoive un procès
équitable et impartial. Nous ne devons pas laisser l'Etat de la Caroline
du
Nord manoeuvrer de manière à obtenir l'assassinat "légal"
d'un homme qui le
dérange par son combat incessant pour la justice !
Quel soutien peut-on apporter à Eddie ?
Le CSIA et le LPSG-France lancent un appel de soutien à Eddie Hatcher
au
nom de la solidarité internationale. Cet homme qui continue à
se battre en
prison pour défendre les droits d'autres prisonniers, qui ne cède
pas
devant les pressions et l'intimidation a besoin que des observateurs
internationaux assistent au déroulement de son procès (9 avril
01 à
Lumberton, NC). La lutte pour l'abolition de la peine de mort ne peut se
dissocier de la lutte pour le respect du droit inaliénable de chaque
être
humain à un procès équitable et impartial ! C'est
maintenant que nous
devons agir pour empêcher un lynchage légal et pour arrêter
la machine de
mort avant qu'elle ne s'emballe !
Nous pouvons alerter les ONG, média écrits et audiovisuels, collectifs
divers, syndicats et personnalités (en France comme aux Etats-Unis) qui
seraient également en mesure de réagir maintenant, sans attendre
qu'un
mandat d'exécution soit signé quelques années après.
Nous pouvons également répondre à la demande d'Eddie de
faire pression
auprès de la chaine américaine Court-TV pour qu'elle couvre et
retransmette
son procès dans son intégralité. Pour ce faire, vous pouvez
cliquer sur le
lien ci-dessous pour leur communiquer votre demande (en anglais) :
http://www.courttv.com/contact/
ou à l'adresse postale suivante :
Court-TV
600 Third Avenue
New York, NY 10016
USA
Pour contacter le comité de défense d'Eddie Hatcher :
Ms. Thelma Clark (la mère d'Eddie)
Eddie Hatcher Defense Committee
P.O. Box 2702
Pembroke, NC 28372 - USA
Téléphone : +001 910 582 2764
Email: thatcher2@peedeeworld.net
Site : http://www.eddiehatcher.org/
Pour écrire à Eddie Hatcher :
Eddie Hatcher
Robeson County Jail
122 Legend Road
Lumberton, NC 28358 - USA
Nous vous remercions à l'avance pour vos efforts de soutien à Eddie Hatcher.
Le CSIA & le LPSG-France
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CSIA - Commission Prisonniers
Groupe de Soutien à Leonard Peltier - LPSG-France
B.P 372 - 75526 Paris Cedex 11
Tél: 01.43.73.05.80
Fax: 01.43.72.15.77 (attn CSIA)
Email: csia.nitassinan@libertysurf.fr
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Vive la révolution : http://www.mai68.org
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