15 mars 2005
Quand des OGM et des pesticides conjuguent leurs effets néfastes sur notre santé
La France a consommé environ 100.000 tonnes de pesticides divers par an à la fin des années 1990. Notre pays s'est classé troisième au monde pour l'emploi des pesticides, derrière les Etats Unis et le Japon.
L'agriculture n'est pas le seul secteur utilisateur des pesticides divers. Par exemple pour les désherbants, les autres usages recouvrent la gestion des infrastructures autoroutières et des voies navigables de France, le nettoyage des voies de chemins de fer par les trains désherbeurs de la SNCF, les applications par la plupart des services départements de l'équipement pour l'entretien des bords des routes et par les services des villes et des communes pour leurs espaces verts. Par ailleurs, de nombreux produits phytosanitaires et antiparasitaires sont proposés aux jardiniers amateurs qui ne respectent pas toujours les conditions d'emploi, pourtant toujours indiquées sur les emballages.
Le professeur Dominique Belpomme, en collaboration avec Bernard Pascuito, ont rappelé, dans leur ouvrage "Ces maladies créées par l'homme - Comment la dégradation de l'environnement met en péril notre santé" paru chez Albin Michel en 2004, que la stérilité est une menace pour les sociétés industrialisée: "L'effet féminisant des pesticides et autres substances chimiques à action oestrogène concerne toutes les espèces, et en particulier l'homme". Ils décrivent en particulier le scandale des pesticides : "La contamination se fait principalement par ingestion, mais aussi par inhalation. Les pesticides contaminent l'eau de boisson, les fruits et les légumes que nous mangeons (près de 10% des échantillons analysés en provenance de produits fruits et légumes français, dépassent les limites maximum de résidus de pesticides), le lait et même les viandes...". " Des propriétés cancérigènes se manifestent de façon nette. A cela trois raison : l'accumulation continuelle des pesticides dans la chaîne alimentaire et donc dans notre organisme; leur stockage dans les tissus adipeux et leur relargage permanent en direction de nos cellules des tissus qu'ils cancérisent".
Dans leur ouvrage publié par les éditions La Martinière en mars 2004, intitulé : « La société cancérigène Lutte-t-on vraiment contre le cancer ? », Geneviève Barbier et Armand Farrachi citent de nombreuses sources responsables : les dioxines, les additifs alimentaires, lair et les sols, les rayonnements ionisants, les champs électromagnétiques et les pesticides, bien entendu. Ces auteurs rappellent que le cancer est aujourdhui la deuxième cause de mortalité en France, et la première chez les hommes. Cet ouvrage « dénonce, chiffres à lappui, les silences des discours officiels et les intérêts de bien des lobbies. Car la disparition du cancer serait préjudiciable à des pans entiers de notre économie ».
Une brochette d'éminents spécialistes, du secteur de la santé notamment, ont pris une grande décision en lançant en mai 2004 "L'Apple de Paris" pour avertir l'opinion publique de cet état de fait, lié aux dangers pour la santé de nombreux produits chimiques.
Parmi la gamme des pesticides autorisés à la commercialisation, la spécialité désignée herbicide total, le "Roundup" du groupe Monsanto, dont la matière active est le glyphosate, serait la plus utilisée à travers le monde. Breveté en 1969 et commercialisé depuis 1975, cet herbicide a été, pendant des années, réputé peu toxique et peu rémanent, donc peu dangereux pour la santé publique et l'environnement.
Au cours des ces dernières décennies, nos connaissances sur les dangers de ce produit sont apparues clairement.
L'avancée biotechnologique en matière d'OGM a accru lemploi du "Roundup" par l'accroissement des mises en culture de plantes génétiquement modifiées pour tolérer cet herbicide.
Nous rapportons ci-après un rapport britannique qui fait état des derniers résultats des recherches, notamment françaises, à travers léquipe du Professeur Gilles-Eric Séralini de lUniversité de Caen, sur la toxicité du "Roundup" et de sa matière active, le glyphosate.
La situation et les risques encourus doivent inciter les responsables en cause et les administrations concernées à réagir promptement dans l'intérêt de la santé publique et du maintien de notre environnement dans une perspective durable pour nos contemporains et les générations à venir.
Jacques Hallard
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OGM : Le glyphosate
est toxique et le Roundup est encore plus mauvais
Résumé : A la lumière de nouvelles preuves scientifiques, le Docteur Mae-Wan Ho et le Professeur Joe Cummins réclament une révision urgente de la réglementation relative à lherbicide le plus largement répandu dans le monde.
