6 mai 2006

LE NÉPAL :

MENER LA REVOLUTION JUSQU’AU BOUT !

Himalove est au Népal et nous parle de la révolution

http://mai68.org/ag/991.htm
http://kalachnikov.org/ag/991.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/991.htm
http://www.monhebergement.fr/do/ag/991.htm

    « L’ennemi ne périra pas de lui-même. Il ne se retirera pas spontanément de la scène de l’histoire. » Mao Tse Toung ; Tome IV, œuvre choisie.

    Après 19 jours d’émeutes à Kathmandou qui ébranlèrent le trône, Gyanendra, le haï, décidait d’abandonner l’espace politique au peuple et proposait la réouverture des parlements, fermés par sa police et son armée privées, en mai et octobre 2002.

    RETOUR DE LA DEMOCRATIE OU STRATAGEME ROYAL(*) ?

    LE SCENARIO DE L’INSURRECTION POPULAIRE (Janata Andolan) d’avril 2006, dans la capitale du Népal, est une presque réplique du mouvement citadin de 1990, conduit par le Congrès népalais et les partis communistes « révisionnistes »(1).

    À l’époque, le roi Birendra (1972-2001), frère aîné du délinquant Gyanendra, cédait « à la rue », en dépit des menaces des durs du régime tel le docteur Tulsi Giri, architecte du système des Panchayat(2), et des généraux Thapa et Bharat Kesar Singh, prêts à fusiller la foule, marchant sur le palais.

    Birendra, le libéral, soucieux d’économiser le sang, acceptait le principe d’une monarchie parlementaire et l’écriture d’une nouvelle constitution qui confiait le pouvoir exécutif à une assemblée élue.

    Excepté cependant la direction des forces armées et la politique étrangère qui restaient son pré carré.

    Ces éléments essentiels de l’appareil d’État, armée royale et politique étrangère, sont intimement liés, car la spécificité du royaume, indépendant depuis 1923(3), est de continuer à louer des régiments mercenaires (gurkha**) à la Grande-Bretagne, l’Union indienne, et même indirectement, à l’armée américaine.

    Des régiments gurkha se battent actuellement en Irak et en Afghanistan ; des gurkhas jouent les policiers dans les rues de Singapour...

    La revendication principale des maopati est d’en finir avec ce commerce(4).

    Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, le royaume himalayen est au centre du dispositif stratégique américain, relevant de la zone sud-est asiatique et Pacifique.

    Dans les années 60, par exemple, les représentants de la CIA « travaillaient » au Mustang, une région désertique, au nord du massif des Anapurna ; et entraînaient des guerriers tribaux du Kham pour des opérations secrètes au Tibet.

    Les accords Nixon-Mao, en 1972, stoppaient ces activités sur le sol chinois.

    C’est à ce moment que le jeune roi Birendra inventait, lors d’un discours prononcé devant des gouvernements étrangers, le concept de « Peace Zone », repris, plus tard, par Sa majesté le Dalaï-Lama.

    Jusqu’aux années 90, le Népal comparé à l’Inde, le Pakistan et le Bengladesh, était, pour les « longs nez » [Note de do : les Blancs], un roc de stabilité et un éden pour tourisme colonial.

    La création d’une république et le démantèlement d’une armée, forte aujourd’hui, de 90 000 soldats, bousculeraient les prévisions de l’impérialisme.

    Les maopati exigent la création d’une armée nationale à partir des milices communistes et des éléments libéraux de la RNA ; le tout sous la gouverne d’une assemblée élue, « protégée » par l’ONU.

    La crise actuelle est un casse-tête chinois pour les États-Unis, l’Angleterre dont la monarchie est très liée aux derniers « tigres parfumés(5) », et au gouvernement indien qui a repris « le fardeau de l’Homme blanc ».

    La démocratie est une chose neuve au Népal, et encore plus dans les cénacles et gouvernements, penchés sur le sort de l’infortuné pays.

    Le mouvement démocratique de 1990 entrouvrait, pour la première fois depuis 250 ans, l’espace politique à des Népalais autres que l’aristocratie faisandée des Rana et Shah Dev…

    Mieux, la révolution de 1990 permettait aux minorités et intouchables d’émettre un avis sur leur destin.

