JOURNAL
"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."
N°52, 23 janvier 2001
Lettre ouverte
aux membres de base
d'Armata Corsa
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Il n’y a rien de tel que le son du canon
pour couvrir le chuchotement des mutins.
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Pour commencer, si vous visitez un peu mon site et que vous allez lire certains textes en AG ou dans le journal (par exemple le numéro 49 ou le numéro 45), vous verrez que je n'ai rien contre la Corse, et que, me battant contre toutes les injustices, je me bats aussi contre la colonisation de la Corse par la fRANCE.
Ma sympathie naturelle pour les mouvements essayant de libérer la Corse de la colonisation française ne m'empêchera pas, bien au contraire, de dire certaines des choses que je pense sur le sujet et par conséquent d'émettre quelques critiques et mises en garde argumentées. Si je me permets d'intervenir aujourd'hui auprès de vous, ce n'est pas seulement pour essayer d'éviter à certains corses de tomber dans un piège bien trop classique tendu une fois de plus par l'état français, c'est aussi pour tenter de préserver la montée de l'actuel mouvement social dans l'ensemble de la société "française", mouvement qui, si rien ne vient l'entraver promet d'être explosif ! C'est d'ailleurs à cause de la dangerosité de ce mouvement pour le pouvoir que ce dernier vous a tendu un tel piège. Mais avant d'en arriver là, je vais commencer par citer l'exemple d'un mouvement de libération qui a réussi et analyser quel fut l'arme fondamentale de ce mouvement.
Vous
savez que le Vietnam a vaincu l'envahisseur américain. Mais vous ne savez
peut-être pas qu'au moins dès 1965 Ho Chi Min et le général
Giap avaient prévu cette victoire. Ils avaient écrit quelques
livres où ils analysaient les raisons pour lesquelles ils vaincraient.
Ils disaient qu'ils vaincraient essentiellement grâce au soutien actif
des mouvements de solidarité nombreux et de plus en plus fort qui se
développaient alors en faveur des vietnamiens en Occident, notamment
en Amérique. Bien sûr, ils analysaient aussi d'autres raisons,
mais ils avaient prévu que ce serait la raison essentielle de leur future
victoire. Et en effet, si au début de leur contestation contre la guerre
du Vietnam les hippies et yippies se contentaient de dire " Refuse
de partir " et si tu es quand même obligé d'y aller,
ne tire jamais, vers la fin, le slogan était carrément devenu,
du moins pour certains d'entre eux : " Parts ! Et une fois
là-bàs, tue ton supérieur et passe à l'ennemi avec
armes, renseignements et bagages ! " A partir de ce moment là,
la hiérarchie militaire américaine comprit qu'elle ne gagnerait
jamais cette guerre et accepta la défaite.
Ayant fait une telle
analyse, vous pensez bien que les vietnamiens ne pratiquèrent le terrorisme
nulle part en Occident et encore moins en Amérique ! Ils ne posèrent
pas de bombes aveugles aux USA ou ailleurs, ce qui aurait eu pour résultat
de détruire instantanément toute la sympathie que la plus grande
part de la jeunesse américaine éprouvait alors pour eux ;
et ils ne prirent bien sûr pas, non plus, le risque de pratiquer un terrorisme
qui vise. Ils se contentaient de faire de la propagande et d'expliquer aux gens
que la guerre que menait les USA contre eux étaient injuste et infame.
Ce qui ne les empêchait pas, chez eux, de se battre avec le plus grand
acharnement.
Ce n'est pas le seul exemple. Pensez aussi à la guerre d'Algérie. Croyez-vous que si les algériens avaient pratiqué le terrorisme en fRANCE ils auraient pu vaincre les colonisateurs ? Certainement pas ! bien au contraire, cela aurait été la défaite assurée. Si les algériens ont vaincu la fRANCE, c'est parce qu'à l'intérieur même de ce pays, d'énormes réseaux de soutien très efficaces (Curiel et Janson) s'étaient montés pour aider le FLN ! Sans parler des nombreux soldats français (parfois des bataillons entiers) qui, une fois en Algérie, trouvant cette guerre injuste, mirent crosse en l'air ou passèrent à l'ennemi ! Un tel soutien de la part des français à la lutte de libération algérienne n'aurait jamais pu exister si le FLN avait posé des bombes en fRANCE !
Ainsi, la meilleure arme d'un pays colonisé qui se bat pour sa libération, c'est la sympathie active que les habitants du pays colonisateur manifestent pour sa lutte de libération. Il va de soit qu'une telle sympathie ne peut se développer si les colonisés pratiquent le terrorisme sur le sol du pays colonisateur !
