24 mars 2006
Témoignage des magouilles des flics-casseurs en fin de manif parisienne
http://mai68.org/ag/950.htm
http://kalachnikov.org/ag/950.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/950.htm
http://www.monhebergement.fr/do/ag/950.htm
Lien originel : http://rebellyon.info/article1838.html
Manifestation des Lyonnais-es à Paris le 23 mars 2006
Je suis allée à Paris hier. La manif sest bien passée et il y avait du monde. Nous, gens de Lyon, de Grenoble, de Chambéry, avons formé un beau cortège "Lyon tient son Paris". Certains parisiens sont venus nous remercier dêtre venus jusque là et nous étions fiers, même si le gros des lyonnais était à Lyon, sous les gaz des CRS.
Nous étions vraiment nombreux ! Puis, peu à peu, des vagues dune centaine de "casseurs", appelés au son de cornes de brumes, dévalaient dans la foule, puis occupaient les lignes de bus ! Certains se sont fait voler ou frapper. À la fin de la manif, ils étaient des centaines... Environ 3000 CRS et gendarmes mobiles bloquaient la place !
Les "casseurs" choisissaient une proie, fonçaient à 20, 30, 50, 100 sur lui (elle) et le (la) défonçaient et le dépouillaient ! Les forces de lordre sen sont pris plein la gueule aussi mais les premiers visés étaient les manifestants. Les manifestants sortaient de la place tant bien que mal mais certains restaient à lintérieur. Des voitures ont commencé à brûler, les vitrines à péter. Mon groupe a décidé de partir à la gare et je suis restée avec une amie car des potes à moi étaient à lintérieur.
Les flics bloquaient laccés à la place à tout le monde. Les passants nous ont accusés dêtre les fauteurs de trouble, de faire repartir le bordel des banlieues ! On a dû leur expliquer quon était dans la rue car on nen peut plus de vivre avec 300 euros par mois et dêtre pris pour des cons ! Trois casseurs se sont précipités dans la rue, ils ont été interpellés puis sont passés... carte de Police à la main ! Là, on a halluciné, les mecs étaient vraiment chauds ! On sest faufilé aprés eux car je voulais absolument rejoindre ma pote ! Un flic nous a avertis que si on repassait par là, il nous arrêterait. Il ny avait plus rien ! Les pompiers éteignaient les voitures mais les casseurs étaient tous partis. Tout était calme...
Jai rejoint les quais, il ne restait plus que des manifestants en état de choc. On a voulu sortir, mais les camions de flics nous prenaient en sandwich et nous empêchaient de sortir ! Je me suis avancée vers lun dentre eux pour lui expliquer quon nétait pas dici, quon hallucinait, quon voulait se barrer de cette ville de merde. Il nous a dit darrêter de sourire ou que ça risquait de mal tourner. Nous étions piégés ! Pourtant ils voyaient bien quil ne restait plus quune centaine de manifestants apeurés. Les flics ont commencé à nous filmer et étaient morts de rire face à notre incompréhension et à notre terreur. Ils ont commencé à charger sur ma droite et la foule sest précipitée contre lautre cordon de CRS. Une fille, paniquée, leur a demandé des informations, elle sest fait gazée, puis le gendarme sest excusé ! Mes genoux claquaient. Le cordon de flics sest dissous, nous avons couru mais dautres ont débarqué et ont fait barrage. En fait, ils nous déplaçaient contre le commissariat...
Les cordons se resserraient contre nous, ça hurlait dans tous les sens, deux filles voilées pleuraient. Javais peur que lun de nous tombe , que lon meure étouffés ou piétinés... Les médias étaient parmi nous et nous canardaient de flashs, surtout dès quon hurlait. Les flics nous compressaient violemment pour quon se révolte et que les médias puissent prendre des photos ! Morts de trouille face aux assauts des forces de lordre, nous avons levé nos mains au ciel... Là, ils ont paru bien emmerdés ! Les flash fusaient toujours...
