18 octobre 2001

 

Question du " simple militant "        et tentative de réponse de do

Comment conscientiser les gens autour de moi, pour les amener à créer une cellule révolutionnaire. Légal mais révolutionnaire tout de même. Exemple: implantation de syndicat dans une usine ou passage de tract ou participation active à des manifs (si tu vois ce que je veux dire)

je fait face à un problème que ta génération n'a surmenet pas vécu étant jeune. Mon problème est que je suis entourer, pardonne moi de le dire ainsi, d'ignorants. Ils savent que le systeme n'est pas parfait, mais tant que sa ne l'est touche pas directement il s'en foute.

Alors moi j'essaye de toute mais forces de les sortirs de leurs marasme, mais j'ai l'air d'un fou furieux. Tu vois je me sens tellement impuissant face à leur manque total de conscience de classe que je parle vite, m'emporte et en dit, en fin de compte, beaucoup trop que leurs cerveaux est capable d'en prendre d'un premier coup.

Comment les ameners à comprendre ce que moi et toi comprenont parfaitement?

Je sait que la lecture de livre aide énorménment. Mais ils sont très compliquer pour la plupart, pour un non-initiée en la matières ce n'est pas évident. Et ce n'est pas de grands lecteurs. Tu vois l'ampleur du problème??!! Comment amener la petite bourgeoisie, dont je fait d'ailleurs parti, la petite bourgeoisie ignorante en l'occurence, vers une action militante permanente?

Ils sont élever par le systeme, ils sont en plein de dedans. Ils sont aveugle de l'injustice. Je ne sait pas quoi faire. Je suis isoler. Aide-moi.

P.S:cette lettre est très, très importante pour moi. Alors si tu es fatiguer n'y répond pas tout de suite. Prend ton temps pour y répondre. Et s'il te plaît analyse bien l'ampleur du problème. C'est très sérieux le capitalisme est entrer de plein fouet dans le cerveau de mes contemporains.

P.SS:Je t'ai peut-être laisser sur une impression que mes amis était des imbéciles. Ce n'est pas le cas, ils sont très intelligent mais ignorant. Comme beaucoup d'ailleurs. Mais comme je te dit ils ne voit pas ce que moi et toi voyont!

MOI JE SUIS PRÊT À MOURIR POUR LA CAUSE, COMMENT LES AMENER, EUX AUSSI, À UNE TEL CONVICTION??????

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          Tentative de réponse de do :

          Comment conscientiser les gens autour de toi ? Ce n'est pas une question très facile, car la réponse change pour chacune des personnes dont tu parles.

          Tu dis que ma génération n'a pas eu à résoudre ce problème, quand nous étions jeunes. Si c'est vrai, alors, je n'ai pas plus d'expérience que toi à ce sujet, et je ne vois pas très bien comment je puis t'aider. Dans ce cas, il est plutôt probable que ce soit toi, dans quelques temps, qui m'apprenne à conscientiser les gens autour de moi.

          Tu dis : « Je sait que la lecture de livre aide énorménment. Mais ils sont très compliquer pour la plupart, pour un non-initiée en la matières ce n'est pas évident. Et ce n'est pas de grands lecteurs. », mais, toi-même, ces livres que je te conseillais précédemment, les as-tu lu ? Parce qu'il faut tout de même que tu saches quoi leur raconter, à ces gens, sinon, comment veux-tu les convaincre de quoi que ce soit, ou bien alors, à défaut, il faudrait que tu aies beaucoup vécu, que tu aies quelqu'expérience à leur faire part, mais tu m'as dit être très jeune...

