1 mars 2003
Union Juive Française
pour la Paix Lettre ouverte
à
objet : article " Boycotter est-il discriminer ? " paru dans l’édition du dimanche 16 février
Monsieur, L'article " Boycotter est-il discriminer ? " paru dans l’édition du dimanche 16 février appelle de notre part (UJFP Lille) les remarques suivantes : Monsieur Jean-Clade Komar explique : « Jamais je n'ai critiqué une manifestation pro-palestinienne à condition qu'elle ne se termine pas aux cris de "morts aux Juifs" comme c'est arrivé à Lille. » Dans toutes les manifestations auxquelles nous avons participé, les organisateurs ont toujours tenu à empêcher tout dérapage, plus particulièrement au moment des prises de parole en fin de manifestation. Quand à l’attaque judiciaire contre le maire de Seclin pour "avoir provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l¹égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, en l¹espèce en demandant aux services de restauration de boycotter les produits israéliens " , elle procède de l’intimidation, scandaleuse en soi, car elle vise à faire réprimer toute opposition politique s’exprimant par des moyens pacifiques. L’argument de Monsieur Komar selon lequel le boycott est "préjudiciable à la paix" et " pénalise autant les Palestiniens" est particulièrement malsain ; condamner le boycott parce qu’il pénaliserait les palestiniens qui cueillent les oranges relève de la manipulation. En son temps cet argument a été employé par les adversaires du boycott de l’Afrique du Sud, au prétexte qu’il pénalisait les travailleurs noirs ! Joli raccourci de l’histoire ! Quand à soutenir que le boycott serait "préjudiciable à la paix" , de quelle paix Monsieur Komar parle-t-il ? Il est inacceptable de se borner à considérer que certains, dont les Juifs, ont le droit à défendre Israël et d'autres, dont les Arabes, le droit de défendre la Palestine ; la question n'est pas celle d'une communauté défendant ses proches, elle est celle de la dénonciation d'une politique. Nous ne pouvons que regretter que Monsieur Komar ait tenu ces propos. De tels propos contiennent en eux-mêmes une position anti-juive, puisqu’ils contribuent à alimenter le "climat de haine" qu’il prétend dénoncer ; mais peut-être est-ce là le but poursuivi :
Nous regrettons qu’un journaliste que nous respectons, ait pris aussi peu de distance (en vérifiant au moins avec les organisateurs, par exemple le Comité de Soutien au Peuple Palestinien (maintenant dénommé AFPS-CSPP 59/62) , domicilié à la MNE 23 rue Gosselet 59000 Lille, palestine_nord@hotmail.com, sur un sujet aussi sensible et intolérable que l'antisémitisme. L’Union Juive Français pour la Paix lutte bien plus pour la paix et contre l’antisémitisme que ceux qui brandissent à tout propos l’épouvantail absolu de la Shoah dès que l’on critique les agissements de l’Etat d’Israël. Avec nos vifs regrets, recevez nos salutations militantes et pacifiques Christine Vanlancher, Claudine
Lacascade, Rachel Garbarz,
------------------article de la voix du nord 16/2/2003------ par Jean-François GINTZBURGER Boycotter est-il discriminer ? Le maire de Seclin comparaît le 12 mars devant le tribunal correctionnel de Lille pour discrimination après son appel au boycott des produits israéliens. Des poursuites à l¹initiative du parquet. Une première. JEAN-CLAUDE WILLEM cultive depuis longtemps son côté bolchevique bonhomme. Mais à l¹évocation du dossier, la colère l¹envahit. "Le parquet, je vais lui rentrer dans le lard. On me marque du sceau de l¹infamie, moi qui à dix ans transportais des armes pour les FTP. Je ne supporte pas qu¹on veuille me faire taire. Ma défense sera l¹attaque, je veux un procès politique." Le maire de Seclin promet une audience animée le 12 mars au tribunal de grande instance de Lille. Ce jour-là, il comparaîtra pour discrimination envers une nation. Si plusieurs affaires judiciaires similaires se sont déroulées sur fond de conflit israélo-palestinien, c¹est la première fois en France qu¹un maire est poursuivi pour un appel au boycott et la première fois également que le parquet prend l¹initiative des poursuites. " Climat de haine " "J¹ai réagi avec mes tripes", se souvient Jean-Claude Willem. Quelques jours auparavant, il a découvert une exposition photographique sur les territoires occupés. Alors, à l¹ouverture du conseil municipal du 3 octobre, il annonce aux élus avoir demandé aux services de restauration des cantines scolaires de boycotter les produits en provenance d¹Israël, à commencer par les jus de fruits. Et il explique son acte. "Le peuple israélien n¹est pas en cause, c¹est un homme, Ariel Sharon, coupable d¹atrocités, qui ne respecte aucune décision de l¹ONU et continue à massacrer. " Une prise de position politique claire sans caractère antisémite qui peut faire débat. D¹ailleurs, informé de cette action par la presse, Jean-Claude Komar, le président de l¹association cultuelle israélite du Nord, réagit et écrit le 7 octobre au maire de Seclin. "Je voulais lui expliquer comment à travers ce type d¹action, il se créait un climat de haine vis-à-vis de la communauté juive. Je souhaitais lui faire remarquer pourquoi un tel boycott, préjudiciable à la paix, pénalise autant les Palestiniens. Enfin, je lui rappelais qu¹en d¹autres temps, les communistes avaient connu la haine et en avaient, aux côtés des Juifs, payé un lourd