Une solidarité exemplaire

29/04/2000

Suite à l'appel lancé par divers collectifs de par le monde pour une nouvelle journée mondiale d'action contre le capitalisme, la mondialisation, la domination et leurs effets, différents groupes, collectifs et individu-e-s ont organisé une manifestation à Dijon, le samedi 29 avril. La manifestation a rassemblé le Collectif pour des villes sans voitures, le groupe féministe non-mixte, le groupe libertaire, le syndicat anarchiste CNT, le squat Les Tanneries, la Croix Noire Anarchiste (ABC), les associations Acer Sativa et Maloka ainsi qu'un grand nombre de sympathisant-e-s et de gens diversement impliqués dans les squats, les luttes anticapitalistes, anarchistes, antispécistes ou écologistes...

Vers 15 heures, environ 300 personnes se sont réunies sur une place du centre ville de Dijon, et ont ensuite constitué un cortège festif, revendicatif, turbulent et coloré. La manif s'est déplacé à travers plusieurs rues du centre ville, laissant sur son passage un grand nombre d'autocollants, d'affiches, tracts et slogans.

Les banderoles de couleur, les gens déguisés et la musique ont momentanément transformé la rue en un espace de fête, en une "zone libre" joyeuse et animée. Diverses actions ont eu lieu tout au long du parcours : des féministes ont renommé les rues avec des nom de femmes (diverses personnalités féministes, lesbiennes, artistes, militantes... occultées par l'histoire au masculin) de façon à souligner l'invisibilisation des femmes dans la société (dans ce cas précis, en réservant la représentation valorisante à des hommes), ont collé des affiches et autocollants à travers la ville et ont également réalisé plusieurs détournements publicitaires pour dénoncer l'utilisation comme objet du corps des femmes. Par ailleurs, la vitrine d'une agence de bourse a été recouverte d'affiches autocollantes et taguée avec des slogans anticapitalistes, de même que 3 agences d'intérim. Le collectif pour des villes sans voitures a symboliquement tracé une piste cyclable sur un des grands axes du centre-ville, pour inciter les cyclistes à se prendre en main et à agir sans attendre des autorités qu'elles considèrent avec sérieux les problèmes posés par la voiture (ce qui, bien entendu, ne peux arriver). Les squatteuses et squatteurs du 3, rue Saumaise ont marqué une pause devant le bâtiment qu'ils occupaient depuis octobre et qui fut expulsé le 5 avril 2000 par une centaine de flics, mettant fin à un projet de vie collective ainsi qu'à une bibliothèque et un salon de thé hebdomadaires. Des manifestant-e-s ont également distribué de la nourriture végétalienne et des tracts sur les dangers représentés par les OGM. La manifestation s'est poursuivie par l'occupation des voies de la gare, pour protester contre les lois racistes et l'expulsion des sans-papiers, que cautionne la SNCF par sa collaboration active avec les autorités. Après environ 20 minutes d'occupation, la manifestataion est retournée dans les rues. Un manifestant, s'éloignant du rassemblement, a alors été violemment pris à parti par quatre policiers, qui ont essayé de l'embarquer. Heureusement, le reste des gens s'est très vite interposé. Les flics ont gazé ceux et celles qui tentaient de résister à l'interpellation, mais n'ont finalement réussi à embarquer personne. La manif s'est ensuite déplacée vers un gros carrefour du centre-ville, bloquant la circulation avec des banderoles et un sound-system. Une fête de rue a alors eu lieu, combinant musique, théâtre de rue (par la "Famille Turis" ayant animé le parcours), jus de fruits et performances de graffiti. Un militant grimpa à un poteau pour accrocher à une caméra de vidéo surveillance une banderole dénoncant le contrôle social et la surveillance vidéo. L'endroit a également été inauguré, puisque sur la place sur laquelle la manif se trouvait, on retrouve pas moins de 5 banques. Une fausse cérémonie a donc renommé la place Darcy "place des banques, en mémoire aux victimes du capitalisme", sous un déluge de faux sang et de faux billets. La manifestation se termina peu après, sans que les flics n'interviennent une nouvelle fois.

Au dela de l'affirmation de notre rejet du capitalisme et de la domination, l'objectif de la manifestation et des actions était de promouvoir des moyens de résistance au capitalisme qui dépassent la simple contestation passive, qui passent par l'action directe et la désobéissance civile, de manière à agir plus concrètement et directement sur l'objet de nos luttes : occupations, affichages sauvages, détournements publicitaires ou bombages -- sans pour autant faire trembler le pouvoir, nous en sommes bien conscient-e-s -- sont cependant des moyens d'action qui nous semblent à privilégier aux classiques discours et défilés, dans la mesure ou ils introduisent la notion de plaisir, de fête, de créativité et de désobéissance, et vont de pair avec l'idée de vivre "ici et maintenant, dans la mesure du possible, le monde que nous voulons créer". Cette manifestation coïncidait avec des journées portes-ouvertes organisées à l'Espace autogéré des Tanneries, squat d'habitation et d'activités, qui fêtait ses 1 an et 9 mois d'existence ainsi que le succès de la campagne contre l'expulsion du lieu. Des concerts, expos, graffs, projections s'y sont succédé pendant 3 jours. Les activités anticapitalistes autour du 1ier Mai se poursuivirent le lundi avec un Piq'Nik'Tou' libertaire et une conférence- projection-concert sur les prisons, organisés par la CNT (Confédération Nationale du Travail) et le FLIDD (Familles en Lutte contre l'Insécurité et les Décès en Détention).

 

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