          Tu peux tout simplement chercher d'autres ami(e)s, sans abandonner ceux que tu as déjà. Ces nouveaux amis, qui, eux, auraient des idées un peu similaires aux tiennes, tu pourrais les rencontrer, par exemple, dans des manifestations contestataires. Il faut aller dans les manifs et participer à des actions contestataires ou révolutionnaires, au moins parce que c'est là que tu rencontreras les gens les plus intéressants. Une fois dans les manifs, ou après les actions, tu peux discuter avec tout un tas de gens, pour savoir qui te plaît le plus, et savoir qui fréquenter. Quand tu auras commencé à trouver ce genre de personnes, tu verras, il y en auras de plus vieilles que toi qui pourront t'apprendre beaucoup de choses, sur le plan théorique comme sur le plan pratique. Tu sais, c'est sympa, de vouloir apprendre beaucoup de choses aux gens, mais il faut commencer par apprendre soi-même beaucoup de choses. Et de vive voix, c'est plus facile que par courrier électronique. Internet ne peut en aucun cas remplacer la vraie vie, même si personne ne peut nier que c'est un moyen de communication comme un autre. La question que tu me poses cette fois, l'as-tu posée de vive voix à quelques autres personnes ? Tu devrais peut-être le faire. Ainsi, tu aurais plusieurs réponses. Tu pourrais les comparer, tirer de chacune ce qui te plaît le plus, faire ton mélange, comparer avec ta propre expérience et faire ta propre théorie sur la meilleure façon d'amener les gens à certaines prises de conscience.

          Mais je ne veux pas, par le paragraphe ci-dessus, éluder ta question. Aussi, je vais essayer d'y répondre quand même. Même si je pense qu'il faut apprendre avant de vouloir enseigner.

          Mao a dit : « C'est en faisant la révolution qu'on apprend à faire la révolution ».

          De la même façon, je te dis : « C'est en enseigant la révolution qu'on apprend à enseigner la révolution » ; mais, pour enseigner la révolution, il faut commencer par apprendre de quoi il s'agit ! Pour ça, il faut lire, aller aux manifs et participer à des actions révolutionnaires. C'est indispensable ! !

          Tu dis que les livres à lire aident beaucoup et c'est vrai, tu dis aussi que c'est bien dommage que tes amis ne soient pas de grands lecteurs. Tu pourrais commencer par lire le livre de Mesrine. Pas un livre écrit sur Mesrine, ce qui ne présente vraiment aucun intérêt, puisqu'ils ont tous, ou presque, été écrit pour détruire Mesrine. Le livre de Mesrine, " L'instinct de mort ", après l'avoir acheté, je l'ai tout d'abord posé dans ma chambre à coucher parce que j'avais d'autres choses à faire. Après m'être couché, je me suis dit : « Tiens ! si je lisais une page du bouquin de Mesrine, pour voir ce que ça raconte ». De toute façon, il n'est pas question, pour moi, de m'endormir avant d'avoir lu quelques pages. Ce serait bien pire que la fameuse ancienne punition qui consistait à envoyer les enfants au lit sans manger quand ils avaient fait une bêtise un peu trop grosse ! Je lis donc une page de Mesrine, puis, comme c'était bien, j'en lis une deuxième, me disant que je poserai le livre ensuite ; parce que le lendemain, j'avais prévu de faire plein de choses et qu'il n'était pas question, pour moi, de m'endormir trop tard. À la fin de ma deuxième page, je regarde l'heure, et me dis que je peux tout de même bien m'offrir une troisième page. Puis que je peux bien finir le premier chapître. Promis juré, après, je dors ! Seulement voilà, une fois terminé le premier chapître, j'étais tellement pris dans ce livre tellement exceptionnel, que seul un Mesrine, avec la vie qu'il a vécu, peut en écrire un, que j'entame la première page du deuxième chapître. " Juste pour voir, après j'arrête ". Tiens ! tintin ! impossible d'arrêter un livre pareil avant de l'avoir terminé. Je n'ai pas dormi de la nuit. Je n'ai pas pu poser ce livre avant de l'avoir fini ! J'ai connu un ami de la banlieue qui n'avait jamais lu de livre. Je lui ai prêté Mesrine. Comme c'était le premier livre qu'il lisait, il savait à peine lire. Mais ça l'a tellement intéressé qu'il l'a fini. Comme il avait d'énormes difficultés pour lire, il a mis trois mois pour le terminer. Alors qu'il te faudrait un ou deux jours. Mais il l'a terminé. Et il était drôlement content ! Peut-être devrais-tu lire ce livre et le faire lire. T'es-tu procuré les livres que je t'avais conseillé ? lesquels as-tu lu ? As-tu au moins vu les photos du livre de Vienet sur 68 ? Les as-tu montrées ? comment ont réagi tes amis ?

