9 décembre 2005
SYRIE - RAFIC HARIRI
La commission Mehlis discréditée
http://mai68.org/ag/892.htm
http://kalachnikov.org/ag/892.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/892.htm
Lien originel : http://www.voltairenet.org/article132295.html
La mission dassistance judiciaire auprès de la Justice libanaise, confiée par le Conseil de sécurité de lONU à Detlev Mehlis, sest transformée en commission denquête internationale, puis en parquet international. Elle est devenue un instrument des néoconservateurs et a mis la Syrie en accusation, lui imputant lassassinat de lancien Premier ministre Rafic Hariri. Cependant, ainsi que le relate Talaat Ramih, les manipulations de M. Mehlis ont éclaté au grand jour et il a été contraint de démissionner dans la honte et la confusion. La preuve est faite que le dossier contre la Syrie est vide, mais Washington ne sen soucie pas plus que des rapports dHans Blix montrant quil ny avait pas darmes de destruction massive en Irak.
Certains Libanais ont gonflé limage de Detlev Mehlis, parlé des heures et des heures de sa transparence et de la crédibilité de la commission denquête quil présidait. Une commission quils nont pas cessé de défendre contre les critiques aiguës dont elle a fait lobjet. Ils ont lié leur sort à celui du rapport Mehlis et de ses conclusions hâtives auxquelles ils ont attribué plus dimportance quelles nen méritaient, tout en multipliant leurs attaques contre la Syrie et certaines forces politiques libanaises. Ces Libanais en question se trouvent désormais dans un embarras sans issue. Surtout après les récents développements relatifs aux enquêtes effectuées par ladite commission. Des développements qui ont dailleurs poussé M. Mehlis lui-même à démissionner de la commission, dont la crédibilité a été mise en question, et qui apparaît maintenant comme nayant dautre objectif que de mettre en scène des scénarios permettant dintervenir en Syrie.
Mehlis a quitté Beyrouth pour Paris, après avoir organisé deux longues réunions avec Fouad Siniora, le Premier ministre libanais, et Charles Rizk, le ministre de la Justice. Cétaient deux occasions de faire ses adieux à ceux qui lont aidé à accomplir son jeu. Dans le même cadre, et suite aux deux réunions, des articles de la presse allemande ont confirmé que M. Mehlis ne comptait pas continuer sa mission et quil ne se rendrait pas à Vienne où les interrogations des témoins syriens devaient avoir lieu. Selon le journal allemand Jung Welt, des officiels allemands ont obligé Mehlis à se retirer de la commission denquête pour éviter quil ne cause un préjudice aux intérêts allemands au Proche-Orient. Le journal a précisé que lenquêteur en question a effectivement présenté sa démission au secrétaire général de lONU. Juste après la diffusion de ces nouvelles, lambassadeur des États-Unis à lONU, John Bolton, les a implicitement confirmées en demandant à M. Mehlis de rester ou, à défaut, quon lui trouve un remplaçant.
Ainsi, le départ de Mehlis est confirmé. Les parties libanaises qui commençaient à sorganiser en fonction des investigations et de leurs résultats supposés, et qui ont défié les autres forces politiques et la Syrie, se sont retrouvées dans un embarras effrayant. Une situation qui les a mené à essayer, par tous les moyens, dorganiser une attaque avancée contre la Syrie et certaines parties libanaises locales.
Si M. Mehlis avait annoncé sa décision de démissionner avant le scandale, les choses auraient pu se dérouler sans problème : il aurait été remplacé sans que rien ne soit changé à son plan. Cela aurait épargné à ses comparses, États et partis politiques, de se trouver dans une telle situation. Mais, le départ de Mehlis est survenu après une décision onusienne de prolongation de sa mission, et après quil ait conclu un accord avec la Syrie pour interroger ses responsables. Ce départ, sans préavis, nen est que plus surprenant. Pis, la démission en question intervient dans une situation scandaleuse marquant le dernier acte de sa pièce.
Drame en quatre actes
Le premier coup dont Mehlis a été victime lui a été adressé lors de la remise de son rapport à lONU, en démasquant la véritable biographie du Syrien Zouhir Sedik, dont le témoignage lui avait servi de base pour accuser des responsables libanais et syriens. Sedik a reconnu, après son interpellation en France, être poursuivi pour escroquerie et avoir encaissé des sommes gigantesques en contre-partie de son faux témoignage. Cela a contraint M. Mehlis à modifier, voire à supprimer, certains passages dans son rapport qui avait déjà été distribué à la presse. Une erreur quil qualifia de « technique », imputable à la non-révision du rapport avant sa distribution.
