2 aout 2001
Mais commençons par le début : qui suis-je ? J'ai été 
  élevée en pleine campagne au milieu du maïs, du foin et des 
  escargots de Bourgogne. Toute petite déjà, je 
  regardais les étoiles et je rêvais de devenir ingénieur, 
  histoire de construire un vaisseau spatial du type de celui du capitaine Albator, 
  qui dès 1979 se battait contre l'unique gouvernement de la Terre. De 
  là est né mon goût pour la science-fiction. Des interrogations 
  du style "sommes-nous seuls dans l'univers ?" ont dû aussi apparaître 
  à cette époque. 
  Aujourd'hui, je ne construis pas de vaisseaux spatiaux mais des outils informatiques. 
  A côté de cela, je publie un 
  fanzine et depuis trois ans, je représente en France une association 
  internationnale, la SETI 
  League. SETI signifie "Search for Extra-Terrestrial Intelligence". De nombreux 
  projets d'écoute du ciel à la recherche d'intelligence extraterrestre 
  ont porté ce nom là, entre autre celui de la NASA, interrompu 
  par le Congrès US en 1993. Suite à cela, deux américains 
  se sont dit que ce genre d'étude ne pouvait pas fonctionner à 
  échelon nationnal, ni dépendre des bons sentiments de mecs dont 
  la principale préoccupation est de se faire réélire. Ils 
  ont donc fondé une association, la SETI League rassemblant des amateurs 
  désireux de construire une antenne ou simplement d'apporter leurs idées 
  au projet. Les discussions y sont plutôt techniques, l'ambiance très 
  bon-enfant. 
Lorsque j'ai accepté de représenter l'association en France, j'envisageais surtout de mettre des informations à disposition des non-anglophones en traduisant quelques pages du site américain. Ce qui fait qu'à la sortie de l'économiseur d'écran SETI@HOME, il n'y avait pas beaucoup d'autres pages web sur SETI et je me suis retrouvée face aux journalistes sans vraiment y avoir été préparée. J'ai pris une sorte de douche froide en découvrant leurs méthodes de travail et me rendant compte que les témoins que l'on voit dans les reportages des JT ne sont que des acteurs débutants. Bien sûr, j'ai rencontré de bons journalistes qui maîtrisent réellement leurs sujets et possèdent une certaine éthique. Malheureusement, ce n'est pas le cas de tous et aujourd'hui, j'ai plutôt tendance à éviter ces individus autant que possible.
Mais venons en aux faits. L'un des meilleurs articles sur SETI@HOME fut publié en juillet 2000 dans un numéro de VSD Hors-Série consacré aux OVNI. Il était écrit par monsieur Thouanel, l'un des rares journalistes français à avoir fait le déplacement aux US pour interroger les scientifiques de l'université de Berkeley. Attention, VSD hors-série n'a rien à voir avec le VSD "classique", si ce n'est qu'il a le droit d'utiliser le même logo vu qu'il est financé par le créateur de VSD qui a ensuite du vendre son magazine à un grand groupe !
Lorsque monsieur Thouanel m'a demandé d'écrire un article pour 
  le numéro de 2001 en m'invitant à améliorer un article 
  qui se trouvait sur mon site web, j'ai tout naturellement accepté et 
  lui ai envoyé un texte, malgré les quelques boutons d'allergie 
  que font surgir le sujet des OVNI. Le 9 novembre 2000, il m'écrivait 
  des états-unis "Pour revenir a votre article... Je l'ai lu... Il est 
  excellent. Je vais le retravailler une fois de retour en France, et quand je 
  dis retravailler, en fait c'est relever les points qui pourraient  sembler 
  incomprehensibles pour le lecteur moyen." 
  Jusqu'à la parution du numéro le 13 juillet 2001, nous avons échangés 
  quelques messages courtois sur divers sujets mais n'avons pratiquement pas reparlé 
  de l'article, auquel je n'attachais pas une grande importance il est vrai. 
