20 janvier 2006 PALESTINE Élections palestiniennes Quel est le programme politique du Hamas aujourdhui ? http://mai68.org/ag/907.htm Les élections législatives palestiniennes du 25 janvier 2006 sannoncent comme un séisme politique : le Hamas pourrait emporter la majorité des suffrages. Aussi la presse atlantiste sefforce par avance de diaboliser ce parti politique. Soucieux dapporter une information objective à ses lecteurs, le Réseau Voltaire a réalisé un long entretien avec le porte-parole de ce mouvement musulman. Répondant aux questions de Silvia Cattori, Moshir al-Masri présente un groupe de résistance, confronté à une occupation dune extrême violence, bien éloigné du fanatisme quon lui impute.
Silvia Cattori : Après le meurtre du Cheikh Yassine, leader spirituel du Hamas, en 2004, les autorités israéliennes ont justifié sa liquidation en affirmant quil était le Ben Laden palestinien. Ils ont répandu lidée que le mouvement islamique du Hamas était lié à Al Quaida. A lextérieur, quand les journalistes parlent du Hamas, cest généralement pour présenter ses membres comme des « terroristes », et non pas comme des résistants. On vous a reproché davoir refusé le processus de paix dOslo, ce en quoi les faits vous ont donné raison. Lidée est largement répandue que « le Hamas naccepte pas lexistence dIsraël quaucun juif ne pourra rester en Palestine que tout juif est une cible et doit être éliminé ». Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir « jeter les juifs à la mer » et de refuser « le droit dIsraël à exister » ? Pouvez-vous préciser votre position politique sur ces points ? Moshir al-Masri : Tout dabord, permettez-nous de remercier tous les journalistes étrangers qui partagent les souffrances et la tristesse du peuple palestinien, qui sont dotés dune conscience humaine, qui comprennent linjustice qui pèse sur notre peuple et le défendent. Merci à tout journaliste, homme ou femme, qui accomplit sa mission professionnelle de manière objective et fidèle, sans biais pro-israélien. En ce qui concerne le rejet de lexistence dIsraël et le refus du maintien des juifs en Palestine, permettez-nous de faire une distinction entre les juifs en tant que tels, cest-à-dire en tant quadeptes dune religion, que nous respectons et avec lesquels nous avons en partage une histoire honorable à travers lhistoire musulmane, et une occupation présente sur notre territoire. Le problème nest donc pas un problème avec les juifs. Nous souhaitons la bienvenue aux juifs qui veulent vivre avec nous ; cest là en loccurrence une attitude permanente que nous constatons tout au long de lhistoire de lIslam, y compris déjà à lépoque de notre Prophète, Muhammad. Non ; le problème, cest quil y a une occupation qui pèse sur notre terre. Notre problème est donc avec cette occupation. Par conséquent, notre résistance est légale, en vertu de toutes les lois et règlements internationaux. Dailleurs, la quasi-totalité des révolutions, dans le monde, ont eu pour finalité de chasser une occupation de leur territoire. Cela a été le cas au cur de lEurope et en Amérique et, par conséquent, nous avons le droit de nous défendre et de chasser loccupant de notre sol. Des allégations sont soulevées, autour du mouvement Hamas, selon lesquelles ce mouvement chercherait à « jeter les juifs à la mer ». Ce sont là des propos fallacieux, infondés. Nous respectons le judaïsme en tant que religion et les juifs en tant quêtres humains. En revanche, nous ne respectons pas une occupation qui nous chasse de nos terres et exerce à notre encontre toutes les formes dagression, au moyen des armes les plus atroces, utilisées contre notre peuple palestinien. Il en découle que la présence de cette occupation, on ne saurait laccepter. Permettez-moi de vous donner un exemple, à ce sujet : Si un homme possède une maison et que quelquun vienne occuper cette maison, et si ensuite le voleur accepte tout au plus de concéder une toute petite pièce de cette maison à son légitime propriétaire, au cours de ce quil appelle lui-même des « négociations », en lui disant : « tout le reste mappartient », quelquun peut-il accepter une telle situation ? Est-il acceptable dêtre chassé de chez soi et ensuite de reconnaître que sa maison appartient à celui qui la volée ? Et daller, par-dessus le marché, négocier avec le voleur pour tenter de récupérer une minuscule chambre, et supporter ses atermoiements ? Alors même quen plus, le voleur tue vos enfants, défonce vos cultures et détruit votre gagne-pain ? Non. Aucune religion naccepte cela. Ni aucune personne dotée de raison. S.C. - Fin 2002, quand jai rencontré le Dr Rantissi vous nétiez pas encore forcés de vivre cachés. Depuis 2003, les choses se sont considérablement durcies : le Hamas a été inscrit sur la liste noire des organisations « terroristes » ; il y a eu lassassinat du Dr Rantissi et de centains dautres cadres importants. Comment ressentez-vous le fait quaucune instance, aucun Etat occidental ne prenne en compte la gravité des violations de la légalité internationale par Israël, et fasse de vous un ennemi ? Que dans le cas dIsraël qui bafoue les principes de justice et la vie humaine, qui a violé plus de 65 résolutions du Conseil de Sécurité, le