17 octobre 2001
À Paris, des psychiatres sont employés par l'infirmerie de la 
  préfecture de
  police pour décider si les personnes conduites devant eux par la police
  doivent faire l'objet d'un internement psychiatrique. C'est sans doute là 
  un
  point noir en ce qui concerne les Droits de l'Homme en France. Le résultat
  est plus qu'inquiétant. Il y a à Paris plus d'internements que 
  dans un pays
  comme l'Angleterre, soit plus à Paris que dans un pays de 60 millions 
  d'
  habitants !
  Comment expliquer ce chiffre sinon par une habitude établie en France 
  de
  traiter en psychiatrie de problèmes qui relèveraient dans d'autres 
  pays soit
  de la justice, soit des services sociaux ou simplement de la vie privée 
  de
  chaque individu.
  Si au pays des Droits de l'Homme, les internements parisiens restent le
  symbole d'une certaine répression psychiatrique, il existe en fait un
  problème structurel qui fait que la France se singularise par rapport 
  aux
  autres pays européens par un poids excessif de l'institution psychiatrique.
  La loi française qui régit les internements reste fortement inspirée 
  d'une
  loi datant de 1838, confiant à l'administration la décision d'interner 
  ou
  non. Pourtant, théoriquement, d'après notre Constitution, toute 
  mesure
  privative de liberté devrait être prise par la justice. Une recommandation
  de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe préconise 
  d'ailleurs de
  « confier la mesure d'internement à un juge ».
  Cette loi, sans doute inspirée des « lettres de cachet » 
  monarchiques,
  explique à elle seule le nombre excessif d'internements dans notre pays. 
  À
  partir de cette loi, une sorte de tradition de l'internement s'est
  développée en dépit de la nécessaire protection 
  dont doivent bénéficier les
  citoyens.
  Des statistiques récentes du Ministère des Affaires sociales sur 
  le nombre d
  'internements par département font apparaître une pathologie psychiatrique
  spécifique par région.
  En fait, le seul facteur qui explique cette disparité des « maladies
  mentales » est la politique administrative choisie.
  L'internement reste donc un arbitraire administratif susceptible de toucher
  n'importe quel citoyen.
  Des cas d'internements psychiatriques abusifs existent bien en France
  aujourd'hui. À peu près 200 personnes sont internées irrégulièrement 
  chaque
  année en France, d'après les décisions de justice ordonnant 
  leur sortie. Ce
  chiffre représente les seules personnes qui ont pu contacter la justice 
  pour
  se plaindre de leur internement et qui ont été « libérées 
  ».
  Souvent, les internés, abrutis de drogues annihilant la volonté 
  et coupés de
  l'extérieur ne peuvent faire aboutir une demande de sortie judiciaire. 
  Un
  livre récent de Marie-Christine Dwelles, intitulé Le Séquestré 
  de Montfavet,
  paru aux éditions du Rocher, dénonce l'internement abusif d'un 
  homme dans l'
  hôpital psychiatrique de Montfavet près d'Avignon, là même 
  où mourut Camille
  Claudel.
  Cet homme a passé plus de quinze ans de sa vie dans des conditions indignes
  d'un être humain, de cellule en cellule et de punitions en punitions pour
  des « troubles mentaux » qui n'ont même pas été 
  prouvés. Il est sorti cette
  année avec l'aide d'un avocat et d'un véritable comité 
  de soutien.
  La France a été condamnée par le Comité des ministres 
  du Conseil de l'Europe
  en octobre 1997 pour un cas similaire où une personne avait subi un
  internement psychiatrique arbitraire après quelques mois de détention, 
  sans
  même être sorti de prison.
  Récemment encore, un livre de Norbert Jacquet intitulé Airbus 
  dénonçait l'
  internement psychiatrique subi par un pilote de l'Airbus accidenté il 
  y a
  quelques années en Alsace. Selon cet auteur, en l'internant pour des 
  raisons
  de santé mentale, son témoignage gênant, qui mettait en 
  cause la sécurité de
  l'avion, se trouvait ainsi discrédité.
