JOURNAL
"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."
N°107, 8 avril 2006
STRATÉGIE POUR LE MOUVEMENT
Consolider nos bases et reconquérir celles que nous avons perdues.
http://mai68.org/journal/N107/8avril2006.htm
http://kalachnikov.org/journal/N107/8avril2006.htm
http://www.chez.com/vlr/journal/N107/8avril2006.htm
http://www.monhebergement.fr/do/journal/N107/8avril2006.htm
Voici comment je vois la situation et quelle est la stratégie que par conséquent je vous propose d'appliquer.
Les actions de pointe ne sont pas la priorité
Les actions de pointe, comme les manifs sauvages par exemple, doivent s'appuyer sur une base solide. Quand cette base s'effrite, les actions de pointe deviennent de moins en moins faciles à réaliser car de moins en moins populaires ; le nombre de participants s'affaiblit, et, pour compenser, les actions se radicalisent et virent facilement au terrorisme, qui finira toujours par être manipulé par l'État.
Or, que vois-je, nous perdons chaque jour certaines de nos bases, et le simple fait que la coordination de Lyon n'ait pas pu se tenir à l'endroit prévu au départ parce que le blocus de Lyon2 a été levé est un signe qui ne trompe pas. C'est un puissant avertissement, c'est même un coup de semonce, dont nous devons tenir compte.
Nous sommes à un moment critique du mouvement. Rien n'est perdu si nous savons établir un état des lieux correct et une bonne stratégie pour la suite. Nous allons gagner à la condition de nous préoccuper de consolider nos bases afin d'être bien sûrs de ne pas les perdre, et de faire ce qu'il faut pour reconquérir celles que nous avons perdues. Ceci doit passer avant de savoir comment et où réaliser la prochaine action de pointe ; sinon, bientôt, ce sera la fin du mouvement et de la vraie vie qu'il nous a donnée en cadeau de bienvenue et en signe de ce que pourra être le monde nouveau dont nous rêvons toutes et tous.
CONSOLIDER NOS BASES
Je vais parler ici des bases que le mouvement tient encore.
L'on entend dire de ci de là que chaque jour le nombre d'antiblocages est plus nombreux que la veille dans les AG. Il faut remédier à cela en démontant systématiquement dans chaque AG la propagande télévisuelle destinée à tuer le mouvement.
Bien expliquer dans chaque AG qu'en mai 68 il y a eu 99% de reçus aux examens et qu'il ne se peut pas que les diplômes ne soient pas livrés comme chaque année aux étudiants ou aux lycéens ; car, sinon, les universités devraient fermer leurs portes.
Bien expliquer dans chaque AG que les antiblocages sont manipulés par le pouvoir. Que leur base sociale, c'est l'UNI et l'extrême droite.
Bien expliquer dans chaque AG qu'il n'est pas question de lâcher, car les meilleurs d'entre les nôtres sont en tôle et que nous devons les sauver. Une amnistie généralisée doit bien entendu faire partie des principales revendications et être systématiquement rappelée comme étant prioritaire, de même que la lutte contre la répression et pour l'abolition de l'État policier qui est flagrant depuis que Chirac a confié au chef de la police (Sarkozy) le soin de "résoudre la crise".
Bien expliquer dans chaque AG que les médias du pouvoir manipulent pour pousser à la reprise. Prendre systématiquement et chaque jour le temps de démonter chaque manipulation du pouvoir. Et, en particulier, bien démonter le piège classique par lequel meurt chaque mouvement un peu puissant :
Les discours dans le style « on arrête le blocus (ou même la grève) mais pas la mobilisation, la mobilisation peut prendre une autre forme », ce genre de discours doit systématiquement être détruit par des arguments solides. Par exemple, en faisant remarquer que c'est le blocus qui a permis de construire le mouvement et que c'est en supprimant le blocus que l'ennemi le tuera. Cet argument me semble facile à développer.
L'attitude à tenir vis-à-vis des antigrévistes et des antiblocages est variable. Il faut savoir discerner entre les antigrévistes et antiblocages virulents d'une part ; et, de l'autre, les suivistes avec qui il faut prendre le temps d'expliquer, surtout quand ils sont antiCPE, qu'ils se font manipuler par les antiblocages virulents.