droit international ne sapplique pas ? Moshir al-Masri : En ce qui concerne la classification du Hamas dans les mouvements « terroristes », je répondrai quassurément cette qualification nest ni fondée, ni admissible : le Hamas exerce une résistance honorable et équilibrée. Dire de lui quil sagirait dun mouvement « terroriste » est inacceptable. Nous ne sommes pas des « terroristes », nous ne prônons pas lassassinat, nous ne volons pas autrui et nous ne sommes pas les occupants, que je sache, pour être ainsi qualifiés ? ! ? Nous nous défendons face aux incursions, face aux arrestations, face aux assassinats ciblés, face à lutilisation par Israël des armes les plus cruelles pour frapper sans pitié et arbitrairement des civils. Nous avons le droit de nous défendre. Mais il est évident que les Etats-Unis sont ouvertement de parti pris en faveur dIsraël. Et puis, il y a aussi cette faiblesse de lEurope face à la position américaine. Nous ne pouvons que constater quil en découle une connivence européenne avec Israël, fondée sur lalignement pro-israélien de ladministration américaine. Nous appelons les citoyens du monde entier à réexaminer la nature du conflit palestino-sioniste et à comprendre, devant la trêve que nous avons observée et que les Israéliens ont violée, que le problème nest pas du côté du peuple palestinien, pas du côté de sa résistance légitime, mais bien du côté de lagression dont notre peuple est victime. S.C. - Au moindre acte de résistance non violente ou violente, Israël vous envoie ses bombardiers. Vous nêtes pas sans savoir quil vous harcèle pour vous pousser à la faute et justifier ensuite aux yeux du monde lusage de la force. Face à la domination dIsraël, à qui les instances étatiques internationales donnent carte blanche pour vous massacrer, nest-il pas suicidaire de vouloir riposter par les armes ? Moshir al-Masri : Au sujet de ce quon a coutume dappeler « léquilibre des forces », permettez-nous dinsister sur le fait que tout pays occupé, dès lors quil lutte contre une occupation militaire, ne bénéficie certainement pas dun rapport de force favorable. Sinon, si les forces étaient équilibrées, larmée doccupation ne pourrait pas maintenir une minute de plus son occupation du pays en question et de son peuple Bien entendu, les forces sont totalement déséquilibrées, et nous sommes faibles. Mais faibles, nous le sommes en raison de notre manque darmes, et certainement pas dans notre détermination et notre volonté de tenir face aux armes israéliennes ultramodernes et sophistiquées. Nous avons la volonté des montagnes. Nous avons pour nous le droit, et nous sommes prêts à tout sacrifier, je dis bien tout, pour recouvrer notre droit usurpé et violé. Par conséquent, cet équilibre des forces, il est vraisemblable que nous parviendrons, petit à petit, à le créer De son début, jusquà son terme, lIntifada a changé de tactique militaire, passant dun mode daction à un autre, jusquà être en mesure de porter des coups à lennemi et à arrêter son agression permanente contre notre peuple. S.C. - Quelle a été la politique de Yasser Arafat vis-à-vis du Hamas ? Et quelle est aujourdhui celle dAbou Mazen ? Moshir al-Masri : La politique vis-à-vis du mouvement Hamas du président disparu Abu Ammar [Yasser Arafat] que Dieu laccepte dans Sa miséricorde ! était une politique fluctuante, variant dun instant à lautre. Une chose est sûre : en 1996, lAutorité palestinienne a eu une politique faite darrogance et darbitraire à lencontre du Hamas ; elle a jeté en prison ses militants et ses dirigeants, quelle a pourchassés jusquà imposer lassignation domiciliaire au Shaïkh Ahmad Yassine. Nous avons patienté, nous avons surmonté nos blessures. Non pas par faiblesse, mais par respect pour le sang palestinien et afin de préserver lunion nationale. A linverse, il y a eu des périodes où la relation entre le Hamas et le président Abu Ammar était une relation solide : il y avait alors interaction. Cette relation, on le voit, nétait pas monocolore : au contraire, elle a pris de multiples colorations, des plus variées En ce qui concerne, cette fois, nos relations avec le président Abu Mazen [Mahmud Abbas] : jusquici, le président Abu Mazen est un homme faible. Nous sommes tombés daccord avec lui sur beaucoup de points, mais les décisions prises nont pas trouvé de traduction concrète sur le terrain et, jusquà présent, il est impossible de procéder à une véritable évaluation de sa politique. Dune part parce que lexpérience nest pas assez longue pour permettre cette évaluation, mais surtout, dautre part, parce quAbu Mazen na mis en application réelle aucun projet politique sur larène palestinienne, à laune duquel nous soyons en mesure de le juger S.C. - Plus de 650 000 Palestiniens sont passés par les prisons israéliennes et beaucoup ont été soumis à des tortures traumatisantes. Il y a actuellement en Israël 9 200 prisonniers palestiniens. Comme vous le savez, la police du Shabak se sert de techniques sophistiquées pour les dégrader, les humilier, les transformer en collaborateurs. On peut sétonner que lAutorité palestinienne nait pas exigé avec plus dinsistance la libération des prisonniers, comme préalable à toute négociation ! Des centaines