1 avril 2002
Beit Jala : balles sur le cortège des activistes
Le cortège d'activistes pacificistes à Beit Jala qui voulaient visiter les habitations occupées par l'armèe israélienne a été dispersé par des tirs depuis les chars israéliens.
À 15h00, heure locale, les activistes italiens de la coordination nationale en soutien à l'Intifada et d'Indymedia Italia, les Français et et les Suisses du Gipp et les membres de l'International Solidarity Movement se sont réunis face à l'hôtel pour donner naissance à un cortège dans le but d'arriver à Beit Jala afin de visiter les habitations occupées par l'armée israélienne et apporter leur solidarité au peuple palestinien.
Environ à cent personnes, nous sommes partis vers Beit Jala, dans une Bethléem déserte ce qui ne laissait envisager rien de bon. Comme du reste, le fait que les deux autocars des activistes de " Action for Peace ", qui, avec une parlementaire italienne, devaient nous rejoindre mais restaient bloqués au check point. Tout ceci ne nous donnait que peu d'espoir à l'égard de la réaction des troupes israéliennes.
Bien décidés pourtant à rejoindre le village de Beit Jala, nous nous engageons dans la montée qui porte à Beit Jala, en battant des mains et en criant " Stop the Occupation ", " Sharon you will see palestina will be free ".
Nous arrivons au lieu où nous avions croisé les blindés il y a seulement deux jours, mais la route, cette fois-ci, est déserte. Nous poursuivons donc notre chemin vers les habitations où se trouvent les tireurs israéliens et des blindés de l'armée israélienne.
À un certain moment, débouche droit devant nous un char. Sur la tourelle, un soldat ayant 20/25 ans nous regarde avec indifférence ; avec la froideur de celui qui sait ce qu'il doit faire et que cela fait parti de sa vie. Certaines personnes que nous avons désignées pour aller négocier s'avancent vers le char. Et là, tout de suite, partent les premières rafales tombant à quelques mètres des pieds des personnes. Il ne s'agit pas de balles en caoutchouc. Non, ce sont de vrais projectiles, ils font mal !
Les personnes ne paniquent pas, elle se regroupent et les négociateurs tentent à nouveau de se diriger vers le char. Les coups de fusils mitrailleurs ne laissent pas d'espace aux commentaires. Nous commençons à reculer lentement pour éviter les mouvements de panique qui rendraient la situation encore plus dangereuses. Les tirs sont de plus en plus fréquents et proches. Je vois une balle toucher le trottoir qui se trouve à dix centimètres d'un homme d'âge mur. Je vois des impacts sur les murs. Je vois des tirs en direction des caméras et des appareils photo. Le char avance. La plupart des personnes de notre groupe s'éloigne alors d'un pas soutenu alors que, sur deux files, nous reculons lentement. Les soldats continuent à nous tirer dessus.
Certains d'entre nous restent bloqués derrière un petit portail, nous tentons de les appeler, mais rien à faire, ils doivent se réfugier dans une habitation. Tout de suite après, une balle s'écrase sur le mur à coté de moi. Je sens un coup au niveau du sternum. Je réfléchis un instant. Je lance des injures mais je ne sens pas de douleurs et donc je pense que tout va bien. Je me retourne et je vois une jeune fille blanchir, se tourner et s'évanouir dans les bras d'une personne à mes cotés. Il y a du sang sur son pull. Sirènes d'ambulance. Pour moi, se sera toujours la première personne blessée. Je ne sais pas si c'est comme ça.
Je sais que nous reculons inexorablement pendant vingt longues minutes. Tout doucement, la tension s'abaisse et nous pensons seulement " quand le char va cesser de nous suivre à deux mètres de nous ". on continue à marcher en file, à un pas régulier.
Dans une ruelle latérale, un cameraman et une journaliste tentent de monter dans une voiture. Les soldats n'apprécient pas et tirent de nombreuses rafales dans leur direction, sous nos regards impuissants, jusqu'à ce que ces deux personnes, indemnes mais terrorisées, se décident à rejoindre notre cortège toujours en train de reculer.
Finalement la route s'élargit. Les chars s'arrêtent. D'une des ouvertures du tank sort un appareil photo, puis un bras tenant ce même appareil. Photo souvenir pour maman, encore cent autres personnes sur qui j'ai tirées !, me fait penser ce soldat. Je suis tellement effondré par ce geste que je ne réussis même pas à utiliser mon appareil pour immortaliser cette scène.
Finalement, nous nous retournons et rentrons vers Bethléem.
Nous nous informons sur les blessés : ils sont 7, dont la jeune fille, qui est en train d'être opérée. Elle était à mes cotés. D'autres ont des blessures causées par des fragments et des petits cailloux qui ont ricoché sous les projectiles.
Nous nous dirigeons au centre Ibdaa, pour communiquer.
L'occupation est une réalité encore plus vive maintenant pour nous. Comme pour des milliers de palestiniens tous les jours.
Comme la guerre.
On ne peut pas rester à regarder.
Blicero, Indymedia Italia
1er avril 02
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