6 juin 2003
Place de la concorde, un mardi soir en République
témoignage paru sur infozone_l@samizdat.net
Ils ont osé gazé et chargé des manifestants, jeunes et vieux ce soir.
La disposition des crs était la suivante : grillage, canons à eau et forte présence des crs bloquant le pont, un gros paquet à droite, et quelques uns sur la gauche. Belle image de la démocratie, puisque dans le même plan on a une horde de flics derrière leur grillage et au fond l'Assemblée Nationale.
Vers 18h30, des milliers de manifestants s'amassent sans violence devant les CRS. Slogan : "Raffarin démission, Chirac en prison". une deux bouteilles en plastiques volent du coté des crs. Deux cars (vides) du coté gauche se mettent en position pour bloquer la sortie vers la gauche. Quelques minutes après, les premiers gaz lacrymo sont jetés. Le vent est favorable aux crs, les premiers gaz sont pas balourdés dans la foule, juste posé devant. Les crs commencent alors a bloquer les issues sur les quaies, ne laissant plus passer personne.Cependant le service d'ordre de la CGT, qui s'est interposé entre les manifestants et les CRS fait tout pour contenir les manifestants.Ils essayent de calmer les manifestants qui s'énervent contre les CRS et empêchent un petit groupe de dépaver la place. Certains (CNT, Education, SUD...etc) commencent à s'énerver contre le service d'ordre de la CGT et en viennent quasi aux mains. Le service d'ordre CGT part.
Au fur et à mesure, les crs prennent de moins en moins de précautions. Les gaz sont même tirés horizontalement ! ! ! en direction de la foule. Les salves sont généralement constitués d'une dizaine de lacrymo. Grace au vent, les gazs se dispersent rapidement (en quelques minutes). Un bravo aux manifestants qui malgré tout continuent à s'amasser après chaque salve devant le cordon, avec des slogans des moins violents (Tous ensemble, Greve Générale, etc...).
Du coté manifestant, la manifestation est loin d'être terminée (contrairement à ce qu'annoncait la radio). Les cheminots et RATP arriveront que après 20h sur les lieux. Cependant les services d'ordre de la CGT, de la CFDT (entre autre) empêchent les derniers manifestants d'accéder sur la place et organisent un cordon pour les faire bifurquer dans une rue parralèlle. Vers 19h30, la place est totalement enfumée (une quarantaine de lacrymo en meme temps), malgré que les manifestants continuent à affluer. Nous sommes plus de 5 à 10 000 à être présents. Enervement du coté du cordon crs de gauche : un manifestant agé est en train de les insulter ("vous manifestez avec nous, et maintenant vous nous gazé"), ils laissent toujours passer personne....
Vers 20h, les lacrymos semblent se calmer, on se dit que ça coïncide avec le début du JT. Peut-être pas à 20h20, ça repart de plus belle.(lacrymos et lance à eau). Les yeux et le nez piquent terriblement, certains vomissent. Excédés et désabusés, certains vocifèrent "il est beau le dialogue social ! " On a beau cherché pas de médias. Il faut dire que les manifestants ont plus que marre de leur désinformation. Tout au long de la journée ils ont eu droit à des "Libérez l'information". Une moto RTL qui essayait de se frayer un chemin dans la manif s'est fait prendre à parti, un camarade lui a cassé son antenne.
Donc pas de médias avec nous...c'est normal ils sont tous avec les CRS !
Bref poursuivons.Vers 20h30, ça y est ça charge. On est tous refoulés vers rue Royale. Il y a des blessés, certains camarades sont en sang. Il paraît qu'un manifestant a reçu un lacrymo dans la tête. Quelques manifestants sont traînés au sol et frappés. Puis nouvelle charge quelques minutes après avec un camion à eau qui fonce sur nous. Tout le monde se regroupe vers Madeleine. Nouvelle charge, on descend le boulevard qui mène vers l'Opéra Garnier. On est encore 4000 à 5000.
Puis charge brutale des CRS avec leur camion à eau qui avance aussi vite que l'on court. C'est sauve quiu peut. Quelques passants attablés aux terrasses des restaurents plongent se réfugier à l'intérieur. Tout le monde court dans tous les coins. Certains prennent une rue à droite, la plupart on débouche a u milieu de la circulation sur la place devant l'opéra. Bons nombres se réfugient dans l'opéra. D'autres continuent tout droit et renversent des poubelles sur la rue afin de faire des barricades pour retarder la meute de flics qui nous pourchasse. Certains se dispersent, d'autres retournent vers l'opéra Garnier où plus de 60 manifestants seront sauvagement arrêtés.
Résumons : les crs ont gazé ce soir des personnes qui étaient tout sauf des casseurs. Et pas quelques centaines, mais quelques milliers certainement. Ils laissaient pas partir les manifestants de sur la place. J'ai vu personnelement plus de 5 arrestations. Je sais pas combien en tout. Et j'ai vu clairement les crs balancer des lacrymos en se foutant bien de l'endroit ou elles tomberont. Et tout ca avec aucune provoc de la part des manifestants.
Elle est belle la démocratie. Et les médias dans tout cela continuent à parler des casseurs, d'une petite centaine d'anarchistes, continuent à minimiser le nombre de manifestants et à tout faire pour décourager et rendre impopulaire le mouvement.
C'est une honte !
La violence était uniquement le fait des flics. A croire qu'ils ont consciemment décidés de faire dégénérer les choses. Pour l'instant le mouvement reste calme (j'ai juste vu une voiture qui a été cassée sans raison en toute fin de soirée), mais ça ne va peut-être pas durer...
Apparement ces actions violentes ont été concertées au plus haut sommet afin de durcir la répression ( je pense par exemple à Metz où les flics ont également chargé les manifestants sans raison. Je ne sais pas quel est leur intérêt, mais en tous cas n'ayons pas peur, de tels agissements ne font que renforcer notre colère et notre mobilisation.
GREVE GENERALE
Olivier
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