de militants du Hamas et du Jihad ont été arrêtés, au cours des derniers mois, en Cisjordanie. Ces arrestations et ces assassinats auraient-ils pu réussir de manière si massive, sans la collaboration des services de sécurité palestiniens avec le Shin Beth ? Moshir al-Masri : En ce qui concerne les arrestations et les assassinats « ciblés », il faut savoir quils nauraient jamais pu se produire sans la coopération des services de sécurité palestiniens avec le Shin Bet. Nous affirmons quil y a eu un pacte, par lequel lAutorité palestinienne sest liée les poings face à lennemi israélien et quaux termes de ce pacte, il y avait une coordination sécuritaire qui a placé larène palestinienne dans une terrible impasse et dans des dissensions intestines. Les arrestations, les chasses à lhomme, les assignations domiciliaires nont pu être imposées aux militants et aux dirigeants du Hamas quen raison de cette coopération sécuritaire entre [responsables] palestiniens et israéliens. En ce qui concerne les assassinats ciblés et les arrestations, il est évident quil existe tout un réseau de traîtres, qui vont et viennent librement en Palestine. Ce sont eux qui jouent un rôle essentiel direct dans les opérations délimination israéliennes. Il en va de même des incursions et des rafles. Malheureusement, lAutorité palestinienne na pas été à la hauteur de ses responsabilités dans ce domaine, et nous navons pas voulu nous charger de cette tâche dordre public, afin de ne pas créer des dissensions dans larène palestinienne, et aussi afin quon ne puisse pas dire de nous que nous aurions été un Etat dans lEtat. Nous ne dirigeons nos armes que contre ceux qui nous agressent et il incombe à la justice palestinienne de prendre ses responsabilités et de régler tout problème interne. Il est évident que lAutorité palestinienne sest elle-même liée les mains, en signant des accords qui nous interdisent de pourchasser les traîtres, qui pratiquent lassassinat de nos concitoyens en désignant aux forces doccupation les endroits où se cachent des Palestiniens [résistants] pourchassés, quelles recherchent afin de les arrêter, voire, plus fréquemment encore, de les assassiner. S.C. Il est apparu que lAutorité palestinienne, après avoir mis son peuple dans une situation impossible en lappelant à la cessation de la lutte armée avant même la libération nationale et après avoir signé avec Israël des traités « entre deux parties », a fait disparaître le terme « ennemi israélien » de son vocabulaire. Récemment le « droit au retour », a également été évacué du vocabulaire des dirigeants palestiniens qui parlent maintenant « dune solution au problème des réfugiés » mais pas de droit. Pendant ce temps, largent se déverse à flot dans les caisses dAbou Mazen. Est-ce un hasard ? Cet argent nest-il pas destiné à acheter toute une élite politique et une classe moyenne susceptibles de renoncer à la lutte nationale de libération ? Quelle est aujourdhui la position du Hamas vis-à-vis de lAutorité palestinienne ? Moshir al-Masri : En ce qui concerne la modification de la terminologie et de lutilisation, ou de linterdiction, de lexpression « ennemi israélien », lAutorité palestinienne a uvré, de conserve avec lennemi israélien, en vertu dun accord sécuritaire conclu entre eux, à faire disparaître beaucoup de concepts et à tenter de les effacer de lesprit des diverses générations de Palestiniens. Mais lIntifada bénie dAl-Aqçâ a remis ces définitions et ces concepts à lordre du jour, dune manière encore plus forte quauparavant et, cela, grâce surtout aux agissements de loccupant, faits de crimes et de massacres des plus horribles perpétrés contre les enfants de notre peuple. Oui, il y a une faiblesse insigne, dans laction de lAutorité palestinienne, à bien des égards. Et comme par hasard, ce sont ses responsables qui veulent changer le vocabulaire. Mais les définitions du peuple ne sont pas celles des représentants de lautorité. Il en va de même en ce qui concerne le droit au retour des réfugiés palestiniens. Quand un responsable palestinien parle de « résoudre le "problème" des réfugiés », on peut voir là une concession exorbitante, provenant de ce côté-là Nous parlons ici des millions denfants de notre peuple (plus de cinq millions de Palestiniens) qui sont exilés, chassés, éparpillés dans la quasi totalité des pays du monde et qui ont le droit de revenir chez eux, sur leurs terres, dans leur patrie dont on les a chassés par la force. Ce sont là les termes quutilisent le peuple et les combattants. Ce que disent certains responsables palestiniens nest pas représentatif de lensemble des palestiniens. S.C. - Le Congrès pour le « droit au retour » réuni à Nazareth en décembre 2005, a mis en garde ceux qui veulent vous imposer la reconnaissance de lEtat dIsraël en tant quEtat juif et évacuer le droit au retour. Ce droit demeure-t-il pour vous la pierre dachoppement, « un droit inaliénable » sur lequel nul ne peut revenir ? Moshir al-Masri : En ce qui concerne limposition dune reconnaissance arabe et palestinienne de lEtat dIsraël en tant quEtat juif et la reconnaissance du fait accompli, je pense que cette reconnaissance de lEtat dIsraël est extrêmement dangereuse, car elle signifie