décembre 2002
Plus qu’un article rédigé, ce qui suit est plutôt un canevas d’un argumentaire pour résister à la nouvelle attaque contre les travailleurs et leurs retraites. C’est donc une introduction à un futur débat.
L’avenir des retraites se comprend mieux si l’on s’appuie sur le passé, non seulement celui des retraites mais aussi celui de l’environnement économique depuis 1945.
Cycle de Kondratief  
  :  
  Amélioration des retraites de  1940 à 1973 ( 30 " Glorieuses 
  " ) 
  Dégradation des retraites de 1980 à 200 ( 30 " Piteuses ") 
  
    
1945 – 2003 
  : deux périodes, nettes, se distinguent à partir du taux de croissance : 
  
  Les 30 "Glorieuses " avec 5 % de croissance moyenne par an, se terminent 
  en 1973 (1er choc pétrolier). Ce capitalisme peut être baptisé de 
  bismarckien ou rhénan, ou encore keynésien. Il correspond à des conquêtes sociales 
  importantes. 
  Les 30 " Piteuses ". De 1973 à nos jours, la croissance annuelle n’est 
  plus que de 2 à 3 %. Ce capitalisme déjà connu au 19ème siècle, théorisé 
  à nouveau par Friedman, Hayek (prix Nobel 1974 et 1976) etc., mis en place par 
  Reagan (USA) et Thatcher (Angleterre) à partir des années 80, correspond à des 
  reculs sociaux désastreux. Ainsi, le chômage, très faible durant les 
  Glorieuses, explose à partir de 1973. 
Avec 10 ans de retard, la 
  date charnière pour les retraites est 1983. 
  Avant 1983 = larges améliorations 
  Après 1983 = graves détériorations 
  
1945-46 – Dans 
  une France ruinée par 6 années de guerre, création du Régime Général (50 % du 
  salaire) et des régimes spéciaux : fonctionnaires, EDF, SNCF,etc. Dans les années 
  qui suivent, création des régimes complémentaires (Agirc, Arco) 
  1973-80 – Doublement par rapport au salaire moyen du minimum vieillesse 
  
  1983 – l’âge légal de la retraite passe de 65 à 60 ans 
  
    
2 – De 1983 à 2003 : les attaques contre les retraites
Bérégovoy indexe " provisoirement ! " les retraites sur les prix au lieu des salaires
1993 – Balladur 
  " tape " sur le privé : l’indexation sur les prix est pérennisée. Les 
  retraites sont basées sur les 25 meilleures années au lieu de 10, la durée de 
  cotisation passe de 37.5 à 40 ans, de très fortes pénalités sont appliquées 
  à ceux qui ne font pas 40 ans. 
  1995-96 – Echec de Juppé pour étendre les mesures Balladur aux 
  fonctionnaires (grèves !), mais aggravations dans le privé pour les régimes 
  complémentaires : le " point " coûte plus cher et rapporte moins. 
  1997-2002 – Jospin tergiverse. Mais, sur les deux décennies 80-90, 
  les mesures progressives Bérégovoy, Balladur et Juppé se font de plus en plus 
  douloureuses. 
    
3 – L’avenir des retraites : 2000-2040
Ce que disent les " patrons " : 
  
  L’argument démographique du vieillissement est certes une réalité. 
  Le ratio retraités/actifs va passer de 0,55 à 0,85 (cf OFCE : l’économie 
  française 2000 – p. 97). Leur conclusion : il faut entre autres, augmenter 
  les annuités 
    
  Ce que " les patrons " cachent : 
  Le ratio précédent augmente beaucoup moins si l’on tient compte de jeunes 
  (aussi nombreux que les retraités) des chômeurs … et des rentiers (voir 
  plus bas). Il y a contradiction entre, d’une part, travailler plus longtemps 
  et d’autre part, le chômage, les 35 H et les pré-retraites. Enfin, la 
  natalité française (2 enfants par femme) est très supérieure à celle des autres 
  grands pays d’Europe (0,5 enfant par femme). 
Ce que nous affirmons : 
  
  Pour les 40 ans à venir, il faut faire passer la part des retraites dans le 
  PIB de 12,7 % actuellement à environ 18 % en 2040 (entre 16 et 20 % 
  selon les auteurs et les extrapolations). Il y a donc 5 %, en gros, de 
  PIB à trouver en 40 ans. Donc, globalement, chaque année, transférer entre 
  0.1 et 0.2 % du PIB en faveur des retraités. Le même PIB qui va être multiplié 
  par 2,2 avec une croissance de 2 % et par 4,8 avec une croissance de 4 %. 
Or, sur les 20 dernières années, la part du travail dans le PIB a chuté d’environ 10 % en faveur du capital passant de 70 à 60 % (voir par ex. " l’adieu au socialisme " de Desportes et Mauduit – p. 314 et aussi Nikonoff dans " la comédie des fonds de pension " p. 254 …
La comparaison s’impose : 10 % du PIB ont été accaparés, dans la discrétion, en faveur des rentiers de 1980 à 2000. Il faudrait pour maintenir le système actuel des retraites trouver 5 % du PIB en 40 ans. Ce n’est pas nouveau, l’appétit des capitalistes pour l’argent est insatiable. Le 19ème siècle nous l’avait déjà appris.
Jean-Louis 
  Guinard
Lien originel : http://amd.belfort.free.fr/24retraites.htm
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NOTE de do : Les patrons veulent encore plus de chômage !
À Propos de la "contradiction entre, d’une part, travailler plus longtemps et d’autre part, le chômage", je dirais que les patrons (je ne mets pas de guillemets à ce mot !) aiment avoir un volant de chômage conséquent : plus le chômage est important, et plus ils peuvent faire du chantage : « Si vous faites grève, je vous vire. D'autres attendent la place. Et avec le chômage qu'il y a, vous êtes pas prêts de retrouver du boulot ! » Les patrons veulent encore plus de chômage !
Sur les retraites, vous pouvez lire aussi mon journal N°53 du 7 février 2001
Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                      ou : 
  http://www.cs3i.fr/abonnes/do 
  
             ou : 
  http://vlr.da.ru
                ou : 
  http://hlv.cjb.net