JOURNAL
"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."
N°67, 30 avril 2002
PREMIER TOUR : PREMIER ÉTAPE DUN COUP D'ÉTAT ?
Il
se peut que le premier tour des présidentielles françaises n'ait
été que la première étape d'un coup d'État
destiné à nous inféoder plus encore à cette Europe
qui nous a imposé il y a deux mois à Barcelone une privatisation
d'EDF et une augmentation de 5 ans de l'âge de la retraite.
On a vu que la gauche plurielle avait mené une politique digne du RPR. Il n'y a par conséquent rien d'étonnant à ce qu'elle n'ait eu aucune hésitation à nous demander de voter Chirac au second tour. Ce qui, par contre, vous étonnerait plus, du moins je l'espère, c'est que moi, qui n'ait eu de cesse de dénoncer la politique et la propagande droitière menée par la gauche plurielle, je vous invite à voter, et à droite de surcroix : n'y comptez pas !
Au premier tour, je n'ai pas voté parce qu'aucun candidat ne m'avait semblé suffisamment à gauche, et on voudrait aujourd'hui me faire voter Chirac ? Ils (les gens du pouvoir qui savent faire bon usage de la catastrophe) se foutent de nous : ils ne s'en foutrons pas longtemps !
Je n'irai pas voter dimanche !
De plus, je viens d'apprendre qu'en prenant le prétexte du triste événement qui vient d'arriver au premier tour et qui a été permis par la 5° République, un appel à fonder une 6° République a été lancé PAR DES GENS DU POUVOIR sous prétexte d'empêcher que ça recommence. Mais ça fait des années qu'on veut nous changer notre constitution afin de la remplacer par une autre qui permettrait plus facilement la dissolution du pays dans cette Europe qui nous a imposé il y a deux mois à Barcelone une privatisation d'EDF et une augmentation de 5 ans de l'âge de la retraite.
Méfions-nous. Il se peut que le premier tour des présidentielles françaises n'ait été que la première étape d'un coup d'État destiné à nous inféoder plus encore a cette Europe. [Note de do du 14 juillet 2006 : à propos de l'Europe, vous pouvez cliquer ici]
Plus la victoire de Chirac dimanche qui vient sera faible, et moins il sera en mesure de nous imposer ce coup d'État !
LE PEN AU SECOND TOUR, LA FAUTE À QUI ?
Tout le monde avait souligné, avant ce triste premier tour des présidentielles françaises 2002, qu'il n'y avait aucune différence entre la gauche plurielle (le P"S", les "verts" et le P"C"F) et la droite plurielle. D'ailleurs, Jospin et Chirac n'ont-ils pas signé ensembles, à Barcelone, un mois et demi avant les élections, un accord européen pour privatiser EDF et pour augmenter de 5 ans l'âge de la retraite ? N'ont-ils pas ainsi montré et d'une qu'il n'y avait aucune différence entre eux, et de deux que les décisions importantes se décidaient ailleurs que dans les urnes ?
Et quel cirque pour augmenter le nombre de voix de certains candidats qui avaient peur du ridicule ! Entre un Bayrou qui giffle un gosse sous prétexte qu'il lui fait les poches et un Mamère qui a une " altercation " avec de prétendus membres du Betar (sionistes extrêmistes), on se demande lequel des deux est le meilleur acteur. En tout cas, si dans aucun de ces deux cas il ne s'agit d'un coup monté, alors, on peut dire qu'ils ont eu tous les deux une chance énorme que les caméras de télé soient là pile au bon moment pour filmer leurs scènes de bravoure ! C'est incroyable ! et c'est pour ça que je n'y crois pas !
En tout cas, il est permis de se demander : aujourd'hui, les journalistes qui se sont fait les complices de Noël Mamère pour son court métrage publicitaire, le regrettent-ils, oui ou non ? En effet, sa pseudo-altercation lui a probablement rapporté bien des voix qui ont manquées à Jospin pour être au second tour !
Car, si on a voulu faire croire que c'était de la faute des candidats d'extrême-gauche si Jospin n'était pas présent au second tour, il paraît toutefois évident que la faute en revient certainement bien plus à ses alliés de la gauche plurielle qu'aux candidats d'extrême-gauche. En effet, que je sache, avant, Chevènement était bien au PS, n'est-ce pas ?
La faute de la présence de Le Pen au second tour revient aux électeurs qui ont voté Jospin, pourrait-on dire ! Parce qu'ils savaient pour la plupart que la gauche plurielle les avait trahi ! Par conséquent, pourquoi n'ont-ils pas voté pour le candidat d'extrême-gauche qui aurait le plus de voix, c'est-à-dire pour Arlette ? Si Arlette avait eu toutes les voix de Jospin, le deuxième tour aurait été entre Chirac et Arlette ! Cela aurait eu plus de gueule, vous trouvez pas ?
LA FAUTE À JOSPIN !