  Face à cette question cruciale de l'internement, la Commission des citoyens
  pour les Droits de l'Homme se bat pour faire modifier la loi. Elle propose
  notamment que ce soit la justice (et non l'administration) qui puisse
  prendre la décision d'interner, après un débat contradictoire 
  avec la
  personne concernée. C'est une proposition de bon sens partagée 
  par de
  nombreux individus et groupes de Droits de l'Homme.
  Le record de consommation de psychotropes
  Le problème des internements psychiatriques, choquant en eux-mêmes, 
  est
  amplifié par le fait que les traitements psychiatriques peuvent être
  particulièrement destructifs pour l'individu.
  Il est maintenant de notoriété publique que la France est le premier
  consommateur au monde de produits psychotropes. 12 % de la population
  prennent régulièrement, sous une forme ou une autre, des drogues
  psychiatriques, soit trois à quatre fois plus que nos partenaires européens.
  Cela signifie-t-il que les Français ont une tendance plus marquée 
  aux
  troubles mentaux » que leurs voisins ? Évidemment non. De même 
  que les
  disparités des internements forcés sont liées à 
  des politiques
  administratives, la dangereuse surconsommation de drogues psychiatriques est
  créée artificiellement.
  Le rapport du Dr Zarifian de 1996 dénonçait la collusion entre 
  de grands
  laboratoires pharmaceutiques et des psychiatres influents qui font la
  promotion de ces produits auprès des médecins généralistes 
  et du grand
  public, habituellement contre espèces sonnantes et trébuchantes.
  Des milliards pour la « recherche »
  Depuis des années, les psychiatres annoncent qu'ils sont « au bord 
  d'une
  grande découverte » dans leur compréhension du mental ; 
  ou ils annoncent la
  dernière « drogue miracle » qui apportera le bonheur à 
  tous. Et chaque
  année, sur la base de ces promesses, des milliards viennent s'ajouter 
  aux
  milliards déjà dépensés en recherche - pour envoyer 
  de nouveaux rats dans
  des labyrinthes et tester plus de pilules chimiques sur de nouveaux cobayes
  et de nouveaux singes. Pour quel résultat ? Les statistiques de la « 
  santé
  mentale » continuent à empirer - selon les psychiatres eux-mêmes.
  Les hommes politiques doivent se réveiller devant ce scandale national 
  et
  mener une véritable enquête sur les résultats réels 
  de l'industrie
  psychiatrique et ses violations des Droits de l'Homme. La France ne peut
  tolérer ce coût en vies humaines, ni se permettre les milliards 
  de francs
  gaspillés dans des traitements qui s'avèrent en fait nocifs. 
Pourquoi le nombre des internements de force augmentent-ils ?
  Depuis la mise en application de la nouvelle loi concernant les
  hospitalisations psychiatriques, un brusque accroissement du nombre des
  internements sans consentement a été constaté.
Alors que la loi du 27 Juin 1990, se substituant à la loi de 1838, avait
  pour objet de mieux protéger les citoyens face à certains internements
  arbitraires
  - en "garantissant mieux les droits des personnes hospitalisées 
  sans leur
  consentement"
  - et en "instaurant un meilleur contrôle des hospitalisations en 
  psychiatrie
  au regard des libertés individuelles",
  il apparaît, au contraire, que les internements sous contrainte
  Hospitalisations d'Office et à la Demande d'un Tiers) ont augmenté 
  dans des
  proportions tout à fait anormales comme le montre le graphe ci-dessous.
Sources: Statistiques des Etudes et des Systèmes d'Information du Ministère
  de la Santé)
  Un rapport de synthèse de la Commission des hospitalisations psychiatriques
  du département du Nord (Année 1994) donne une explication à 
  cette question.
  Le travail de cette commission comprend deux volets : l'étude des dossiers
  des malades hospitalisés sous contrainte et les visites des dix
  établissements habilités à les recevoir tel que le prescrit 
  la loi du 27
  Juin 1990.
  Voici un extrait de ses conclusions:
  "... il nous a semblé que certaines garanties introduites par la 
  nouvelle
  loi avaient été parfois contournées.