    Selon Prachanda, la décision de lancer la guerre populaire aurait été prise au sein des chambres parlementaires, en 1992 ou 1994, au moment où l’assemblée composée essentiellement de Brahmines, Newar, Chettri, de Kathmandou, eurent refusé la parole aux minorités et intouchables, vivant dans les collines et montagnes.

    La civilisation des Rana, construite sur l’opposition souveraine des cités-forteresses et des campagnes, a bâti pendant deux siècles un formidable mur de mépris autour de leur propre population.

    Bêtes de somme ou fantassins, Raï, Tamang, Limbu, Taru, Sherpa, ne pouvaient entrer à Kathmandou que lestés de leur doko (hotte en osier, portée par une ceinture au front), arborant le masque de la servilité.

    Les 2 événements majeurs de l’histoire de la vallée de Kathmandou, le mouvement démocratique de 1990 et celui d’avril 2006 soulignent le mûrissement de la conscience révolutionnaire chez les damnés et de « nouvelles passerelles » entre gens des villes et des campagnes.

    En 1990, ce fut le gouvernement indien de Rajiv Gandhi qui forçait la main du roi, en bloquant l’interminable frontière de 1740 kilomètres qui sépare le Népal et l’Union, asphyxiant l’économie du pays.

    Les raisons de cette aide indienne à la démocratie népalaise ne furent pas un amour immodéré du Congrès de Koirala et des partis communistes locaux, mais des enjeux stratégiques, l’eau en premier lieu.

    Le Népal est la deuxième réserve hydro-électrique au monde après le Brésil.

    Le roi Birendra jouait alors la carte de l’ami chinois pour construire des infrastructures et recevoir des armes***.

    Traditionnellement, la politique de Dehli à l’égard des royaumes himalayens - Népal et Bouthan - est de s’assurer de leurs ressources énergétiques et de les vassaliser dans les domaines de la Défense et de la politique extérieure. Et quand l’Inde ne peut pas, elle les annexe comme le Sikhim, en jouant la carte démographique ; l’Union a utilisé au Sikhim, en 1975, la communauté népalaise majoritaire favorable à Dehli contre les natifs d’origine tibétaine…

    En 1992, la victoire de la démocratie népalaise aboutissait à un nouveau traité relatif à l’eau (Mahakali agreement), préparé entre autre par Pashupati Shumsher Jung Bahadur Rana, qui accorde jusqu’à présent à l’Inde le contrôle des réserves hydro-électriques du pays.

    Pour sécuriser ces ressources, l’eau, et aujourd’hui les gisements de pétrole et de gaz, découverts du côté de Chitwan et de Nepalganj(6), le gouvernement indien a restructuré, équipé, entraîné la RNA.

    Si bien que Ashok Mehta, général à la retraite, conseiller au ministère de la Défense, à Dehli, pouvait écrire dans un article publié dans The Times of India, au printemps 2005 : « La Royal Nepal Army est un clone de l’armée indienne ».

    Aujourd’hui, le vacillement du trône des Shah Dev n’est pas dû au grand frère indien.

    Même si le parti communiste de Situram Yechuri a organisé de nombreuses manifestations à New Dehli pour soutenir le mouvement.

    Ce sont les peuples insurgés des villes, des collines et du teraï, ensemble, qui sont responsables du fait.

    D’après des témoignages que j’ai pu recueillir, il y eut jusqu’à 10 millions de personnes de rassemblées aux prémisses de la capitale ! (Ring Road).

    « Les paysans pauvres, les ouvriers, les petits bourgeois et les capitalistes nationaux, les 4 classes révolutionnaires » selon la formule de Mao, ont fait alliance et constitué un front national, républicain, anti-féodal.

    L’insurrection populaire a comme des accents patriotiques…

    Appuyés par la présence discrète mais massive, dans la vallée de Kathmandou, des « vietcong » du Népal - les maopati -, les insurgés ont coupé les routes, bloqué les grands axes de communication, bravé les couvre-feux, organisé le blocus du Palais royal, quitte à être mitraillés par les hélicoptères de combat, prêtés par la Royal Air Force [de la Grande Bretagne !], quitte à mourir de faim, faute de ravitaillement.

    Le vieux centre de Kathmandou et le quartier des ambassades, jouxtant le palais royal, apparaissaient comme une « cité interdite » au peuple ; il serait intéressant de rapprocher ce modèle d’insurrection populaire avec les révoltes des premiers nationalistes chinois, au début du siècle dernier, qui montaient à l’assaut des comptoirs étrangers à Shangaï et pillaient la cité interdite à Pékin.

