29 janvier 2003
Chavez 
  au IIIe Forum social mondial :
  "La révolution ne se marchande pas"
Au cours d'une conférence de presse à Porto Alegre, le président Chavez a annoncé qu'il allait instaurer un impôt sur les transactions financières internationales afin de stoper la fuite des devises.
A Porto Alegre, Página 12*

          L'ouragan 
  Chavez a soufflé avec force hier à Porto Alegre. La présence du président vénézuélien 
  Hugo Chavez Frias a fortement touché les organisateurs du Forum social mondial, 
  les autorités de l'Etat du Rio Grande do Sul et les nombreux groupes solidaires 
  avec le Venezuela qui se sont rassemblés dans l'auditoire de l'Assemblée législative 
  pour l'ovationner. 
  
            Au cours d'une chaotique 
  conférence de presse, Chavez a cité l'Argentine comme exemple de ce qui se passe 
  lorsque l'on applique une "surdose de néolibéralisme". Il a déclaré qu'il prenait 
  des mesures afin d'"approfondir la révolution bolivarienne". Parmi ces mesures, 
  il a expliqué qu'il allait envoyer la semaine prochaine au Congrès un projet 
  de loi similaire à la Taxe Tobin qui se propose de taxer de 1% les grandes transactions 
  financières internationales. Il a de plus déclaré qu'il suspendra provisoirement 
  la vente de devises et instaurera un contrôle des changes
La révolution ne se marchande pas
          Avec 
  cette mesure, Chavez veut mettre fin à la fuite des capitaux qui, selon ses 
  chiffres, ont atteint quelques 35 milliards de dollars au cours de ces 4 dernières 
  années. Un chiffre qui fait froid dans le dos lorsque l'on sait que le PIB annuel 
  du Venezuela tourne autour des 100 milliards de dollars. "La révolution ne se 
  marchande pas" a-t-il insisté. 
  
            Avant de commencer 
  sa conférence de presse, Chavez a présenté un à un les fonctionnaires gouvernementaux 
  qui ont pris place à ses côtés. Comme d'habitude, il a également extrait des 
  poches de sa chemise vert claire une édition de poche de la Constitution bolivarienne 
  en déclarant que cette dernière était anti-libérale et qu'elle résumait le modèle 
  politico-économique qu'il impulse aujourd'hui. 
  
            "Le plan putschiste 
  d'avril nous a permi d'approfondir le processus révolutionnaire (...). Pour 
  vaincre le putschisme, il n'y a pas d'autre voie que l'approfondissement du 
  processus révolutionnaire". "La révolution ne se marchande pas, les principes 
  de se marchandent pas, en aucune manière". "Après le mois d'avril, nous avons 
  fait une restructuration des Forces Armées et aujourd'hui ont peut affirmer 
  qu'elles sont encore plus engagées aux côtés de la Constitution et de la Révolution. 
  Après le coup d'Etat pétrolier de décembre, nous avons pu, pour la première 
  fois depuis que PDVSA existe, nationaliser notre pétrole. Nous n'avions pas 
  réellement pu le faire auparavant car une véritable bureaucratie apatride s'étaient 
  retranchée en son sein et PDVSA n'était plus qu'une immense caisse noire". 
  
            "Nous avons renvoyé 
  aujourd'hui plus de 3.000 hauts dirigeants qui avaient participé au plan de 
  déstabilisation et qui avaient mis de côté le personnel patriotique et nationaliste. 
  J'ai vu pleurer un monsieur de plus 60 ans, retraité, quand nous l'avons appelé 
  afin d'assumer le poste de gérant dans la rafinerie où il avait travaillé toute 
  sa vie. Il a pleuré quand il a vu ce que les saboteurs avaient fait. Car avant 
  de stopper une raffinerie dans les normes, il faut nettoyer tout le système. 
  Mais les saboteurs avaient arrêté les raffineries en laissant les conduits remplis 
  de produits chimiques, d'hydrocarbure et même de l'asphalte, qui s'est solidifié. 
  C'est pour cela que j'ai vu pleurer cet homme. Nous mettons aujourd'hui la principale 
  ressource de notre pays au service du processus révolutionnaire". 
  
            "Nous avons déclaré 
  que l'année 2003 serait celui de l'attaque" a poursuivi Chavez. "Nous sommes 
  en train de distribuer des titres de propriété urbaine. Ce qui revient à démocratiser 
  la propriété de la terre. Aux pauvres et aux secteurs populaires qui ont toujours 
  vécu dans des humbles demeures, nous leur remettons des titres de propriété. 
  C'est le même processus dans le cas de la réforme agraire, que nous préférons 
  appeler Révolution agraire. Cette année, nous avons remis plusieurs centaines 
  de milliers d'hectares à des petits producteurs. Nous le faisons en favorisant 
  les coopératives paysannes, comme cela est prévu dans la Constitution." 
  