tribut." Dans sa réponse, Jean-Claude Willem reste sur ses positions et risque une comparaison entre les ruines du centre de la cité palestinienne de Jénine et celles du village martyr d¹Oradour. "Je n¹assimile pas l¹armée d¹Israël aux nazis mais il y a des ressemblances tout de même...", maintient-il aujourd¹hui. Dimension internationale Pour Jean-Claude Komar, dont une partie de la famille fut assassinée à Auschwitz, le masque tombe. « Face à ce genre de déclarations intolérables, j¹ai porté plainte. Je soutiens l¹existence d¹Israël, je trouve donc normal que d¹autres soutiennent l¹existence de la Palestine. Jamais je n¹ai critiqué une manifestation pro-palestinienne à condition qu¹elle ne se termine pas aux cris de "morts aux Juifs" comme c¹est arrivé à Lille. » Entre-temps, l¹appel du maire de Seclin a pris une dimension internationale. Le site Internet de la ville est saturé de mails au contenu parfois très douteux. Plus de 5 000 internautes l¹ont consulté. "Une vraie auberge à messages antisémites", assure J.-Claude Komar. "Des propos haineux contre les Arabes", répond J.-Claude Willem qui a reçu des menaces contre sa vie émanant du Bétard, une organisation de jeunes juifs d¹extrême droite. Enquête de la préfecture De son côté, l¹association "France-Israël Amitiés Echanges" basée dans le Pas-de-Calais interroge le préfet du Nord sur "la légalité d¹une telle décision au regard des marchés publics". En dépit des recherches effectuées très rapidement, la préfecture ne trouve pas trace d¹un seul marché concernant la fourniture de denrées alimentaires en provenance d¹Israël. En conclusion, Jean-Claude Willem boycotte des produits qu¹il n¹a jamais achetés. Une enquête qui ulcère le maire de Seclin, à la limite du dérapage verbal. "Nous, quand nous interpellons la préfecture, il faut des semaines pour obtenir une explication. Eux, ils ont une réponse très rapidement." Episode final du dossier : le 7 janvier 2003, Jean-Claude Willem reçoit une citation à comparaître "pour avoir provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l¹égard d¹une personne ou d¹un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, en l¹espèce en demandant aux services de restauration de boycotter les produits israéliens ". Par son caractère inédit, l¹audience du 12 mars cristallisera et tranchera la question récurrente en France depuis le début de la seconde Intifada : peut-on critiquer la politique du gouvernement israélien, comment et jusqu¹où, sans être accusé d¹antisémitisme ? _________________________________________ Communiqué de presse de l'Union Juive Française
pour la Paix (4 mars 2003) Bien que dans notre groupe, certains n'approuvent pas le boycott, nous considérons unanimement cette accusation comme scandaleuse et que cette façon d'entretenir l'amalgame entre toute critique de la politique israélienne et l'antisémitisme doit être condamnée. Certains parmi nous se sont rendus récemment en Israel et en Palestine et sont prêts à témoigner sur les atteintes aux droits de l'homme perpétrés par l'Etat israélien. Nous tenons à assurer Monsieur le Maire de Seclin de notre soutien. Patrice Bardet, Rudolf Bkouche, Rachel Garbarz, Bruno
Jedynak, Claudine Lacascade, Christine Van Lancker, membres de l'UJFP
(union juive française pour la paix, Lille). _________________________________________ 17 mars 2003 Union Juive Française pour la Paix Groupe de Lille mail : ujfp.nord@wanadoo.fr A propos des poursuites judiciaires contre le Maire de Seclin L’attaque judiciaire contre le maire de Seclin pour " avoir provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d¹une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, en l'espèce en demandant aux services de restauration de boycotter les produits israéliens " , procède de l’intimidation, scandaleuse en soi, car elle vise à faire réprimer toute opposition politique s’exprimant par des moyens pacifiques. Bien que dans notre groupe, certains n'approuvent pas le boycott, nous considérons unanimement cette accusation comme scandaleuse et que cette façon d'entretenir l'amalgame entre toute critique de la politique israélienne et l'antisémitisme doit être condamnée. L’argument de certains selon lequel le boycott est " préjudiciable à la paix, " et " pénalise autant les Palestiniens " est particulièrement malsain ; condamner le boycott parce qu’il pénaliserait les palestiniens qui cueillent les oranges relève de la manipulation. En son temps cet argument a été employé par les adversaires du boycott de l’Afrique du Sud, au prétexte qu’il pénalisait les travailleurs noirs ! Joli raccourci de l’histoire ! Quand à soutenir que le boycott serait " préjudiciable à la paix " , de quelle paix parle-t-on ? Rappelons que le boycott a précédemment été utilisé comme moyen de pression pacifique :
. Il est inacceptable de se borner à considérer que certains, dont les Juifs, ont le droit à défendre Israël et d'autres, dont les Arabes, le droit de défendre la Palestine; la question n'est pas celle d'une communauté défendant ses proches, elle est celle de la dénonciation d'une politique. De telles poursuites contiennent en elles-même une position anti-juive, puisqu’elles contribuent à alimenter le " climat de haine " qu’elles prétendent dénoncer ; mais peut-être est-ce là le but poursuivi :
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