    Le Népal, avec son dernier empereur hindou, est devenu comparable à la Chine troublée de jadis, morcelée, tiraillée par des intérêts étrangers rapace…

    IMPORTANT : Les maopatis, présents en grand nombre dans les manifestations, fidèles à la parole donnée aux autres partis, n’ont fait usage d’aucune arme.

    « Le terrorisme est inutile. Les communistes, ensemble, devraient être capables de battre leur ennemi avec un roseau », m’a confié un maopati.

    Il y eut 27 décès, par balles ou charges policières, et deux milles blessés.

    La présence des télévisions étrangères a empêché - dit-on - le massacre des foules, rêvé par les criminels Tulsi Giri, Kamal Thapa, Shrish Samsher Rana et Bharat Kesar Singh. Ces derniers selon les journaux seraient en cavale, protégés par l’armée royale…

    Plus sûrement, les massacres prévus ont été empêchés par l’état-major indien et les ambassades étrangères.

    Le roi-bandit a cédé, car les foules étaient prêtes, vague après vague, à submerger la tanière luxueuse du « rat ».

    C’est ainsi que les manifestants irrespectueux représentaient le roi pendu à une lanterne.

    Plus subtils, des publicitaires ont osé pendre non loin du Palais royal, à l’entrée du quartier touristique de Thamel, une immense affiche faisant la pub pour une marque de moto : un jeune loubard ayant le look du prince Paras, les bras croisés, domine la rue à côté d’une grosse cylindrée ; on peut lire le message à ses pieds : « Your hollidays, Make it large »…

    Les publicitaires indiens avaient déjà utilisé la réputation du prince chauffard, connus pour écraser tout le monde à Kathmandou ; on voyait un motard sur une route déserte du Laddakh avec le message « feel like god ! »

    Le gouvernement indien est moins direct, dans ses critiques de la monarchie Shah Dev, que le peuple népalais.

    Le premier ministre indien envoya au « rat » un émissaire de qualité, Karan Singh, le maharadja du Jammu-et-Cachemire. Tout un programme...

    Personne dans la presse n’a songé à l’allusion…

    En 1947, le monarque hindou du Cachemire appela à la rescousse l’armée indienne, composé à l’époque de Gurkhas, car Srinagar était encerclé par les Patan, des tribus du nord-est du Pakistan, commandés par des majors britanniques de l’ex-armée des Indes et des agents de l’OSS (ancêtre de la CIA).

    L’Inde se méfie toujours des amis du Népal qui ne sont ni hindou ni maharadja… L’alliance entre les trois puissances impérialistes, l’Inde, les Etats-Unis et l’Angleterre n’est pas si harmonieuse qu’on nous la présente…

    C’est une des raisons pour lesquelles le gouvernement indien ne force pas le roi-bandit et ne démantèle pas son armée privée, constituée de soldats et d’officiers hindous.

    Le peuple souhaite en revanche la dissolution de la RNA, car les Népalais craignent avec raison la mise en place d’une dictature militaire, l’équivalent hindou du régime pakistanais.

    Les moyens sont là : 90 000 hommes ; les sponsors aussi.

    Souvenez-vous la fermeture des chambres parlementaires en 2002 avait reçu l’aval silencieux de l’Inde, des Etats-Unis et de l’Angleterre.

    Le retour de Girija Prasad Koirala (84 ans), « le fantôme de la liberté  », sur le devant de la scène, semble un stratagème grotesque, destiné à gagner du temps.

    Il est curieux qu’on ait choisi ce vénérable vieillard, qui ne peut marcher ni parler sans bouteille d’oxygène pour représenter un formidable mouvement de jeunesse et de vitalité !

    Gyanendra devrait suivre l’exemple du maharadja Joodha Shamsher Jung Bahadur Rana, qui se déclarait renonçant (sanyasi), à la fin de son règne, et finit ses jours, en méditation, dans un ashram de Bénares.

        Himalove

Notes :

(*)L’expression est du docteur Baburam Bhattaraï, responsable maoïste.

**Les soldats gurkha sont directement recrutés par les officiers britanniques et indiens pour leurs armées et leurs polices sur le sol népalais.