Je
ne veux pas dire par là qu'il ne faut jamais pratiquer ce que l'état
appelle " terrorisme ". Pendant ce qu'il est convenu d'appeler
la " deuxième guerre mondiale ", les allemands et
l'état français utilisaient le mot " terroristes "
pour parler des résistants. En ce sens, il est vrai que " Un
terroriste est un guérillero qui n'a pas encore vaincu ! "
L'exécution
de Carrero Blanco par l'ETA Basque, il y a environ 25 ans, était justifiée
elle aussi. La preuve en est que toutes les villes d'Europe ont fêté
ça par d'énormes manifs répétées dont le
slogan était toujours le même : " Eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeet
hop ! Franco ! Plus haut que Carrero ! " Slogan qui
n'est pas vraiment oublié puisqu'il est couramment repris, en changeant
seulement les noms, quand un mouvement de contestation vient de faire " sauter "
un ministre et aimerait bien que son supérieur " saute "
aussi.
Je
pense qu'un révolutionnaire (ou un groupe de révolutionnaires)
actif ne doit jamais se couper des masses. Il doit toujours être un pas
en avant d'elles mais jamais plus. Faire les actions que bien des gens font
peut se faire mais ne fait pas beaucoup plus avancer les choses. Par contre,
il est des actions dont beaucoup de gens rêvent mais n'osent pas faire.
Ce sont ces actions là qu'un révolutionnaire un tant soit peu
sérieux doit faire pour montrer l'exemple, pour montrer que c'est possible,
pour expliquer comment on les fait.
Par exemple, " La
Corse a su préserver ses paysages et ses rivages de l'immobilier sans frein,
et ce n'est pas une mince victoire lorsqu'on voit ce qui reste de la Côte d'Azur
en France où des Iles Baléares. " Si un tel résultat a pu être
obtenu, c'est parce que des volontaires ont su courir le risque d'aller poser
des bombes qui ne tuèrent ni ne blessèrent jamais personne. Bombes
qui détruisirent au fure et à mesure qu'ils se construisaient
les complexes hôtelier ou touristiques qui n'étaient pas les bienvenus.
Bien sûr de telles actions furent comprises et approuvées par une
grande partie de la population corse. Elles étaient donc justifiées
même si l'état français appelait ça du terrorisme !
(D'ailleurs, à ce sujet, les corses devraient peut-être un peu
mieux les expliquer aux habitant de fRANCE métropolitaine).
C'est seulement
quand une grande partie de la population en arrive à faire elle-même
ce que jusque là seuls les révolutionnaires osaient faire, et
se met à rêver mieux, que les révolutionnaires doivent faire
un pas de plus.
Par contre, si des corses se mettaient à pratiquer du terrorisme aveugle dans les villes de la métropole, ou même du terrorisme qui vise, alors, leurs mouvements indépendantistes seraient très mal vus de la population et il est sûr qu'au lieu d'obtenir son soutien, ils obtiendraient son mépris et sa haine !
Et même les actions justifiées, quand elles sortent de l'ordinaire, il faut faire très attention à ce que les médias ne puissent pas les présenter de façon à ce qu'elles déplaisent à l'ensemble de la population. Si on n'est pas sûr de soi, je crois qu'il vaut mieux s'abstenir ! Une règle simple permet de déterminer si une action peut être accomplie : Il faut se poser la question : " Si on se fait coincer, malgré toutes les précautions qu'on va prendre, est-ce que nos amis pourront monter un fort mouvement de soutien en notre faveur ? " Si la réponse est oui, l'action peut être faite, sinon il vaut mieux renoncer !
Là, je vais faire de la publicité pour un site qui n'est pas le mien mais qui m'a beaucoup appris sur le terrorisme. J'aimerais que tous les membres des divers mouvements indépendentistes corses, basques, bretons, irlandais etc. aillent lire tous les textes du site A BAS LA CENSURE ! car ce site analyse fort bien les manipulations que l'état met en œuvre à propos du terrorisme. C'est le seul site que je connaisse qui analyse aussi bien le terrorisme d'état, et l'art déployé par l'état pour infiltrer et manipuler certains mouvements de contestations afin de les amener au terrorisme et dans quels buts. J'essaye ici d'utiliser les leçons que j'ai apprises sur ce site, mais je vous conseille vivement d'aller y faire une visite très sérieuse parce que mon texte n'est peut-être pas à la hauteur de ce site.
Une technique couramment employée par l'état pour éteindre un mouvement social fort est le terrorisme. En quoi cela consiste-t-il?