Lorsque j'ai découvert le numéro en kiosque, je l'ai survolé avec un léger malaise. J'ai écrit ça moi ? J'étais en voyage à Paris pour la convention de science-fiction francophone et je n'avais pas le texte original sur moi, ni le temps de lire VSD. A mon retour, j'ai pu constater les dégats. Oups ! La moitié du texte avait été coupée. Ce n'est pas dramatique. Tous les journalistes font ça, ne serait-ce qu'à cause de la limitation de place. Mais tout de même, j'avais profité de l'occasion pour parler de l'Afrique et de la colonisation. Toute cette partie semble avoir été censurée (en rouge italique dans le texte).
Le samedi 21 juillet, je reçois l'email de do@mai.org avec la photo du jeune italien tué à Gênes. Quel choc de bon matin ! J'en profite pour faire un tour sur le site en me disant qu'il faudrait justement que je mette un lien à partir de la page d'accueil. Le lundi 23, à 3h du matin, je n'arrive pas à trouver le sommeil et pense encore à VSD. Ne devrais-je pas aussi utiliser le web pour au moins expliquer que l'article publié ne correspond pas à ce que j'ai envoyé. Je conçois donc une page http://www.chez.com/telescope/vsd/ et mets un lien vers la page "vengeance" à partir du titre "messieurs les censeurs, bonsoir".
La réaction de monsieur Thouanel ne se fait pas attendre. Il contacte dans mon dos le directeur de la SETI League en lui traduisant la page incriminée et en m'accusant de faire de la politique. Moi qui espérais des excuses, me voilà bien servie ! Comment a-t-il osé traduire "Messieurs les censeurs bonsoirs", sans expliquer qu'il s'agissait d'une référence à Maurice Clavel ? Je réponds au directeur et explique la situation, avec une copie à Monsieur Thouanel. J'en profite pour analyser un peu plus profondément la situation et me rends compte qu'ils ont coupé un passage (3) et l'ont collé dans un autre contexte (3a). D'un article contre la colonisation et l'invasion des soucoupes volantes, ils ont ainsi fait quelque chose de plutôt pro-OVNI, en changeant par exemple le titre (1) ("Pardoxe de Fermi : La clé de l'enigme OVNI ?").
Suite à cela, je reçois une lettre d'insulte de monsieur Thouanel qui traduit sa véritable nature. J'y trouve des perles du style :
Mais assez parlé, je vous laisse découvrir et juger les modifications effectuées sur le texte initialement envoyé. Tout cela n'est qu'une anecdote. Un proverbe africain dit "le coassement des grenouilles n'empêche pas l'éléphant de boire". Les larmes et les gouttes de sang de quelques anti-mondialistes n'empêcheront pas les chefs d'état de s'assurer que la presse est bien aseptisée. Mais est-ce un raison de se taire ?
Elisabeth Piotelat 
  Lyon, le 2 aout 2002 
    
    
    
    
    
  Enrico Fermi (1901-1954), physicien italien, est connu pour son prix Nobel de 
  physique en 1938, pour avoir produit la première réaction nucléaire 
  en chaîne en 1944 mais avant tout pour cette histoire a priori anecdotique, 
  que l'astronome Carl Sagan baptisa plus tard "le paradoxe de Fermi". Pendant 
  l'été 1950, Enrico Fermi travaillait au laboratoire national de 
  Los Alamos. En se rendant à la cantine avec trois autres physiciens renommés, 
  il discutait d'un dessin humoristique paru dans le New Yorker. Suite 
  à une série de vols de poubelles à New York, le dessinateur 
  avait représenté une soucoupe volante posée sur une autre 
  planète avec des petits hommes verts tirant chacun un container de déchets. 
