( le 10 février 2000 )
Cher camarade,
Tu écris : "Dans la guerre entre les indiens et les cow-boys, je ne m'occupe jamais de savoir si par hasard le chef des indiens est un méchant, ou si le chef des cow-boys est un gentil". Pour ma part, je ne joue pas aux cow-boys et aux indiens, je suis un révolutionnaire.
Il ne s'agit pas d'une position sectaire, mais d'une clarification nécessaire. On ne peut pas d'un côté être libertaire et mondialiste, et de l'autre prendre parti pour des nationalistes ou des "indépendantistes". Tu fais preuve, dans tes textes, d'une certaine lucidité quand au rôle des idéologies pour maintenir le pouvoir des capitalistes et de l'état. Notre rôle, au sein de ce petit mouvement qu'est l'hypergauche, est précisemment de dénoncer inlassablement le caractère illusoire de l'étatisme et du nationalisme. Soutenir toutes les rebellions, sans analyser précisemment leurs positions et le rôle des forces en présence, c'est précisemment renoncer à ce combat intelectuel. La grande différence entre le rebelle et la révolutionnaire, c'est que seul le second cherche une issue globale au système.
Sur le Che, j'avoue ma grande méfiance pour les mêmes raisons. Il existe une forme de myhologisme autour des révolutionnaires passés, que ce soit le Che, Trotski, Guérin,... qui nous force à endosser également leurs erreurs, à justifier leurs errances. Les idées sont bien vite effacées par les icônes. Le Che se méfiait probablement de l'URSS, où il avait pourtant été reçu, mais il nourissait toutes les pires illusions étatistes et nationalistes "de gauche". Je ne suis guère étonné de le voir aujourd'hui adulé par une partie de l'extrème-droite. A l'heure du "nouvel ordre mondial", la révolution conçue comme une accumulations de libérations nationales est devenu un mythe réactionnaire.
Je te renvoie à la lettre que j'ai adressée aux camarades du Parti communiste des ouvriers de France dans laquelle je dévellope un point de vue mondialiste-révolutionnaire sur la révolution équatorienne
(http://www.altern.org/cerclesocial/equateur.htm).
J'attends tes commentaires sur l'analyse du rôle de l'état et de l'armée. Pour ma part, je lis une seconde fois la "théorie du concept" (maintenant que ma social-traitre d'imprimante consent à marcher) et je te fais part de mes remarques.
Salutations révolutionnaires,
Nico
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