  L'usage de la notion de péril imminent qui permet l'hospitalisation sur
  demande d'un tiers en urgence est parfois abusif. Deux situations concrètes
  nous sont apparues. Tout d'abord les médecins des grands centres d'urgences
  somatiques qui souhaitent hospitaliser sous contrainte des malades dans
  leurs établissements y ont volontiers recours. Les certificats qui
  soutiennent ces demandes sont souvent pauvres en description clinique et les
  arguments étayant le péril imminent sont le plus souvent inexistants.
  De la même manière, mais cette fois-ci du côté de 
  l'administration des
  établissements psychiatriques, quand un malade arrive avec des certificats
  médicaux incomplets ou mal rédigés, il semble que certaines 
  hospitalisations
  sur demande d'un tiers prennent, après coup, leur caractère de 
  péril
  imminent, avec des certificats refaits et postdatés. Il est probable 
  que la
  plus grande partie de ces situations échappent à la commission 
  si les
  corrections sont bien faites.
  Nous avons aussi remarqué que certains grands centres d'urgences somatiques
  avaient mis en place des formulaires pré-imprimés de certificats 
  médicaux d'
  HDT. Il apparaît ainsi que les deux certificats médicaux obligatoires 
  sont
  étroitement superposables à la seule exception du nom des certificateurs.
  Cet usage qui détourne l'esprit de la loi a débuté à 
  la Cité Hospitalière et
  tend à s'étendre aux autres établissements de grande taille.
  Pour les HDT de longue durée, il apparaît que les certificats mensuels 
  sont
  souvent automatiquement reproduits, y compris les fautes de frappe, de mois
  en mois, étayés sur des descriptions cliniques laconiques et parfois 
  même
  sans description aucune, ces certificats émanent le plus souvent des
  services ou des établissements ayant les plus grandes dotations en lits."
  Conclusion:
  Comme le montre le rapport ci-dessus, la cause de l'augmentation du nombre
  des internements de force est que la procédure d'urgence elle-même 
  est
  utilisée de façon abusive et que c'est ce point qui devrait faire 
  l'objet
  d'une surveillance plus grande de la part des pouvoirs publics et
  judiciaires.
Trouvé sur le web sur le site www.penelopes.org
  à ne pas ranconter le soir aux petits enfants avant de dormir...
  "Si t'es pas sage maman va t'envoyer chez les psy !"
Le droit de cuissage au XXIe siècle
  Ou : Quand un homme politique est protégé par le pouvoir en place 
  !
  par Michèle Dayras
  (15 mai 2001)
Cela se passe dans une petite ville de province nichée au fond des
  montagnes.
  Nadine* est employée comme technicienne de surface, selon la terminologie
  moderne, dans une bâtisse officielle qui dépend de la municipalité. 
  Elle est
  femme, elle est jeune, elle occupe une position subalterne; « la chair 
  est
  faible » quand il s'agit des hommes, c'est bien connu (!). et c'est ainsi
  que son calvaire commence.
Comme les autres jeunes filles qui avaient travaillé dans ces locaux 
  avant
  elle, Nadine* devient la victime privilégiée du gardien, Monsieur 
  Liriot,*
  du Directeur, Monsieur Crépineaux* et du Président du Conseil 
  d'
  Administration, Monsieur Ruzeillier.* Le droit de cuissage, que l'on croyait
  disparu avec la reconnaissance des droits humains des femmes, existe encore
  dans ce système patriarcal où les hommes conservent tous les pouvoirs 
  et s'
  octroient tous les privilèges. Harcèlement sexuel, harcèlement 
  moral, rien
  ne manque ! Nadine* doit supporter les attouchements sexuels, faire des
  fellations, approcher ces corps d'hommes qui s'imposent à elle. Alors 
  elle
  dit NON ! et menace de dénoncer ce qui se passe. Et malgré l'exemple 
  des
  autres jeunes filles qui ont, l'une après l'autre, été 
  mutées, Nadine* ne
  craint pas les représailles et s'insurge contre le sort qui lui est fait.