         Tu te critiques toi-même, ce qui est très bien. L'autocritique a été une des valeurs essentielles de mai 68.  Tu dis : « je parle vite, m'emporte et en dit, en fin de compte, beaucoup trop que leurs cerveaux est capable d'en prendre d'un premier coup. » Bon, puisque tu le sais, si tu commençais par parler moins, si tu écoutais un peu tes amis, tu saurais quelles questions ils se posent et ainsi tu pourrais leur donner ta réponse, savoir ce qu'ils en pensent et ainsi de suite. Si tu parlais moins vite, ils auraient le temps d'écouter ce que tu dis, au lieu d'attendre patiemment que ça passe. Tu ne transmettras jamais tes idées à des gens que tu refuses d'écouter. Tu dois à tout prix les écouter si tu veux qu'ils t'écoutent. Tu dois faire attention à ce qu'ils disent si tu veux qu'ils fassent attention à ce que tu dis. Et si tu ne prends pas le temps de les écouter, sous prétextes qu'ils savent pas la révolution, comment sauras-tu où ça coince, comment sauras-tu ce qui fait qu'ils n'ont pas compris, comment sauras-tu ce que tu dois leur dire pour être convaincant ? Quand on veut enseigner, il est plus important d'écouter patiemment que de parler. Et j'ai pas dis de faire semblant d'écouter, mais d'écouter vraiment !

          Un autre truc important : quand on parle avec les gens, on apprend comment ils répondent à certaines remarques, on apprend les diverses objections qu'ils peuvent faire à des idées comme les nôtres. Et on leur répond. Quand on s'aperçoit qu'une réponse ne sert à rien pour contrer une objection précise, alors, la fois suivante, avec la même personne ou avec quelqu'un d'autre, on essaie une autre réponse, ou on la formule différemment. Jusqu'au moment où l'on finit par trouver la bonne réponse. Et quand on trouve la bonne réponse, on l'engrange dans sa mémoire pour ne plus jamais l'oublier. Et ça vaut même parfois le coup d'en écrire un tract ou un texte ! Mais attention, il peut arriver que ce soit l'autre personne qui ait partiellement raison. Et même, des fois, totalement raison ! Et dans ce cas, au lieu de chercher une réponse à ses objections, on prend ce qu'elle donne et on dit merci !

          Il est important de partir de la vraie vie, si tu veux être convainquant. C'est une des raisons pour lesquelles je te disais, au tout début : « Comment conscientiser les gens autour de toi ? Ce n'est pas une question très facile, car la réponse change pour chacune des personnes dont tu parles. » Par exemple, il sera certes plus facile d'expliquer la notion d'" exploitation de l'homme par l'homme " à quelqu'un qui vient de faire une remarque comme quoi il est pas bien payé vu le sale boulot qu'il fait, qu'à une personne en train d'expliquer qu'elle est passionnée par son travail, et que d'abord, son travail, c'est son père qui le lui a appris, que ce travail se transmet de génération en génération. À cette personne-ci, il sera plus adéquat de montrer que si elle fait ce boulot, c'est pas par passion, mais parce qu'elle a subit l'endoctrinement de sa famille, endoctrinement qui se transmet de père en fils ou de mère en fille. Il faut pas aller vers les gens en sachant à l'avance ce que tu vas leur dire ! Il faut beaucoup les écouter. Et des fois, un jour, ils te disent quelque chois qui contredit une objection qu'ils t'avaient faite il y a quelques mois. Alors, tu peux le leur faire remarquer. Mais si tu ne les écoutes même pas...

          De toute façon, pour monter ta cellule révolutionnaire, je ne te conseille pas vraiment de la monter exclusivement avec des gens comme ceux dont tu me parles. Va dans les manifs, participe à des actions, tu rencontreras des gens fantastiques. Puis, tu pourras organiser des fêtes (la révolution sera une fête ou ne sera pas) où viendront simultanément tes premiers amis, ceux dont tu dis qu'ils n'ont aucune conscience de classe, et tes nouveaux amis, dont beaucoup en sauront plus que toi (et certains plus que moi, peut-être !) sur la révolution. Lors de ces fêtes, ne cherche pas trop à guider la conversation sur la révolution. laisse les gens faire connaissance et discuter entre eux naturellement. Les choses se feront toutes seules. Sans se prendre la tête, mais en buvant des canons !


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