3 avril 2001

 

Campagne pour la libération de tous les prisonniers politiques Mapuche (Chili)

Consulter la page du Réseau d'Information et de Soutien au Peuple Mapuche:

http://mapuche.free.fr/

Pour nous écrire : mapuche@free.fr

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Lettre ouverte à l'opinion publique nationale et internationale.

A travers ce communiqué nous nous adressons à la société chilienne en
générale et aux organisations internationales à l'occasion de l'imminente
résolution des procès menés par l'Etat chilien à notre encontre.

Il est nécessaire avant tout de considérer le contexte de nos détentions
comme faisant partie de la vague répressive déployée par les appareils de
l'Etat contre le mouvement autonome Mapuche dirigé par les communautés en
conflit de la Wall Mapu.

Cette vague répressive surgit comme une réaction de l'état défendant les
intérêts du grand capital international et national qui agit et prolifère
sur notre territoire se manifestant par de grands projets touristiques,
énergétiques et forestiers.

La répression gouvernementale s'exprime de différentes manières visant à
intimider les membres des communautés; celles-ci sont en premier lieu le
harcèlement se manifestant par la militarisation des huitième et neuvième
régions et en particulier des zones voisines aux communautés.

Les systématiques perquisitions aux domiciles des frères et soeurs
constituent une des formes directes de ce même phénomène, celles-ci
s'accompagnent souvent d'agression verbale, de violence physique, de
destruction partielle ou totale de l'habitation et de vol.

Ces perquisitions sont effectuées par des effectifs policiers en service et
civil, et avec la participation de gardes forestiers privés.

C'est dans ce cadre de violence estatale quotidienne qu'on poursuit,
réprime et emprisonne les membres des communautés Mapuche; durant les deux
dernières années plus de 200 hommes et femmes de communautés sont passés
par les prisons et tribunaux de l'Etat chilien.

C'est ainsi que l'on arrive au procès qui se déroule contre nous, procès
chargé d'irrégularités, rendant compte du caractère politique de notre
emprisonnement.

En premier lieu, il existe deux procès pour les mêmes faits, on nous accuse
de la soit disant infraction à la Loi de Sécurité Intérieure de l'Etat et
tentative d'homicide. Ces accusations concernent ENRIQUE MILLALEN MILLA,
ARIEL ENRIQUE TORI LINQUEO, JULIO NELSON MARILEO CALFUQUEO, JULIO ALBERTO
HUENTECURA LLANCALEO, PEDRO JOEL MALDONADO URRA et JUAN BAUTISTA MILLALEN
MILLA. On ne respecte donc pas le postulat que personne ne peux être jugé
deux fois pour un même fait.

D'autre part et comme l'a établit notre défense, le déroulement de notre
procès a été marqué par une série d'irrégularités qui ont pour résultat
qu'aujourd'hui nous sommes détenus et qui peuvent répercuter, en faisant
partie des accusations, sur la sanction de nos condamnations.

Durant le procès il a été prouvé que deux fonctionnaires de carabiniers de
Collipulli avaient falsifié un document judiciaire dans le but d'inculper
les frères Millalen de la communauté Catrio Ñancul pour le délit
d'infraction a la loi de Sécurité Intérieure de l'Etat. Ces fonctionnaires
sont Nelson Vilches Rodriguez, lieutenant des carabiniers, et Hector
Badilla Jara, les deux faisant partie du personnel de la seconde
commissariat de Collipulli. Le document en cause est le N°135, les deux
fonctionnaires y signalent que dans l'enquête concernant l'incendie d'une
camionnette (18 février 2000) où deux gardes de la Forestal Mininco ont été
blessés, on a trouvé sur le lieu du délit un portefeuille avec les cartes
d'identité de Enrique Millalen, raison pour laquelle ce frère a été inculpé
et se trouve prisonnier à Collipulli depuis plus de neuf mois. Cependant,
l'enquête postérieure a montré que le fonctionnaire policier qui était sur
les lieux des faits et qui avait ramené les objets trouvés au tribunal n'a
jamais trouvé les papiers de Enrique Millalen sur les lieux du délit, aussi
les fonctionnaires accusés ont menti délibérément. Dans la déclaration, il
est signalé que malgré la dénonciation officielle, le tribunal connaissant
ces précédents refuse la liberté sous caution de Millalen.

D'autre part, une grande part des éléments qui nous accusent ont pour
origine le témoignage de PEDRO MALDONADO URRA qui, conséquence d'une
période d'incommunication prolongée et des menaces dont il a été victimes,
a inculpé JULIO HUENTECURA, JULIO MARILEO, ARIEL TORI et JUAN BAUTISTA
MILLALEN.

Cependant, le rapport psychologique indique que, suite à des coups donnés
par les carabiniers antérieurement, ce membre de communauté souffre de
"troubles post-commotionels avec des altérations amnésiques, ce qui
s'exprime par un léger retard mental rendant son témoignage peu crédible et
influençable". Aussi, en l'obligeant à accuser d'autres membres des
communautés, il se transforme en une victime de plus de ces graves
irrégularités.

Le reste des éléments utilisés pour le procès rend clairement compte de
notre innocence en se basant d'une part sur les témoignages de gardes
forestiers qui durant toute l'enquête se sont contredits à plusieurs
reprises, et d'autre part sur une série d'éléments qui dans aucun cas
prouvent notre culpabilité mais qui provoquent notre emprisonnement.

Ce sont les éléments qui font qu'aujourd'hui, devant l'imminente conclusion
de nos procès, nous essayons de rendre publique notre voix, conscients que
les charges qu'on nous impute et qui fondent notre emprisonnement sont plus
de caractère politique que judiciaire.

C'est pour cela que nous sollicitons à l'opinion publique consciente, et au
peuple du Chili, leur soutien dans ce dur moment qu'il nous faut affronter
derrière les barreaux depuis plus d'un an, et qu'ils se manifestent
politiquement en exigeant notre liberté. Liberté qui aujourd'hui est la
notre mais qui dans un sens plus ample est celle de tout un peuple.

Prisonniers politiques Mapuche.

Depuis la prison de Temuko.



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