Si l'état est pressé, il peut faire poser des bombes tueuses par ses services secrets. Ensuite, les mêmes services secrets téléphonent aux journaux ou leur écrivent en se faisant passer pour un groupe révolutionnaire ou un groupe de libération détesté par l'état et qu'il veut faire détester par la population. Mais si l'état n'est pas pressé, il peut s'y prendre d'une façon bien plus efficace parce que plus crédible : comme l'état italien l'a fait dans les années 70 avec les Brigades Rouges. Voici la description que j'ai trouvé sur le site A BAS LA CENSURE ! :
" Des agents spéciaux infiltrèrent les Brigades Rouges italiennes. Puisque le pouvoir commande aussi bien les diverses polices que les services secrets, ces agents spéciaux purent facilement faire des coups d'éclat sans se faire coincer. Ils acquirent ainsi une bonne réputation parmi les B.R. et purent monter dans la hiérarchie. A force d'améliorer leur image chez ces " terroristes " en faisant de nouveaux coups d'éclat, ils finirent par arriver, dans la hiérarchie des B.R., juste au-dessous de ses chefs historiques. Ils ne purent les détroner avec cette méthode, mais ils avaient toute leur confiance. A l'occasion d'un coup monté avec ces chefs, ils les firent tomber. Une fois ceux-ci en prison, les agents secrets furent chefs des B.R.. C'est à dire que depuis cette époque, les B.R. ne sont plus qu'un appendice gratuit et obéissant des services secrets italiens. Cette méthode que je viens de décrire est tellement facile à utiliser pour les services secrets que vous ne verrez certainement pas pourquoi ils s'en seraient privés. Cependant, si vous avez des doutes, lisez " Du terrorisme et de l'état " de Gianfranco Sanguinetti (distribution : " Le fin mot de l'histoire " ; B.P.274, 75866 Paris cedex 18 ; 50 Francs). Ce livre explique comment le grand spectacle de l'enlèvement d'Aldo Moro tua le printemps italien de 78. "
Maintenant, je dois poser une question aux membres de base d'Armata Corsa : " Êtes-vous sûrs qu'il ne vous est pas arrivé la même chose qu'aux B.R. italiennes ? à ceci prêt qu'au lieu d'envoyer votre " chef " en prison, en le faisant tomber lors d'une action, les services secrets de l'état français l'ont assassiné ? (d'après la presse, Jean Michel Rossi était le fondateur de votre mouvement, votre " chef ", en quelque sorte.) Si les médias français n'ont pas menti une fois de plus, vous avez dit que vous alliez commettre des attentats, et peut-être même des attentats aveugles, à Paris et à Strasbourg. Cette stratégie, si on peut appeler ça une stratégie, est complètement fausse, comme je crois l'avoir bien démontré plus haut. Alors, votre nouveau chef, celui qui a remplacé jean Michel Rossi, pourquoi vous incite-t-il à envoyer de tels messages et peut-être à commettre de telles horreurs ? Est-ce un imbécile ou est-ce un agent de l'état infiltré parmi vous ? Ou bien les médias français ont-ils totalement menti ? (Dans ce dernier cas, il est urgent de démentir.)
Quand l'état infiltre un groupe révolutionnaire ou un groupe indépendentiste pour l'inciter à commettre du terrorisme, ce n'est pas forcément dans l'unique but de faire mal voir ce mouvement par la population. Il peut y avoir aussi, comme c'est probablement le cas en ce moment, un autre but encore bien plus important :
Actuellement, un mouvement social très important est en train de monter. Il y a des grèves un peu partout, les négociations sur les retraites sont très dures dans le privé comme dans le public. Le climat social est explosif. Or justement, un autre but du terrorisme commis ou manipulé par l'état est de faire en sorte que les gens se disent : " Soit avec l'état, soit avec les terroristes. Seul l'état peut nous défendre contre les terroristes. Ne mettons pas de bâtons dans les roues de l'état, cessons d'en dire du mal, cessons de faire grève, etc. " Si malgré tout un mouvement social fort arrivait à se faire jour, alors le traumatisme causé par la violence terroriste empêcherait ce mouvement de se défendre efficacement (parce qu'il n'oserait même pas penser à utiliser la violence) contre les habituelles violences policières. De plus, le terrorisme permettrait par l'intermédiaire d'une réactivation du plan Vigipirate (dont il a été dit plusieurs fois qu'il s'agissait d'un mini coup d'état) de justifier une très forte présence policière (voire militaire), d'interdire certains rassemblements en certains endroits sous prétexte de sécurité, de fouiller les gens à tout propos sans que personne râle ! Mais de toute façon, une population terrorisée ne se dirige pas vers la grève générale puisqu'au lieu de lutter contre le pouvoir qui l'exploite, elle l'appelle au secours parce qu'elle ne voit que lui pour la défendre contre le terrorisme.
Par conséquent, si Armata Corsa allait poser quelques bombes dans les villes françaises, cela arrangerait le pouvoir à tous les points de vu ! Je suis bien sûr que ce n'est pas le souhait des membres de la base d'Armata Corsa !
Si le mouvement social dont je parle peut effectivement se développer, les indépendentistes corses, basques, bretons etc. pourront participer à ce mouvement, mettre au service de ce mouvement leur savoir faire et en profiter pour expliquer ce qu'est la colonisation dans les AG de grève. Ce sera le bon moment pour dénoncer diverses manipulations et pour passer des alliances !
Vive la révolution : http://www.mai68.org
ou :
http://www.cs3i.fr/abonnes/do
ou :
http://vlr.da.ru
ou :
http://hlv.cjb.net