labandon du droit palestinien, et elle signifie que la politique du fait accompli sest imposée définitivement au monde arabo-musulman. Nous accueillons à bras ouverts les juifs en tant que tels, mais nous naccueillons pas à bras ouverts une occupation qui écrase notre terre et notre peuple. Comme je lai déjà dit, nous ne pouvons accepter dêtre chassés de chez nous, de nos maisons, de nos terres, après quoi nous reviendrions prendre possession dune portion congrue de ces terres et nous reconnaîtrions au voleur la propriété de tout le reste, en disant que cela lui revient de droit et en consacrant ce droit devant le monde entier. Cest la raison pour laquelle, nous, au Hamas, nous mettons en garde toutes les parties prenantes contre les conséquences terribles quaurait le fait de tomber dans le piège israélien consistant à consacrer la politique israélienne des faits accomplis. S.C. - Lautorité palestinienne a tout misé sur la création dun Etat palestinien indépendant. Mais les Palestiniens étaient-ils prêts à accepter un Etat sur 8% des terres historiques pour tout règlement des torts causés par Israël depuis 1948 ? Un Etat unique où juifs et non juifs vivent avec des droits égaux ne serait-il pas une solution plus équitable ? Moshir al-Masri : Je tiens à dire que le mouvement Hamas croit aux solutions par étapes, mais pas aux solutions basées sur des concessions. Cest ce quavait affirmé le Shaïkh Yassine, fondateur et dirigeant du Hamas, il y a plus de quinze ans. Il avait dit : « Nous pouvons accepter la création dun Etat en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem Est, avec le retour des réfugiés et la libération de tous les prisonniers. Cest alors que nous pourrons signer une trêve sur le long terme, pour dix ans sil le faut, voire même plus ». Mais, il est évident que lennemi sioniste veut perpétuer son occupation. La preuve en est que Sharon, après avoir vendu son retrait de Gaza, en le présentant comme une « concession douloureuse », revient à Gaza et y assassine, y bombarde, y frappe, et revient au nord de la bande de Gaza pour y établir un no mans land. On le voit : il ne connaît que le langage de loccupation. Il ne sait pas ce que veut dire une trêve, comme le montre sa violation de la trêve actuelle, et il ne connaît pas le langage de la paix. Il ne connaît que le langage du crime et de la terreur contre notre peuple. Par conséquent, nous confirmons notre adhésion à des solutions par étapes ; mais, en contrepartie, nous ne saurions reconnaître loccupation de notre territoire. Cest pourquoi, le reste du monde doit se rassembler afin de se tenir aux côtés de notre peuple endeuillé et meurtri, dont le territoire est occupé, dont les lieux saints sont violés et dont les enfants sont les victimes de la pire agression. Quant à la création dun Etat qui réunirait les Juifs et les Palestiniens, nous navons cessé daffirmer mais je veux bien le réaffirmer encore une fois que nous avons vécu avec les Juifs tout au long de lhistoire islamique, quen tant que Dhimmis, dans lEtat musulman, ils bénéficiaient des mêmes avantages et ils étaient soumis aux mêmes obligations que nous ; ils faisaient partie de notre patrie. Encore une fois : le problème nest pas avec les juifs. Le seul problème que nous ayons, cest avec loccupation israélienne. S.C. - Après le retrait des colons de Gaza, la communauté internationale a considéré ce retrait comme une avancée vers la paix. Or, où est la paix ? Votre mouvement a affirmé que Gaza était libérée. Or, ceux qui lont visitée récemment ont rapporté que le million et demi de Palestiniens qui lhabitent, demeurent sous le contrôle absolu dIsraël ; surveillance et coercition qui vont encore saccroître par la construction par Israël de la triple barrière munie de mitrailleuses télécommandées, de détecteurs électroniques et optiques. Plutôt que de parler de libération, pourquoi navoir pas dénoncé le fait que les habitants de Gaza sont emmurés derrière des barrières, dans un camp de concentration ? Moshir al-Masri : Oui. Il est clair que ce qua voulu vendre Sharon, cest un mensonge. En effet, le retrait de la bande de Gaza nest pas un véritable retrait, ni un retrait total. Israël continue à occuper lespace aérien de Gaza : ses avions ne cessent de survoler Gaza, les bombardements continuent et les simulacres dattaques aussi, ainsi que les assassinats "ciblés" depuis les airs, par drones et missiles. Il en va de même de lencerclement terrestre et maritime, y compris du point de passage de Rafah, qui est lunique issue laissée au peuple palestinien vivant dans la bande de Gaza : il est truffé de caméras, il y a des commissions sécuritaires mixtes, qui interrogent toute personne qui entre dans la bande de Gaza ou qui en sort, même sil ny a plus de présence militaire israélienne effective. Il en résulte que nous vivons dans une immense prison, dans la bande de Gaza, et que lennemi israélien na fait aucune concession. Il ne sest retiré de Gaza que sous les coups de la résistance : il a lui-même reconnu ne plus pouvoir supporter le fardeau sécuritaire qui pesait sur ses épaules en raison de son occupation de la bande de Gaza, en particulier dans les colonies, en butte aux frappes de la résistance