Bien expliquer à tout le monde dans chaque AG quelle est la base sociale, c'est-à-dire qui sont les chefs, des antigrévistes et antiblocages virulents : l'UNI et les fascistes.
Partant de là, il nous sera permis de faire ce qu'il faut faire pour que la grève dure avec un vrai blocage et une vraie occupation des locaux.
Nous devons être "COOL MAIS FERMES !", c'est-à-dire accepter de discuter amicalement ou presque avec les non-grévistes et antiblocages non-virulent afin de leur expliquer la situation, être cool avec eux autant qu'il est possible. Mais, nous devons être d'une telle fermeté avec les antigrévistes et les antiblocages virulents qu'ils en soient, au bout d'un moment, découragés de revenir ! Je vous précise qu'en 1975, dans ma fac, j'ai discuté pendant des heures avec une vingtaine de non grévistes non virulents et que l'année suivante ils faisaient partie des meilleurs grévistes ! Donc, la distinction entre antigrévistes virulents et non virulents est essentielle à tous les niveaux.
Voilà, c'est comme cela qu'il nous sera possible de renforcer nos bases, celles qui tiennent encore, celles qui appartiennent encore au mouvement.
RECONQUÉRIR NOS BASES
Après avoir suffisamment raffermi nos bases et être sûrs de ne plus pouvoir les perdre, nous devons nous préoccuper de reconquérir les bases que nous avons perdues. C'est-à-dire qu'il faut essayer de remettre en grève les universités et les lycées qui ont été en grève mais qui n'y sont plus.
Pour les universités, je propose que chaque base solide envoie dans une université perdue, c'est-à-dire où les cours ont repris, une délégation massive afin de la remettre en grève en aidant une fois sur place les activistes déjà présents à envahir les amphis pour expliquer l'urgence de la situation aux personnes présentes en utilisant bien sûr les mêmes arguments que ceux qui ont servi à raffermir nos bases. C'est ainsi que nous procédions après 68 et dans les années 1970.
Pour les lycées, la technique la plus efficace que je connaisse est celle qui avait été utilisée par les lycéens en 1986 :
Les lycées se mettent en grève les uns les autres : un lycée en grève se déplace massivement, c'est-à-dire en entier, vers un autre lycée de la même ville, rentre dedans ce lycée sans demander la permission à qui que ce soit et rentre sans plus de permission dans les salles de classe pour demander à toutes et à tous de sortir de l'établissement afin d'aller mettre les autres lycées en grève par la même méthode. Cette méthode a aussi été employée pour les lycées privés. Des lycées publics aidant les lycées privés à se mettre en grève. C'est d'une efficacité absolue. Et ça fait une belle manif sauvage. En 1986, de telles manifs sauvages faisant le tours de tous les lycées de la ville avaient lieu chaque jour dans chaque ville de ce pays !
CONCLUSION :
J'espère vous avoir convaincu qu'avant de songer à faire des actions de pointe, il faut se préoccuper de consolider et de reconquérir la base même de notre mouvement ; car, je le rappelle une fois encore : les actions les plus offensives doivent s'appuyer sur une base solide sous peine de perdre tout leur sens avant de disparaître ou de très mal tourner.
Ceci veut dire qu'à mon avis, les meilleurs activistes devraient avant toute autre chose s'occuper de renforcer nos bases, puis de les reconquérir. Et ne faire des actions de pointe que s'il reste du temps et de l'énergie pour cela.
Les
actions de pointe sont la cerise sur le gateau,
mais faut-il encore qu'il y ait un gâteau !
Merci pour votre attention,
Meilleures salutations,
do
http://mai68.org
Post-scriptum :
1°) Il faut démonter dans chaque AG la propagande de peur faite à la télé par rapport aux examens et lire ceci :
Faire même dans chaque AG du pays une lecture de l'étude en question et en discuter collectivement avec tout le monde.
2°) FAIRE CIRCULER CE MESSAGE PARTOUT OÙ CELA SERA UTILE. Notamment à la coordination, mais aussi auprès des activistes de chaque ville.
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REMARQUE :
BELLE ANALYSE
Tout a fait d'accord, aujourd'hui le plus important est de remobiliser et de consolider la mobilisation, par la parole.
