26 avril 2006
ILLUSIONS DE VICTOIRE
http://mai68.org/ag/988.htm
http://kalachnikov.org/ag/988.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/988.htm
http://www.monhebergement.fr/do/ag/988.htm
Le CPE est mort. Personne ne s’en plaindra. Mais avant de crier victoire de façon ostentatoire comme le font les syndicats, il convient d’examiner les choses de près. Le capital international via son relai français, le MEDEF, n’a de cesse d’œuvrer à la dégradation et au démantèlement du code du travail en occident. En France, il a été contraint à une pause forcée plus par l’incompétence d’un ministre trop narcissique et trop sûr de lui que par la résistance populaire. D’habitude en effet, le capital use de stratagèmes plus habiles : par la mise en place de lois extrêmement complexes au sein desquels il est possible de dissimuler une foule de petits dispositifs sournois et furtifs qui grignotent peu à peu les gains sociaux acquis par la classe ouvrière depuis des décennies. C’est sur la durée qu’apparaît le terrain perdu. Au niveau mondial, le capitalisme triomphant assure une pression constante sur les derniers îlots de démocratie sociale. C’est ainsi qu’à l’occasion des manifestations contre le CPE, on a fait donner la presse prétendument représentative de l’opinion publique internationale, pour démontrer que les revendications des jeunes français étaient rétrogrades et bien peu raisonnables.
Il est souvent arrivé au cours de l’histoire qu’un mouvement
issu d’un petit pays trouve un écho fort dans son environnement
géographique large et finisse par faire tache d’huile. C’est
notamment le cas de deux religions (le christianisme et l’islam), puis
des révolutions anglaise, française et russe, et enfin de la décolonisation.
Dans tous ces cas sans exception, le mouvement était matérialisé
par une idéologie forte doté de composantes philosophiques, éthique,
politiques et économiques, porté par des groupes humains –
églises, partis, associations, ligues, etc.- nombreux et structurés
au sein desquels les hommes, modifiés dans leur vécu parfois jusqu’au
fanatisme, étaient prêts à donner leur vie pour leur idéal.
Nous sommes bien loin de cette situation : les jeunes, porteurs de l’avenir,
se battent d’abord pour conserver un droit à la consommation marchande.
Je ne veux pas faire affront à ceux qui réfléchissent et
possèdent une culture politique et philosophique, ceux-ci existent, mais
ils sont archi-minoritaires. Le champ du politique se rétrécit
: les grands choix économiques et politiques échappent totalement
aux institutions nationales avec la complicité active des dirigeants
actuels. L’expression politique est bridée : la presse nationale
et régionale se complait dans la pensée unique capitalophile,
américanophile, et israélophile. Le « politiquement correct
» généralise l’autocensure et si ce n’est pas
suffisant, le pouvoir légifère et criminalise la pensée
libre. Comment s’étonner alors que nos manifestations ressemblent
à des foires. En fait, le seul mouvement d’opposition est l’activisme
islamique. Si pour nous -opposants résolus à la domination du
capital- nous ne pouvons trouver dans ce mouvement la moindre composante qui
puisse faire écho à notre culture politique, il démontre
cependant que même en cette époque où la chape de plomb
du capital pèse sur le monde entier, une opposition résolue et
dynamique est possible, mais , le moins qu’on puisse dire, c’est que
l’efficacité de cette opposition ne peut plus passer par les formes
politiques existantes.
JP 26/04/2006
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RÉPONSE de do :
Cher JP,
Tu sembles ignorer
que le mouvement français a en fait eu beaucoup d'échos dans le
monde entier. Et je ne crois pas que ce mouvement n'ait pas dépassé
les basses revendications du style CPE-Loi sur l'Egalité des Chances
(LEC). Tout ça a été très minimisé par les
médias officiels. Et je pense que tu t'es fait avoir. Il ne faut pas
être trop optimiste, mais tu es vraiment trop pessimiste ! Je crois
plutôt que ce mouvement est de bonne augure, et annonciateur d'un futur
qui ne sera peut-être pas aussi radieux pour la classe dominante que ce
qu'elle aurait voulu.
Amicalement,
do
http://mai68.org
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RÉPONSE de JP :
Je ne doute pas des échos du mouvement francais... ils sont divers
Mais mon opinion est une façon de récrire ce qu'on formulait autrefois par "pas de parti révolutionaire sans théorie révolutionaire". Le milieu de la recherche (EHESS Marseille !) est tres endormi. Ici, il ne s'est RIEN passé. En revanche, Il y a eu des AG dans les fac, mais la sauce semble retombée. J'espère être trop pessimiste.
J'ai participé aux diverses manifs marseillaises. Manifs massives... mais très rituelles. On ne peut pas combattre des formes nouvelles par les methodes du passé. Le rite, c'est le passé.
L'avenir est entre les mains des jeunes. Les vieux de ma génération doivent leur faire confiance et leur laisser la place. Au niveau des syndicats, les vieux s'accrochent à des pouvoir de papier. C'est triste à voir.
À bientôt,
JP
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