*** Les journaux indiens du 25 novembre dernier annonçaient encore que la Chine livrait 18 camions remplis d’armes et de munitions au général Pyar Jung Bahadur Thapa. Intox ou réalité, orchestrée par le Recherche and Analyses Wing, service secret indien, nul ne sait ?

1. Je dis « révisionniste » parce que le parti « marxiste-léniniste » de Madhav Kumar Nepal, par exemple, acceptait en 1990 le principe de la monarchie parlementaire, une constitution hindoue et des forces armées dirigées par le roi et l’impérialisme.

2. Les panchayat étaient des assemblées villageoises, dominées par les brhamine et skhatrya, fidèles à la personne du roi ; le système, dans l’histoire moderne du Népal, a été mis en place, en 1960, lors d’un coup d’Etat, sous le règne de Mahendra (1955-1972)… Le Dr Tulsi Giri (disciple du nationaliste hindou Golvakar, fondateur de l’organisation fasciste hindoue, RSS) ; les nationalistes hindous ont toujours considéré le Népal comme un laboratoire ; entre les deux guerres, il était même considéré comme un modèle de régime par les revivalist hindous.

3. L’empire britannique reconnaissait la souveraineté et l’indépendance du Népal en 1923, sans doute pour récompenser l’effort de guerre consenti par le royaume lors de la Grande Guerre ; Sir Chandra SBJ Rana livrait quelque 250 000 hommes à l’armée des Indes.

4. Depuis le tripartite agreement de1947 (Inde, Népal, Angleterre), les indiens appellent les gurkhas « un pont d’amitié entre le Népal et l’Inde ; il y a 7 régiments gurkhas dans l’armée indienne.

5. Du temps de la colonisation anglais, on appelait les maharadjas « les tigres parfumés de l’empire ».

6. Ce sont une compagnie d’Etat indienne, l’ONGC, et une américaine, la Texaco, qui vont exploiter les gisements de pétrole et de gaz au Népal.

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MERCI :

Salut Himalove !

Merci pour ce texte.

Ce qui est effectivement le plus important dans ton rapport, c'est l'explication de l'absence apparente des maopatis dans les manifs.

En effet, je me disais : « putain, mais... qu'est-ce qu'ils foutent, à quoi ça leur sert d'avoir pris les armes, si c'est pas pour s'en servir ! »

Maintenant, je comprends, pour faire plaisir à leurs alliés, ils avaient signé dans les accords d'alliance qu'ils ne feraient pas usage de leurs armes !

C'est pourquoi les maos ont semblés invisibles !

Je ne suis pas sûr qu'ils aient eu raison d'accepter de ne pas se servir de leurs armes. Qu'en penses-tu ?

S'ils avaient pris les armes au bon moment pendant les manifs n'auraient-ils pas pu gagner la révolution "totalement" en virant totalement le roi et en protégeant la foule contre l'armée et la police assassine  ?

Bien à toi,
do
http://mai68.org

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RÉPONSE d'Himalove :

Je vais essayer de te repondre, do, et tacher d'être le plus clair possible.

La stratégie des maos est l'établissement d'une république par le truchement d'une assemblée constituante élue par l'ensemble des forces qui dessinent la nation.

Le Népal, en tant que nation constituée il y a deux siecles par des guerriers gurkhas venus de la région de Gorkha, au service d'un roi, en lutte contre les Anglais et des barons féodaux, n'existe plus...

La nation népalaise et ses peuples, farouches et fiers, ont été vendus, loués, livrés pieds, poings et cervelles liés d'abord à l'anglais pendant 100 ans, par Jung Bahadur Rana (à l'origine un dresseur d'éléphants sauvages), puis par la famille Shah Dev, dès 1951, aux Indiens et Américains.

C'est dans une revendication nationaliste qui a su attirer à elle les minorités et intouchables qu'il faut lire la révolution maopati...

La lutte armée contre les mercenaires royaux est un moyen parmi d'autres, pas une fin !

Les maopatis veulent davantage convaincre que contraindre ; c`est pourquoi ils optent pour une stratégie d'invisibilite parmi les masses...

Crois-moi, tu ne les vois pas mais ils sont partout présents à Kathmandou ; la rumeur court que la plupart des rickshaw travaillent pour les maopatis, ainsi que tous les larbins qui torchent le cul aux riches touristes.

