23 juillet 2000 Cette réponse à AG 77 (et à AG 74) a une valeur en soi :
OSER
PENSER, OSER PARLER, Entendons-nous
bien, je ne dis pas que la méthode pour faire la révolution
consiste à polluer la nature. Sinon, si c'était ça,
la meilleure technique de la révolution, alors, les capitalistes
seraient les champions de la révolution. Ce que je dis, c'est que
moi, qui n'était pas sur place et qui ne connaît donc pas
les conditions dans lesquelles les ouvriers de Cellatex ont dû agir,
je n'ai pas à condamner leur moyen d'action ! Je
n'ai jamais dit, non plus, que la majorité avait toujours raison.
D'ailleurs, quand elle est comme c'est trop souvent le cas par les mauvais
temps qui courent, complètement hypnotisée par la télé,
quand, par conséquent, elle pense (si on peut appeler ça
penser) comme le souhaite le pouvoir, alors la majorité a toujours
tord. D'ailleurs, avec la propagande qu'a mené le pouvoir contre
les ouvriers de Cellatex, la majorité des gens vivant en fRANCE
pense que " les ouvriers de Cellatex sont des cons, voire des
salauds, d'avoir ainsi salopé la nature ". Quand
tu dis que " ce n'est pas forcement mieux de mourir de la pollution
que de l'exploitation ", tu accordes trop d'importance
à la mort. La mort fait partie de la vie. Par contre, vivre en
étant exploité comme une bête, ce n'est pas vivre.
C'est bien pourquoi les anciens situationnistes faisaient une différence
essentielle entre vie et survie : " La survie, c'est la
vie réduite aux impératifs économiques ".
C'est bien pourquoi le che disait : " Prefiero morir de
pie que vivir siempre arrodillado " (" Je préfère
mourir debout que vivre toujours à genou ! "). Certes,
guevara en est mort, mais il a eu une belle mort : il a connu la
vraie vie ! C'est ainsi qu'on peut enfin comprendre que l'épitaphe
" Il est resté vivant jusqu'à sa mort "
est loin d'être une lapalissade, puisqu'on n'a que très rarement
l'occasion de la prononcer.
Passons au vrai cur du problème. C'est-à-dire que je vais maintenant essayer de répondre à peu près correctement à cette juste remarque de JMS : " l'état n'hésite pas à utiliser sa milice et je pense que si ce genre d'affaire devait se multiplier, cela pourrait conduire à une escalade de la violence, or il se trouve qu'en cas de conflit, celui qui a les meilleures armes et la meilleur organisation à toute les chances de son côté "
Ce sont des ouvriers qui fabriquent les armes et qui les entretiennent, alors, pourquoi les ouvriers ne décideraient-ils pas de cesser d'entretenir les armes des militaires, pourquoi ne se mettraient-ils pas à les leur saboter ou, même, à les leur " voler ". Pourquoi les ouvriers, au lieu de continuer à livrer à l'armée les armes qu'ils produisent, ne les donneraient-ils pas désormais à la révolution ? Pourquoi les ouvriers, qui connaissent exactement les caractéristiques des armes qu'ont déjà les militaires, ne nous fabriqueraient-ils pas des armes bien meilleures, et contenant des parades contres les armes qu'ils ont, avant, eux-mêmes livrées à l'armée ? Mais tout ça est du pipi de chat à côté de l'arme secrète de la révolution : Comme le disait Karl Marx, " l'état, c'est les bandes armées du pouvoir ". Et, comme le dit la rumeur, c'est-à-dire la vox populi : " le pouvoir divise pour mieux régner ". A propos de séparation, il y a les différences qui sont en nous, et celles qui sont entre nous. Comme exemple de différence qui est en nous, on peut prendre la différence sexuelle. Une telle différence n'est pas artificiellement placée là par le pouvoir. Elle ne nous divise pas, bien au contraire elle nous unit. C'est grâce aux différences qui sont en nous que nous pouvons nous compléter les uns les autres. Les différences qui sont entre nous sont celles que le pouvoir place là artificiellement afin qu'au lieu de nous aimer, nous nous combattions. Ce sont celles à propos desquelles, comme pour dissiper les malentendus, nous devrions appliquer ce slogan hippie aussi vieux qu'incompris : " Don't make war, make love " (" Ne faites pas la guerre, faites l'amour !"). Comme exemple d'une telle différence, je pourrais prendre celle entre les supporters footeux de l'Angleterre et ceux de l'Allemagne, mais je préfère, par jeu, prendre les fumeurs et les anti-fumeurs : depuis que, grâce à une propagande bien menée et qui avait aussi d'autres buts, comme par exemple justifier l'augmentation des taxes, les non-fumeurs sont devenus des anti-fumeurs, c'est la guerre, non pas entre la bourgeoisie et le prolétariat, comme un révolutionnaire l'espérerait, mais entre fumeurs et anti-fumeurs ! Une telle guerre est bien entendu une diversion. Même si elle n'est pas si importante que ça, elle contribue, avec l'aide d'autres guéguerres artificiellement créées par le pouvoir, comme celle entre chasseurs et anti-chasseurs, pro-corridas et anti-corridas, etc. à nous faire oublier que la seule guerre qui ait un sens c'est la lutte des classes. Pourquoi
un jeune s'engage-t-il dans la police ? Croyez-vous vraiment que
ce soit dans le but de matraquer les grévistes ou les manifestants ?
