31 juillet 2003
Israël considčre
toute personne qui dénonce sa politique d'apartheid
comme une menace pour sa sécurité
par Silvia Cattori
Nous ne devons jamais cesser de chercher le vrai, le réel, l'humain.
Quand on découvre le degré de confusion dans lequel la désinformation a plongé les gens sur le conflit israélo-palestinien, on a de quoi s'inquiéter de l'efficacité de la propagande israélienne. Or, si les médias avaient gardé une équidistance par rapport aux parties en cause, relaté les faits en toute objectivité, systématiquement rappelé cette chose simple: que les Palestiniens sont victimes d'une grande injustice - l'arrivée massive sur leur terres d'immigrants juifs européens qui les ont graduellement chassés, persécutés, massacrés en toute impunité - nous n'en serions peut-être pas là.
Il ne s'agit pas ici de refaire l'Histoire, ni d'être pro-israélien ou pro-palestinien. Il s'agit de savoir reconnaître la vérité des faits et de l'assumer humainement pour rendre justice aux victimes palestiniennes comme hier aux victimes du nazisme.
Dans le respect de la vérité et de la justice, nous devons exiger des médias qu'ils cessent de nous intoxiquer avec les fausses nouvelles que les agents de communication, liés aux pouvoirs politiques et militaires, ont pour métier de répandre. Israël et son puissant «lobby» sont l'un de ces pouvoirs de manipulation et d'intoxication. Pouvoirs qui savent se faire craindre et que, par conséquent, peu osent contredire, affronter.
Israël, fort de ses services de propagande et de ses services de renseignements - qui infiltrent, manipulent, corrompent, tissent des réseaux secrets - a su asseoir avec une efficacité redoutable son pouvoir sur l'information. Répercuter tout ce que ce puissant allié de l'Amérique décrète et répand est de bon ton dans les rédactions. Par contre, dénoncer ce qui l'incrimine gravement n'est pas convenable.
C'est à force de tromperies et de servilité que certains journalistes parmi les plus iniques obtiennent leurs galons et bâtissent leur carrière. Or, quand les médias nous donnent une information fausse ou expurgée, ce n'est pas sans graves conséquences pour les peuples concernés. Ils privent la société d'une connaissance précieuse pour la compréhension des faits et la possibilité d'agir, de secourir les victimes, quand il est encore temps. Les Palestiniens ont déjà trop souffert; ils ne peuvent plus attendre dix ans, vingt ans... Nous sommes catégoriques: les journalistes portent une lourde responsabilité dans le pourrissement de la situation qui fait l'affaire d'Israël et pénalise les Palestiniens avant tout.
Depuis des décennies, les grands médias occidentaux, fortement influencés par la propagande militaire israélienne et les organisations juives dans le monde, s'ingénient à accréditer l'idée qu'Israël est menacé par les Arabes. De leur côté, les pro-israéliens n'ont pas cessé d'exploiter la souffrance générée par l'Holocauste et d'agiter le spectre de l'antisémitisme pour nous culpabiliser, comme si nous étions tous des nazis. Des israélites, partout dans le monde, se disent constamment menacés dans leur intégrité. Leurs dires sont tout à fait fantaisistes, mais n'en exercent pas moins une intense pression sur les gouvernements et les médias. Or, quand on découvre l'étendue des persécutions qu'Israël a infligées aux Palestiniens depuis plus d'un demi-siècle, on demeure stupéfait par cette distorsion de la vérité. Pourquoi, durant toute cette période, nous a-t-on parlé des victimes juives du nazisme avec une telle insistance, alors qu'on passait sous silence les victimes palestinienne des persécutions israéliennes? Pourquoi deux poids deux mesures?
Israël, et ses indéfectibles relais, nous ont donné depuis plus d'un demi-siècle une version totalement faussée de ce qui se passe au Moyen-Orient. Les campagnes qui victimisent de manière incessante les juifs ont pour but d'étouffer toute critique à l'encontre de l'État d'Israël; un État qui, peu le savent, s'est créé sur de nouvelles injustices: les massacres et la déportation des Palestiniens. Israël a toujours justifié ses annexions de territoires, ses tueries de civils, ses destructions de villes et villages arabes, ses assassinats extrajudiciaires, en prétextant qu'ils étaient nécessaires à sa sécurité. Or, si on visite le monde arabe, on a vite fait de s'apercevoir que c'est l'État d'Israël - l'unique pays de la région qui possède des armes de destruction massives - qui a crée un climat d'insécurité et de désolation très dur à vivre pour ses voisins.