  Elle est sanctionnée pécuniairement dans un premier temps et prévient 
  son
  syndicat. Puis, lorsqu'elle décide de manifester seule devant son lieu 
  de
  travail pour informer la population, le pays « des droits de l'homme et 
  du
  citoyen » le lui rend bien : la police l'embarque à l'hôpital 
  psychiatrique
  où elle va rester deux mois. C'était en 1998. Dans le même 
  temps, elle est
  radiée de son poste de travail et mise en longue maladie.
Mais Nadine* est une battante qui croit fermement que son pays est une
  démocratie dans laquelle la justice existe et que cette justice est égale
  pour tous et pour toutes. Et elle porte plainte contre Messieurs Liriot*
  Crépineaux* et Ruzeillier* auprès du Tribunal de Grande Instance, 
  prévient
  la presse locale, écrit au Procureur de la République. Elle choisit, 
  même,
  de rencontrer le Directeur Général des Services du département. 
  Enfin, elle
  relance le Commissaire de Police. Qu'à cela ne tienne ! Les enquiquineuses,
  on leur apprend à se comporter ! Elle se retrouve, à nouveau, 
  en psychiatrie
  pour deux mois : on finira bien par briser ses velléités de justice 
  et on
  aura raison de son franc-parler.
  Décidée à faire entendre sa voix et à obtenir réparation 
  pour les violences
  sexuelles auxquelles elle a été soumise, Nadine* reprend son travail 
  en
  portant un brassard qui dénonce le viol qu'elle a subi. La réponse 
  ne se
  fait pas attendre : c'est le 3ème enfermement en psychiatrie pendant 
  une
  quinzaine de jours pour tenter, une nouvelle fois, de briser sa force, son
  courage et sa détermination.
Car Monsieur Ruzeillier* n'est pas n'importe qui, même si son comportement
  tendrait à suggérer le contraire. Il fait de la politique et il 
  est protégé
  en haut lieu, au niveau étatique faut-il le préciser ? Alors, 
  que peut faire
  une jeune employée de l'équipe de nettoyage contre un monsieur 
  aussi
  puissant et aussi puissamment protégé ? RIEN ! On souhaite qu'elle 
  le
  comprenne avant qu'il ne soit trop tard pour elle et pour son psychisme, car
  les séjours en service spécialisé s'accompagnent de bonnes 
  doses de
  médicaments de toutes sortes, injectés DE FORCE, qui transformeraient 
  n'
  importe lequel des hommes les plus violents en « légume « 
  humain, en un rien
  de temps; et au besoin, il reste encore la camisole de force. N'oublions pas
  que la France est le pays d'Europe où la pratique des INTERNEMENTS ABUSIFS
  est la plus fréquente et où le pouvoir administratif TOUT PUISSANT 
  laisse la
  personne sans moyen de défense contre l'arbitraire de sa situation.
Il est opportun de se demander qui dirige une telle structure hospitalière
  dans cette ville de province ? C'est une femme, la Docteure Maricelli.*
  Nommée à ce poste par les instances locales, ce n'est pas elle 
  qui discutera
  du bien-fondé de l'internement en cours; elle se contente de « 
  soigner »
  celle qui n'a nullement besoin de ses soins. Quant au médecin qui reçoit
  Nadine* pour sa reprise éventuelle de travail, après chacun de 
  ses passages
  en psychiatrie, il s'agit du Docteur Chen-Du,* du Comité Médical 
  de la
  DDASS, qui n'est autre que le mari de la psychiatre; tout se passe donc en
  famille et le secret est bien gardé ! Avant de donner son accord à 
  la
  reprise d'activité, le Docteur Chen-Du* ne manque pas de demander à 
  Nadine*
  « si oui ou non elle compte enlever ses plaintes » ? Comme elle 
  répond que
  non, elle reste en arrêt de travail en attendant le prochain séjour 
  en
  psychiatrie.
Et c'est ainsi que tout s'enchaîne, que tout s'intrique, que tout s'acharne
  pour qu'avortent toutes les tentatives de Nadine* de voir la vérité 
  éclater
  au grand jour. Elle ne renonce pas pour autant. Consciente de son bon droit,
  elle croit encore en la justice de son pays et ne retire pas ses plaintes.