Bien sûr que non ! S'il s'engage dans la police, c'est par
vocation, parce qu'on lui a fait croire que la police est la chevalerie
des temps modernes. Vous avez bien dû en voir, à la télé,
de ces nombreux films et feuilletons destinés à nous faire
croire à une telle balourdise, non ? Hé bien, le jeune
qui entre dans la police est tombé à fond dans ce piège,
et, de plus, malgré le danger, il veut quand même " sauver
la vuve et l'orphelin. " La plupart du temps, ce jeune est
courageux, gentil, et veut protéger la population contre les voleurs,
les violeurs et les assassins. Pour que la bourgeoisie puisse se servir de la police et de l'armée afin de se défendre contre les assauts du prolétariat, elle doit créer et entretenir une haine féroce entre ses diverses bandes armées et les révolutionnaires. Sinon, ces derniers pourraient bien avoir l'idée fort dangereuse d'expliquer aux policiers et aux militaires que les voleurs, ce ne sont pas les ouvriers grévistes, mais bien les patrons, et que par conséquent, ils se sont, jusqu'à présent, trompés de camp en prenant la défense de la bourgeoisie. Ils pourraient, sans cette haine tenace qui empêche toute communication, expliquer aux militaires et aux policiers que les vuves et les orphelins, ce ne sont pas les exploiteurs, mais bien les exploités. Et, au moment crucial, quand les policiers et les militaires sentiraient le vent se lever, quand ils verraient dans quel camp est la vérité, quand ils sauraient où sont les vuves et les orphelins, quand ils comprendraient qu'en dernière analyse ils sont des salariés comme les autres, qu'ils ont les mêmes patrons, qu'ils sont exploités par la même bourgeoisie, quand ils comprendraient que si la plupart des policiers et des militaires passaient dans le camp du prolétariat alors la bourgeoisie trompeuse, menteuse, voleuse, violeuse et assassine serait perdue, et que, par conséquent, ils n'auraient eux-mêmes plus rien à craindre en cessant de lui obéir, alors, pour une fois, la division la plus importante qu'a artificiellement créé le pouvoir pour se maintenir, celle entre le prolétariat et les bandes armées du pouvoir, cette division qui est la seule vraie arme de la bourgeoisie pourrait bien s'effondrer. Oui, vous l'avez compris, l'arme secrète du prolétariat, c'est la bombe humaine, c'est la communication. D'où, d'ailleurs, l'importance de la thc. De même que la seule vraie arme de la bourgeoisie est la division, la seule vraie arme du prolétariat est la communication. Tout le reste n'est qu'illusion et abusion créées par la bourgeoisie pour nous tromper, pour qu'on n'ait pas l'idée d'utiliser notre arme ! Car contre la communication, la division ne peut rien ! D'ailleurs, dans la lutte de classes, c'est le prolétariat le plus fort, et la bourgeoisie le sait bien, elle qui prône sans arrêt la collaboration de classes, elle qui se sert de tout un tas de subterfuges sanglants, comme la guerre en 14-18 par exemple, ou le spectacle de terrorisme aujourd'hui, pour provoquer ce que les journaux d'aout 1914 appelaient " l'union sacrée ", mais que les révolutionnaires ont toujours appelé collaboration de classes. Si le prolétariat est plus fort que la bourgeoisie, ce n'est pas seulement parce que la communication est supérieure à la division, c'est aussi parce que si les ouvriers peuvent se passer des patrons, les patrons, eux, ne peuvent pas se passer des ouvriers! Mais, comme celui qui parle de révolution sans se référer à l'histoire a dans la bouche un cadavre, je vais maintenant donner des exemples pour appuyer les quelques thèses que je viens de développer et qui, sans de tels exemples, ne seraient que pure politique-fiction. A propos d'armes sabotées, pour appuyer son fameux discours du 30 mai 1968 disant " C'est soit les élections législatives dans un mois, soit la guerre civile tout de suite ", Le Dictateur Militaire De Gaulle fit circuler des automitrailleuses dans Paris. Ce qui est dommage, c'est que les parisiens n'apprirent que bien trop tard que les dites automitrailleuses avaient été sabotées par les ouvriers d'entretien : ils avaient enlevé les percuteurs ! A propos d'armes fabriquées par les ouvriers et livrées à la révolution plutôt qu'à l'armée, on peut citer le bel exemple du 36 espagnol, où les ouvriers des armureries, connaissant avec exactitude la puissance de tir des soldats de Franco, avaient pu calculer les blindages en fonction de ces renseignements. A
propos d'alliance entre l'armée et la révolution, on peut
citer la révolution qui servit d'exemple à toutes les autres
et qu'on appelle la Révolution Française, et où,
par deux fois, tout d'abord en 1789 pour le passage de la monarchie absolue
à la monarchie constitutionnelle, et ensuite le 10 aout 1792, pour
