5 septembre 2005

OURAGAN AUX USA

Katrina, avec un « K » comme dans Kyoto

ou quand la main invisible du marché ne retient pas le niveau de la mer.

(SF-Réalité)

http://mai68.org/ag/861.htm
http://kalachnikov.org/ag/861.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/861.htm

     Alors que des hommes agonisaient, des femmes se noyaient, des enfants espéraient des secours, les unes du monde télévisé au lendemain du début de la catastrophe n’étaient que lamentations — certes, mais dues à la hausse du prix du pétrole provoquée par la perte de plate-formes… évacuées, elles !

     Qu'est ce qui est le plus dérangeant dans ce déluge d'images semblant surgir d'un film de science-fiction ? Est-ce de voir à quel point le système qui règne en maître aux États-Unis est incapable autant de « prévenir » et protéger sa propre population contre une catastrophe prévisible, annoncée et parfaitement évitable, que d'en « guérir » les victimes ? Ou les couleurs dominantes ? Le kaki, les armes de guerre braquées sur la population affamée, malade et traumatisée par un cataclysme qui n'en finit pas ? Ou encore la couleur qu'aucune image ou témoignage ne démentent, comme l'a fait remarquer le rapper Kanye West dans son imprévue mais remarquée intervention en directe : « bush don't care about blacks ! [Bush s'en fout des Noirs !] »…et des plus démunis par extensions. Ou d'entendre ce président qui, tardant à écourter ses vacances, raconte à son retour qu'il demanda à son pilote de « passer sous les nuages afin de pouvoir constater l'étendue des dégâts », attendant toutefois plus de 24 heures avant de se rendre précautionneusement sur place.(*)

     Quand on sait qu'une île du tiers-monde toute proche [Cuba] régulièrement touchée par des cyclones semant mort et destruction partout ailleurs, parvient, elle, à protéger efficacement sa population sans distinction de classe ou de couleur, n'hésitant pas à prendre en charge le déplacement dans des conditions décentes de plus d'un million de personnes. Quand cette petite île peut se permettre le luxe d'offrir l'envoi de 1100 médecins sans condition ni crainte de pénurie d'effectifs et ce à la première puissance militaire mondiale, celle précisément qui lui impose un embargo, cela pause des questions humaines et essentielles qui dépassent et de loin la langue de bois propagandiste. Car ici les faits mis en images parlent d'eux mêmes, rattrapant dans une dénonciation sans appel ce système pourtant habitué à communiquer, gérer ou manipuler le visuel, le sien.

     Difficile d'attribuer un cyclone à al-Qaïda…

     Ce gouvernement qui avait d'une manière particulièrement hautaine méprisé les accords de Kyoto (aux normes en deça des efforts à accomplir pour tenter d'éviter pires catastrophes) s'avère incapable d'assumer les premières conséquences annoncées et prévues de ses choix ! Il était notoire que les digues devaient être renforcées pour affronter les cyclones à venir, conséquences du réchauffement du golf du Mexique, il était évident qu'une évacuation massive et assistée des plus démunis s'imposait ! Parlant de la manière dont des millier de personnes furent parquées dans le stade, le maire lui-même n'hésite pas et utilise le terme « génocide » ! Et que penser de la lenteur de la réaction, du niveau d'improvisation, des militaires traitant sans ménagements des gens déboussolés, évacués parfois sans informations sur leur destination. Ou sont les priorités ? Images surréalistes de prisonniers achevant de monter leur propre prison provisoire, le directeur vantant fièrement le temps record de l'ouvrage, alors qu'à quelques mètres des cadavres dérivent. Partout des policiers ou autres milices privées en armes, profusion d'équipements militaires alors que les civils se meurent, ces civils en leurs terres, ces citoyens de la première puissance mondiale perdue dans son délire sécuritaire et guerrier.

     Cet été les médias se sont fait les relais, involontaires ou non, d'un crescendo écolo-tragique composé d'incendies, inondations, glissements de terrains et cyclones pour en arriver à ce qui en sera — provisoirement — son paroxysme. L'arroseur arrosé certes mais c'est son peuple qui se noie, pire : sa composante qui lui refuse légitimement son vote ! Un chaos décrit dans tant de textes de science fiction visionnaires annonçant la barbarie de ces zones franches, sans loi ni solidarité, victimes du capitalisme pur (et dur) et de ses conséquences sociales et écologiques. Aujourd'hui il ne s'agit plus ni de nouvelles de fiction, ni de rapport alarmant de climatologue ou d'écologiste suppliant, non cette fois c'est l'actualité, notre quotidien ! Ce ne sont plus des signes avant-coureurs mais des évidences : il est urgent d'en finir avec les mythes éco-mortels du travail, de la rentabilité et de la croissance alors que notre unique planète et le vivant saturent. La seule utopie irresponsable étant de continuer à défendre ou cautionner un système qui nous emmène, nous le constatons tous, droit au mur !

     NOTE : (*) Le même qui un autre jour d'un autre septembre resta tranquillement assis à écouter « La chèvre de Mr Seguin », alors que par deux fois on lui fit savoir personnellement que sa nation était sous une « attaque terroriste » sans précédent.

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