Non, si Jospin n'est pas présent au second tour, ce n'est pas de la faute aux abtentionnistes ni de la faute de celles et ceux qui ont voté Gluckstein, Facteur ou Arlette. La faute en revient à Jospin lui-même ! C'est d'ailleurs ce qu'il a reconnu en prononçant la seule phrase bien parmi toutes celles que j'ai entendu dans sa bouche : « J'assume pleinement la responsabilité de cet échec ».
En effet, s'il voulait que la gauche vote pour lui, il n'avait qu'à faire une politique de gauche au lieu de faire une politique de droite, et puis, quand il a commencé sa campagne électorale, il n'avait qu'à pas dire : « mon projet n'est pas socialiste » !
LA FAUTE À MITTERRAND !
C'est Mitterrand qui a fait volontairement monter Le Pen afin d'être réélu en 1988 ! Puis, le PS n'a cessé de jouer avec Le Pen, en lui faisant une énorme publicité dans les médias, pour le faire monter dans les sondages, ou, du moins, pour qu'il se maintienne, afin de pouvoir s'en servir pour diverses élections. C'est bien pourquoi Le Pen s'est toujours démerdé, en échange, pour favoriser le Parti Socialiste le plus qu'il lui était possible !
LA FAUTE À DE GAULLE !
Avec l'appui des militaires, le général de Gaulle a fait un coup d'État fasciste le 13 mai 1958. Pendant la quatrième République, le Président de la fRANCE était élu par les députés. Il avait beaucoup moins de pouvoir qu'aujourd'hui, où il est directement élu par " Le Peuple ". Son rôle se limitait pratiquement à un simple rôle de représentation du pays, à un rôle d'ambassadeur, rien de plus. Mais de Gaulle a fait son coup d'État afin de prendre le pouvoir. Il lui fallait donc changer la constitution. Il a chargé Michel Debré d'écrire la cinquième constitution qui a transformé la république en un régime présidentiel, où, donc, le Président de la République est un monarque élu pour sept ans (aujourd'hui ramenés à cinq ans) ! la cinquième République est en fait une sorte d'intermédiaire entre une République et une monarchie constitutionelle.
Il est clair que la quatrième République était bien plus démocratique que la cinquième !
Si nous étions encore, en l'an 2002, avec une constitution du style quatrième République, un Le Pen avec 17% des suffrages exprimés aurait représenté un danger bien moindre que sous la cinquième. De surcroît, pour lui, cela aurait été un chiffre très difficile à atteindre. En effet, avec la 4° constitution, aucun Mitterrand n'aurait eu intérêt, pour être réélu Président de la République par exemple, à faire monter un Le Pen dans les sondages en lui faisant de la pub dans les médias. Et même si un tel Mitterrand avait existé, pour d'autres raisons qu'une réélection à la Présidence, de toutes façons, il n'aurait pas eu le pouvoir de faire une telle saloperie ! Trop de pouvoir entre les mains d'un seul homme, c'est vraiment pas bon. On le savait, à l'époque où on avait décapité le Roi !
De Gaulle n'avait pas vu que la cinquième constitution présentait un gros défaut en sélectionnant pour le second tour des élections présidentielles les deux candidats arrivés en tête au premier tour. Il est clair que s'il avait pensé à la situation du récent premier tour, il aurait dit à Debré de faire sélectionner pour le second tour des présidentielles les deux candidats qui étaient, compte tenu des alliances, susceptibles de réunir le plus de voix au second tour. Ainsi, Jospin aurait été présent au second tour, et non Le Pen !
Cela montre bien que des lois ou des super-lois (la constitution est en fait un ensemble de super-lois) ne peuvent jamais être parfaites. Qu'aucune institution ne peut être parfaite. C'est d'ailleurs pourquoi la révolution sera toujours l'ennemi de toutes les institutions. Car l'institution est l'ennemie du changement et donc de l'évolution vers le mieux. La seule solution pour nous, c'est la coordination !
LA FAUTE AUX MÉDIAS
Depuis plus de quinze années les politiciens et les médias nous disent que le vote protestataire est le vote le pen. Pourquoi ne nous disent-ils pas que le vote protestataire est celui d'Arlette, par exemple ? Auraient-ils peur que nous ne nous mettions à voter Arlette ? Cela signifie en tout cas que les politiciens et les médias, contrairement à nous, ont moins peur de Le Pen que de l'extrême-gauche, puisqu'ils n'ont de cesse de nous dire que quand on n'est vraiment pas content, c'est Le Pen qu'il faut voter (et pas Arlette). Ce qui est normal : les politiciens et les médias sont toujours au service du capital qui, lui-même, est toujours fasciste : rien n'a changé, de ce point de vue, depuis l'époque où le patronat collaborait massivement avec l'envahisseur nazi sous prétexte que, disaient-ils : « Mieux vaut Hitler que le communisme ! » !