la prise du palais des tuileries et donc le passage de la monarchie contitutionnelle
à la République, une très forte proportion de l'armée
décida d'aider les révolutionnaires, une autre partie de
rester neutre, et la plus petite partie, celle des imbéciles continuant
à vouloir défendre le Roi décida que, n'étant
plus assez nombreuse, il vallait mieux qu'elle rentre chez elle plutôt
que de mourir pour rien. Il ne resta plus que mille garde Suisses pour
défendre effectivement, c'est-à-dire les armes à
la main, le Palais des Tuileries. En face d'eux, il y avait 70 000
parisiens et quelques marseillais venus là pour réveiller
les révolutionnaires parisiens, venus là pour faire la révolution,
et qui nous laissèrent aussi en souvenir un chant que Louise Michel
chantait encore pendant la commune de paris presqu'un siècle plus
tard. Je veux parler de cette Marseillaise que le pouvoir mit très
longtemps à récupérer, c'est-à-dire à
rendre inoffensive, et même réactionnaire, du moins quand
on ne fait pas attention à ses paroles. (Tiens, il faudrait d'ailleurs
que je les relise ! Et même celles de l'Internationale, d'ailleurs !) Bon, vous voyez, les problèmes militaires qui pourraient se poser à la révolution ne me font pas vraiment peur : on a une langue pour parler ! C'est ça, notre arme favorite. Et on n'a pas besoin d'inventer des trucs inimaginables pour convaincre les soldats de passer dans notre camp, il suffit de leur faire part de ce que nous subissons tous les jours, puisque comme cela a été si souvent dit : " Seule la vérité est révolutionnaire ! " Mais, me direz-vous, quand les soldats refusent de parler avec nous, ou quand ils ne parlent pas la même langue, quand ils restent nos ennemis. Hé bien, justement, nous avons un exemple récent : Israël a dû quitter le Sud-Liban parce que " El pueblo, unido, jamas sera vencido ! " ("Le peuple uni ne sera jamais vaincu ") mais il me faudrait, pour être un peu sérieux malgré l'heure qui passe et que malheureusement, il faut bien que j'aille me coucher, et que je ne peux plus faire autrement que de faire trop vite, parler des exploits des cubains, et de che guevara en particulier, mais vous n'avez qu'à lire le bouquin de Jean Cormier sur ce sujet. Il est vraiment excellent ! De toute façon, le plus bel exemple d'une défaite militaire internationale du pouvoir reste le Vietnam. Et si cette révolution est aujourd'hui un peu pas bien, ce n'est pas à cause d'un problème militaire. Car, militairement et malgré leurs faibles moyens, ils ont vaincus successivement la fRANCE puis les USA, en provoquant, d'ailleurs, un tel mouvement de soutien à leur cause dans le monde entier qu'il faillit bien renverser le capitalisme tout entier !
Bon, il est 8 h 33 du matin, et je devrais maintenant, après vous avoir montré que d'un point de vue militaire, nous n'avions rien à craindre, vous montrer aussi que d'un point de vue organisationel, la meilleure organisation, c'est la commune pour parler parisien, le soviet pour parler russe, ou la coordination pour parler moderne. Et en effet, quand les combattants savent et pourquoi ils se battent, et pourquoi ils se battent de telle façon plutôt que de telle autre, quand ils le savent parce que ce sont justement eux qui ont pris toutes les décisions essentielles en assemblée générale, alors ils sont certainement bien plus motivés pour partir au combat que quand ils sont seulement des pions qui ne vont au combat que parce qu'ils sont payés, ou pire parce qu'ils n'ont pas le choix ! Mais que ceux que je n'ai pas convaincus en si peu de lignes aillent voir les explications cinématographiques de Stanley Kubrik dans son Spartakus.
Pour conclure, je dirais que si nous commençons par nous déshypnotiser les uns les autres, etc. (do n'a pas le temps de faire la liste : ll faut que do fasse dodo !) alors, nous vaincrons ! Je vous jure que le principal problème n'est pas militaire, mais théorique. Vive la thc !
HASTA LA VICTORIA, SIEMPRE !
[Note de do du 13 aout 2005 sur Kadhafi : Bien entendu, depuis ce texte qui date de juillet 2000, les choses ont changées ; l'impérialisme a décidé de faire à nouveau porter les tords sur la Lybie. Ainsi, tout comme une personne torturée admet assez facilement des crimes qu'elle n'a pas commis, sous la pression d'un terrible embargo, la Lybie a fini par "accepter" d'indemniser les familles de ses prétendues victimes. Vous pouvez aller lire aussi cet article du Monde Diplomatique sur « Les preuves trafiquées du terrorisme libyen » :http://www.monde-diplomatique.fr/2001/03/PEAN/14934] |
Vive la révolution : http://www.mai68.org
ou :
http://www.monhebergement.fr/do
ou :
http://vlr.da.ru
ou :
http://hlv.cjb.net