palestinienne, en dépit des moyens rudimentaires de celle-ci, qui a néanmoins réussi à atteindre lennemi israélien en lui infligeant une dure leçon et en lui apprenant que la terre palestinienne ne saurait tolérer la perpétuation de son occupation par Israël. S.C. - Contrairement à lANC en Afrique du Sud, ni Arafat ni Abou Mazen nont jamais appelé au boycott international, ni à la lutte civile, ni à des sanctions punitives contre Israël. Le président de lUniversité palestinienne Al Quds sest même élevé contre le boycott des universités israéliennes lancé par des Britanniques. Comment expliquez-vous une telle soumission à Israël, alors que les Palestiniens attendent de leurs autorités quelles défendent leur cause ? Moshir al-Masri : Il est clair que lAutorité palestinienne est en train de connaître une dérive dangereuse et que certains de ses dirigeants saccrochent à leur fauteuil. Ils sont prêts à faire toutes les concessions possibles et imaginables. Cest ce dont nous nous sommes rendu compte, avec le genre daccord quils ont signés : il ny avait pas de position solide de lAutorité palestinienne qui fût en mesure de mettre un terme à lagression sioniste contre le peuple palestinien. Le discours dominant, cétait celui des concessions : cest cette langue des concessions qui sest imposée la plupart du temps, à un point tel que le président dune université palestinienne a osé protester, vous avez tout à fait raison, contre le boycott des universités israéliennes, comme si nous vivions avec Israël dans un même cadre, en oubliant totalement notre sang versé, la confiscation de nos terres et la mise sous occupation de toutes les possibilités du peuple palestinien ! Oui, hélas, il y a une soumission, de la part de lAutorité, à ladministration israélienne, en échange de non-concessions israéliennes vis-à-vis de lAutorité. Et cela, parce que celle-ci sest liée les mains avec des accords dont elle est incapable de sextraire, au moment même où Sharon et consorts nient les accords dont il est question, en déclarant que les accords dOslo nont plus dexistence pratique, sur le terrain. S.C.
- Les parlementaires européens gauche et droite
ont voté en 2004, à une large majorité, une
résolution dite "Paix et Dignité au Proche-Orient"
qui exige de lAutorité palestinienne de mener une lutte contre
les actes de terrorisme. Cette résolution : Moshir al-Masri : En ce qui concerne les « terroristes », et laffirmation selon laquelle la résistance non seulement tuerait des innocents, mais ferait obstacle au processus de paix, nous disons : « Observons attentivement et précisément la scène palestinienne et les événements qui sy sont produits depuis la signature de laccord de paix entre Palestiniens et Israéliens. Qui a commencé à tuer ? Qui a perpétré des massacres le premier ? Comment lIntifada dAl-Aqçâ, que nous continuons à vivre aujourdhui, a-t-elle débuté ? Ne serait-ce pas, par hasard, avec la visite provocatrice de Sharon à la Mosquée Al-Aqçâ, bénie et sainte pour les musulmans et pour le peuple palestinien ? Les fidèles [musulmans] ayant protesté, les forces de loccupation ont abattu des dizaines dentre eux, en quelques instants. Cest alors que les foules se sont levées, partout, afin de défendre leurs lieux saints, comme cétait leur droit et leur devoir. La première Intifada, quant à elle, navait-elle pas éclaté après quun colon eut écrasé volontairement sept ouvriers palestiniens à Jabalya ? Par conséquent, nous défendons notre peuple, et ceux qui nous qualifient de « terroristes » se trompent ; ils doivent reconsidérer leur appréciation. Nous ne sommes pas des « terroristes ». Nous prônons la vie, nous prônons un projet de libération, nous défendons la dignité et la légitime fierté. Il faut que le monde européen cesse dêtre le complice de lAmérique, dans son alignement patent sur lennemi israélien. Si vous étudiez et examinez précisément les problèmes en jeu sur larène palestinienne, vous comprendrez que, dans la quasi totalité des cas, cest loccupation qui provoque les problèmes. S.C. - Le récent succès électoral du Hamas a jeté un vent de panique au sein de lAutorité palestinienne. Pensez-vous quaprès avoir régné durant douze ans en maître absolu, sêtre enlisée dans des négociations « de paix » qui ne menaient quà plus de souffrances pour les Palestiniens, sera-t-elle capable de renoncer aux privilèges acquis aux dépens de son peuple et daccepter le message que ce dernier lui envoie ? Moshir al-Masri : Nous pensons quun des principes de la démocratie, cest lacceptation des résultats des élections. La nation nest le monopole de personne, elle appartient à tout le monde. Le mouvement Hamas tient à rassurer tout le monde, lEurope, lAmérique et le monde entier, ainsi que lAutorité palestinienne : Nous navons nullement lintention de prendre la place de qui que ce soit dans ces élections, ni de contester quiconque. Nous voulons consacrer une nouvelle étape, celle de la participation politique, afin den finir avec lexclusive dans la prise de décision politique palestinienne. Cette étape sera aussi celle de lunion nationale face aux défis qui lui sont propres : ce peuple qui a fait les plus grands sacrifices pour contraindre loccupant à se