  (1) Fermi demanda à Edward Teller, le père 
  de la bombe H, une estimation de la probabilité que dans les dix prochaines 
  années nous ayons la preuve de l'existence d'un objet se déplaçant 
  plus vite que la vitesse de la lumière ? Il sous-entendait bien sûr 
  que tout extraterrestre nous rendant visite aurait découvert le voyage 
  supra-luminique. Teller hasarda : 1 sur 1 million. Fermi répondit que 
  ce chiffre était bien trop faible, et que son estimation se portait à 
  10%. La question s'arrêta là. Ils prirent leur repas. Tout d'un 
  coup Fermi se leva de table et s'écria "Mais où sont-ils ?" 
Cela déclencha un fou rire dans la cantine. Etonnament, 
  tout le monde avait comprit qu'il était question d'extraterretres. Imaginons 
  en effet qu'un beau jour, pour une raison que nous ignorons, les Vogons décident 
  de coloniser l'espace. Leur technologie leur permet uniquement de se déplacer 
  à 1% de la vitesse de la lumière. En moyenne 500 ans plus tard, 
  ils atteignent les étoiles les plus proches de la leur. Ils s'installent 
  là et 500 ans plus tard repartent vers d'autres mondes. La vague de colonisation 
  se déplace donc à 0,5% de la vitesse de la lumière. Comme 
  la galaxie fait 100000 années-lumière de diamètre, en 20 
  millions d'années, ils l'ont entièrement colonisée. Les 
  plus vieilles étoiles ayant un milliard d'années, si au début 
  de la vie de notre galaxie une civilisation avait décidé de la 
  coloniser, ils devraient être partout maintenant. Or sur Terre, les Vogons 
  ne nous dérangent pas vraiment ! (2)L'Américain 
  Carl Sagan ou le Français Jean Heidmann savaient utiliser aussi bien 
  la presse que les télescopes pour communiquer leur passion pour l'astronomie 
  et diffuser l'idée que nous ne sommes peut-être pas seuls dans 
  l'univers, tout en combattant l'irrationnel. Ils ont tenu les ficelles décisionnelles 
  des hautes autorités scientifiques et politiques, ils ont écrit 
  plusieurs livres, sont apparus à la télévision (3a) 
  
    
  En 1975, l'astronome Michael Hart écrivit que la colonisation galactique 
  était tellement probable, que la seule conclusion possible est que nous 
  ne partageons pas la galaxie. Le physicien Franck Tipler va plus loin. Même 
  si une civilisation ne cherche pas à envahir la galaxie, il serait étonnant 
  qu'aucune sonde ne soit lancée. Il en déduit qu'il ne se fait 
  rien de mieux, ni de plus intelligent que l'espèce humaine dans les environs. 
  A la suite de ces deux articles, Carl Sagan utilisa le terme de paradoxe. 
Depuis un demi siècle, protagonistes d'écoute de signaux extraterrestres, 
  amateurs de science-fiction, allergiques aux soucoupes volantes ou chercheurs 
  d'OVNI se donnent rendez-vous au pied de l'arbre à palabres et chacun 
  utilise les propos de Fermi pour défendre sa chapelle. A 
  l'instar d'Ellie Arroway, l'héroïne de "Contact", le roman de Carl 
  Sagan porté à l'écran par Robert Zemeckis, devons-nous 
  penser que l'univers est un beau gâchis d'espace, puisqu'aucun extraterrestre 
  n'est venu nous serrer la pince à ce jour ? Bien sûr, dans la fiction 
  nous ne sommes pas seuls et nos radiotélescopes nous permettent d'entrer 
  en contact. Les terriens font le voyage dans la machine construite d'après 
  les plans généreusement envoyés par leurs alter ego Végans. 
