16 mars 2000
Bonjour à toutes et à tous,
Jean-Pierre
me dit de ne pas m'endormir sur mes lauriers. Je ne m'étais pas rendu
compte que je m'étais endormi. Ni même que j'avais des lauriers.
Quand on a inventé une nouvelle théorie révolutionnaire,
ce qu'il faut faire ensuite, c'est la pratiquer. Et pas seulement pour vérifer
et améliorer la théorie. Une théorie révolutionnaire
n'est pas là pour exister, ni pour être vraie, ou plus ou moins
vraie, ou pour être améliorée. Elle est là pour expliquer
pourquoi on n'a pas encore réussi à faire la révolution,
et donc pour dire ce qu'on pourrait essayer de faire pour la réussir,
cette fois.
Le but d'une théorie
révolutionnaire, c'est de faire la révolution.
la thc ( théorie
du concept ), a l'avantage d'être praticable individuellement. Je
veux dire qu'un individu qui la connaît peut essayer de cesser d'être
esclave du concept. Mais, même si un individu réussi une telle
révolution dans sa tête, c'est pas suffisant pour faire la révolution.
Et même si des milliards d'individus faisaient chacun dans son coin sa
révolution individuelle ; quoique là, il pourrait se produire
ce que Marx appelle un saut qualitatif : quand la quantité s'accroit
suffisamment, elle finit par provoquer un changement qualitatif. Mais la révolution
sociale n'est pas une somme de révolutions individuelles, c'est un acte
collectif.
Il y a là
toute la différence entre la prise de conscience individuelle et la prise
de conscience collective ( c'est la conscience de classe, où chacun
sait, et sait que presque tout le monde sait aussi, et se comporte en conséquence ).
Et de toute façon, vous voyez bien que la révolution passe par
la divulgation de la théorie. Je n'ai pas dit que c'était suffisant,
mais que c'était indispensable. Car comme disait guy debord, le prolétariat
est la classe de la conscience. La révolution a besoin que chaque prolétaire
devienne théoricien.
Attention, je n'ai
pas dit, non plus, qu'il suffisait que les prolétaires ( le prolétaire
est celui qui n'a aucun contrôle sur l'emploie de sa vie et qui le sait )
comprennent individuellement et collectivement la thc pour que la révolution
soit faite. Car la révolution n'est pas un dîner de gala, c'est
un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre !
Ce que je dis, par
contre, c'est que tant que les prolétaires seront esclaves du concept,
ils n'ont aucune chance de réussir la révolution. Parce que la
communication est essentielle à la révolution, et que, quand on
est esclave du concept, même si on croit discuter ensemble pour prendre
une décision collective, en fait, c'est le langage qu'on utilise qui
prend la décision à notre place. Mac Luhan disait que " c'est
le médium qui est le message ", mais la théorie du concept
voit bien que cette loi commence à devenir fausse dès qu'on commence
à se libérer de l'esclavage au concept !
C'est pourquoi je
dis aussi qu'actuellement, la priorité des révolutionnaires doit
être la propagande pour la théorie du concept. Et cette propagande,
il doit la faire aussi sur le terrain, c'est-à-dire dans les luttes de
tous les jours. Car celui qui parle de révolution sans participer à
la lutte réelle a dans la bouche un cadavre.
Bon, à propos de s'endormir, avec ou sans lauriers, il est 7 heures 45 du matin, il est tant que j'aille au lit ! le reste, ce sera pour une prochaine fois.
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