FASCISME ET NAZISME
D'après les historiens, le point commun entre le fascisme et le nazisme, c'est que dans les deux cas, le dictateur doit pouvoir s'appuyer sur un énorme mouvement de soutien présent dans toutes les couches de la population. La différence, c'est que le fascisme, c'est l'État avant tout, alors que le nazisme, c'est la Race avant tout. Le pen correspond donc à peu près à la définition du nazisme sauf que son soutien populaire va être bien moindre que celui que va obtenir Chirac. Quand à ce dernier, il correspond tout à fait à la définition du fascisme : toute sa campagne est basée sur la restauration d'un État fort, et au second tour, il aura un large soutien populaire dans toutes les couches de la population !
Comme ces électeurs de Le Pen qui cachent aux sondeurs pour qui ils voteront, le fascisme et le nazisme s'avancent toujours à visage masqué ! Le Pen et Chirac n'ont de cesse de mentir parce qu'ils savent bien que ce n'est pas avec du vinaigre qu'on attrape les mouches !
LES MANIFS
Le manifs spontanées qui eurent lieu dès que fut connu le résultat du premier tour des élections étaient très sympas, ce qui ne m'empêchera pas de les critiquer :
Il fallait attendre la fin des législatives, pour commencer les manifs. Sous peine de faire monter le Pen. En effet, il lui est trop facile de poser la question : « On m'accuse d'être fasciste, mais qui est fasciste ? moi, ou bien ceux qui contestent dans la rue le résultat des urnes ? » Et hop il a gagné instantanément 2% ! En effet, vers 21h30 ou 22h, le dimanche 21 avril 2002, jour des élections, un premier sondage donnait pour le second tour 80% des voix à Chirac et 20% à Le Pen, tandis que quelques heures plus tard, et pendant ces manifs spontanées, le lundi 22 avril à 1h30 était livré un autre sondage qui donnait déjà 22% à Le pen et 78% à Chirac !
La campagne électorale a principalement porté sur l'« insécurité ». Tout le monde ayant compris que cela avait énormément participé à la résurrection de Le Pen qui, sinon, était fini depuis la division du FN, il fut facile de raisonner les jeunes manifestants en leur disant qu'il fallait manifester dans le calme. Que sinon, ils allaient donner des voix à Le Pen ! Partant de là, la gauche plurielle put facilement récupérer ces manifs qui, initialement étaient anti-Le pen, et les transformer en manif pour aller voter Chirac !
Tout ceci n'aurait pas pu arriver si les contestataires avaient un peu réfléchi avant de passer à l'action, et s'ils avaient décidé d'attendre la fin des législatives avant de lancer un vaste mouvement de contestation qui aurait alors pu suivre le mode d'emploi normal de toute contestation sérieuse et éviter ainsi d'être récupéré !
Non ! je n'irai pas manifester le 1° mai !
ÉTAIT-CE PRÉVISIBLE ?
Qu'on ne nous dise pas que Le Pen, lui, avait prévu le coup en disant notamment qu'un jour les gens préfèreraient "l'original à la copie", car à chaque élection où il se présente, Le Pen "prévoit" toujours de faire beaucoup mieux que ce que les sondages disent ! Comment se fait-il que les médias n'aient pas souligné ce fait ? Les médias n'ont-ils aucune mémoire ? Sont-ils idiots ? Ou veulent-ils encore nous manipuler ? Et dans quel sens ? Voudraient-ils nous faire croire que Le Pen est plus intelligent que tout le monde ? Qu'il est donc très redoutable ? Qu'il faut donc massivement aller voter pour Chirac le fasciste afin d'éviter que Le Pen le nazi ne soit élu ?
Que Le Pen soit présent au second tour était bien sûr envisageable à défaut d'être absolument prévisible. En effet, l'accroche de mon journal 62 du 30 janvier 2001 sur « LE SPECTACLE DE LA DÉLINQUANCE » était : « On veut nous faire croire à l'augmentation de la délinquance afin de nous faire accepter une augmentation notable du budget destiné à la répression et afin de justifier un État policier. », et le post scriptum N°4 de ce même journal 62 commençait ainsi : « Dans une telle ambiance de tentative de retour aux vieilleries fascisto-nazies... » Quant au post scriptum N°1 de mon courrier collectif du 27 février, il parlait directement des élections : « Pendant qu'à Evreux la police assassinait une fois de plus un petit jeune, les quatre principaux candidats, Chevènement, Chirac, Jospin et Le Pen, se disputaient pour savoir lequel d'entre eux mettrait le plus de flics (flics, fascist'assassins !) dans les rues : chacun de ces candidats cherche à démontrer que s'il est élu, il sera bien plus fasciste que les autres ! Si aujourd'hui c'est vraiment sur ce thème qu'il faut faire campagne pour se faire élire en fRANCE (petit "f" et grand "RANCE"), alors, pour insulter quelqu'un, il ne faut plus lui dire : « Sale fasciste ! », mais : « Sale Français ! » ! ! »
AU ROYAUME DES AVEUGLES LE BORGNE EST ROI
Pour compléter cette analyse, vous pouvez lire l'intervention 519 en AG.
Vive la révolution : http://www.mai68.org
ou :
http://www.cs3i.fr/abonnes/do
ou :
http://vlr.da.ru
ou :
http://hlv.cjb.net