  En chevauchant un photon comme le fit Einstein, devons-nous rester accrochés 
  à la vitesse de la lumière à laquelle se propagent les 
  ondes radio pour rejeter l'idée de tout transport de matière dans 
  cet univers principalement constitué de vide et défendre les projets 
  de recherche de signaux intelligents ? Les distances astronomiques entre deux 
  étoiles voisines découragent-elles tout explorateur potentiel 
  ? Chacun apporte sa goutte d'eau au pied de l'arbre à palabre dont les 
  racines s'enfoncent toujours plus dans le sol tandis que les plus hautes branches 
  touchent le ciel. 
    
  La réponse la plus simple au paradoxe de Fermi a déjà fait 
  l'objet de nombreux écrits : ils sont parmi nous ! Derrière cette 
  affirmation se dissimulent de multiples comportements. Certains sont tout à 
  fait louables. Par exemple, l'Association Louhannaise de Phénomènes 
  Inexpliqués regroupe des chercheurs d'OVNI. Depuis plusieurs dizaines 
  d'années, ils parcourent les routes de la Bresse Bourguignonne à 
  l'écoute des témoignages de paysans, à la recherche d'échantillons 
  ou de lueurs anormales dans le ciel. Ils mènent une étude sur 
  le terrain, sans se soucier des polémiques et surtout sans but lucratif. 
  Chaque année, ils informent le public de leurs 
  découvertes grâce à une exposition, où peintres, 
  maquettistes, astronomes amateurs et simples touristes partagent leur vision 
  de l'espace actuel, futur ou hypothétique. Ces petites organisations 
  essaient à leur échelle d'apporter une réponse au paradoxe 
  de Fermi en recherchant sur le terrain une preuve matérielle. Malheureusement, 
  l'univers ufologique apparaît beaucoup plus complexe, voire dangereux 
  dès que l'on s'éloigne de la terre. Certains 
  chercheurs d'OVNI mettent rarement la main à la pâte ou l'oeil 
  à l'occulaire et très vite, soucoupe volante va s'apparenter à 
  de stériles polémiques, à des jalousies du style "il a 
  utilisé MON idée dans SON livre !", etc... jusqu'à ce que 
  la paranoïa pointe son nez avec les premiers intérêts financiers. 
  Bien sûr, il n'y a pas vraiment de mal à utiliser l'extraterrestre 
  pour augmenter les ventes d'un magazine pendant l'été. C'est humain 
  même si cela ne fait pas avancer le schmilblick. Mieux vaut ne pas énumérer 
  le reste sous peine de quitter complètement le domaine de l'interrogation 
  légitime pour celui de la croyance. Emettre l'hypothèse 
  que nous ne sommes pas seuls sur Terre et en chercher les preuves, voilà 
  une attitude tout à fait louable, qui peut même conduire indirectement 
  à des développements technologiques comme en témoignent 
  les travaux sur la MHD de l'astrophysicien Jean-Pierre Petit. En revanche, croire 
  que notre ciel est envahi de soucoupes volantes ou qu'un éventuel vaisseau 
  extraterrestre viendra nous sauver n'apporte rien à personne, sauf à 
  quelques banques suisses. La frontière entre interrogation et croyance 
  ne présente ni barrière, ni barbelé. Certains la franchissent 
  simplement parce qu'un jour ils ont vu une lumière dans le ciel. Ce 
  phénomène doit rester inexpliqué tant qu'aucune certitude 
  ne vient l'éclairer. Carl Sagan disait "A postulat extraordinaire, preuve 
  extraordinaire". Les quelques éléments présentés 
  jusqu'à présents par les défenseurs de l'hypothèse 
  "ils sont parmi nous" ne permettent pas de résoudre le paradoxe de Fermi, 
  même si l'on ne peut les ignorer. 
