2 septembre 2001

 

[Note de do : ce qui suit est un courrier qui m'était destiné au départ mais que l'auteur a bien voulu que je mette en AG]

          Bien sur que j'ai lu tes réflexions sur Gênes, c'est ce qui m'a
poussé à lire le reste. Au risque de te décevoir, je te dis tout de suite
que je n'étais pas à Gênes, que je ne me considère pas comme un
révolutionnaire, tout au plus comme qqn qui se pose des questions.
Quand j'ai lu les premiers comptes rendus (sur la liste de discussion
d'Attac, dernièrement on parlait de tout sauf de la taxe Tobin et ce
n'est pas plus mal), des violences dont avaient été victimes les
non-violents qui avaient eu le malheur de se faire attraper par les
flics, je me suis senti révolté à la fois par le comportement de la
police mais aussi par la naïveté de ceux qui ont cru qu'en se rendant on
ne leur ferait pas de mal. Ca a un arrière-goût de juin 40 (enfin, de
l'image que je m'en fait...)

          Je suis assez d'accord avec ta mise en garde sur la non-violence
(que je distinguerait du pacifisme), il est évident qu'une manif est faite pour
déranger et que y aller avec l'intention de faire demi-tour dès les
premiers accrochages ça n'est pas très sérieux, autant rester chez soi
et en profiter par exemple pour lire des textes subversifs. Mais à mon
avis il y a une différence entre être prêt à une confrontation avec la
police et démolir des vitrines. Est-ce vraiment l'action du Black Block
qui a été le détonnateur de l'émeute des Tute Bianche, ou simplement les
provocations policières? Bref, s'il faut sans doute éviter de diaboliser
le Black Block, je ne suis pas certain pour autant que leur action
apporte quoi que ce soit.

          La raison pour laquelle je tiens à distinguer "non-violence" et
"pacifisme", c'est qu'on parle également de pacifisme en faisant
référence à la philosophie développée dans l'Aïkido, art martial que je
pratique depuis l'année dernière. Pour Morihei Ueshiba, qui a été avant
tout un soldat, l'art martial de la paix qu'il a dévelppé consite
essentiellement à combattre en laissant à l'autre la possibilité de ne
pas être détruit. Mais pour celà il faut être capable de ne pas être
détruit soi-même.

          Sinon, j'ai lu avec attention l'article sur le rôle de la Russie de la
seconde guerre mondiale
. Ca fait un an à peu près que j'entretiens des
relation avec une amie Russe (je suis allé chez elle à Moscou en juin
2000), et elle m'a ouvert à beaucoup de chose. Notamment elle m'a fait
comprendre que la Russie et les pays ex-communistes étaient ceux qui
avaient supporté le plus de destructions pendant la Seconde Guerre
mondiale, ce qui conduit à avoir une vision plus éclairée sur l'"échec"
du communisme. Attention, je ne dit pas que tout y a été positif. Mais
récemment encore, en lisant le bouquin génial de Christin et Bilal sur
Tchernobly (il faut d'ailleurs que j'en parle sur mon site), je me suis
dit: quand même, ils ont été capable de trouver des gens prêts à se
sacrifier pour aller sur place et limiter les dégats.


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