Signé : ... le 8/04/2006 à 19h28
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REMARQUE :
Tout à fait d'accord sur l'objectif
Sur les moyens, on peut discuter. Parce que le mouvement est pluriel, les actions de pointe peuvent être menées en même temps que les actions de consolidations.
Il est très important que la coordination étudiante déborde les syndicats. Et elle est en train de le faire.
1) L'argument politique immédiat est le suivant : retirer le CPE sans l'ensemble de la loi cyniquement appelée "Loi sur l'égalité des chance" et sans retirer l'infâme CNE, cela est totalement incohérent.
2) L'argument tactique est : 99 % des étudiants seront reçus aux examens si ET SEULEMENT SI le mouvement reste massif.
3) Il serait moralement inacceptable de laisser nos camarades arrêtés croupir en prison (argument moral du point de vue de la luttte)
Quant à 68, désolé, c'est un mauvais exemple. Exactement ce qu'il ne faut pas faire : à savoir se faire baiser en beauté par la droite.
Signé : Résistance le 9/04/2006 à 04h02
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RÉPONSE
de do :
Salut à toi Résistance,
Je nai pas dit qu'on ne pouvait pas faire les deux en même temps.
Je pense seulement que "Consolider nos bases et reconquérir celles que nous avons perdues" est prioritaire à tout le reste.
Mais ça n'empêche pas de faire le reste. Par exemple le coup du Marathon est une idée très bonne.
Je me suis permis d'oublier de dire qu'il fallait éliminer les syndicats de la coordination parce que je l'ai déjà dit quantité de fois.
Sur tes points 1, 2 et 3, je suis d'accord à ceci près que s'il faut les ordonner alors personnellement je suis plus sensible à la solidarité et que je les mettrais dans un ordre inverse au tien.
En 68, si la révolution a été loupée, si l'on n'a obtenu "que" des grosses augmentations de salaires et autres trucs du genre, ce n'est pas à cause de la droite, mais à cause de la gauche : à cause du PCF et de la CGT ! :
(Lis le texte au lien ci-dessus, il est génial !)
A+
do
http://mai68.org
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REMARQUE :
Moi, je préfère le réveil collectif
http://paris.indymedia.org/article_propose.php3?id_article=57922
Mais les deux ne sont point incompatibles.
Ils sont même complémentaires.
Signé : la victoire en bloquant ! le 9/04/2006 à 09h15
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REMARQUE
à l'attention de do :
do,
Je souscris à tes réflexions stratégiques, mais une chose doit être clarifiée sous peine de se couper de la jeunesse révoltée : s'il y a eu 99% de réussite aux examens en 1968 ; en 2006, à moins que cette question fasse l'objet de négociations au plus haut niveau, rien n'indique qu'on s'engage dans cette voie.
Une grande partie des enseignants du supérieur est insensible au mouvement et certains rêvent même de sanctionner les étudiants grévistes en les collant à l'examen.
Aujourd'hui, la pression sur les étudiants est immense : ils viennent pour la plupart de milieux populaires (à la différence de 68) et travaillent au Mac-do pour se payer leurs études. Ils sont très surveillés ; les boursiers doivent justifier d'une présence assidue pour toucher leurs bourses ; les étudiants étrangers ont une obligation de présence et de résultats pour conserver leurs titres de séjour ; les absences sont contrôlées, etc.
Il est donc urgent d'interpeler les enseignants du supérieur pour qu'ils suspendent ces règles draconniennes pendant le semestre universitaire.
Les enseignants doivent prendre publiquement position ! Car ils ont un pouvoir qu'on ne peut sous-estimer !
Signé : Enseignants le 9/04/2006 à 13h16
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RÉPONSE
de do à Enseignants :
Salut,
Le chantage fait sur les étudiants ne tient pas puisque comme je le dis dans mon texte :
« il ne se peut pas que les diplômes ne soient pas livrés comme chaque année aux étudiants ou aux lycéens ; car, sinon, les universités devraient fermer leurs portes. »
En effet, si les lycéens par exemple n'ont pas le bac, ils n'iront pas à l'université ! Les universités seraient alors dans la merde !
Si les étudiants de première année de fac n'ont pas leurs exams, ils n'iront pas en deuxième année, les universités seraient dans la merde !
ETC.
Aussi, il est clair que le chantage aux exams n'est qu'un bluff !
