15 mars 2004
L'APPEL DES RÉSISTANTS
Appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944
l'Appel des Résistants Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.
Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et surs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice est toujours intacte.
Nous appelons, en conscience, à célébrer l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d'accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :
Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques » , droit à la culture et à l'éducation pour tous, presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : « Créer, c'est résister. Résister, c'est créer ».
Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.
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REMERCIEMENTS de do :
Merci aux résistants d'avoir fait la remarque :
« programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques » , droit à la culture et à l'éducation pour tous, presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ? »
Il se trouve seulement qu'à l'époque, les résistants étaient armés et qu'ils avaient donc un sacré rapport de force, quand les Américains ont débarqué en Normandie pour voler la victoire de la résistance sur les Allemands !
Rappelons que grâce à la résistance, la Corse est la première région "de France" à s'être libérée (et toute seule, bien sûr !)
Le Massif Central aussi s'est libéré tout seul. Et même Paris s'est libéré tout seul par une insurrection armée avant l'arrivée de Leclerc et des Américains !
L'armée de Leclerc était d'ailleurs pour beaucoup composée d'Espagnols anarchistes qui avaient auparavant combattu contre Franco. Ce Franco (allié d'Hitler) à qui, rappelons-le, les Américains livraient autant de pétrole (à travers le Portugal !) qu'il en avait besoin pour combattre la révolution espagnole.
Bien sûr, la résistance n'aurait pas eu autant de succès sans l'indispensable victoire des Soviétiques contre les Allemands à Stalingrad le 2 février 1943. Certains pourraient avoir envie de me dire que sans les Américains on serait passés sous la botte de Staline, mais ce serait une erreur ; puisque, par exemple, en Yougoslavie, les résistants menés par Tito ont viré les Allemands avant l'arrivée de Staline et que les Yougoslaves ont tout simplement refusé de passer sous la botte stalinienne !
Donc oui, je le dis et le redis : Les Américains n'ont débarqué, implorés par de Gaulle, que pour voler la victoire de la résistance !
Pour que les résistants acceptent de déposer les armes, il a bien fallu leur donner quelque chose en échange : c'est ce qu'on appelle les conquêtes de la résistance !
La leçon de cette histoire, c'est que quand le rapport de force est favorable au prolétariat, plutôt que de tout perdre, la bourgeoisie trouve toujours de quoi financer de vraies retraites, de vraies sécus, de vrais services publics, et des entreprises privées peuvent être nationalisées, comme la SNCF, EDF-GDF, Etc.
Conclusion :
GRÈVE GÉNÉRALE TOTALE ET ILLIMITÉE !
A+
do
PS) Il faut
bien comprendre ce que signifie l'expression : « Exploitation
de l'individu par l'individu » (correction personnelle de l'expression
marxiste : « Exploitation de l'homme par l'homme ».)
Tout simplement, la
richesse d'un vrai patron par rapport à ses ouvriers, c'est comme la
richesse d'un paysan par rapport à ses vaches. La
vache peut-elle seulement
imaginer la richesse du paysan ?
Lire aussi mon texte de 1992 : Les
riches sont riches
PPS) Que chacun-e mette son école, sa fac ou son lieu de travail en grève.
UNE SEULE SANCTION : LA GRÈVE !
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