Depuis que l'État d'Israël a été fondé en 1948 - sur les territoires palestiniens, sur la Palestine - il s'est attaché à construire une image négative de l'Arabe et du musulman. Les prétendus terroristes qu'il s'agit «d'éradiquer» selon Israël, tout comme les prétendues armes de destructions massives en Irak, qu'il s'agissait «de démanteler» selon les États-Unis, ont pour but inavoué, inavouable, d'affaiblir l'adversaire pour mieux l'écraser. Sans la complaisance des médias qui maintiennent le monde dans l'ignorance, cela ne serait pas possible.
C'est ainsi qu'Israël a pu mettre en place - sans susciter de réaction majeure des pays réputés démocratiques - un des pires systèmes d'apartheid, à notre insu. Tout, il peut tout faire: forcer les Palestiniens à vivre dans des ghettos surpeuplés, construire des murs et des barrières d'épuration ethnique; quelque chose d'immonde, jeté en travers de paysages sacrés que les Palestiniens n'avaient jamais osé toucher.
Israël, qui dispose d'une des premières armées du monde, n'avait pas besoin de ce mur pour sa «sécurité». Ce mur de séparation raciale, pensé, conçu de longue date, attendait son heure dans les tiroirs. Dès l'annonce de sa construction - en ce funeste mois d'avril 2002 qui est devenu synonyme d'offensives meurtrières et de tragédies - il a obtenu l'appui de toutes les forces politiques israéliennes.
Ce mur de séparation raciale - dont le tracé implique l'annexion de puits, la confiscation de terres, la déportation de villageois - affecte directement et durablement plus de 200.000 Palestiniens. Ces derniers, appuyés par le Mouvement de Solidarité Internationale, [1] ont multiplié conférences de presse et actions de résistance pacifique, pour tenter d'attirer l'attention des médias. Peine perdue. Ils se sont fait systématiquement brutaliser, jeter en prison, torturer, expulser. Israël a réussi son pari: mettre le monde devant un fait accompli. Le mur est là. Effrayant, indestructible.
Il a fallu attendre une année et demie, le jour où Bush à laissé entendre que ce mur constituait «un problème», pour que les médias occidentaux se décident à révéler de façon significative au monde sa dimension. Bush se rétractera quatre jours plus tard. Or, ce mur, qui emprisonnera pour toujours les Palestiniens dans des ghettos infâmes, crée un obstacle de plus sur la voie de la paix. L'espoir des stratèges du Grand Israël, qui ont conçu ce mur de séparation ethnique, étant d'arriver, avec le temps, à rendre toute solution des questions en suspens impossible.
Si le monde a pu se représenter physiquement ce mur dit de «sécurité», ses implications réelles sur la vie des Palestiniens sont restées largement incomprises. À cause du langage utilisé. Les acteurs de cette nouvelle atteinte à la légalité internationale se sont arrangés pour présenter la construction de ce mur de façon qu'il apparaisse comme un mal nécessaire. Or, ce mur, qui sépare les Palestiniens des Israéliens, officialise la ségrégation raciale et rend encore plus précaire la vie de centaines de milliers de Palestiniens.
Voilà où l'asservissement des principaux moyens d'information aux pouvoirs économiques et politiques conduit le monde. À soutenir les entreprises illégales d'Israël. À nous donner l'illusion que nous sommes renseignés sur la situation, alors qu'on nous la travestit. Or, les médias ont le pouvoir de renverser le cours des choses. Il suffirait qu'ils respectent certains principes d'équité.
