8 juin 2005

Journalistes et avocats au Népal

Droit et information nationale contre globale tyrannie.
par himalove

     Kathmandou, 8 juin 2005. Cinquante-trois journalistes ont été arrêtés alors qu'ils manifestaient dans les ruelles de la capitale contre les restrictions imposées à la Presse.

     C'est la plus grande rafle organisée parmi les journalistes professionnels depuis le 1er Fevrier, date à laquelle le roi Gyanendra, ses mercenaires et leurs alliés internationaux confisquaient la "démocratie" à Kathmandou.

     « Nous condamnons les brutalités et l'incroyable censure imposée par les militaires ! » hurle Balram Baniya, président des fédérations des journalistes népalais avant d'être empoigné par les policiers en tenue bleu-léopard.

     Au sortir des échauffourées, un membre des médias radiophoniques, essoufflé, ajoute :

     « C'est la première fois que nous nous battons physiquement avec la police militaire. »

     Au même moment, Samshu Thapa, président du Barreau népalais (Népal Bar Association) dénonce, sur le pavé poussiéreux de Durbar Square, l'inconstitutionnalité du tyran Gyanendra et exige le retour des Droits civils.

     Des centaines d'avocats en robe bravent les forces de l'Ordre dans les "quartiers interdits de manifestation".

     Curieusement ces manifestations de la société civile, à Kathmandou, coïncident avec une offensive d'envergure de l'Armée populaire de Libération : dans le district de Kailali, à l'extrême-ouest du Népal, les milices communistes attaquent en force les patrouilles de la Royal Nepal Army.

     Selon le bilan même de l'état-major royaliste, ce fut une rude et longue bataille ; les mercenaires royaux perdirent 16 des leurs ; les maoïstes et leurs alliés républicains, 6.

     Un véhicule civil a été pris dans les feux croisés des fusillades sur la Mahendra Highway.

     On déplore la mort d'une jeune fille de 18 ans...

     Le Népal est traversé de deux autoroutes stratégiques qui font l'objet de combats acharnés entre les maopatis qui tiennent les collines, les plaines et les montagnes, et la RNA (Royal Nepal Army) qui ne sort et ne patrouille que de jour le long de corridors survolés et protégés par des hélicoptères.

     Les mercenaires royaux sont conseillés par des officiers américains et anglais en uniforme — de plus en plus visibles... Ces conseillés — je cite la Presse inféodée — "viennent, pour des raisons humanitaires, après l'attentat du 6 juin, livrer des explosifs, des systèmes de détection anti-mines et des véhicules blindés légers à la RNA."

     L'autoroute Mahendra (c'est le nom du père de Gyanendra) qui court de Mahendra nagar (ouest) à Karkabita (est), et celle de Kodari (nord) à Sunauli (sud) qui relie la Chine à l'Inde, sont hautement stratégiques.

     Les matières premières, pétrole, gaz, nourriture et biens de consommations passent par ces artères vitales, avant d'être distribuées, souvent à dos d'homme, dans tout le pays montagneux.

     Les combattants maopatis appellent ces voies de communication, mi sérieux, mi moqueurs, les "autoroutes du communisme".

     Peu de commentateurs occidentaux soulignent qu'il n'existe entre la Chine et le sous-continent indien que deux postes frontières terrestres ouverts au trafic international routier : Kodari, le pont de l'amitié, au Népal, et le Kunjerab Pass, au Pakistan, dans le massif himalayen du Karakoram.

     Les deux routes ont été construites par le gouvernement chinois du temps de Chou en lai.

     Les taxes prélevées, lors des échanges intercontinentaux, sont pour beaucoup dans la fortune des militaires pakistanais et celle des maharadjas du Népal...

     Contrôler ces deux postes frontières, c'est avoir un œil sur l'ensemble des échanges terrestres entre les deux continents.

     Depuis 1962, date du Blietzkrieg chinois sur les plateaux du Laddakh, au nord ouest de l'Inde, et sur les montagnes de l'Assam au nord-est, les gouvernements indiens successif ont choisi — de manière absurde — de sceller les 4400 km de frontières communes avec la République populaire chinoise.

     Les vieilles badernes de l'État-major indien, figées dans des postures coloniales, souvent antidémocratiques, hermétiques à toute idée révolutionnaire, croient toujours aux vertus défensives des États-tampons et des provinces barbares.

