19 juin 2005

NÉPAL
Construire une route pour propager la révolution

A World to Win News Service

     Le reportage qui suit a été réalisé par le correspondant du service de presse du magazine A World to Win dans le district de Rolpa, au Népal. Il témoigne des progrès de la révolution qui se déroule dans ce pays et de la construction d'un nouveau pouvoir populaire, sous la direction du Parti communiste du Népal (maoïste). Les impérialistes et les réactionnaires ne souhaitent rien d'autre que d'écraser le mouvement de libération auquel participent des millions d'oppriméEs au Népal. Nous devons faire connaître la vérité sur ce qui se passe dans ce pays et soutenir de toutes nos forces cette lutte exemplaire ! - Arsenal-express

     (Le 4 avril 2005) Des dizaines de milliers de personnes participent aux travaux de construction de la route qui reliera les villages de Nuwagaun, Thawang et Chunwang au Népal. Cette nouvelle route portera le nom de Sahid Marg — l'autoroute des Martyrs. Ce projet se déroule en ce moment même dans le district de Rolpa, situé à l'ouest du Népal. Ce district, dans lequel le peuple exerce déjà le pouvoir politique, est reconnu comme une puissante base d'appui de la guerre populaire dirigée par le Parti communiste du Népal (maoïste). Celle-ci a déjà éconduit l'Armée royale d'une bonne partie des campagnes.

     Deux villageois et une villageoise, Nar Bahadur KC, Geeta Buda Magar et Meera Gautam, nous ont affirmé attendre avec impatience la fin des travaux, dans l'espoir que les véhicules pourront enfin atteindre la région. Le régime monarchique tout comme les partis politiques qui se sont succédés au pouvoir depuis 1990 ont tous promis qu'ils allaient construire cette route. Ils ont demandé à la population locale de voter pour eux en faisant miroiter sa construction, mais ils n'ont jamais même osé entreprendre les travaux. Aujourd'hui, le PCN (maoïste) et le nouveau régime révolutionnaire qu'il dirige répondent enfin aux vœux de la population opprimée. Les travaux ont débuté sur un tronçon de 100 kilomètres dans le district de Rolpa. Alors que le plan initial prévoyait un délai de trois ans avant la fin des travaux, la mobilisation de milliers de volontaires a fait en sorte qu'en quatre mois à peine, près de 40% de l'ouvrage est déjà terminé.

     Le régime autocratique soutenu par l'Armée royale s'affaire à empêcher la construction de la route, mais sans succès. À plus de 12 reprises déjà, le régime a tenté de perturber le bon déroulement des travaux, en lançant des tirs d'hélicoptères sur les volontaires et en laissant échapper des bombes de 81mm. L'Armée royale a également tenté d'empêcher la population locale de se rendre participer aux travaux. Âgé de 75 ans, Nar Bahadur KC nous explique avoir fait fi de ces menaces. Il est venu du district voisin de Rukum afin d'aider à la réalisation du projet. "Cette campagne est à la fois excitante et un peu affolante", nous a-t-il confié. "Le nouveau régime essaie de réaliser un rêve que nous avions depuis plus de 50 ans déjà, alors c'est vraiment excitant. De l'autre côté, l'Armée royale nous terrorise et nous craignons de mourir sous les bombes qu'elle nous lance. Mais le nouveau régime a su répondre à nos aspirations, alors nous sommes prêts à verser notre sang pour réaliser cette grande campagne."

     Le camarade Pasang, qui commande la Division occidentale de l'Armée populaire de libération (l'APL), nous a confirmé que tout a été mis en œuvre pour assurer le bon déroulement de la campagne : « Nous prêtons une attention toute spéciale à la sécurité des gens qui participent aux travaux. » De fait, les combattantes et combattants de l'APL sont à l'œuvre 24 heures sur 24 pour accomplir cette tâche, et l'Armée royale n'a jamais réussi à atteindre la région par la voie terrestre. Elle fait sentir sa présence uniquement par la voie des airs.

     Âgée de 68 ans, Meera Gautam s'exprime dans les mêmes termes que Nar Bahadur KC. Selon elle, le régime royal a toujours fait fi du bien-être du peuple : « Pourquoi donc le vieux régime se casserait la tête si le nouveau régime mobilise la population pour construire une route dans un endroit aussi reculé qu'ici ? J'étais mentalement prête à devenir une martyre quand j'ai décidé de venir aider à la réalisation de ce projet. Mais lorsque je suis arrivée, j'ai pu constater que les combattantes et combattants de l'APL s'occupaient des questions de sécurité, et pas un seul incident déplaisant ne s'est produit depuis que je suis ici. » Meera Gautam se dit très impressionnée par le travail des maoïstes. En se rappelant l'époque où elle était plus jeune, elle ne peut s'empêcher de dire à quel point cela aurait été excitant si un tel travail avait alors été entrepris.