J'ai vu des manifestations organisées par les seuls parti du Congrès et les partis communistes "libéraux" ; elles étaient pitoyables.

Avec les maos "humblement" au milieu, ça ressemble à quelque chose, à des océans de gens...

Les maos ne font pas de la figuration, ils représentent les masses ; c'est pourquoi, ils préfèrent les élections aux fusils.

De plus, les ayant vus et entendus, il y a pas mal de conseillers americains, anglais, indiens auprès des mercenaires, à Kathmandou, discutant comment au mieux nettoyer une foule...

Les journalistes, accrédités, "bourrés", dans les cafés de Thamel, rapportent leurs propos...

Ces connards de va-t-en guerre souhaiteraient transformer le Népal en Irak ou en Palestine, susciter des violences sectaires entre musulmans et hindous, par exemple...

C'est pourquoi l'Inde cherche à tout prix à conserver pour son voisin "méprisé" une constitution hindoue, imposée aux bouddhistes, chrétiens, musulmans, animistes, etc.

En fait, ils veulent détruire le Nepal en tant que nation virtuellement riche de ses ressources ; ils comptent pour ça sur les luttes sectaires et les divisions.

Ça ne marche pas. Les Népalais sont tres politisés et en ont marre des castes...

Faute de pouvoir rallier le peuple, les Indiens, Anglais et Américains ont acheté l'armée royale et son état-major.

Mr Boucher, responsable US du sud-est asiatique, et Mr Mukerjee, ambassadeur indien, discutent et jouent au golf avec Pyar Jung Bahadur Thapa, le chef des armées royales.

Les maos, eux, discutent avec les pauvres, dans de misérables dhaba ; c'est là que la réalite du Népal se fabrique.

Kathmandou n`est pas le centre 

Le Népal n'est pas réduit à la vallée de Kathmandou.

Et la capitale, aux yeux des maopatis, ne vaut pas un bain de sang.

La capitale tombera, nul doute ; et tu verras alors, sortis de nulle part, les divisions de l'armée populaire défilant devant le palais royal, transformé en asile de nuit, pour les milliers de sans abris qui vivent dans les ruelles moyen-âgeuse de Kat...

Sûr que les fantômes de Birendra et de sa famille, assassinés le 1er juin 2001, dont le sang macule encore les murs du palais, applaudiront...

« Seul le fantastique a des chances d'être vrai, ici »

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QUESTION de do :

C'est quoi un "rickshaw" ?

Quand tu dis : « Les maopatis veulent davantage convaincre que contraindre », je réponds : il me semble que c'est déjà fait (ils ont convaincu les Népalais) depuis déjà un bon bout de temps !

Mais ton autre argument est convainquant  :

« Le Népal n'est pas réduit à la vallée de Kathmandou. Et la capitale, aux yeux des maopatis, ne vaut pas un bain de sang. »

Par contre, quand tu dis que leur révolution est "nationaliste", cela risque d'être mal pris, en France, où ce mot est associé aujourd'hui à l'extrême droite !

Pourrais-tu nous dire si les Népalais utilisent effectivement le mot "nationaliste", et dans ce cas le sens qu'ils donnent à ce mot ?
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Tentative de reponse :

Nation :

Il va falloir que je plonge dans les textes maopatis pour répondre à ta question à propos de leur concept de "nation".

Le Népal est constitué de quelques 60 ethnies qu'on pourrait grossièrement diviser en 2 : les gens d'origine mongole, tibéto-birman, et les Indo-europeens.

Les maopatis ont réussi leur entreprise politique en reprenant les revendications des Tamang, Taru, Sherpa, etc. Bref, en fédérant tous les peuples destitués par un regime semi-féodal semi-colonial.

Leur concept de "nation" est une tentative de construire un pays à partir d'une mosaique de peuples, jusqu'à aujourd'hui sous la terreur de familles royales, et de leurs armées privees installées à Kathmandou.

Selon le mode colonial, une nation se fabrique à partir d'une armée, représentant des intérêts précis, dirigée par la caste ou l'ethnie dominante (voir le Pakistan).

La gageure des maopatis est de bâtir une police et une armée grâce au peuple en arme.

