7 février 2003
Perquisitions contre les opposants aux OGM en Belgique :
  enquête judiciaire ou coup bas politique ?
  
  Communiqué de presse
  
  Bruxelles, le 7 février 2003
          Le CAGE (Collectif 
  d'Action GénEthique) déplore les perquisitions dont a été 
  victime l'un de ses membres à Liège et à Bruxelles ce jeudi 
  6 février 2003 au matin.
  
            Lors de cette perquisition, 
  des documents sur les disséminations d'OGM dans l'environnement et l'alimentation 
  en Belgique et des ordinateurs ont été emmenés par la police 
  fédérale de Gand. Les agents présents sur place n'ont fourni 
  aucune précision sur les motifs qui auraient justifié une telle 
  méthode et sur le choix du domicile perquisitionné, celui d'un 
  acteur travaillant ouvertement depuis plusieurs années sur les dossiers 
  liés au génie génétique en Belgique. Ils se sont 
  contenté de relier cette violation de domicile à une enquête 
  sur plusieurs arrachages de parcelles transgéniques ayant eu lieu depuis... 
  le 23 mai 2001. 
  
            Nous apprenons aujourd'hui 
  par la presse que des perquisitions ont également été opérées 
  en Flandre au siège des associations environnementales Velt et JNM (Jeugdbond 
  voor Natuurstudie en Milieubescherming), ainsi qu'au cabinet du Ministère 
  de l'Environnement, où la saisie de tous les documents se rapportant 
  à la culture en Belgique d'organismes génétiquement manipulés 
  n'a là aussi été accompagnée d'aucune motivation 
  verbale. C'est également dans la presse que s'étalent maintenant 
  des "soupçons" sur "l'implication active" de collaborateurs 
  du ministre de l'Environnement dans des arrachages de plantes manipulées.
  
            Si l'Etat de droit 
  consacre en principe la séparation des pouvoirs et l'indépendance 
  du judiciaire envers l'exécutif, les coïncidences et les insinuations 
  sont ici trop bien agencées et distillées dans l'espace public 
  pour qu'il soit possible d'y voir la seule "recherche sereine de la vérité 
  judiciaire". 
  
            Ces perquisitions 
  sont réalisées près de deux ans après les premiers 
  événements qu'elles prétendent éclairer. Par contre, 
  elles frappent au moment même où la progression des intérêts 
  pro-OGM en Belgique connaît un coup d'arrêt sans précédent, 
  ce que traduit notamment le passage du nombre de disséminations expérimentales 
  de plantes transgéniques sur notre territoire de 144 en l'an 2000 à... 
  une seule pour l'année 2003 ! La multinationale Bayer-Aventis, par exemple, 
  a interrompu toutes ses contaminations en champs cette année, pour se 
  concentrer sur la possibilité de commercialiser à l'échelle 
  européenne son fameux colza Terminator (MS8/RF3).
  
            Ce revers subi par 
  l'industrie du transgénique dans notre pays est du à la conjugaison 
  de la vigilance et des efforts de ceux qui sont ici montrés du doigt 
  : des associations de citoyens tel le CAGE d'un côté, le cabinet 
  des ministres Agalev de l'Environnement, Magda Alvoet puis Jeff Tavernier, de 
  l'autre. Autant les associations que le Ministère oeuvrent depuis deux 
  ans à l'instauration d'une information transparente des populations contaminées 
  et de procédures de décision intelligentes, incluant une évaluation 
  socio-économique de l'impact des manipulations génétiques 
  dans l'agriculture. C'est ce projet que Agalev et ECOLO souhaitent défendre 
  au Parlement dans les semaines qui viennent, à travers la transposition 
  en Belgique de la directive européenne 2001/18 sur les expérimentations 
  d'OGM.
  
            C'est ce projet 
  que les serviteurs des intérêts transgéniques, au sein du 
  VLD, du MR et du PS, ont bloqué le 20 décembre dernier au Conseil 
  des ministres. Ils entendent aujourd'hui faire payer leur arrogance à 
  celles et ceux qui ne se résignent pas à la perspective d'un monde 
  recomposé génétiquement, où quelques centaines d'emplois 
  de chercheurs transgénistes remplacent des milliers d'agriculteurs chez 
  nous et des dizaines de milliers de petits paysans dans le Sud.
  
            Tout semble bon 
  pour parvenir à jeter le discrédit sur leurs adversaires, y compris 
  une théorie du complot, l'évocation de "fuites" sur 
  la localisation des parcelles transgéniques, fuites venant de collaborateurs 
  ministériels de Jeff Tavernier. Or, quiconque s'intéresse un minimum 
  à la question des OGM en Belgique, sait que les communes de disséminations 
  officielles d'OGM sont renseignées depuis 2000 dans les fiches d'information 
  du public sur le site du Service de Biosécurité et de Biotechnologie 
  dépendant du Ministère de l'Environnement ! (http://biosafety.ihe.be). 
  Pour cette année, la localisation et le plan précis des pommiers 
  manipulés à Rillaar (Aarschot) est d'ailleurs accessible sur le 
  site du Joint Research Centre de la Commission Européenne (http://www.jrc.org/)...
  
            Voilà aussi 
  l'un des enjeux de l'assaut porté par le biais de la Justice : empêcher 
  le maintien d'une information aux citoyens suffisante pour qu'un véritable 
  débat naisse chaque fois qu'une culture de végétaux manipulés 
  est entreprise. Au besoin, en faisant croire que s'impliquer dans la résistance 
  aux OGM exige de verser dans la clandestinité ou de jouer aux "agents 
  doubles".
  
            Ce spectacle n'est 
  pas digne de la démocratie que les autorités belges affirment 
  défendre.
  
            En outre, privé 
  de ses dossiers et ordinateurs, le CAGE se voit empêché de fonctionner. 
  De même que la personne perquisitionnée de se préparer pour 
  le procès qui commence ce 10 mars à Namur et dans le cadre duquel 
  13 citoyens belges, français et luxembourgeois comparaîtront pour 
  un arrachage public de cultures OGM chez Monsanto, le 7 mai 2000.
  
            Le CAGE entame dès 
  lors les procédures lui permettant par toutes voies de droit d'obtenir 
  la restitution du matériel nécessaire à son fonctionnement.
  
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  Pour toutes infos ou marques de soutien, vous pouvez joindre la personne perquisitionnée 
  au sdenys@ulb.ac.be
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  Laurence Van de Walle
  Green/EFA Group in European Parliament
  Advisor on Industry and Research policy
Vive la révolution : http://www.mai68.org
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