     Un enseignant de la ville de Baglung ajoute son grain de sel aux commentaires de cette dame : « Si les maoïstes réussissent à conquérir le pouvoir à l'échelle du pays, je suis convaincu que le Népal changera de manière spectaculaire en quelques années à peine. Le travail que les maoïstes ont amorcé dans les bases d'appui, que ce soit en matière agricole ou industrielle, ou encore dans les domaines de la santé et de l'éducation, est nouveau, scientifique et positif. Il est impossible de sous-estimer la qualité de ce travail. Il est d'autant plus remarquable que les maoïstes arrivent à faire avancer le développement social et économique tout en poursuivant l'offensive stratégique sur le plan militaire. » Rappelons que le PCN (maoïste) a annoncé en septembre dernier que la guerre populaire est désormais entrée à l'étape de l'offensive stratégique, dont l'objectif est la conquête du pouvoir dans tout le pays.

     L'ensemble de cette campagne est supervisée par un comité de 17 membres — le Comité pour la construction de l'autoroute des Martyrs — lui-même dirigé par un membre du Comité central du PCN (maoïste), le camarade Prasant. La région où elle se déroule est administrée par le Gouvernement régional autonome du Magarat, qui a été formé à l'initiative du Parti en janvier 2004. Le peuple magar constitue une minorité nationale opprimée qui s'est retrouvée exclue du pouvoir politique après que Prithur Narayan Shah l'eût conquis en 1768 lorsqu'il a procédé à l'unification forcée du Népal. Les minorités nationales qui ont alors été subjuguées forment au total la majorité de la population du pays.

     Le gouvernement régional a alloué un premier budget de 100 000 roupies pour démarrer le projet, qui ont servi à acheter des outils, des explosifs et d'autres biens essentiels à la réalisation des travaux. La population de l'ensemble des districts administrés par le gouvernement régional a été invitée à participer aux travaux. Les outils et les explosifs ont été fournis par le Parti. Les participantes et participants organisent elles-mêmes et eux-mêmes la logistique (hébergement et nourriture). Il va sans dire que la majorité des volontaires proviennent des districts qui bénéficieront directement de la route, comme ceux de Rolpa, Rukum et Salyan. Mais un nombre significatif de volontaires viennent d'autres districts plus éloignés. Certains et certaines n'ont pas hésité à marcher pendant plusieurs jours pour se rendre sur place. La campagne de mobilisation en vue de la construction de l'autoroute a généré énormément d'enthousiasme parmi les masses.

     Un cadre maoïste du district de Rukum, le camarade Samir, nous a dit partager ce sentiment : « La façon de penser traditionnelle, qui considère que des projets de cette ampleur ne peuvent être réalisés qu'avec l'aide étrangère, est en train de changer. Des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées. Ainsi, un projet qui autrement aurait nécessité un investissement de plusieurs millions de roupies, est en train de prendre forme, par la seule force du peuple. Les gens en parlent d'ailleurs maintenant en disant qu'on est en train d'établir là un véritable "modèle maoïste de développement". »

     La campagne a été placée directement sous la direction du président du PCN (maoïste), le camarade Prachanda. Le Parti a mis sur pied un bureau régional spécial pour l'organiser. Le projet a été inauguré le 20 novembre 2004 simultanément dans quatre localités différentes, par des membres du Comité central du Parti. Le tronçon de Nuwagaun a été inauguré par le chef du Gouvernement régional autonome du Magarat, Santosh Buda Magar, et par les camarades Sare Kaka et Prasant. Celui de Dui Kholi a été inauguré par les camarades Namuna, Udaya et Suraksha. De la même manière, les tronçons de Chunwang et de Thawang ont été inaugurés par les camarades Kranti et Surya, respectivement. On évalue qu'entre sept et huit mille personnes participent aux travaux quotidiennement, depuis qu'ils ont été amorcés. Celles qui proviennent des districts directement touchés par la route y ont consacré 15 jours de travail en moyenne, comparativement à 10 jours pour celles qui sont venues de l'extérieur.