    
  Quel est le point commun entre un gnou et un extraterrestre 
  ? Je n'ai rencontré ni l'un ni l'autre, si ce n'est au cinéma 
  ou dans les média. Quelle méthode puis-je employer pour vérifier 
  l'existence des gnous ? A défaut de trouver un animal en vie dans un 
  zoo, la seule solution est d'aller en Afrique et de toucher un gnou. J'aurais 
  ainsi la preuve que ces animaux existent mais je serai toujours incapable de 
  démontrer l'existence des gnous à un interlocuteur potentiel, 
  en utilisant seulement ma logique. Celui-ci sera bien obligé d'accepter 
  mon récit de voyage, de me faire confiance à un moment ou un autre. 
  Le rationnalisme pur et dur ne conduit qu'à l'ignorance. Et si les extraterrestres 
  jouaient à l'homme invisible ? Si je peux parier qu'il y a des gnous 
  sur Terre sans en avoir vu, pourquoi ne puis-je pas parier qu'il y a aussi des 
  extraterrestres ? Une réponse au paradoxe de Fermi pourrait 
  donc se présenter sous la forme "Ils sont parmi nous mais ils se cachent." 
  Nul doute que chaque cerveau est capable d'imaginer pourquoi nos éventuels 
  visiteurs ne veulent pas se montrer ou pourquoi nous ne voulons pas les voir. 
  La science-fiction regorge d'exemples. Lorsque Calvin déclare à 
  son tigre Hobbes "La meilleure preuve qu'il existe des êtres intelligents 
  dans l'univers, c'est qu'aucun ne soit venu nous rendre visite", il n'est certainement 
  pas loin de la vérité ! Cependant, l'hypothèse "ils sont 
  parmi nous mais on ne les voit pas" ne pourra jamais être vérifiée. 
  Il faudrait pour cela que l'on puisse les voir... ce qui nous ramènerait 
  à l'hypothèse précédente "ils sont parmi nous". 
  Cela n'a pas empêché quelques grands scientifiques de leur souhaiter 
  la bienvenue... au cas où. L'astronome canadien Allen Tough a construit 
  un site web "Welcome ET" destiné à accueillir des extraterrestres 
  sur la grande toile mondiale. Petit à petit, un groupe solide s'est construit 
  autour de cette intiative originale, auquel vient de se joindre Arthur Clarke, 
  scientifique reconnu et célèbre écrivain de science-fiction. 
  Sont-ils des croyants ? Non, l'extraterrestre n'est 
  pas leur religion agitant l'image du paradis ou de l'enfer pour dicter leurs 
  actes. De nombreux enfants écrivent au Père Noël, d'autres 
  déposent une bouteille de vin à côté des souliers 
  pour tester le comportement de ce mystérieux personnage. Finalement, 
  nous n'avons là que des tentatives de communication. Puisqu'ET refuse 
  de s'exprimer le premier, à nous de montrer que notre intelligence est 
  à la mesure de la sagesse d'un enfant turbulent avant Noël, c'est-à-dire 
  qu'avec un peu d'efforts, nous pouvons pousser notre réflexion en dehors 
  de la sphère anthropocentrique. De plus cet exercice philosphique ne 
  mange pas de pain, alors pourquoi s'en priver ? 
    
  Mais où sont-ils ? S'ils ne sont pas sur Terre, sont-ils ailleurs ? Le 
  raisonnement de Fermi insite à penser que non, que nous sommes seuls 
  puisqu'ils ne sont pas là.Pourquoi ne suis-je jamais 
  allée en Afrique ? Pourquoi Toto l'extraterreste n'est-il jamais venu 
  sur Terre ? Le tourisme ne l'intéresse pas. Il capte nos chaînes 
  de télévision, donc connait par coeur la vie des gnous et des 
  impalas dans le Serengeti. Prendre quelques photos et regarder de loin la vie 
  des gens ne présente aucun intérêt pour lui. Toto a également 
  pensé faire un voyage humanitaire, mais la vue d'un tracteur rouillé 
  dans le désert lui a rappelé qu'il ne trouverait pas forcément 
  sur Terre les pièces détachées pour sa soucoupe volante. 