retirer dune partie de son territoire doit aujourdhui pouvoir vivre une vie tranquille et décente, loin des manifestations danarchie et dinsécurité, provoquées la plupart du temps par les services dits « de sécurité » eux-mêmes, loin du système du piston et des pots-de-vin, loin de la perte des repères, du vide devant linconnu, qui dominent actuellement la scène palestinienne. Cest la raison pour laquelle le Hamas a voulu participer sans plus tarder aux élections législatives, afin de tenter de sauver la scène palestinienne de cette situation délétère. S.C. - Cest pour le peuple palestinien une situation on ne peut plus déprimante. Rien de ce que lAutorité palestinienne avait promis na été réalisé. Mais si les Palestiniens lui ont tourné le dos, cela ne veut pas dire, pour autant, quils adhèrent à votre programme ? Moshir al-Masri : Il est clair quen raison de la monopolisation du pouvoir par lAutorité palestinienne, qui prend seule toutes les décisions concernant lavenir du peuple palestinien depuis dix ans, et dautre part du succès du mouvement Hamas et de son programme en matière de résistance légitimement reconnue par le droit international et du fait que ce mouvement a été le porteur des préoccupations du peuple palestinien et de la bannière du changement et de la réforme, on a assisté à un rassemblement populaire autour du Hamas. De plus, le peuple palestinien est un peuple musulman en majorité. Or, le Hamas est un mouvement musulman, qui veut que notre peuple vive lIslam comme une réalité concrète autant que cela nous est possible. Il est clair que lAutorité palestinienne na pas tiré les leçons de ses erreurs, et que sa situation est déplorable. Elle est même incapable de tenir tête à ceux de ses membres qui pratiquent des enlèvements détrangers, qui nuisent à limage honorable de notre peuple, ou qui pratiquent les occupations de diverses institutions, le racket et lintimidation. Tout ceci fait que lAutorité palestinienne traverse une période de grande faiblesse et de décomposition. Cest la raison pour laquelle nous avons tenu à participer aux élections, afin que lAutorité recouvre son prestige et que le droit retrouve sa primauté. Nous voulons créer une Autorité palestinienne respectable, afin que le peuple palestinien puisse la respecter. S.C. - Sauf à Ramallah, durant lannée écoulée, lors des élections locales, le Hamas a récolté plus de 50% des voix. Le FPLP, parti de gauche, a dans certaines villes fait alliance avec vous. Cela tend-il à démontrer quil ne sagit pas de voter pour une religion mais pour des hommes et des femmes intègres qui, contrairement aux cadres du Fatah, nont jamais abandonné la lutte de libération ? Moshir al-Masri : Le fait que le Hamas conclut des alliances avec le Front Populaire de Libération de la Palestine ou dautres organisations, confirme quil nest pas un mouvement sectaire, ni sclérosé, ni replié sur lui-même. Le Hamas est un mouvement qui saffirme comme une page ouverte à tous, comme un mouvement prêt à sallier avec tous les enfants de notre peuple palestinien, afin de défendre les intérêts supérieurs de notre peuple, dans le cadre dun changement et dune réforme réels dans larène palestinienne. Cest de là que découle le soutien apporté par le Hamas à une candidate de gauche à la mairie de Ramallah, soutien qui nest pas un cas unique, loin de là. Nous disons à tous que nous ne voulons prendre la place de personne, nous ne voulons évincer personne. Nous voulons vivre une existence digne et tranquille, à labri de tous les phénomènes que connaît la scène palestinienne depuis dix ans. Nous voulons convenir dune stratégie bien définie qui protège les droits du peuple palestinien et préserve ses avancées, sans considération sur les appartenances de ces alliés : il suffit quils soient Palestiniens et quils veuillent servir la cause du peuple palestinien. S.C. - Pourquoi avez-vous pris le parti de participer à ces élections alors que le Jihad islamique, lui, sest abstenu ? Des élections sous occupation ne détournent-elles pas les Palestiniens de lessentiel ? La priorité nest-elle pas de nouer le dialogue inter-palestinien pour relancer la lutte nationale ? Moshir al-Masri : Quelles sont les priorités du Hamas, dans la période actuelle ? Mettons les points sur les « i » : le Hamas a trois priorités, dont aucune nest caduque, ni moins importante que les autres. La première priorité, cest le renforcement de lunité interne, étant donné que cest cette unité qui est à même de protéger larène palestinienne contre tout développement dangereux. La seconde, cest le renforcement de la participation politique, qui représente une option susceptible de sauver la scène palestinienne du marasme actuel. Le troisième point, cest le renforcement du programme de la résistance en tant que choix stratégique de notre peuple, tant quune occupation continuera à peser sur notre terre et tant que se poursuivra lagression continue contre notre peuple. Ce choix a été celui de toutes les révolutions de par le monde, y compris en Europe et en Amérique. Il sagit dun choix reconnu par le droit international. S.C. - La participation du Hamas aux élections législatives palestiniennes, dans les territoires sous contrôle de