Si les grands médias occidentaux avaient révélé les nouvelles injustices que ce mur allait imposer aux Palestiniens, Israël n'aurait peut-être pas pu l'ériger. Israël qui, quand il en avait lancé le projet, s'était attendu à ce qu'il y ait de vives réactions en Occident, a été le premier surpris. C'est ainsi que, fort de cette impunité, en mars 2003, Sharon a modifié le tracé de ce mur de façon à annexer plus de terres et de colonies que prévu initialement. Et que, peu après, conforté par l'indifférence du monde, il a encore annoncé l'ajout d'un mur supplémentaire qui enfermerait la Cisjordanie en entier. Les colonies, toutes illégales, qui sont la racine de tous les maux - soit 200.000 colons juifs - sont les premières bénéficiaires de ces conquêtes territoriales.
Il y a des êtres qui payent de leur vie leur volonté de dire au monde les horreurs dont ils sont les témoins. Témoins que l'armée israélienne - très soucieuse de son image - chasse sauvagement, assassine, jette en prison. Israël considère toute personne qui dénonce ses crimes comme une menace pour sa sécurité.
Je songe ici à tous les photographes et cameramen palestiniens pour commencer, qui ont à cur de nous informer honnêtement et de témoigner de la souffrance de leur peuple. Leurs images, si difficilement arrachées, sont le plus souvent expurgées, voire dénaturées, par nos télévisions qui ne nous les montrent, du reste, qu'au compte-gouttes. Ces reporters ont été les meilleurs alliés des internationaux de l'ISM, comme eux, présents, depuis mars 2002, sur tous ces lieux où l'armée israélienne mène des offensives meurtrières. Ces hommes et femmes, par leur seule présence, caméra au poing, qui défient l'armée israélienne, méritent toute notre estime. Chacun de nous se souvient de ce jeune cameraman italien qu'un soldat israélien a délibérément tué à Ramallah, au début de l'offensive militaire de mars 2002. Offensive meurtrière toujours en cours, qui n'épargne pas ceux d'entre les journalistes étrangers qui veulent franchir le blocus militaire israélien pour entrer dans les quartiers palestiniens que l'armée israélienne décrète «zones militaires». James Miller, un jeune cameraman londonien, est la dernière victime de cette folie furieuse. Après sa mort, Israël a immédiatement nié la responsabilité de ses soldats. L'autopsie, et les témoins de l'ISM présents, ont prouvé que James Miller était de dos, quand un soldat de l'armée israélienne l'a touché en pleine tête. James Miller portait un gilet pare-balles sur lequel était écrit en grandes lettres «Press». Il filmait précisément, cette nuit-là, le massacre de civils palestiniens à Rafah, dans une zone dont Israël convoite les terres. C'est comme cela qu'Israël se débarrasse de tous ceux qui persistent à vouloir résister contre ses abus et témoigner honnêtement.
La légèreté avec laquelle nos médias occidentaux prennent pour argent comptant les «mensonges d'État» d'Israël est impardonnable. Elle fait peu de cas des souffrances des populations que son armée brutale opprime. Tout cela est fort bien huilé et peut se poursuivre à l'infini. Sauf si nous décidons d'y mettre un terme, par des protestations groupées. [2]
Silvia Cattori
silviaverbier@smile.ch
Notes :
[1] Si vous voulez connaître l'ISM : voir leur site: http://www.palsolidarity.org.
[2] Comment? En écrivant des protestations aux médias, chaque fois qu'ils manquent à leur devoir d'informer. Sans oublier d'envoyer une copie de vos mails à: V-M-P@ifrance.com qui les publie sur son site: http://www.vigie-media-palestine.org.
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Lien original : http://www.solidarite-palestine.org/rdp-med-030731-1.html
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COMPLÉMENT par do :
Le mur est la matérialisation de l'apartheid ! :
Le mur est la dénonciation incontestable de la vérité de l'État d'Israël : un apartheid aussi dur que celui de l'ancienne Afrique du Sud.
La dénonciation de l'apartheid en Afrique du sud avait fini par provoquer le démantellement de l'ancien État de ce pays.
En montrant aux yeux de tous le sionisme tel qu'il est, en rendant visible un apartheid que le sionisme a toujours voulu cacher, le mur provoquera le démantellement de l'État d'Israël en Palestine.
PALESTINE VAINCRA !
Vive la révolution : http://www.mai68.org
ou :
http://www.cs3i.fr/abonnes/do
ou :
http://vlr.da.ru
ou :
http://hlv.cjb.net