Car, c'est avant tout elles-mêmes que les universités condamneraient si elles ne livraient pas les diplômes et pareil pour les bacs !
Si les bacs n'étaient pas livrés cette année, il est probable aussi que le nombre d'inscrits au lycée l'année prochaine serait en nette diminution.
Tout ceci doit être bien expliqué dans chaque AG de ce pays. Et autant de fois qu'il le faudra !
A+
do
http://mai68.org
GRÈVE GÉNÉRALE SAUVAGE TOTALE ET ILLIMITÉE !
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AUTRE
RÉPONSE :
Le chantage aux exams c'est du bluff !
En plus de l'explication donnée par do, il faut bien remarquer que si un décret dictatorial de Chirac (cela ne viendrait pas des universités ni des profs de lycée comme démontré ci-dessus !) interdisait la validation des exams, alors la France entière brûlerait !
À côté, novembre 2005 serait considéré comme de la rigolade.
Car, ce seraient les centre-ville qui brûleraient, cette fois-ci ! Et dans toutes les villes du pays !
Chirac le sait. Il ne prendra jamais un tel risque !
Signé : Et hop ! le 9/04/2006 à 14h23
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REMARQUE
de do :
Argument absolu pour le blocage !
La personne qui signe "Enseignants", nous dit à juste titre :
« les boursiers doivent justifier d'une présence assidue pour toucher leurs bourses ; les étudiants étrangers ont une obligation de présence et de résultats pour conserver leurs titres de séjour ; les absences sont contrôlées, etc. »
À y regarder de près, c'est en fait un argument absolu pour justifier le blocage des lycées et universités.
En effet, si le blocage est total, cela fournit une excellente excuse aux boursiers et aux étrangers pour ne pas être en cours :
« C'est un cas de force majeure, j'y peux rien si tout était bloqué, personne pouvait entrer ! »
Bien à vous,
do
http://mai68.org
GRÈVE GÉNÉRALE SAUVAGE TOTALE ET ILLIMITÉE !
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AUTRE
RÉPONSE de do :
Pour Enseignants,
Tu as cependant raison de dire :
« Il est donc urgent d'interpeler les enseignants du supérieur pour qu'ils suspendent ces règles draconniennes pendant le semestre universitaire.
« Les enseignants doivent prendre publiquement position ! Car ils ont un pouvoir qu'on ne peut sous-estimer ! »
Peut-être devrais-tu prendre contact avec la coordination des profs de fac en grève :
Bien à toi,
do
http://mai68.org
Question pour tout le monde :
Quels sont les contacts entre la coordination étudiante et lycéene d'une part et la coordination inter-universitaire (celle des personnels de fac) de l'autre ?
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RÉPONSE
à do :
Bien que membres de la coord des personnels universitaires, nous sommes préoccupés par le comportement moyen des enseignants.
Dans leurs immense majorité, ils sont contre le CPE et hostiles au gouvernement ; mais, ils SACRALISENT une institution qui les fait vivre (ou survivre, compte tenu de la part croissante des enseignants en situation précaire) ; leur croyance forte dans les valeurs de "travail", de "mérite" et de "reconnaissance par les pairs" (et les pères) font des enseignant-e-s les agents de reproduction d'un monde universitaire qui est lui-même largement orienté vers la reproduction d'un monde social structuré par des inégalités structurantes (dans la répartition des capitaux économique et scolaire).
Il faut donc désacraliser et vite, ce qui n'est pas facile parce que les arguments sociologiques et politiques NE PORTENT PAS contre le sacré. Il est capital que ces arguments soient avancés par des individus investis d'une légitimité universitaire forte.
Signé : Enseignants le 9/04/2006 à 17h41
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RÉPONSE
de do :
Pour Enseignants,
Je suis d'accord avec ton message du 9/04/2006 à 17h41.
Cela me rappelle que ce qui avait été le plus beau en mai 68, c'était justement cette capacité soudaine qu'avaient eu beaucoup d'employés à démonter et à dénoncer chacun le rôle de sa propre profession dans le fonctionnement et le maintien de la société telle qu'elle est.
C'est la capacité d'une telle autocritique généralisée qui caractérise les situations révolutionnaires. Car c'est alors que tout peut changer.
L'on doit comparer avec la situation hypnotique habituelle où un prof ne supporte pas qu'on dise du mal de sa profession, où un facteur ne le supporte pas non plus etc.
