31 mai 2003

 

APPEL D'ENSEIGNANTS « POUR DES EXAMENS 2003 DE l'ÉGALITÉ »          

                    Chers collègues,          

           Vous le savez : depuis de nombreuses années, nous assistons, spectateurs impuissants et complices silencieux, à la dissolution de la valeur des diplômes dans la masse des élèves. Avec la massification de l'enseignement, que nous avons accompagnée au nom de la démocratie et de l'égalité, nos classes se sont transformées en chaînes de production, avec un but unique : amener les élèves à l'examen.          

           Comme un secret trop lourd à porter, nous avons partagé ce fardeau avec nos collègues, amis et confidents ; d'abord avec prudence et discrétion, puis, découvrant que les programmes adaptés, les sujets arrangés, les harmonisations faussées et les jurys truqués étaient monnaie courante, avec plus de liberté — mais toujours entre nous ! jamais le public n'a su que les résultats de nos examens sont, dans une certaine mesure — et cela seul suffit à les rendre tous douteux — artificiels.          

           En acceptant l'idée du Baccalauréat (ou d'une forme quelconque d'examen) comme but, à la place des contenus d'enseignement et de la culture que nous dispensions auparavant (et qui étaient acquis, eux, quelle que soit la sanction des examens finaux), nous sommes entrés dans une logique de production où la quantité prime sur la qualité.          

           Nous avons accepté le remplacement d'une obligation de moyens par une obligation de résultat, et notre administration de tutelle nous a fixé comme objectif un taux de réussite de 80%. Mais nous pouvons et nous devons faire mieux !          

           Il est temps de briser le mur du silence et d'assumer enfin nos responsabilités ! Puisque nous avons accepté, au nom de l'égalité des droits, la logique qui consiste à faire passer tous nos élèves par le feu purificateur des examens, nous devons faire en sorte, au nom de l'égalité des chances, que tous passent l'épreuve avec succès — avec le même succès.          

           Au nom de la logique productiviste qui nous est imposée et au nom de l'égalité des chances de tous les élèves, nous vous proposons, si vous êtes appelé à intervenir comme correcteur d'une épreuve, et après correction effective des copies ou des prestations des candidats, d'attribuer automatiquement la note maximale à tous les candidats.          

           En effectuant la correction, vous remplissez normalement votre obligation de service ; en attribuant la note maximale, vous vous conformez aux objectifs fixés. Vous pourrez donc facilement tenir tête aux éventuelles réactions de surprise de vos collègues ou des présidents de jurys ; rien ne vous empêche par ailleurs de les convaincre de rejoindre notre cause. Un conseil tout de même : prenez la précaution de saisir vous-mêmes vos notes sur les serveurs informatiques prévus à cet effet — une erreur est si vite arrivée !          

           Chers collègues, l'avenir du Service Public d'Éducation est entre vos mains. Comme notre ministre, comme les élèves et leurs parents, nous comptons sur vous.          

                     Les enseignants du collectif « 20 pour tous, tous pour 20 ! »
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