     Pensez ! la Chine rouge est toujours l'ennemi No1 dans les manuels surranés des académies militaires de Dehra-Dun.

     Cette politique de défiance vis-à-vis de la Chine, encore qualifiée de communiste, fait le jeu des forces impérialistes et laisse une grande liberté d'action au pantin Gyanendra, à Kathmandou.

     Le Népal, qui n'est jamais vraiment sorti du féodalisme et de la colonisation, est entré de plein pied dans l'ère de la Globalisation.

     L'excessive présence des ONGs étrangères et d'un capitalisme sans foi ni loi en ont facilité le passage.

     Son chef d'État, Gyanendra, a été "élu" non par le peuple népalais ni même par une Chambre des lords, mais choisi, mis en place, adoubé par les ambassades américaines, anglaises — et aujourd'hui Onusienne.

     Les agences internationales (the Office of the High Commissioner for Human Rights) tentent de supplanter les institutions légales, existantes dans la vallée de Kathmandou, issues de la Révolution de 1989-90. Des avocats et des procureurs de l'US Army sont envoyés auprès de la Royal Nepal Army, dont le roi est le proprietaire. Motifs donnés au public : corruption des élites et guerre civile.

     On parle même d'instituer un tribunal international pour juger les auteurs soit-disant "maoïstes" du Massacre du 6 Juin. Comme si le Népal et la société népalaise étaient des choses destituées qui avaient perdu leurs dignité, leur souverainete et leur indépendance.

     À aucun moment l'architecte de ce plan, Kofi Anan, n'a demandé la réouverture des Parlements, fermés arbitrairement en mai et octobre 2002 par le roi et ses mercenaires.

     Pas un instant, en juin 2001, lors de la transition sanglante de la monarchie, une commission d'enquête internationale n'a été diligentée.

     Ce ne sont pas les communistes — même dans leur version maoïste — qui ont conduit le pays vers l'abime, Monsieur Anam, mais vous-mêmes !

     Les maopatis vous appellent "le roi nègre au service des Blancs" !

     Sont responsables de la situation : deux siècles de féodalisme et de néo-colonialisme, 50 ans d'assistance Onusienne et des choix politiques catastrophiques : le tout-tourisme et le mercenariat...

     Lorsque j'étais au Népal, au début de la Guerre du Golfe, au printemps 2003, une petite brève dans Kathmandu Post annonçait que le gouvernement royal était en rupture de stock de passeports.

     Les agences Manpower recrutaient en masse des travailleurs népalais pour les bases américaines au Koweit, et des régiments gurkha (mercenaires népalais) étaient utilisés par les Marines dans leur marche forcée sur Bagdad.

     Selon mes propres observations, le royaume du Népal est au cœur d'un immense trafic d'êtres humains dans lequel de nombreux gouvernements et ambassades sont compromis.

     On attend impatiemment le retour d'une réelle démocratie pour lancer les policiers et les juges républicains népalais sur les traces des mafieux et des gouvernements étrangers, coupables de Traite d'esclaves et de commerce illégal de mercenaires.

     À propos de l'Attentat du 6 Juin qui a fait 53 morts, le leader maoïste Prachandad, qui aurait précédemment reconnu la responsabilité du massacre, écrit dans son dernier e-mail :

     « J'ai peur que ce massacre d'innocents n'ait été planifié par des forces ennemies infiltrées dans notre organisation afin de nous discréditer à l'heure cruciale où nous forgeons une alliance antimonarchiste avec la société civile et les partis politiques. »

     Lal Salam, comrade !

     Demain, les communistes et les républicains ensembles iront libérer la vallée de Kathmandou...

          himalove

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REMARQUE de do :

Encore merci pour ton travail sérieux Himalove ! Je cite un extrait :

« À propos de l'Attentat du 6 Juin qui a fait 53 morts, le leader maoïste Prachandad, qui aurait reconnu la responsabilité du massacre, écrit dans son dernier e-mail :

"J'ai peur que ce massacre d'innocents n'ai été planifié par des forces ennemies, infiltrées dans notre organisation afin de nous discréditer à l'heure cruciale où nous forgeons une alliance antimonarchiste avec la société civile et les partis politiques". »


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