  Et finalement, les terriens ont-ils vraiment besoin de technologie spatiale 
  ? Déplacer les cailloux dans les cavités du jeu de l'awalé 
  (4) requiert plus de logique, d'intelligence et de perspicacité que d'appuyer 
  sur les deux touches d'une abrutissante console Pikapika. La Terre l'a toujours 
  fasciné. Finalement, peut-être a-t-il peur de ne pas avoir envie 
  de rentrer chez lui s'il s'aventure sur la planète bleue ? Plus casanier 
  que nomade, la nature de Toto fait qu'il n'a pas le temps d'aller sur Terre. 
  Même si j'ai l'envie et les moyens financiers ou matériels d'aller 
  en Afrique, je n'y ai jamais mis les pieds. Pourquoi ? Je pourrais trouver des 
  tas d'excuses sans qu'aucune soit vraiment convaincante.N'est-il 
  pas possible qu'une civilisation extraterrestre puisse ne pas avoir envie d'explorer 
  la galaxie ? Par exemple, pourquoi irais-je 
  en Afrique alors qu'Internet permet une communication rapide, efficace et bon 
  marché avec des amis situés à Alger, Casablanca ou Bobo-Dioulasso 
  ? 
    
  Mais je ne suis qu'un cas isolé, comme la planète 
  de Toto. Sur les 200 milliards d'étoiles de notre Voie Lactée, 
  environs 14% ressemblent au Soleil. Certaines sont trop vieilles ou trop jeunes 
  pour avoir des planètes, qui toutes n'ont pas forcément vu une 
  vie intelligente se développer. Quoi qu'il en soit, ça fait tout 
  de même pas mal d'endroits d'où des civilisations auraient pu partir 
  découvrir la galaxie. Si je ne suis jamais allée en Afrique, d'autres 
  en sont revenus et ne pensent qu'à repartir. Ce n'est pas parce que la 
  civilisation de Toto est restée sur sa planète que toutes les 
  races de la galaxie en ont fait autant. Mais où sont-elles ? Certaines 
  ont pu passer quand nous n'étions pas encore là et les dinosaures 
  auraient oublié de nous transmettre le petit mot qu'elles ont laissé.L'Américain 
  Carl Sagan ou le Français Jean Heidmann savaient utiliser aussi bien 
  la presse que les télescopes pour communiquer leur passion pour l'astronomie 
  et diffuser l'idée que nous ne sommes peut-être pas seuls dans 
  l'univers, tout en combattant l'irrationnel. Ils ont tenu les ficelles décisionnelles 
  des hautes autorités scientifiques et politiques, ils ont écrit 
  plusieurs livres, sont apparus à la télévision. (3) 
  Pourtant quel pourcentage de Français ou 
  d'Américains ont simplement entendu le message de ces deux grands astronomes 
  aujourd'hui disparus ? Combien l'ont compris ? Combien l'ont retenu ? En admettant 
  qu'il y ait dans la galaxie au moins une civilisation qui ait eu envie de voir 
  du paysage,on peut résoudre le paradoxe 
  de Fermi avec l'hypothèse "Ils sont simplement passés sur Terre", 
  même si nous n'avons aucune preuve. Je 
  pourrais très bien visiter l'Afrique sans nouer aucun contact, sans laisser 
  la moindre trace. Personne ne serait en mesure de prouver que j'y suis allée. 
  
    
  Fermi stipule cependant qu'il y a eu une colonisation 
  de la galaxie. Lorsque des entités intelligentes arrivent quelque part, 
  elles s'y installent jusqu'à ce que d'autres générations 
  poussent la conquête un peu plus loin. Ce comportement non seulement apparaît 
  comme très humain, mais en plus il est criticable, voire dépassé. 
  Le paradoxe date de 1950. Quelques années plus tard, l'idée d'une 
  race cherchant à coloniser la galaxie n'aurait peut-être même 
  pas effleuré l'esprit de Fermi. Nul 
  doute qu'un extraterrestre nous traiterait de barbares en découvrant 
  cette période de l'histoire de France dont nous sommes si peu fiers que 
  les manuels scolaires oublient de mentionner les tirailleurs sénégalais. 