Puis, la deuxième gifle est venue dun prisonnier syrien en Turquie qui a dévoilé les chantages relatifs à sa libération, et les grosses sommes dargent qui lui ont été proposées en contre-partie dun faux témoignage accusant des responsables syriens. Ce qui a attesté limplication de M. Mehlis dans un manipulation des services de renseignment.
Le troisième coup, ce fut la révélation que M. Mehlis travaillait dans des centres de recherche des services de renseignement états-uniens. Une accusation lancée par lauteur de ces lignes lors de sa participation au magazine dAl-Jazeera « LOpinion contraire ». Jai rappelé que cest le même procureur Mehlis qui avait conclu à la responsabilité de la Libye dans laffaire de lattentat au dancing La Belle. À lépoque, il sétait précipité un quart dheure après le discours de Ronald Reagan pour reprendre cette accusation au compte de la justice allemande. Jai révélé que Mehlis a encaissé de deux centres de recherche subventionnés par les services états-uniens des honoraires disproprotionnées par rapport à son travail, par exemple 80 000 dollars, en 2003. Or, ces centres sont liés à lAIPAC (American Israel Public Affairs Committee), qui se définit lui-même comme « le lobby américain pro-Israël » (Americas pro-Israel lobby). Le juge allemand est aussi soupçonné davoir des relations avec plusieurs filières de lOTAN.
Le quatrième coup quant à lui, cest léchec de Mehlis à contraindre les responsables syriens à se plier à ses conditions. De ce fait, il sest trouvé obligé daccepter des garanties turques, saoudiennes et russes pour interroger les responsables syriens dans un pays tiers, ce qui déplut à ladministration Bush dont les plans et les intérêts doivent être prioritaires.
Enfin, Mehlis est tombé par K.O. quelques heures avant de quitter le Liban. Le protagoniste de ce dernière épisode sappelle Houssam Taher Houssam. Connu aussi sous le surnom de « témoin masqué », il était la carte maîtresse du jeu de Mehlis. Houssam a déclaré avoir été obligé, par des responsables libanais dont le fils de Rafic Hariri, de délivrer un faux témoignage contre la Syrie dans lenquête menée par les Nations Unies. Il a ajouté quil a travaillé au sein des services de renseignement libanais et syriens avant le retrait de larmée syrienne du Liban, et quil a subit des tortures et des menaces justifiant son faux témoignage.
Houssam a qualifié toute laffaire de « jeu » ayant pour objectif daffaiblir la Syrie. Le fils de Rafic Hariri lui avait assuré quil est convaincu de limplication de la Syrie dans lexplosion du camion ayant causé la mort de son père, mais quil avait besoin du témoignage de Houssam pour confirmer sa conviction. Houssam a aussi accusé le leader socialiste Walid Jumblatt et le ministre des Télécommunications Marwan Hamadé davoir mis en scène dautres faux témoignages contre la Syrie.
Le « témoin masqué » a révélé quil devait charger Maher Al-Assad, lun des frères du président Al-Assad, et son beau frère Assef Shawkat, le directeur des services des renseignement. Il a indiqué avoir subit des sévices et linjection de drogues. Il a attesté que le ministre de lIntérieur, Hassan Sabaa, lui a proposé 3,1 millions de dollars pour alléguer avoir vu dans une caserne syrienne le camion utilisé dans lassassinat dHariri.
Mehlis sait que son jeu touche à sa fin et quil a perdu sa crédibilité. Dautant que ce témoin-clé a servi de référence principale dans la plupart des accusations contre la Syrie. Tout cela nest pas sans nous rappeller les manuvres autour de la commission denquête onusienne sur les armes de destruction massive en Irak, qui ont été démasquées de la même manière après quon eut appris la relation entre des enquêteurs et les services des renseignement israéliens et états-uniens.
Les significations de la démission de Mehlis
La présentation de la démission de Mehlis, même si elle devait être refusée, est significative.
Premièrement, la Syrie et ses alliés au Liban ont bien réagi et maîtrisé la situation, à la fois sur le plan politique et sur le plan médiatique, tout en sadaptant aux méthodes de Mehlis. De même, ils ont bien exploité leur connaissance des protagonistes, ce que leur a permis de jouer avec Mehlis, avant de le tromper et de lobliger à se retirer avant même la fin de sa mission.