  Mais rien n'y fait, tout est étouffé; ses différents avocats 
  piétinent; la
  presse reste muette; seuls les syndicalistes la soutiennent dans ses
  épreuves et dans ses démarches et osent évoquer ce qui 
  se trame; en vain !
Dernier rebondissement de cette pénible affaire : l'an 2001. Malgré 
  les
  multiples pressions exercées à son encontre, Nadine*, qui n'a 
  pas repris son
  travail depuis plus d'un an et demi, a maintenu sa plainte (entre autres)
  contre Monsieur Crépineaux.* C'est, vraisemblablement, pour cette raison 
  qu'
  elle se retrouve internée pour la 4ème fois et que la Docteure 
  Maricelli* la
  met sous curatelle. C'est cette période de deux mois, passés en 
  service
  fermé où elle est abreuvée de thérapeutiques, qu'elle 
  choisit pour contacter
  le Groupe-Information-Asile (GIA) association spécialisée dans 
  la lutte
  contre les internements abusifs et SOS-SEXISME.
Nadine* est sortie maintenant. Sa curatelle vient d'être levée 
  par la Dre
  Maricelli* qui la trouve « très bien » ! Pourquoi ce revirement 
  soudain ?
  Sans doute parce que les choses se précisent et se mettent enfin à 
  bouger.
  Parce que l'ami de Nadine a remué ciel et terre pour que ce cauchemar 
  cesse.
  Parce que le GIA a choisi d'entamer une procédure. Parce que SOS-Sexisme 
  a
  promis à Nadine de diffuser sa vérité et de raconter l'odieuse 
  réalité de ce
  qu'elle a vécu. Et aussi, parce que la famille d'une jeune femme,
  ex-employée de bureau, vient de porter à la connaissance de tous 
  la plainte
  qu'elle a déposée contre l'un des harceleurs, le fameux Monsieur 
  Crépineaux*
  qui, actuellement, ne travaille plus dans la structure incriminée dont 
  il
  semble avoir été éloigné volontairement.
Nadine* a, enfin, trouvé l'appui de personnes qui veulent lutter contre 
  les
  mensonges et qui choisissent de dénoncer l'arbitraire de ses internements 
  et
  de faire reconnaître le harcèlement sexuel et le harcèlement 
  moral qu'elle a
  subis depuis si longtemps dans l'indifférence quasi générale, 
  dans ce pays,
  la France, où l'ON NE TOUCHE PAS AUX HOMMES POLITIQUES surtout s'ils 
  sont
  protégés en haut lieu !
* NDLR : les noms et les prénoms des protagonistes sont fictifs.
  Pour la définition du viol, voir l'Article 222.23 du Code Pénal 
  français (la
  fellation est un viol).
Pour manifester votre solidarité à Nadine* :
  envoyez un email à sexisme@club-internet.fr
  ou écrivez à SOS SEXISME (en précisant « Pour Nadine 
  * »)
  2 rue du Bel Air - 92190 - Meudon-Bellevue - France
  http://perso.club-internet.fr/sexisme
Vous n'irez pas en taule...
  ... mais peut-être en HP.
L'Express du 10/05/2001
  Psychiatrie
  La dérive asilaire
  par Gilbert Charles
  Depuis dix ans, le nombre d'«hospitalisations sous contrainte» a 
  augmenté
  de 60%, touchant 40 000 personnes par an. Une triste exception
  française©S.Bollendorff/L'Oeil Public
44% des internements sous contrainte ne seraient pas médicalement
  «appropriés».
  Il y a Billy, un gamin de 13 ans, placé par les services sociaux dans 
  une
  famille d'accueil... qui l'a fait interner dans un hôpital psychiatrique 
  de
  la région de Tarbes, parce qu'elle ne voulait plus s'en occuper. Il y 
  a
  Alicia, une Parisienne de 58 ans, qui s'est retrouvée embarquée 
  par la
  police et enfermée pendant quarante-cinq jours à Sainte-Anne à 
  la suite de
  la dénonciation d'un voisin. Il y a Claude Baudoin qui, après 
  avoir purgé
  une peine de vingt ans de réclusion pour un crime passionnel, est resté
  enfermé onze années supplémentaires dans une unité 
  psychiatrique. Il y a
  René Loyen, un ancien VRP, hospitalisé pendant deux ans à 
  la suite d'un
  banal conflit de voisinage, auquel le tribunal de Lille a accordé en 
  juillet
  dernier 3,9 millions de francs de dommages et intérêts pour internement
  abusif. Des dizaines d'affaires similaires sont aujourd'hui en attente de
  jugement. La psychiatrie est-elle devenue folle?