  Sur le vieux continent, la colonisation demeure un sujet tabou, la décolonisation 
  une blessure ouverte. Bien sûr, la France est fière de ses bons 
  élèves comme la philosophe ivoirienne Tanella Boni ou Check Mobido 
  Diarra, l'ingénieur malien sans qui des milliers de terriens n'auraient 
  pas entendu parler de Mars Pathfinder, le petit robot téléguidé 
  à la surface de Mars. Bien inconscient serait celui qui s'amuserait à 
  dresser une sorte de bilan de ce voyage au bout de la nuit. Imaginer ce que 
  serait le monde si nos ancètres n'avaient pas été si barbares 
  est un exercice périlleux.Mais ces erreurs 
  ne devraient-elles pas au moins nous insiter à banir les termes de conquête 
  et de colonisation de l'espace comme le préconise l'ufologue Jean-Louis 
  Decanis ? 
    
  Cette pirouette consistant à enterrer le paradoxe 
  de Fermi avec nos déchets nucléaires et autres objets encombrants 
  n'est pas satisfaisante. Recyclons encore et toujours..."Les 
  paradoxes-vérité ont une certaine clarté charmante et bizarre 
  qui illumine les esprits justes et qui égare les esprits faux" a écrit 
  Victor Hugo. Où sont-ils ? Sommes-nous 
  seuls ? Ces questions feront encore couler beaucoup d'encre puisqu'elles relèvent 
  de l'éternelle quête de l'autre, miroir de nos comportements. "L'intelligence 
  humaine n'est pas le nec plus ultra de ce que le cosmos a pu produire" martelait 
  Jean Heidmann dans ses livres et à chacune des ses apparitions médiatiques. 
  Les européens ont appris à leur dépends qu'il existait 
  d'autres esprits, ni supérieurs, ni inférieurs, mais seulement 
  différents comme celui de Gandhi. Pourtant constitués à 
  partir des mêmes gènes, nous autres terriens sommes confrontés 
  chaque jour au choc des cultures. 
Quel pourcentage de la population a simplement levé 
  les yeux vers les cieux étoilés pendant quelques heures ? Combien 
  de mathématiciens savent jongler avec des concepts d'univers jumeaux 
  basés sur l'anti-matière ? Nous sortons à peine de notre 
  berceau. A quatre pattes sur l'argile, nous regardons notre ombre au fond de 
  la caverne. Une musique lointaine nous laisse présager que nous ne sommes 
  pas seuls. Ces notes viennent-elles d'une harpe celtique ou d'une kora africaine 
  ? A moins qu'il ne s'agisse que du fruit de notre imagination stimulé 
  par le bruissement des feuilles de l'arbre à palabres ? 
    
    
(1) Titre remplacé par "Pardoxe de Fermi : La clé de l'enigme OVNI ?"
(2) Que les chiffres effraient le lecteur, admettons. Dans ce cas, pourquoi ne m'ont-ils pas demandé de réécrire ce passage ? Nulle part dans le texte n'apparait l'idée fondamentale du paradoxe "S'ils existent, ils doivent être là".
(3) Passage coupé et collé dans un autre contexte. (3a)
(4) L'intertitre était une référence à l'awalé évoqué ensuite. Mais ce passage a été supprimé. S'ils n'ont pas compris ce que je voulais dire, pourquoi ne m'ont-ils pas simplement posé la question ?
(5) Jeu de mots (laid) avec les tirailleurs sénégalais évoqués ensuite. Le passage a été coupé.
Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                      ou : 
  http://www.cs3i.fr/abonnes/do 
  
             ou : 
  http://vlr.da.ru
                ou : 
  http://hlv.cjb.net