lAutorité Palestinienne, a été mise en cause par Javier Solana. Celui-ci, reprenant la menace des Etats-Unis, a fait pression sur les Palestiniens en affirmant que si le Hamas remportait les élections, laide financière de lEurope serait suspendue. Ce qui indique que lEurope ne reconnaît pas aux Palestiniens le droit de choisir leurs propres représentants ni celui de résister. Ce chantage, qui menace les Palestiniens dun étranglement financier, donc de les rendre encore plus faibles face à loccupant, empêchera-t-il les Palestiniens de voter pour les candidats du Hamas ou du FPLP ? Moshir al-Masri : En ce qui concerne la question de savoir si les menaces européennes et les menaces américaines de couper les aides sont susceptibles de dissuader notre peuple de soutenir le Hamas, je répondrai que je pense que les déclarations tant européennes quaméricaines à cet effet ont coïncidé avec la quatrième étape des élections municipales palestiniennes, en particulier dans les plus grandes villes. Or, quel en a été leffet ? Le Hamas a remporté les élections dans les plus grandes villes palestiniennes, comme Naplouse, El-Biréh, Ramallah ou Jénine. Par conséquent, notre peuple palestinien est un peuple qui compte essentiellement sur Dieu QuIl soit exalté ! et qui connaît ce verset coranique « Cest dans le ciel que se trouve la véritable vie qui vous a été promise ». Le peuple sait très bien quil y a un complot international ourdi contre lui. Par conséquent, il veut choisir ceux qui seront capables de porter sa préoccupation et ceux dont il sait, de confiance, quils seront dignes de la mission quil leur aura confiée, par la grâce de Dieu ! Nous, au Hamas, nous avons fait nos preuves, au fil des années, dans de nombreuses institutions, syndicats, coopératives, ou autres, et nous avons donné un exemple à suivre. Cest en connaissance de cause que le peuple palestinien nous a élus, cest en raison de sa confiance. Par conséquent, la provocation de ladministration américaine qui, aux dires des responsables de lAutorité palestinienne, naccorde au peuple palestinien que des miettes qui ne représentent pratiquement rien dans le budget palestinien et la position européenne, voire même les déclarations de Javier Solana dont je ne pense pas quelles reflètent une position européenne bien étudiée qui représente vraiment tous les Etats membres de lUnion européenne, vous savez Disons que je ne considère pas que la dernière position adoptée par le Quartette soit une position dune grande fermeté. Il sagit plutôt de lexpression dun recul : après avoir refusé la participation du Hamas aux élections, certains partenaires internationaux ont dépassé ce blocage, après avoir constaté la détermination et la volonté des Palestiniens, ainsi que lunanimité sur la nécessité de la participation de tous à ces élections. Les puissances étrangères opposées à notre participation ont commencé à brandir la menace de la suspension des aides économiques, puis elles ont cessé de le faire après avoir constaté que cela ne dissuaderait en rien les Palestiniens de voter pour le Hamas. Elles se sont alors contentées de formuler des mises en garde contre la participation du Hamas à tout gouvernement palestinien à venir. Je suis persuadé que les partenaires internationaux se verront contraints de composer avec une réalité nouvelle pour eux : le mouvement Hamas est une composante authentique du peuple palestinien, il fait partie de ceux qui déterminent la décision politique palestinienne. S.C. - La position du Quai dOrsay, était plus nuancée que celle de Solana : « Nous pensons quil est important que le processus électoral qui a été engagé dans les territoires palestiniens puisse se dérouler normalement Le Hamas demeure inscrit sur la liste « des organisations terroristes de lUnion européenne, tant quil naura pas renoncé à la violence et reconnu lEtat dIsraël. Pour notre part, nous suivons avec intérêt ce qui se passe et cette évolution du Hamas sur le plan politique ». Vous paraît-il possible de renoncer à la lutte armée et de reconnaître lexistence de lEtat juif dIsraël ? Moshir al-Masri : En ce qui concerne la reconnaissance de lEtat dIsraël et le renoncement à la lutte armée, je réponds : comment le Liban sest-il libéré ? comment beaucoup de pays européens se sont-ils libérés ? et comment lAmérique du Nord sest-elle libérée ? Nest-ce pas en chassant les puissances qui les occupaient ? Cela fait dix ans que nous essayons de négocier : pour quel résultat ? Le résultat, nest-ce pas linconnu ? Le résultat, nest-ce pas le vide ? Quest-ce que lAutorité palestinienne a récolté ? Quest-ce que le peuple palestinien a récolté ? Rien ! sinon des malheurs, la destruction, le recul de la cause palestinienne pour des lustres On ne peut pas continuer à faire ce genre dexpérience vouée à léchec ni accepter une occupation qui sincruste, qui continue à tuer, à massacrer, à perpétrer la terreur contre le peuple palestinien. Nous disons que le Hamas est un mouvement ouvert, prêt au dialogue avec qui le souhaite à la lumière des intérêts supérieurs du peuple palestinien. Mais un dialogue avec loccupation sioniste, cest un dialogue qui a échoué, bien quil ait été tenté sur la base des plus grandes