C'est un phénomène bien français qui ne cesse de se développer: 
  chaque
  année, des milliers de gens sont hospitalisés de force en psychiatrie, 
  à la
  demande d'un parent, d'un voisin ou de l'administration. Depuis dix ans, le
  nombre d' «hospitalisations sous contrainte» a augmenté de 
  60% dans
  l'Hexagone. Une dérive sévèrement dénoncée 
  dans le dernier rapport de la
  Cour des comptes et qui a valu à la France d'être plusieurs fois 
  condamnée
  par la Cour européenne des droits de l'homme. «Notre pays est le 
  seul du
  Vieux Continent où l'administration dispose encore du pouvoir d'interner,
  alors que celui-ci est confié partout ailleurs aux médecins ou 
  aux juges,
  observe le Dr Claude Louzoun, psychiatre et cofondateur du Comité européen
  droit, éthique et psychiatrie (Cedep). L'hospitalisation sans consentement
  ne devrait se justifier que pour un nombre infime de cas, mais elle est
  devenue chez nous une solution de facilité qui permet de traiter toutes
  sortes de problèmes sociaux, des conflits conjugaux à l'éthylisme 
  en passant
  par la petite délinquance.» Une dérive d'autant plus paradoxale 
  que la
  politique officielle depuis vingt ans - avec la sectorisation - consiste à
  vider les hôpitaux psychiatriques.
  «Un malade mental a chez nous
  moins de droits qu'un criminel»
  Depuis 1838, la législation française prévoit deux types 
  d'internement sous
  contrainte. D'une part, «l'hospitalisation d'office», une procédure 
  décidée
  par le maire ou le préfet pour «trouble à l'ordre public» 
  et qui s'applique
  aux individus violents ou dangereux pour autrui. D'autre part,
  l'hospitalisation «à la demande d'un tiers», qui peut être 
  réclamée par un
  parent, un voisin, une assistante sociale voire l'employeur du patient. En
  1990, le Parlement a voté une législation (dite «loi Evin») 
  destinée, en
  principe, à encadrer les internements psychiatriques en instituant notamment
  un double certificat médical pour les hospitalisations à la demande 
  d'un
  tiers - 75% des internements forcés. Mais cette loi n'a rien réglé: 
  le
  nombre des internements sous contrainte n'a cessé d'augmenter depuis, 
  pour
  atteindre aujourd'hui un total de 60 000 par an, soit environ 13% des
  admissions en hôpital psychiatrique. Sachant qu'un certain nombre de
  patients sont internés à plusieurs reprises, ce phénomène 
  concerne environ
  40 000 personnes. Trois à quatre fois plus qu'en Italie, en Espagne ou 
  au
  Royaume-Uni! Les statistiques varient énormément d'une région 
  à l'autre sans
  que personne ne puisse expliquer pourquoi. Rapporté à la population
  générale, le taux d'hospitalisation à la demande d'un tiers 
  est, par
  exemple, quatre fois plus élevé dans le département de 
  la Vienne que dans le
  Territoire de Belfort, et les hospitalisations d'office sont dix fois plus
  nombreuses en Haute-Corse que dans la Haute-Marne.
«L'internement semble devenu la réponse automatique face à 
  des patients un
  tant soit peu difficiles ou imprévisibles, explique Philippe Bernardet,
  sociologue au CNRS. La décision est d'autant plus facile à prendre 
  qu'il
  n'existe pratiquement aucun contrôle sérieux des certificats médicaux 
  ni
  aucun débat possible au moment de l'internement. Un malade mental a chez
  nous moins de droits qu'un criminel qui, lui, bénéficie d'un procès
  contradictoire avant d'être privé de liberté.» La 
  plupart des attestations
  médicales sont en effet rédigées après coup et se 
  résument souvent à une
  description sommaire des troubles du patient. Certaines sont carrément
  remplies à partir d'un formulaire standard imprimé à l'avance, 
  porte ouverte
  à l'arbitraire.