Là, en 68, c'était l'ouvrier fabricant de matraque qui dénonçait lui-même sa propre profession.
Et, bien sûr, à l'aide du livre "de la misère en milieu étudiants", les étudiants aussi dénoncèrent leur propre rôle dans le fonctionnement et le maintien de la société telle qu'elle est.
Les situationnistes eurent alors totalement raison.
do
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REMARQUE :
Bases de quoi ?
Ce n'est pas question de bases, mais de se connecter avec tous les secteurs de la classe ouvriere. On est tombé en plein dans le coeur d'un lutte ouvrière, menée par les étudiants jusqu'à ce moment. Mais, tous les secteurs de la classe ouvriere, en commençant par les ouvriers travailleurs, les sous-employés, les précaires de tout genre, les chômeurs, les migrants... peuvent s'unir contre tous les CPEs qui existent maintenant. Cette union est la base de cette lutte contre la précarisation effectuée par le capitalisme.
Signé : porku Chan Pin le 9/04/2006 à 13h45
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RÉPONSE
de Pat :
porku Chan Pin,
Tu dis : « On est tombé en plein dans le coeur d'un lutte ouvrière, menée par les étudiants jusqu'à ce moment. »
D'après toi, les étudiants feraient partie de la classe ouvrière ? Une partie, indéniablement, ceux dont les parents se saignent aux quatre veines ou ceux qui travaillent pour financer leurs études.
Et les autres ?
Moins de 20% des étudiants sont d'origine ouvrière ou employés !
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RÉPONSE
de do :
Salut à toi porku Chan Pin,
Tu devrais tout de même comprendre que si les lycéens et les étudiants reprennent les cours, alors les salariés ne se mettront pas en grève pour soutenir un mouvement qui, dès lors, n'existerait plus.
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REMARQUE :
Pertinence
Analyse pertinente à souhait comme do nous y a habitué ; 68 c'est loin cependant et un peu comme Staline pour les cocos, ca reste un mauvais souvenir pour beaucoup de gens, les jeunes en premier.
Pour rebondir sur la consolidation, ça serait pas mal qu'une organisation ayant une presse ou une imprimerie produise de la propagande apolitisée et sans syndicats vendue au coût de la production ; pour étendre la lutte il faut avoir des outils de communication pour contrer ceux des médias.
Il faut parler du fait que le CPE préfigure la réforme complète du code du travail (dixit Parisot) ; que l'UE est devenue l'ennemie des collectivistes et de l'anti-américano-libéralisme ; que, pour 2007, la seule solution c'est l'abstention massive pour ne pas se refaire mener en bateau pendant 10 ans, que la gauche doit se refaire par le bas etc.
Signé : bobK le 9/04/2006 à 16h27
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RÉPONSE
de do :
Salut bobK,
Quand tu dis : « 68... ça reste un mauvais souvenir pour beaucoup de gens, les jeunes en premier. »
Cela reste à prouver pour les anciens ; mais, pour les jeunes, c'est possible, puisque ne l'ayant pas vécu, le seul "souvenir" qu'ils ont de mai 68 est celui que la propagande du pouvoir n'a eu de cesse de leur fabriquer et refabriquer chaque fois qu'elle en a eu l'occasion.
L'actuel mouvement est justement le moment de démentir par le vécu cette très ordinaire propagande anti-68, et de la démentir d'une façon expérimentale, c'est-à-dire non contredisible !
JOUIR SANS ENTRAVE ! VIVRE SANS TEMPS MORT !
Quant tu dis :
« ça serai pas mal qu'une organisation ayant une presse ou une imprimerie produise de la propagande apolitisée et sans syndicats vendue au cout de la production ; pour étendre la lutte il faut avoir des outils de communication pour contrer ceux des médias. »
Cela suscite plusieurs
remarques de ma part.
1°) Sur le vocabulaire, il faut savoir que dans les années 1970, l'on n'avait de cesse de répéter à juste titre :
« L'apolitisme a toujours eu le visage de la droite ! »
Et ; en effet, dans les campagnes électorales les candidats de droite n'avaient de cesse de se présenter comme "apolitiques" pour les élections locales par exemple. Et c'est encore le cas aujourd'hui.