            "Nous allons également 
  approfondir l'enseignement intégral. Nous avons augmenté le budget de l'enseignement 
  de 3% du PIB en 1998 à 7%. Le budget de la santé est passé de 2,5% du PIB à 
  5%. Nous avons pu réduire la mortalité infantile de 21/1000 à 17/1000. Nous 
  avons réduit la dénutrition infantile de 15%. Les inscription scolaires ont 
  augmenté de 40%. Nous avons réduit l'indice de faible poids à la naissance de 
  9 à 6%. Tous ces chiffres sont fournis par le programme de l'Unesco, le PNUD. 
  Dans le domaine politique, nous sommes en train d'approfondir la participation 
  communautaire. Les conseils locaux de planification sont en train de naître, 
  composés par les citoyens et avec pouvoir de décision. C'est là du pouvoir populaire 
  formalisé à travers des mécanismes de participation tels qu'ils sont prévu par 
  la Constitution." 
  
            Chavez s'est ensuite 
  excusé de devoir donner des conseils aux peuples latino-américains sur la manière 
  avec laquelle ils devraient affronter le FMI. Il a rappelé qu'en 4 années de 
  pouvoir, il n'a jamais signé d'accords avec le FMI et ne prévoit pas de le faire. 
  Il a affirmé qu'il a refusé cela parce qu'il ne veut subir aucune sorte de pression. 
  
  
            Après avoir critiqué 
  le peu de résultats qu'apportent les nombreux sommets officiels auxquels il 
  doit assister, il s'est ensuite étendu sur certaines de ses propositions afin 
  d'impulser une meilleure "intégration régionale" latino-américaine. Il a rappelé 
  que lors d'un sommet sud-américain, il avait demandé: "Pourquoi ne pouvons-nous 
  pas prendre des décisions communes avec les 12 présidents latino-américains ? 
  Si nous voulons donner force aux décisions que nous voulons prendre sur des 
  thèmes tel que la dette extérieure par exemple, pourquoi ne soumettons-nous 
  pas nos initiatives au vote de nos peuples ?" 
La dette extérieure, un transfert de richesses
"La dette extérieure est un mécanisme pervers qui ne peut être affronté par un seul pays car ce dernier serait immédiatement mis en faillite. C'est avec douleur qu'au cours de ces 4 dernières années nous avons dû payer plus de 20 milliards de dollars d'une dette dont les fruits ne sont pas au Venezuela. Lorsque je suis arrivé au pouvoir, la dette était de 26 milliards de dollars, nous en avons payé plus de 20 milliards et aujourd'hui nous devons encore rembourser 26 milliards. Ce mécanisme est immoral. Ou, comme l'a dit Fidel Castro, c'est une dette éternelle que nous ne pourrons jamais terminer de payer. Cette année, le monde développé va aider les pays sous-développés dit-on. Mais pour chaque dollars que les pays reçoivent en aide internationale, ils doivent en payer 6 en dette extérieure. Il est impossible que nous sortions de la pauvreté avec ce mécanisme de transfert de richesses des pays pauvres vers les pays riches. A cela, ce n'est pas un seul président qui peut apporter une solution."
Fonds monétaire latino-américain
          Chavez 
  a également étayé ses propositions d'intégration latino-américaine. "Nous avons 
  proposé de créer un Fonds monétaire latino-américain dans lequel chacun pourra 
  apporter ce qu'il peut. Y compris ceux qui ne pourraient pas apporter de l'argent 
  sonnant et trébuchant pourraient apporter des aliments qui pourraient être utilisés 
  dans un système de troc entre les peuples pauvres. On peut faire cela mais ce 
  qu'il manque, c'est la volonté politique et c'est cette bataille que nous devons 
  livrer. Il se passe qu'avec le conte de fées de la "main invisible" du marché, 
  la politique a été mise de côté." 
  
            Chavez a dit partager 
  les critiques faites dans le Forum social mondial à l'encontre des organismes 
  de crédits internationaux et a souligné que "l'unique manière de nous en sortir 
  de cette guerre, c'est avec l'unité". Il a ainsi proposé de créer "Pétroamérica", 
  avec les entreprises pétrolières nationales du Brésil, du Venezuela, d'Equateur 
  et du Pérou. "Pourquoi ne pas créer une OPEP latino-américaine ?" a-t-il 
  demandé pour répondre ensuite que "cela nous donnerait beaucoup plus de pouvoir 
  de négociation au lieu de faire comme aujourd'hui, chacun pour soi, un par un 
  avec ses projets". 
  
            *Traduction de l'espagnol : 
  Ataulfo Riera pour RISBAL 
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NOTE de do :
Lien où j'ai trouvé ce texte : http://belgium.indymedia.org/front.php3?article_id=46864&group=webcast
Lien originel : http://www.collectifs.net/risbal/ven/pagina1201.htm
Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                      ou : 
  http://www.cs3i.fr/abonnes/do 
  
             ou : 
  http://vlr.da.ru
                ou : 
  http://hlv.cjb.net