La démission de Mehlis prouve aussi quil y a des types de guerre dont il faut connaître les dimensions et les statégies avant de les mener. À signaler que le Syrie a su doubler le jeu : tout en acceptant de laisser interroger ses responsables par M. Mehlis, elle a constitué en parallèle une autre commission denquête sur une base exclusivement jurique et non politique. En outre, la Syrie a su négocier des garanties sur les conditions dinterrogatoire de ses responsables dans un pays tiers en partenarait avec des acteurs arabes et internationaux, là encore sur une base exclusivement juridique et non politique. Ce faisant, elle a associé ces acteurs à sa resistance aux pressions états-uniennes.
Ce qui a eu lieu montre aussi que la pression des États-Unis saffaiblit de plus en plus, dune part à cause de son enlisement en Irak et dautre part, vu la réaction des autres États, dont la dernière est relative à laffaire des prisons de la CIA en Europe. Cela prouve quune attaque « universelle » est en gestation contre la politique états-unienne.
Comment réagissent les États-Unis ?
Les propos de Bolton concernant la démission de Mehlis ne font quexprimer un constat déchec et une tentative de maintenir la même stratégie avec le remplaçant de Mehlis. Bolton a essayé de nous convaincre que le départ de Mehlis serait dû à des problèmes personnels et sécuritaires. Il a également fait léloge du juge allemand tout en le priant de se maintenir à son poste. Pourtant, il a appelé à designer quelquun dautre pour le remplacer. Sans oublier de menacer la Syrie, sans la nommer, en lui rappelant quelle na pas encore gagné la guerre.
Il ne faut donc pas croire que le jeu états-unien touche à sa fin, ni pour ladministration Bush elle-même, ni pour ses alliés au Liban. LEmpire na pas attendu le départ de Mehlis pour contre-attaquer. Ainsi, Jumblatt a une nouvelle fois accusé la Syrie. Surtout, on a trouvé un vieux charnier à proximité dun centre des services de renseignement syriens au Liban. Cette découverte pourrait justifier lintervention des États-Unis, de la France et des Nations Unies pour remettre la pression sur la Syrie à travers une enquête internationale. Celle-ci pourrait alors isoler et rouvrir le dossier de la présence syrienne au Liban, de son début sous lancien régime à son retrait sous lactuel gouvernement.
Talaat Ramih
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REMARQUE
de do :
Celles et ceux qui ont la chance de savoir lire l'anglais peuvent lire aussi cet article daté du 27 novembre 2005 :
http://www.aljazeera.com/cgi-bin/conspiracy_theory/fullstory.asp?id=268
Vous constaterez qu'un éditeur allemand, le Dr. Dodin dit :
« I want to assure you that Mr. Mehlis has no professional ability to conduct such a sensitive investigation. That is not my own view, but also the view of the majority of legal experts in Germany »
Ce qui signifie : « Je veux vous assurer que M. Mehlis n'a aucune capacité professionnelle pour conduire une recherche aussi sensible. Ce n'est pas seulement mon avis, c'est aussi l'avis de la majorité des experts allemands en matière de légalité. »
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REMARQUE
de do :
Au lien suivant vous pourrez constater que Georges Malbrunot a interviewé Detlev Mehlis pour le Figaro le 20 juillet 2005 :
http://reveilducedre.blogspot.com/2005/07/clock-is-ticking-for-fachar.html
Detlev Mehlis ose avouer qu'il a "sollicité l'aide d'Israël" pour son enquête !
Dernière question de Georges Malbrunot, et réponse de Detlev Mehli :
« Pourquoi avez-vous sollicité l'aide d'Israël et de la Jordanie ?
« Les Israéliens sont réputés pour avoir de bons renseignements, notamment technologiques. Nous les avons approchés pour qu'ils nous livrent des informations sur l'attentat. Ils nous ont donné de bons renseignements. » ! !
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REMARQUE
de do :
Concernant "la deuxième gifle" "venue dun prisonnier syrien en Turquie qui a dévoilé les chantages relatifs à sa libération, et les grosses sommes dargent qui lui ont été proposées en contre-partie dun faux témoignage accusant des responsables syriens. Ce qui a attesté limplication de M. Mehlis dans un manipulation des services de renseignment." Vous aurez plus de précisions ici :
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REMARQUE
de do :
Bien entendu, tout ceci confirme ce que je disais déjà dans mon journal N°93 du 6 mars 2005 et intitulé "Mensonges américains" :
http://mai68.org/journal/N93/6mars2005.htm
Vive la révolution : http://www.mai68.org
ou : http://kalachnikov.org
ou :
http://vlr.da.ru
ou :
http://hlv.cjb.net