Je suggère pour dire ce que tu veux dire d'utiliser le terme "antipolitique" qui fut, je crois, inventé pendant les grèves de 1986 quand elles devinrent assez puissantes pour refuser toute récupération syndicale et politique au point même de virer Isabelle Thomas, la représentante du PS qui était jusqu'alors la "chef" de la coordination.
Le mot "antipolitique" se justifie en ce sens que la politique, c'est la lutte pour le pouvoir, et que nous, le pouvoir, nous voulons le détruire .
2°) Il est vrai que la moitié la plus pauvre de la population n'a pas d'ordinateur et encore moins internet.
Aussi, comme tu le suggères, il serait bon de disposer d'une imprimerie pour publier des tracts et des journaux destinés à la population.
Cela permettrait d'expliquer et de justifier notre mouvement, cela donnerait l'occasion d'avoir des discussions intéressantes avec les personnes à qui l'on proposerait nos journaux, et aussi de récolter quelqu'argent pour financer le mouvement.
Bien sûr, nos journaux doivent être gratuits, mais on peut dire aux gens que la contestation a besoin d'argent et que s'ils veulent nous aider financièrement aussi, ce serait sympa.
Par contre, au lieu de demander à une quelconque organisation de nous fournir la logistique d'imprimerie, ce qui nous inféoderait à elle et finirait par nous être dommageable, je suggère de faire comme nous avions fait dans ma fac en 1976 :
Nous avions occupé l'imprimerie de la fac !
Un imprimeur venu "on ne sait d'où" était venu nous apprendre à nous servir des machines. Sur place, il y avait tout le papier et toute l'encre nécessaire pour tenir pendant des mois !
Nous avions une imprimerie bien à nous et nous étions parfaitement libres de nous en servir comme nous l'entendions.
Un truc, toutefois, qu'il faut probablement respecter encore aujourd'hui :
Normalement, quand on diffuse un tract ou un journal, il faut mettre soit le nom de l'imprimerie soit le nom de l'auteur pour le cas où il y ait des poursuites. Mais, il était toléré de remplacer cela par les mots "Imprimerie spéciale". Nous, nous mettions :
« Imprimerie spéciale occupée »
Encore un mot pour dire que notre journal s'appelait "L'extincteur" et pour dire surtout la raison.
C'est parce que l'extincteur était l'une de nos armes favorites.
Nous nous en servions au bout de quelques semaines pour virer sans pitié tout cours qui avait lieu dans la fac.
Quelques personnes faisaient sans arrêt le tour de la fac et s'il y avait un cours quelque part, un petit commando de 5 à 10 personnes décidées se précipitait vers la salle en question muni de deux extincteurs.
Il y avait un extincteur à eau présurisée ou à neige et surtout un extincteur à poudre.
L'on entrait dans la salle, on expliquait que c'était la grève et qu'ils devaient s'en aller, que le cours était dissoud.
S'il y avait des réticents, on menaçait de se servir des extincteurs. Puis, on s'en servait si c'était nécessaire.
D'abord, un petit coup d'extincteur inoffensif à eau présurisée ou à neige. Et c'était très rare que le cours ne soit pas alors terminé.
Et, si ça résistait vraiment, mais ce n'est arrivé qu'une fois, tous les gens du commando, nous sortions de la salle, celui d'entre nous qui avait l'extincteur à poudre se tenait sur le pas de la porte et envoyait un grand coup d'extincteur à poudre vers l'intérieur de la salle avant de refermer la porte et de s'en aller.
Bien sûr, pour pouvoir se permettre d'utiliser ce système, il faut que la fac soit vraiment très mobilisée ; et que ce genre de technique de piquet de grève volant soit non pas hué, mais applaudi !
Je dois dire qu'après quelque temps de ce traitement, les antigrévistes virulent cessèrent de venir.
Nous étions tranquilles, chez nous, et nous avions même fini par oublier de voter chaque jour la grève. On n'y pensait pas tellement c'était naturel !
Les seules choses qui nous intéressaient, c'était de savoir ce que chacun avait à dire, c'était de nous déconditionner les uns les autres, et de savoir quelles actions l'on allait bien pouvoir faire pour le mouvement.
Inutile de préciser que nos actions étaient dignes de notre technique de piquet volant !
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COMPLÉMENT :
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