Source : Glyphosate toxic and Roundup worse. Mae-Wan-Ho et Joe Cummins. ISIS Press Release 07/03/2005.
The Institute of Science in Society = ISIS, est une organisation basée à Londres, Grande Bretagne. Le site web est http://www.i-sis.org.uk Les informations générales concernant cet institut sont disponibles auprès de Sam Burcher, joignable par sam@i-sis.org.uk Linstitut ISIS est dirigé par Mae-Wan HO, dont la messagerie est m.w.ho@i-sis.org.uk Le texte original en anglais.
De
nouveaux résultats de recherches soulèvent des inquiétudes
sérieuses quant à la sécurité liée à
lemploi de l'herbicide le plus généralement utilisé
[spécialité commerciale « Roundup » dont
la matière active est le glyphosate]. Ces résultats devraient
se traduire par des ondes de choc auprès des partisans des cultures de
plantes génétiquement modifiées pour être tolérantes
à cet herbicide. Ces cultures représentent maintenant 75% de toutes
les plantes génétiquement modifiées et cultivées
à travers le monde.
Mais le pire réside dans le fait que la
formulation [commerciale] la plus commune de cet herbicide est bien plus toxique
que la matière active elle-même quelle contient ; par ailleurs,
cette spécialité commerciale est fabriquée par le même
géant des biotechnologies qui a créé les plantes génétiquement
modifiées et tolérantes à cet herbicide.
Lherbicide à large spectre daction
à base de glyphosate (N-(phosphonométhyl)glycine], est généralement
vendu sous la formulation commerciale « Roundup » (du
groupe Monsanto, de Saint Louis, dans létat du Missouri aux Etats-Unis).
Il a été fréquemment employé sur des cultures, ou
des sols nus, dans le monde entier, depuis son introduction dans les années
1970.
La spécialité commerciale est une association de glyphosate avec
d'autres produits chimiques comprenant un agent tensioactif mouillant (détergent),
le polyoxyéthylèneamine qui favorise la dispersion des gouttelettes
pulvérisées sur les feuilles des plantes. L'utilisation du « Roundup »
a particulièrement augmenté dans les pays où lon
cultive des plantes génétiquement modifiées et tolérantes
à cet herbicide qui ont été créées
par Monsanto.
Le
glyphosate tue les plantes en inhibant une enzyme, la synthétase 5-énolpyruvyl-shikimate-3-phosphate
(= EPSPS), laquelle est nécessaire pour la synthèse des acides
aminés aromatiques tels que la phénylalanine, la tyrosine et le
tryptophane; ces acides aminés participent à la synthèse
des vitamines et de beaucoup de métabolites secondaires tels que les
folates, lubiquinone et des naphthoquinones.
On a cru pendant longtemps que cet herbicide avait
une action plutôt spécifique et quil était moins toxique
que d'autres herbicides, parce que la voie biochimique du shikimate n'est pas
présente chez les mammifères ni chez les humains. Cependant, le
glyphosate agit en empêchant la liaison du phosphoénol pyruvate
au niveau du site actif de l'enzyme, et le phosphoénol pyruvate est un
métabolite central qui est présent dans tous les organismes vivants;
de ce fait, il présente la potentialité d'affecter d'autres voies
métaboliques.
Ceci a été confirmé par beaucoup
détudes portant sur la toxicité liée à cet
herbicide ; ces travaux publiés ont été passés en
revue dans le rapport intitulé « The Case for a GM-free Sustainable
World » qui a été diffusé par lISP (Independent
Science Panel), un jury international pour une science indépendante [1].
Une
étude épidémiologique conduite dans l'Ontario et portant
sur des populations dagriculteurs a prouvé que l'exposition de
ceux-ci au glyphosate a presque doublé le risque des avortements spontanés
tardifs [ 2 ]. Le Professeur Gilles-Eric Séralini et son équipe
de recherche de l'université de Caen en France, ont de leur côté
décider dapprofondir les effets de cet herbicide sur les cellules
du placenta humain.
Ils ont maintenant prouvé que le glyphosate
est toxique pour les cellules placentaires humaines, tuant une grande proportion
de celles-ci après 18 heures d'exposition à des concentrations
inférieures à celles qui sont employées en agriculture [
3 ]. De plus, le « Roundup » est toujours plus toxique
que sa matière active, le glyphosate : sa toxicité est au moins
le double. Cet effet augmente au cours du temps et il a été obtenu
avec des concentrations de « Roundup » 10 fois plus
faibles que celles utilisées dans les pratiques agricoles.
