2 octobre 2001

 

UN PEU d' HISTOIRE : qui se rappelle encore de la GRÈCE DES COLONELS FASCISTES ?

En 1967, l'armée fait un coup d' État et instaure le "régime des colonels". Celui - ci durera jusqu' en 1974. Quelles sont les causes de cette prise du pouvoir des fascistes avec l'appui de la CIA ?

La Grèce subissait un régime de dictature royale et religieuse depuis la défait des partisans en 1949. Le parti communiste était interdit, les partis "de gauche" sujets à des pressions et des attentats.

La corruption était généralisée. Les élections étaient truquées. Les urnes étaient remplies avant le vote, et il n' était pas rare de faire voter les morts ! La police veillait au bon déroulement des élections pour voir "si les Grecs votaient bien", c' est - à -dire pour la droite et l' extrême - droite.

Les travailleurs étaient surexploités. Les conditions de vie étaient épouvantables. Les moeurs ancestrales comme le patriarcat, le clientélisme, la vendetta existaient dans les campagnes.

L' assassinat politique était monnaie courante. Le député libéral Lambrakis fut assassiné quelques mois avant la prise du pouvoir par l' armée. Le roi et la cour, le haut clergé orthodoxe soutenaient le système. Ils en étaient les garants.

Les U$A possédaient de nombreuses bases militaires pour agresse éventuellement le camp socialiste.

Seuls les touristes, les armateurs, les marchands compradores et les industriels tiraient un énorme profit de l' exploitation du peuple grec. Mais les travailleurs et les étudiants manifestaient de plus en plus leur mécontentement. Il y avait des grèves et des émeutes sévèrement réprimées par la police et l' armée.

En 1967, il devait y avoir des élections. Malgré les trucages habituels, ainsi que les pressions de toutes sortes, l' opposition libérale, seule tolérée, risquait de gagner ces élections. Elles n' eurent pas lieu, l' armée et les "colonels" prirent le pouvoir.

Des milliers d' opposants furent arrêtés. D' autres furent purement et simplement abattus. La torture et les mauvais traitements furent généralisés dans les prisons. Des camps de concentration furent construits sur des îles au climat rude. Des centaines de Grecs, intellectuels, cinéastes, musiciens, chanteurs, etc ... prirent le chemin de l' exil.

Les colonels se firent passer pour des nationalistes. Ils disaient vouloir rendre sa dignité au peuple grec en établissant l' ordre et la propreté. Ils disaient vouloir lutter contre la corruption. Ils disaient vouloir construire une économie saine pour et par les Grecs. Tout cela était du mensonge.

La société fut militarisée. les filles et les garçons furent séparés dans les quelques écoles mixtes qui existaient. L'uniforme et le salut au drapeau étaient obligatoires tous les matins. Le portrait du principal colonel, Papadopoulos, était accroché partout. Le phénix devin l' emblème du régime.

Au début, certains Grecs pensaient que le nouveau régime allait changer beaucoup de choses. Ils durent vite déchanter. La démagogie des militaires fit long feu.

Par exemple : les colonels avaient donné l' ordre aux hôtels et restaurants d' être très propres. La police veillait et cassait à coups de matraque les établissements douteux. Bien vite, cette action se transforma en racket de la police contre les commerçants. Celui qui payait les policiers étaient tranquille. Il en fut de même pour les prostituées.

Le nationalisme était le mot d' ordre. Pourtant ce fut sous le régime des colonels que les multinationales purent s' emparer des principales industries du pays !

Le mouchardage et la corruption furent la règle.? Le mécontentement grandissait. Les grèves se multiplièrent. Les étudiants se soulevèrent. Les troupes blindées massacrèrent les étudiants de l' école polytechnique d' Athènes à coup de canon et cela en plein centre de la ville.

Les colonels pensèrent redresser la situation et récupérer une certaine popularité en chassant le jeune roi Constantin qui avait voulu organiser un complot tellement mal agencé que tous les services de police étaient au courant.

La proclamation de la république n' arrêta pas l' opposition. Il fallait autre chose. C'est alors qu' avec l' appui de la CIA, les colonels organisèrent la conquête de Chypre pour l' annexer à la Grèce.

Chypre, ancienne colonie britannique, était un État indépendant, dirigé d' une main de fer par le patriarche et président de l' île, mgr Makarios. La population est composée de 25% de Cypriotes turcs et de 70% de Grecs, sans compter les Arméniens. Le pouvoir était plus ou moins équitablement partagé entre les deux communautés. Les populations se mélangeaient. Le vice - président de l' île était d' office un Cypriote turc.

Le régime neutraliste, entretenait d' excellentes relations avec l' URSS, avec les pays arabes, les Palestiniens. C ' était trop pour les U$A. Ceux - ci voulaient posséder ce magnifique "porte - avions" qu' était Chypre pour pouvoir contrôler ce qui se passait au Proche - Orient et en Méditerranée orientale.

Mais pour renverser Makarios, il fallait trouver un traître sur place; ce traître fut le général Grivas, "héros" de l' indépendance de Chypre, mais en fait un fasciste partisan de l' annexion de Chypre à la Grèce et de l' expulsion de la minorité turque de l' île. Les colonels et la CIA l' utilisèrent.

Grivas fit un coup d' État, Makarios s' enfuit en Égypte et Grivas proclama l' annexion de Chypre à la Grèce.

Mais ni la CIA, ni les colonels n' avaient compté sur la réaction de la République turque. L' armée turque, la plus puissante de la région, envahit l' île pour "protéger" la minorité turque.

La situation devenait tragi-comique. La Grèce et la Turquie font tous deux partie de l' OTAN. Ces deux pays se livrent la guerre pour Chypre. Les U$A devaient intervenir et choisir leur camp. Les troupes turques se mirent à massacrer les Cypriotes grecs. Elles bombardèrent des régions entières au napalm. Des populations grecques furent expulsées des zones à majorité turque.

Les U$A lâchèrent les colonels grecs en 1974. Quelques semaines plus tard, suite à des manifestations monstres et à la pression des U$A, le régime des colonels s 'écroula.

Les U$A préférèrent s' allier à la Turquie, pays bien plus puissant et plus proche des frontières des États socialistes qu' avec la Grèce dont le régime était branlant.

Le nouveau régime grec, plus "démocratique", dirigé par un vieux crocodile de la politique, le conservateur Karamanlis, évacua Chypre. Makarios revint. Mais l' armée turque resta. L' île fut ethniquement partagée. 1/3 du pays au moins est aux mains des Turcs: l' autre partie, l' actuelle république, est habitée par les Grecs. Une ligne de séparation dans le style de l' ex - rideau de fer partage le pays et la capitale Nicosie.

Depuis 1983, la partie turque de l' île se nomme "République turque de Chypre - nord". Un seul pays reconnaît cet État - croupion : la Turquie.

En conclusion, le régime des colonels apporta la terreur, la misère, l' agressivité guerrière vis - à -vis d' un État souverain et comme tous les régimes fascistes d' après - guerre, il fut soutenu, pendant un certain temps, par l' impérialisme américain.

RoRo

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