Rikshaw :

Rikshaw est un cyclopousse, à Kathmandou ; pour moins d'un euro, le trimard en haillons te trimballe sur son vélo à trois roues dans le dédale des rues moyen-âgeuses de Kathmandou. Sa vie est brève ; à force de respirer les gaz d'échappement, il a le teint terreux de celui qui va rapidement finir sur le bûcher, au bord de la Bagmati river. Un inommable filet de pus, jonché de détritus et de poissons crevés... Les centaines de temples, de boudhas, de vieilles maisons, aux fenêtres décorés de dieux et d'asparas, aux formes voluptueuses, semblent comme irréels — un vague souvenir d'une époque où il était bon de respirer et de contempler les rizières vertes, non loin de Durba Square...

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COMPLÉMENT par Himalove :

Pour l'heure, les maopatis arrêtés pendant les années de terreur royale, sont toujours en prison au Népal et en Inde ; c'est dire que la situation n'est pas claire et que la révolution dont tout le monde parle n'est toujours pas réalisée.

Selon Prachanda, "les 7 partis démocratiques arrivés au pouvoir grâce à l'insurrection populaire, organisée en grande partie par les maopatis et leurs sympathisants, commencent à trahir..." Ils n'ont pas décidé encore d'une Assemblée constituante ; ils se contentent d'occuper les places, de se partager les portefeuilles et de s'entretenir avec les gouvernements étrangers.

Certes ils se livrent à une grande épuration dans les administrations... Mais ils ne touchent pas à l'armée ni à la police. Ils parlent simplement de changer le nom de "royal" par "national". Ils veulent interdire à Gyanendra et à son fils de porter leur uniforme et leurs medailles. C'est tout 

Dans un article écrit en népali, Hari Roka (un intellectuel que je vais essayer de rencontrer) parle du besoin d'une seconde révolution ; pour lui, la révolution aura lieu symboliquement lorsque le peuple occupera l'immense palais royal, au coeur de Kathmandou.

Les maopatis sont patients et laissent une chance encore aux partis de faire leur travail ; mais s'ils tardent à installer une république, ils passeront à l'action et créeront eux-mêmes, à partir du peuple en arme occupant le palais, les nouvelles armée et police nationales.
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REMARQUE de do :

Ce que tu me dis ne m'étonne en rien. C'est une des raisons pour lesquelles je te disais que je ne comprenais pas bien que les maopatis ne se servent pas de leurs armes à Kathmandou pendant les manifs !

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RÉPONSE d'Himalove (8 mai) :

Pour l'heure, les maopati arrêtés, pendant les années de terreur royale, sont toujours en prison au Népal et en Inde ; c'est dire que la situation n'est pas claire et que la révolution dont tout le monde parle n'est toujours pas réalisée.

Selon Prachanda, "les 7 partis democratiques arrivés au pouvoir grâce à l'insurrection populaire, organisée en grande partie par les maopati et leurs sympathisants, commencent à trahir..." Ils n'ont pas décidé encore d'une assemblée constituante ; ils se contentent d'occuper les places, de se partager les portefeuilles et de s'entretenir avec les gouvernements étrangers.

Certes ils se livrent à une grande épuration dans les administrations... Mais ils ne touchent pas à l'armée ni à la police. Ils parlent simplement de changer le nom de "royal" par "national". Ils veulent interdire à Gyanendra et à son fils de porter leur uniforme et leurs médailles. C'est tout !

Dans un article écrit en népali, Hari Roka parle du besoin d'une seconde révolution ; pour lui, la révolution aura lieu symboliquement lorsque le peuple occupera l'immense palais royal, au coeur de Kathmandou.

Les maopati sont patients et laissent une chance encore aux partis de faire leur travail ; mais s'ils tardent à installer une république, ils passeront à l'action et créeront eux-mêmes, à partir du peuple en arme occupant le palais, les nouvelles armée et police nationales.

Post-sriptum d'Himalove :

J'ai besoin de travailler, car j'ai donné le peu d'argent que j'avais ; si d'aventure, quelques journaux ou magazine souhaitent un papier sur la révolution népalaise ou la chute de la maison Shah Dev, je peux l'écrire voire leur offrir un scoop... "La prise du Palais Royal". Je serai avec les premiers maopati à l'intérieur.

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REMARQUE de do :

Ce qui s'est passé d'important ensuite au Népal est ici :

NEPAL : FRATERNISATION DE SOLDATS AVEC DES MAOPATI

http://mai68.org/ag/998.htm



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