L'enzyme
aromatase est un précurseur de la synthèse des oestrogènes
(hormones femelles) à partir des androgènes (les hormones mâles).
Le glyphosate interagit avec le site actif de lenzyme mais son effet sur
l'activité enzymatique sest montré minimal, tout au moins
tant que le « Roundup » nétait pas impliqué.
Mais il est intéressant de souligner que
le « Roundup » a augmenté lactivité
enzymatique après une heure dincubation, probablement en raison
de son effet d'agent tensioactif, en rendant le substrat des androgènes
plus disponible pour l'enzyme. Mais après une l'incubation de 18h, le
« Roundup » a invariablement inhibé l'activité
enzymatique. L'inhibition étant associée à une diminution
de la synthèse des ARN messagers, ce qui suggère que le « Roundup »
diminue le taux de transcription de gène. Séralini et ses collègues
suggèrent que d'autres ingrédients dans la formulation commerciale
du « Roundup », augmentent la disponibilité ou
l'accumulation du glyphosate dans les cellules.
Il y a, en effet, une évidence directe que le glyphosate inhibe la transcription de lARN chez les animaux à une concentration qui se situe bien au-dessous du niveau qui est recommandé pour lapplication en pulvérisation de la spécialité commerciale. La transcription a été inhibée et le développement embryonnaire a été retardé chez des oursins après une exposition à de faibles concentrations de lherbicide et/ou de lagent tensioactif , le polyoxyéthylèneamine. On doit considérer ce pesticide comme pouvant présenter un risque pour la santé par inhalation lors dune application par pulvérisation [ 4 ].
Une recherche récente a prouvé qu'une brève exposition au glyphosate commercial avait endommagé le foie chez des rats, comme indiqué par la dispersion des enzymes intracellulaires dans cet organe. Dans cette étude, le glyphosate et son agent tensioactif contenu dans la spécialité « Roundup » se sont également avérés agir en synergie pour augmenter les dommages au niveau du foie [ 5 ].
Trois études de cas récentes ont suggéré une association entre l'utilisation de glyphosate et le risque du lymphome non-hodgkinien [ 6-8 ]. Par ailleurs, une étude épidémiologique menée dans les états de lIowa et de la Caroline du Nord, aux Etats-Unis, qui comprend plus de 54.315 utilisateurs privés et applicateurs professionnels de pesticides, suggère un lien entre l'utilisation de glyphosate et le myélome multiple [ 9 ]. Le myélome a été associé aux agents qui causent soit des dommages au niveau de lADN, soit une suppression de limmunité. Ces études n'ont pas fait de distinction entre la spécialité commerciale « Roundup » et la matière active, le glyphosate et il serait important que des recherches soient entreprises.
Il
y a maintenant un ensemble de preuves selon lesquelles lemploi du glyphosate
exige :
des mises en garde pour la santé
publique au niveau mondial et
une nouvelle révision de la réglementation
concernant ce produit herbicide.
En attendant, son utilisation devrait être réduite à un minimum, par mesure de prudence et de précaution.
Références bibliographiques
1. The Case for a GM-Free Sustainable World, Chapter 7, ISIS & TWN, London & Penang, 2003.
2. Savitz DA, Arbuckle , Kaczor D, Curtis KM. Male pesticide exposure and pregnancy outcome. Am J Epidemiol 2000, 146, 1025-36.
3. Richard S, Moslemi S, Sipahutar H, Benachour N and Séralini G-E. Differential effects of glyphosate and Roundup on human placental cells and aromatases
4. Marc J, Le Breton M, CormierP, Morales J, Belle´R and Mulner-Lorillo O. A glyphosate-based pesticide impinges on transcription. Toxicology and Applied Pharmacology 2005, 203, 1-8.
5. Benedetti AL, de Lourdes Vituri C, Trentin AG, Dominguesc MAC and Alvarez-Silva M. The effects of sub-chronic exposure of Wistar rats to the herbicide Glyphosate-Biocarb. Toxicology Letters 2004, 153, 22732.
6. De Roos AH, Zahm SH, Cantor KP, et al. Integrative assessment of multiple pesticides as risk factors for non-Hodgkins lymphoma among men. Occup Environ Med 2003, 60, E11 http://oem.bmjjournals.com/cgi/content/full/60/9/e11
7. Hardell L, Eriksson M, Nordstrom M. Exposure to pesticides as risk factor for non-Hodgkins lymphoma and hairy cell leukemia: pooled analysis of two Swedish case-control studies. Leuk Lymphoma 2002, 43,10431049.
