Il y a 60 ans: la bataille de Stalingrad

Dans les QG américains de l’armée et de la propagande, on discute beaucoup de Stalingrad. Histoire de savoir si on ne court pas le même danger que les précurseurs nazis, de se retrouver coincé à Bagdad (que d’aucuns surnomment déjà «Bagrad») dans une lutte de guérilla urbaine qui ne peut être remportée par des armes modernes commandées à distance. Que s’est-il passé à Stalingrad, durant l’hiver 1942-43?

Lieven Soete
05-02-2003

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Sept mois durant, à Stalingrad, on s'est battu pour chaque maison, chaque étage. L'Armée rouge était soutenue par la population locale qui se servait des grandes usines comme de bastions. Les nazis allaient s'y briser les reins. (Photos: archives URSS)
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logo BarbarossaLieven Soete a compilé tout un dossier multimédia sur Stalingrad et la Seconde Guerre mondiale en Union soviétique, avec photos, cartes, propagande nazie et soviétique, discours (audio) de Staline, liens avec des sites intéressants et documents.
Le 22 juin 1941, quand les armées allemandes et celles de leurs alliés envahissent l'Union soviétique, c'est le début d'une guerre de destruction sans précédent contre la jeune Union soviétique, qu'il a fallu tant de mal pour construire. Cette guerre est censée anéantir jusqu'aux derniers germes du «judéo-bolchevisme» et de «nettoyer» ces territoires de leurs habitants et de leur culture.

Fin 1941, après quelques terribles mois de défaites soviétiques, les troupes fascistes prennent position devant Leningrad et Moscou. C'est la première fois dans l'histoire que telle chose se passe. A partir de décembre 1941, le régime soviétique est enfin à même de contre-attaquer.

Eté 1942: l'offensive nazie vers Stalingrad

Dans l'été 1942, les hordes nazies lancent encore une offensive de grande envergure, déferlant dans le Caucase vers la Volga, direction Stalingrad.

A partir d'août, des combats acharnés s'y déroulent autour de chaque maison, chaque étage et même chaque chambre car DCA, armes antichars, lance-roquettes et mitrailleuses sont réparties à travers toute la ville. La gare, par exemple, changera treize fois d'occupant.

La population et les soldats mènent une guérilla urbaine à grande échelle. Les Soviétiques avaient appris et testé la tactique pendant la guerre d'Espagne. Partout, on se tapit dans les caves, les égouts, les grottes et passages souterrains aménagés un peu partour en réserves et entrepôts.

On se bat par petits groupes dispersés qui, ainsi, peuvent opérer le plus près possible des fascistes, de sorte que ceux-ci n'osent plus bombarder par crainte de toucher leurs propres troupes. La grande majorité de la population de Stalingrad reste sur place et participe aux combats, continue à travailler dans des usines et ateliers en ruines et assure l'approvisionnement.

En septembre, les fascistes atteignent quand même la Volga et s'emparent de la quasi-totalité de la ville, sans toutefois pouvoir prendre possession des grosses usines, qui se trouvent sur la Volga. Ces usines ont toutes des noms historiques et sonores: Traktor ­ où, la nuit, on répare les chars ­, Barricade, Octobre Ce sont de vraies forteresses et des têtes de pont pour le gros de l'Armée rouge qui a dû se replier de l'autre côté du fleuve.

Le 12 septembre, le QG de Moscou élabore les premiers plans d'une contre-offensive soviétique. Sont présents: le commandant en chef, Joseph Staline, son adjoint militaire le maréchal Joukov, et le maréchal Vassilevski. Tous deux sont envoyés sur le front afin d'examiner soigneusement tous ses aspects, sans rien dévoiler des fameux plans.

Fin septembre, ils se réunissent à nouveau. Tout est réajusté et conclu. Staline renvoie une fois de plus Joukov et Vassilevski au front avec la mission suivante: «Sans dévoiler le plan, il vous faudra cependant tâter les avis des commandants du front sur les opérations que nous voulons lancer.» Exemple remarquable de la façon dont Staline pratiquait la démocratie dans sa prise de décision ­ ce qui est loin d'aller de soi dans une telle situation de guerre!

Hiver 1942-43: contre-offensive soviétique

En octobre-novembre 1942, les Soviétiques attirent le plus de troupes allemandes possible vers d'autres fronts en y lançant des offensives de moindre envergure. Pendant ce temps, à Stalingrad, les troupes nazies n'ont ni répit, ni possibilité d'opérer un regroupement.

Le travail politique de préparation, lui aussi, est abordé avec soin et en profondeur. Depuis octobre, Manouilski, le président du Komintern, est sur place et dirige ce travail directement au nom du Comité central. L'unité, la force et l'intransigeance nécessaires pour asséner un coup décisif au fascisme, à tous les niveaux de l'Armée rouge, parmi la population aussi bien que parmi les unités de partisans, voilà la principale explication de la victoire soviétique.

Le 19 novembre, l'offensive soviétique est lancée. Les troupes roumaines qui, avant les nazis, doivent encaisser le premier choc, sont enfoncées, cernées et se rendent. Le 23 novembre, les troupes soviétiques venues du nord-ouest et celles venues du sud-est opèrent leur jonction dans un gigantesque mouvement en tenaille autour de l'armée allemande. Début décembre, les mâchoires de la tenaille se sont solidement refermées: plus de 300.000 soldats allemands sont faits comme des rats. Durant les premières semaines, 50.000 d'entre eux pourront encore s'échapper, mais les autres sont de plus en plus coupés du gros de l'armée allemande qui doit se replier vers l'ouest.

Le 8 janvier 1943, les Soviétiques proposent au maréchal allemand von Paulus de se rendre. Il refuse. Trois semaines et des centaines de milliers de morts plus tard, le 30 janvier, Paulus finit quand même par capituler. Le 2 février 1943, le drapeau soviétique est à nouveau hissé à Stalingrad.

Stalingrad représente une victoire décisive sur les nazis. C'est le tournant de la Seconde Guerre mondiale car, à partir de ce moment, ce sont les Soviétiques qui déterminent l'agenda de la guerre, c'est-à-dire où et quand on attaquera. Après Stalingrad, les hordes nazies ne connaîtront plus qu'un seul cap: celui du retour. Jusqu'au moment où l'Armée rouge ira les anéantir totalement dans leurs trous de Vienne et Berlin, en mai 1945.

Source: G. Joukov, Mémoires, Tome 2, Paris, 1970, pp.22, 44, 58

Lien originel : http://www.ptb.be/scripts/article.phtml?lang=1&obid=18028

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REMARQUE de do :

Je ne suis absolument pas Stalinien, mais en ces temps où l'on va chercher à nous dire qu'il faut faire la guerre contre l'Irak pour dire merci aux Américains, il n'est peut-être pas mauvais de rappeler que ce ne sont pas les Américains qui ont gagné la guerre contre le nazisme, mais les Soviétiques. Pendant cette guerre, il y a eu 50 000 000 de morts au total. Dont 300 000 Américains et 25 000 000 de Soviétiques et parmi eux au moins 16 000 000 de Slaves !

De toute façon s'il faut dire merci aux Américains, c'est à la population américaine qu'il faut dire merci, pas à ses actuels chefs fascistes ! Et les Américains d'aujourd'hui sont au moins 70 % à ne pas vouloir de cette guerre ! Donc pour dire merci à la population américaine, il faut refuser cette guerre !