10 février 2002

 

 

Algérie : dix ans, ça suffit !

La France doit cesser de soutenir les généraux d'Alger !

Dix ans déjà ! Dix ans d'une " sale guerre " qui a fait 150 000 à 200 000 morts et des milliers de disparus. Des dizaines de milliers de personnes ont été torturées, violées, enlevées, massacrées par les groupes islamistes armés ou les forces de sécurité. Contrairement à ce qu'affirme le pouvoir, cette guerre se poursuit : depuis dix mois, la Kabylie vit dans une situation chaotique, toutes les semaines surviennent de nouveaux assassinats, de très nombreux opposants vivent le martyre dans des prisons mouroirs. Et la société algérienne tout entière est plongée dans une effroyable spirale de souffrances et de misère : alors qu'une infime minorité, à l'ombre de la corruption des généraux du " cabinet noir ", affiche une richesse insolente, des millions de familles tentent de survivre, privées d'eau, de logements, d'emplois, de toute lueur d'espoir.

Et cela dans l'indifférence du reste du monde. Cette indifférence, nous ne l'acceptons pas ! Hier, la communauté internationale la justifiait par l'" opacité " du conflit, voire par la nécessité de soutenir la lutte contre le " terrorisme islamiste ", quels qu'en soient les moyens. Depuis le 11 septembre, ces arguments refont surface. Mais cet aveuglement n'est plus de mise : les principaux responsables de la violence qui continue à ensanglanter l'Algérie sont désormais connus de tous. Ils s'appellent Larbi Belkheir, Khaled Nezzar, Mohamed Médiène, Smaïn Lamari, Mohammed Lamari, Fodhil Chérif, Mohamed Touati, etc.. Ces généraux, avec d'autres, avec leurs exécutants que sont les colonels du DRS et des forces spéciales de l'armée, avec les civils des gouvernements fantoches à leurs ordres, ne parviennent plus à se cacher : s'abritant derrière leur loi de " concorde civile ", ils ont laissés impunis les responsables des pires atrocités, perpétrées au non d'un islam dévoyé. Des responsables dont il est maintenant avéré que beaucoup n'ont été que des marionnettes entre leurs mains.

Les témoignages des victimes, ceux des policiers et militaires qui ne supportent plus d'avoir été transformés en robots sanguinaires par ces généraux sont suffisamment nombreux pour qu'un procès conforme aux normes du droit international soit enfin instruit. En janvier 1949, à Paris, le procès Kravchenko avait permis que la vérité éclate aux yeux de l'opinion mondiale sur les crimes du régime stalinien. Celui qui oppose le général Khaled Nezzar au lieutenant Habib Souaïdia jouera peut-être le même rôle. Il doit se dérouler à Paris en juillet 2002, date du quarantième anniversaire de l'indépendance algérienne.

D'ici là, nous refusons que le nouveau climat international, la conjoncture électorale en France servent de prétexte pour laisser le peuple algérien souffrir dans cette indifférence. C'est pourquoi les signataires de ce texte interpellent tous les candidats aux prochaines élections présidentielles et législatives en France pour qu'ils s'engagent à mettre fin à la scandaleuse politique de soutien aux généraux d'Alger pratiquée depuis dix ans par les gouvernements français successifs ; mais aussi par l'Europe qui dans le même temps obéit, à propos de l'Algérie, aux orientations diplomatiques de la France.

Ils demandent également aux candidats qu'ils s'engagent à faire enfin respecter le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par la France en novembre 1980 et par l'Algérie en septembre 1989. Ce pacte stipule notamment que " nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants " et prévoit très précisément les procédures à mettre en œuvre, comme l'envoi pour des enquêtes sur place de rapporteurs spéciaux, quand on sait que ses dispositions sont violées dans un pays signataire. Tel est précisément le cas de l'Algérie, qui ne peut s'opposer à de telles enquêtes au nom d'une prétendue " ingérence ", puisqu'elle les a acceptées par avance en ratifiant le pacte. En le ratifiant de son côté, la France s'est également engagée à le faire respecter.

Ces engagements sont ceux des citoyens des deux pays et c'est pourquoi nous ne pouvons tolérer qu'ils continuent à être violés. Il faut que les responsables et les complices de cette barbarie organisée, quels qu'ils soient, puissent être jugés au nom du droit international.

Appel lancé le 9 février 2002 à l'initiative des organisations et associations suivantes : Association Algérie-Droits de l'homme pour tous, Association Vérité et Justice pour l'Algérie, Cedetim, Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie, Fondation Matoub Lounes, Vivre Ensemble dans l'Est parisien.


Signatures à adresser à :
CEDETIM, 21 ter, rue Voltaire, 75001 Paris (cedetim@globenet.org).

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NOTE de do : deux sites à visiter à tout prix :

algeria-watch en francais  et Le Mouvement Algérien des Officiers Libres


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