18 avril 2002

 

PALESTINE
À à nos dirigeants silencieux et à nos familles


          Nous, citoyens de différents pays, sommes venus en Palestine il y a plus de 15 jours, dans le cadre d'une mission civile pour la protection du peuple palestinien.

          Ces missions, organisées depuis juin 2001, visent à manifester un soutien actif au peuple palestinien dans sa lutte pour sa souveraineté, son identité et sa terre, à souligner l'inaction complice des institutions internationales et des gouvernements devant l'occupation israélienne qu'ils ont pourtant condamnée, à appuyer, par une mobilisation des peuples, une internationalisation de la question palestinienne, à appeler à la création d'une force de protection internationale pour le peuple palestinien.

          La lutte des Palestiniens est singulière en effet parce qu'elle concerne au premier chef ce peuple et marque son histoire ; sa dimension universelle est pourtant claire : les millions de manifestants du monde arabe, mobilisés ces jours-ci, les peuples du Sud en général, ou, plus précisément, tous les peuples qui subissent la domination d'un modèle économique libéral, ne peuvent accepter un avenir où la majorité des hommes et des femmes est exclue au profit d'une minorité. Cette lutte globale est aussi, et depuis l'occupation israélienne, le combat des Palestiniens.

          Notre engagement pour la protection du peuple palestinien nous a conduits ici à un moment dramatique quand le symbole du peuple palestinien, son dirigeant élu, Yasser Arafat, était soumis, dans ses quartiers généraux, à un siège d'une violence inouïe. Débutée le 29 mars au soir, l'attaque du palais présidentiel a fait deux morts et plusieurs blessés en deux jours. Nous avons réussi à passer les barrages dans la ville de Ramallah, déserte et déjà dévastée, le 31 mars, pour pénétrer dans le palais présidentiel, où nous sommes depuis.

          Le siège, qui n'a pas été levé, garde toute sa rigueur : pas d'eau courante, manque d'almentation et d'hygiène, électricité et approvisionnement soumis à l'arbitraire de l'armée israélienne. En revanche, il nous semble que la focalisation médiatique et diplomatique sur Ramallah a redonné un peu d'espace politique à Yasser Arafat, et rend visible la criminalité d'un assaut éventuel sur son quartier général. La menace d'une destruction imminente et d'une mort certaine pour les assiégés palestiniens a été écartée.

          Notre présence ici fait aussi de nous des témoins privilégiés de la résistance et de la détermination palestiniennes. Elle nous a permis, et nous permet encore aujourd'hui, de contribuer à l'internationalisation de la mobilisation et de montrer à quel point le mouvement social peut révéler la persistance de la conscience politique des peuples face à leurs institutions défaillantes. Par leur inaction, celles-ci se rendent complices de crimes, tels que les crimes de Jénine et de Naplouse, autant que de celui qui s'annonce à Bethlehem. La criminalisation du droit à la résistance du peuple palestinien contre l'occupation et l'oppression, droit pourtant inscrit dans la Convention de Genève, comme de celle de l'activité des mouvements civils de protection, manifeste l'illégalité de l'action de la coalition Sharon-Perès. A ce jour, le 15 avril 2002, environ 200 Internationaux ont été refoulés à leur entrée à l'aéroport de Tel-Aviv. Plus encore ont été expulsés par les autorités israéliennes alors que leur présence en territoire autonome palestinien ne relève que de la juridiction palestinienne. Ce bouclage hermétique des Territoires a pour seul objectif d'écarter les derniers témoins des agissements criminels d'Israël.

          Notre démarche de solidarité garde toute son actualité en ces jours terribles. L'action des Internationaux, comme celle de nos sociétés et de nos gouvernements, ne saurait souffrir aucun délai. La simple conscience de la dignité humaine et le respect des droits fondamentaux justifie aujourd'hui le maintien d'une présence des missions civiles de protection du peuple palestinien.

          L'urgence de témoigner et de donner notre voix au cri du peuple palestinien demeure. Aussi bien choisissons-nous collectivement de rester à Ramallah et continuons-nous à attendre, le cas échéant, une relève. Même si nous choisissons que certains parmi nous, tous volontaires, rentrent dans leur pays d'origine pour nous y représenter, nous avons décidé ensemble de maintenir notre mission, car elle n'a, malheureusement, rien perdu de son actualité et de sa nécessité.


          Nous appelons donc largement des volontaires de tous les pays et de tous les horizons sociaux à se rendre en Palestine pour manifester leur solidarité, contribuer à arrêter la machine criminelle d'Israël, révéler devant le monde l'abaissement sans précédent de la société israélienne.

          Quant à la démission permanente de nos institutions, elle vous appelle tous à vous mobiliser, là où vous êtes, à faire pression sur vos élus, à manifester votre indignation, à boycotter tous les produits israéliens et, si vous le pouvez, à venir nous rejoindre en Palestine.

                    Les 40 Internationaux des missions civiles pour la protection du peuple palestinien


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