     Pourquoi a-t-on jugé nécessaire d'amorcer un projet de cette ampleur alors même où le Parti prenait la décision de passer à l'offensive stratégique ? Cette question a fait l'objet d'importantes discussions. Nous avons demandé au camarade Biplab, responsable régional du PCN (maoïste), d'y répondre : « Nous tenons à poursuivre le développement en même temps que la révolution. Il faut voir la construction de cette route comme bien plus qu'une simple affaire de développement économique. Ses objectifs sont tout autant idéologiques et politiques ; elle contribue directement à l'offensive stratégique. » Le camarade ajoute : « Nous appliquons en pratique les instructions de notre président, le camarade Prachanda, qui nous demande de faire en sorte que la population soit autosuffisante aux niveaux agricole, industriel, et pour ce qui est des transports. Le district de Rolpa, qui constitue une importante base d'appui révolutionnaire, est désormais pleinement indépendant en terme de production alimentaire. L'élargissement des cultures fruitière et maraîchère et de l'élevage des volailles et des animaux a déjà eu comme résultat d'augmenter significativement la quantité de nourriture disponible pour la population. Les développements réalisés dans les domaines de la santé et de l'éducation sont eux aussi significatifs. Nul doute qu'une fois la route terminée, on assistera à une croissance encore plus spectaculaire à ce niveau. »

     L'élément le plus significatif du "modèle maoïste de développement" est sans doute le fait que la population locale est appelée à participer et à superviser l'ensemble des plans et projets qui ont été mis en branle, tant dans les bases d'appui que dans les autres régions où les maoïstes ont suffisamment d'influence mais où un nouveau pouvoir politique révolutionnaire n'a pas encore nécessairement été établi. Parmi tous ces projets, celui de l'autoroute des Martyrs constitue certes le plus important à avoir été entrepris à ce jour. Le chef du Gouvernement régional autonome du Magarat, Santosh Buda Magar, affirme que la campagne de mobilisation qui l'entoure a eu pour effet de relever sensiblement l'enthousiasme des masses : « De façon générale, cette campagne a rendu les gens plus conscients, notamment de leurs capacités et de leur propre pouvoir. Elle a permis de resserrer les liens idéologiques, politiques et organisationnels entre le Parti et les masses. »

     Cette campagne a également provoqué une véritable controverse à l'intérieur même des rangs du vieux régime et des partis parlementaires. Des débats ont eu lieu au sein du vieux régime quant à savoir s'il fallait, ou pas, tenter d'y faire échec. Des ressortissants étrangers se sont également dits surpris par la vaste mobilisation qui a été entreprise et les résultats spectaculaires qui ont déjà été atteints, dans un très court laps de temps. Certains représentants d'organisations non-gouvernementales impliquées dans des activités de "développement" au Népal s'en sont notamment ouverts auprès de dirigeants et dirigeantes du PCN (maoïste). Le régime royal s'est retrouvé sur la défensive après que plusieurs membres des partis politiques et des ONGs lui eurent demandé de ne pas s'en prendre à ce projet ni aux gens qui y participent. Un chef de police d'un district voisin fut si impressionné qu'il a même décidé d'encourager ses concitoyens à se joindre aux équipes de volontaires. Bien des gens qui, au départ, craignaient d'y participer, y vont maintenant avec enthousiasme.

     Comme le camarade Arjun — un combattant de l'APL — nous l'a expliqué, cette route ne vise pas seulement à assurer le transport de véhicules; elle servira aussi à transmettre l'histoire de lutte et l'héritage révolutionnaire du village de Thawang, qui symbolise la lutte révolutionnaire et le district de Rolpa, à toute la nation et même à l'étranger. Cette route, en fait, sera un véritable pont entre cette base d'appui révolutionnaire et le reste du monde.     

     Article paru dans Arsenal-express, nº54, le 19 juin 2005.

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     Note de do : voici plusieurs liens où retrouver ce texte :

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    http://www.pcr-rcpcanada.org/fr/publications/ae/ae54.php

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     REMARQUE de do :

     Je signale, à celles ou ceux qui l'ignoreraient, que je suis simultanément anarchiste-individualiste et communiste ; mais que, si l'on me mettait une kalachnikov dans le dos pour m'obliger à choisir entre crier "VIVE LE COMMUNISME !" ou "VIVE L'ANARCHIE !", alors je n'aurais pas de mal à choisir l'anarchie comme slogan ; car je suis absolument anti-autoritaire et que, malheureusement, certains voient le concept de "communisme" comme entâché d'autoritarisme ; alors que, pourtant, c'est seulement le pseudo-communisme qui est effectivement autoritaire : en aucun cas je ne puis me dire "maoïste" !

     Néanmoins, je ne suis absolument pas sectaire. Les gens ne sont pas ce qu'ils pensent, ils sont ce qu'ils font. Que les révolutionnaires népalais se disent "maoïstes" ne me dérange pas du moment que ce qu'ils font est sympathique. De surcroît, en lisant l'article ci-dessus, vous pouvez constater qu'ils sont intelligents. S'ils continuent comme ça, ils vont gagner. Ou plutôt, devrais-je dire, c'est la population népalaise qui va gagner. Car en effet :

     Réaliser les rêves de l'ensemble de la population partout où elle réussit à s'établir est, pour la révolution, le meilleur moyen de parvenir à la victoire totale.



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