Une étude menée par l'Inspection générale des affaires 
  sociales (Igas) en
  1985 a montré que 44% des internements sous contrainte n'étaient 
  pas, en
  réalité, médicalement «appropriés», 
  soit parce que les troubles psychiques
  ne justifiaient pas une hospitalisation, soit parce que les intéressés
  relevaient davantage d'une prise en charge d'ordre social plutôt que
  médical. Rien ne démontre que cela ait changé. «On 
  enferme des personnes
  âgées qui relèvent de la maison de retraite ou des polyhandicapés, 
  qu'on
  parque en hôpital psychiatrique faute de structures de soins adaptées»,
  remarque Claude Louzoun.
A Paris, la plupart des «agités» récupérés 
  par la police sur la voie
  publique sont conduits à l'infirmerie de la préfecture de police 
  de Paris
  (IPPP), rue Cabanis. Menottés et fouillés au corps, ils sont placés 
  en
  observation dans des cellules pendant vingt-quatre à trente-six heures 
  avant
  d'être orientés vers les hôpitaux psychiatriques de la région 
  parisienne.
  L'IPPP, dont les associations de défense des malades et de nombreux
  psychiatres réclament la fermeture, est une institution médicale 
  au statut
  particulier qui n'est pas contrôlée par le ministère de 
  la Santé, mais
  dépend directement de l'Intérieur. Chaque année, plus de 
  2 000 personnes
  sont internées d'office via cette infirmerie très spéciale: 
  un chiffre
  équivalant à celui des placements d'office dans tout le Royaume-Uni.
Sortir de ce système absurde
  Une fois interné, le patient se retrouve piégé. «Dès 
  mon admission, on m'a
  bourrée de neuroleptiques qui me paralysaient la bouche et m'empêchaient 
  de
  m'exprimer, se souvient Marie-Christine, une psychotique de 40 ans,
  hospitalisée sous contrainte pendant quinze jours après avoir 
  été victime
  d'un épisode délirant dans un magasin: j'étais tétanisée 
  et évidemment
  incapable de me défendre.» En principe, toute personne hospitalisée 
  de force
  doit subir un nouvel examen dans les douze jours suivant son admission. Dans
  le cas d'une hospitalisation d'office, un nouveau certificat doit être
  établi un mois après l'entrée du malade, et ensuite tous 
  les trimestres.
  Très souvent, la décision est simplement reconduite.
Bernard Kouchner, ministre de la Santé, entend proposer prochainement 
  une
  révision de la loi Evin pour redéfinir et renforcer les droits 
  des malades
  mentaux. Cette réforme devrait limiter les cas d'hospitalisation d'office,
  donner au malade la possibilité de refuser un traitement et lui permettre
  d'accéder à son dossier médical. «Mais la seule façon 
  de sortir de ce
  système absurde consiste à confier aux juges la décision 
  d'internement, sur
  avis médical, comme l'ont fait la plupart des autres pays», estime 
  André
  Bitton, président du Groupe information asiles (GIA), une association 
  de
  défense des usagers de la psychiatrie. Le gouvernement, craignant une
  multiplication des contentieux, ne semble pas prêt à aller jusque-là. 
  Ce
  principe de judiciarisation a pourtant fait ses preuves. Au Royaume-Uni, le
  malade est placé pendant vingt-huit jours en observation et ne se voit
  imposer une thérapie qu'après le contrôle d'un tribunal. 
  En Italie, c'est le
  juge des tutelles qui intervient, soixante-douze heures après l'internement,
  pour valider la détention. Résultat: la durée moyenne des 
  placements est de
  douze jours dans la péninsule, contre cinquante jours en France.
Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                      ou : 
  http://www.cs3i.fr/abonnes/do 
  
             ou : 
  http://vlr.da.ru
                ou : 
  http://hlv.cjb.net