Un flic avec un fort accent de banlieue nous a dit de ne pas paniquer (très drôle), quon allait juste vérifier nos identités, que lordre de se disperser avait été donné plus dune demi-heure auparavant et quil ne fallait pas nous étonner. Puis vint lheure de la mise en scène médiatique ! 5 ou 6 flics rentraient en trombe parmi nous, se jetaient sur un mec, le plaquaient violemment au sol. Là, ils attendaient trente secondes, le temps des photos, puis viraient le mec. Ca a duré plus de deux heures. Je tiens à préciser que les arrestations se sont placées dans un ordre bien précis : ils ont commencé par les Noirs, puis par les Arabes, suivis des mecs qui avaient des dreads ou les cheveux longs, la violence était également graduée. Un gars sest fait piétiné sous nos hurlements. Cétait vraiment très violent..
Nous étions toujours filmés par les flics morts de rire. Ils évitaient tout de même de nous regarder dans les yeux. Par dessus la masse de casques de flics, le drapeau français flottait ; une drôle dimpression ma serré le bide... Une bande de 6 "racailles" est sortie escortée de la cour du commissariat. Ils se sont retrouvés avec nous, on a traité les flics de racistes, les gars scandaient artificiellement quils nétaient pas dans la manif. Ils se sont glissés dans un coin, 5 CRS les ont fait sortir discrètement (nous sommes 3 ou 4 à avoir vu la scène), une fille sest accrochée à eux pour sortir, les flics sont allés la chercher et lont remise dans le cercle, les gars sont partis sous loeil complice des flics. Je hurlais sur un photographe, le traitait de collabo, de traitre. Il mexpliqua quil prenait juste des photos, quil nécrivait pas les textes dessous, que parfois cétait utile, comme pour le syndicaliste dans la coma par exemple. Je me calmais, je voulais quil mexplique. Il ma confirmé quil leur fallait des photos, que Sarkozy sait ce quil fait quand il ordonne de ne sen prendre quau manifestants, que tout le monde sait que les RG sont avec les casseurs, sont dans toutes les manifs, dans toutes les AG. Je lui répondais que non, que moi, je ne savais pas, en tout cas pas à ce point !
Nous commencions à comprendre tous ce business, certains flics sont des "casseurs", des RG infiltrés pour embraser la foule, certains "casseurs" doivent avoir des arrangements avec eux pour nous taper sur la gueule dans les manifs (ça passe toujours mieux au JT plutôt que ce soit les CRS ou GM qui nous fracassent) et puis il y a les moutons, ceux qui suivent juste pour se divertir... Ils ont fini par me prendre par le bras pour minterpeller, enfin ! Le flic était surpris que je vienne de Bron, je gardais le silence face à sa voix toute douce, il ma souhaité un « passez une bonne soirée mademoiselle », sourire charmeur à lappui, comme si tout cela était tout à fait normal, comme sil avait lhabitude ! Il était 20 heures, lheure des infos. Mes deux amies sont sorties juste après moi, mais nos deux potes, eux, nétaient pas dans la rue...
On les a appelés, ils étaient dans un fourgon et allaient être dispatchés dans des commissariats, ils ne savaient ni quand ni pourquoi, mais on les laissait répondre au téléphone. On a donc loupé notre train qui partait à 20h, on les a attendus jusquà 22h puis on a pris le dernier TGV pour Lyon. Un des deux a été relâché vers minuit, aprés avoir été transporté dans plein de cellules ; on lui a demandé sil reconnaissait avoir perturbé lordre public puis on la relâché. Il navait toujours pas de nouvelles du dernier. Ils étaient de retour aujourdhui.
Émilie Mourgues, étudiante en Anthropologie à Lyon II
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REMARQUE
de do :
Lire aussi :
1°) Provocation policière à la manif parisienne du 23 mars 2006 :
2°) Il y a deux sortes de "casseurs" :
Vive la révolution : http://www.mai68.org
ou : http://kalachnikov.org
ou :
http://vlr.da.ru
ou :
http://hlv.cjb.net