8. McDuffie HH, Pahwa P, McLaughlin JR, Spinelli JJ, Fincham S, Dosman JA, et al. 2001. Non-Hodgkins lymphoma and specific pesticide exposures in men: cross-Canada study of pesticides and health. 2001, Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2001,10,115563.
9. De Roos AJ, Blair A, Rusiecki JA, Hoppin JA, Svec M, Dosemeci M, Sandler DP and Alavanja MC. Cancer incidence among glyphosate-exposed pesticide applicators in the agricultural health study. Environ Health Perspect 2005, 113, 49-54.
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Définitions et compléments :
Aromatase ou cytochrome P450 : cest une l'enzyme qui synthétise les oestrogènes à partir des androgènes. Les aspects médicaux et génétiques du déficit en aromatase sont consultables en français sur le site :
http://www.orpha.net/static/FR/aromatase.html
Folates ou acide folique ou vitamine B9 isolée en 1945 dans les épinards ; elle abonde dans les feuilles des végétaux. Et on la trouve aussi dans les fromages fermentés « bleus ». Les folates sont indispensables pour les fonctions suivantes : synthèse de lADN, de lARN, des protéines et de certains neuromédiateurs, respiration cellulaire et transport de loxygène dans les hématies.
Lymphome non hodgkinien : un groupe de cancers qui prennent naissance dans les cellules du système lymphatique. De plus amples détails en français peuvent être trouvés sur les sites :
http://www.cancer.ca/ccs/internet/standard/0,,3172_10175_314423_langId-fr,00.html
et
http://www.celmedbio.com/francais/produits/LNH.html
Myélome multiple des os ou maladie de Kahler : maladie qui se traduit par une prolifération maligne des plasmocytes, initialement localisée à la moelle osseuse. Le plasmocyte est une variété de cellule lymphoïde qui se trouve dans la moelle osseuse et surtout dans le tissu lymphoïde. Normalement, on ne le trouve pas dans le sang. Il sécrète les immunoglobulines. Dans le myélome, il y a prolifération médullaire de plasmocytes qui fabriquent et excrètent un type unique d'immunoglobuline (monoclonale) qu'on peut retrouver dans le sang et les urines.Cette maladie apparaît en général après 40 ans et touche plus souvent l'homme que la femme. Les informations médicales sont notamment disponibles sur les sites suivants :
http://www.med.univ-tours.fr/enseign/locomoteur/myelome.htm
et
http://www.medinfos.com/principales/fichiers/pm-hem-kahler4.shtml
Ubiquinone : molécule dont lune des chaînes latérales comporte 10 composés appelés isoprénoïdes (ces composés sont semblables à ceux que lon trouve dans les aromates et les épices), doù le nom de coenzyme Q10 (ou coQ10). Sa structure moléculaire est proche de celle de la vitamine K mais sa fonction sapparenteà celle de la vitamine E. Présente dans toutes les cellules du corps (doù son appellation qui rappelle lubiquité), elle est un fournisseur dénergie et un antioxydant, capable en outre de soigner linsuffisance cardiaque et linfertilité masculine. Pour plus dinformation, lon peut consulter notamment les deux sites suivants :
http://www.thierrysouccar.com/edito/edito016.html
et
http://www.lexpress.mu/display_article.php?news_id=12487
Naphtoquinones ou naphthoquinones : molécules phénoliques trouvées dans certaines essences de bois associées à des tanins et des flavonoïdes. Elles présentent un fort pouvoir antioxydant et elles sont toxiques pour les organismes pathogènes (bactéries, champignons, insectes). L'effet antioxydant s'explique par le fait que ces diverses substances piègent des molécules intermédiaires très réactives, en propageant les réactions d'oxydation qui, très souvent, sont des réactions en chaîne. L'effet antimicrobien de cinq naphthoquinones a été analysé vis-à-vis la bactérie phytopathogène Erwinia carotovora.
Voir :
http://pubs.nrc-cnrc.gc.ca/cgi-bin/rp/rp2_abst_e?cjm_w04-088_50_ns_nf_cjm11-04
Note : les lecteurs de français peuvent aussi se reporter à larticle « Le Roundup nintoxique pas que les mauvaises herbes » de Hervé Morin, journal « Le Monde », dimanche 13-lundi 14 mars 2005, page 17. en ligne ici :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-401412,0.html
Vive la révolution : http://www.mai68.org
ou : http://perso.cs3i.fr/do
ou :
http://vlr.da.ru
ou :
http://hlv.cjb.net