concessions de notre part, en échange de rien du tout, du côté israélien. S.C. - De savoir que les dirigeants des pays démocratiques ont systématiquement refusé de sanctionner Israël qui viole les Conventions de Genève démolitions de maisons, exécutions sommaires, arrestations arbitraires, assassinats denfants et aussi de savoir que les associations en faveur de la Palestine ont collaboré avec lAutorité palestinienne qui était un système corrompu et répressif, vous choque-t-il ? Ne pensez-vous pas que votre meilleure arme est de mieux expliquer à lopinion internationale quel type de soutien les Palestiniens sous occupation militaire attendent ? Moshir al-Masri : Oui, cela me choque ! Effectivement, nous avons besoin dune vaste campagne médiatique. Mais il est évident que les sionistes, leurs séides et leurs amis possèdent des moyens dinformation extrêmement puissants qui écrasent les nôtres. Israël a violé la quasi totalité des résolutions du Conseil de sécurité de lOnu, ainsi que toutes les Conventions de Genève, en perpétrant les pires crimes terroristes contre notre peuple : destruction de maisons, de terres agricoles, assassinat délibéré denfants innocents et, cela, sans quil ne juge le moindre soldat responsable de ces assassinats, notamment denfants, comme celui du jeune Muhammad Al-Durra, auquel le monde entier a assisté : on la vu crier, supplier. En vain. Le résultat ? Le soldat responsable davoir tué délibérément a été emprisonné pendant un mois à peine. Cela équivalait purement et simplement à se gausser du sang palestinien répandu. Oui ! il nous faut dénoncer toutes ces exactions israéliennes, toutes les violations israéliennes des résolutions du Conseil de sécurité, et aussi celles des Conventions de Genève. Nous avons besoin des efforts des journalistes européennes et européens, des juristes, de toutes les personnes et instances porteuses du sens du mot « humanité », qui comprennent ce que loccupation signifie et qui connaissent lhorreur du crime et du terrorisme sionistes à lencontre de notre peuple, afin quils fassent comprendre au monde, autant quil leur est possible, quelle est la véritable situation. Nous savons quil existe une connivence entre les régimes politiques européens et lennemi israélien, mais nous savons aussi quil y a chez vous, en Europe, des gens qui défendent les valeurs humaines, et nous leur serrons fraternellement la main, en les priant de multiplier les contacts avec nous. S.C. - Autrement dit, Israël aura le beau rôle aussi longtemps que lopinion naura pas compris que la racine de ce conflit ce nest pas la religion mais la lutte dun peuple pour garder sa terre, et aussi lexpulsion des trois quarts des Palestiniens, en 1948, pour installer, à leur place, des gens de confession juive venus de partout. Tant que ce déni de lhistoire perdure il est facile à Israël de renverser les responsabilités et daccuser de terrorisme ceux qui relèvent la tête. Si vous obtenez une majorité aux élections législatives, êtes-vous prêts à rencontrer les responsables politiques européens pour leur rappeler que le point central du conflit est lexpropriation et lépuration ethnique des Palestiniens par Israël ? Et de façon plus générale, que pensez-vous faire ? Moshir al-Masri : Si nous remportons la majorité lors des élections législatives, nous aviserons. Mais, sur le plan du dialogue avec lEurope et les États-Unis, le Hamas na dhostilité envers personne, et nous sommes prêts à dialoguer avec qui voudra dialoguer avec nous. Nous avons dialogué avec lEurope, notamment avec des parlementaires européens, et nous avons instauré un dialogue avec des universitaires américains, à Beyrouth (mais il ne sagit pas de personnes détentrices dun quelconque pouvoir exécutif aux États-Unis). Le Hamas est un mouvement ouvert à tous, et certainement pas un mouvement rigoriste, ni un mouvement complexé. Bien entendu, le Hamas est un mouvement porteur dun projet islamique, qui veut que tout le monde vive en liberté et dans la dignité, et donc que notre peuple vive libre et dans la dignité. Ce que nous demandons au monde, cest de ne pas saligner, de ne pas persister dans son alignement patent, meurtrier et provocateur sur lennemi sioniste, au prix des intérêts nationaux du peuple palestinien. Nous sommes prêts à dialoguer avec tout partenaire, mis à part Israël qui perpétue loccupation et lagression contre notre peuple palestinien, afin dexpliciter ce qui doit et peut lêtre et de mettre tout un chacun au courant de ce qui se passe sur la scène palestinienne, et aussi afin de rappeler à nos partenaires que le problème, cest loccupation et lagression, et en aucun cas notre peuple ni sa résistance légitime. Le problème est du côté de ceux qui sont venus chasser notre peuple de chez lui et en occuper les terres. Par conséquent, nous sommes persuadés que le monde libre doit sefforcer de faire en sorte que le peuple palestinien vive libre et dignement, comme il vit lui-même. Nous vous remercions tous. Traduit de larabe en français par Marcel Charbonnier et Ahmed Manai, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. (transtlaxcala@yahoo.com). Cette traduction est en Copyleft |
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