JOURNAL

"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."

 

N°55,          16 juin 2001


ALGER   GÖTEBORG  VIOLENCE

VIVENT LES ÉMEUTIERS D'ALGER !
—————
          A Alger, la grande manif contre le pouvoir a réuni un million de personnes. La lutte du prolétariat1 algérien contre ses oppresseurs a repris là où elle avait été abandonnée après octobre 1988, quand l'intermède islamiste était venu la subjuguer après que l'armée l'eut très durement réprimée.
—————

          En octobre 1988 en Algérie, un an après la première intifada palestinienne, deux ans après le décembre 1986 français, éclataient de violentes émeutes dont le but profond était de faire une nouvelle révolution en Algérie.

          L'Algérie est un pays très jeune au sens où les moins de 18 ans sont peut-être les plus nombreux. En 1988, ces jeunes2, et certainement pas qu'eux, même si c'est surtout eux qui furent visibles, ne supportèrent plus l'oppression que les exploiteurs leur faisaient subir. Ils se révoltèrent avec l'énergie de la jeunesse. A Alger notamment, il y eut de très violentes émeutes. Les jeunes algérois attaquèrent la police et pillèrent les magasins. Cela dura des jours et des jours. Pour stopper cette révolte qui était en train de détruire son pouvoir, l'armée intervint : il y eut 500 morts en 15 jours !

          Mais la révolte couvait sous la cendre. Le feu ne pouvait s'éteindre vraiment tant que l'exploitation du prolétariat continuait. Cette révolte, qui, si elle réussissait, pourrait servir d'exemple au monde entier, était dangereuse non seulement pour les maîtres de l'Algérie, mais aussi pour l'ensemble des maîtres du monde. Ces derniers firent leur possible pour aider le pouvoir algérien à surmonter cette difficulté.

          Le seul moyen de supprimer la révolte contre le pouvoir étant de supprimer le pouvoir, ce dernier n'envisageait bien sûr pas cette solution. Il ne lui restait qu'à utiliser les divers subterfuges du reste fort classiques que sont le détournement, c'est-à-dire la récupération ; et la provocation, c'est-à-dire la manipulation (souvent la manipulation du terrorisme). Bien sûr, faire la guerre est aussi une technique fort efficace pour vaincre une tentative révolutionnaire3, mais cette technique n'a pas encore été employée par le pouvoir algérien, qui pourrait très bien envisager une guerre contre le Maroc, par exemple ! A condition, bien sûr, que ce moyen soit autorisé par les maîtres du monde !

          En occident, le moyen généralement utilisé pour détourner les luttes consiste à les faire récupérer, et canaliser, par un parti ou un syndicat. Jusqu'à présent, ce sont surtout la CGT et le Parti " Communiste " qui jouèrent ce rôle, mais tous les partis et tous les syndicats pouvant jouer un tel rôle, les émeutiers du mai 68 français écrivaient sur les murs que « Les syndicats sont des bordels et les partis les meilleurs proxénètes des masses ! ». Bien sûr, après mai 68, la population s'étant rendu compte du rôle essentiel joué par le P"C"F et la CGT dans la défaite finale de la révolution4 se mit petit à petit à fuir ces diverses organisations.
          Cependant, la CGT conserve encore quelques capacités de nuisances. Cela s'est bien vu pendant la dernière grève de la SNCF. La CGT rentra dans la grève avec une semaine de retard, puis deux jours après, elle freina des deux pieds afin de stopper cette grève ! C'est ça, les syndicats ! D'ailleurs, ils ne sont pas essentiellement financés par leurs militants, mais par l'État (à 88% d'après un article du canard Enchaîné de 1986 !) Les syndicats sont au service de ceux qui les financent !

          Dans les pays arabo-musulmans, il est fort difficile de détourner un grand mouvement de contestation vers Un P"C" ou une CGT locale, parce que ce genre de structure n'y est que trop faiblement implanté. Il faut donc envisager autre chose. Qu'à cela ne tienne, en 1978, une puissante révolution secouait l'Iran ; elle fut vaincue en 1979 en la détournant vers l'islamisme. Cette idée vint probablement de fRANCE, puisqu'avant de partir en Iran pour récupérer et canaliser la tentative iranienne de la révolution, Khomeiny vivait en fRANCE !

          L'Algérie, c'est la fRANCE, c'est très connu ! Rien n'empêchait donc d'appliquer en Algérie la technique contre-révolutionnaire qui avait si bien marché en Iran !

          Des imams, c'est-à-dire des curés de l'islam, firent de grands discours prétendus extrémistes comme quoi les malheurs des Algériens étaient dus à leur éloignement de l'islam. Ils dirent de manifester, ils organisèrent eux-mêmes des manifestations parfois violentes etc. Ils firent tant et si bien qu'ils finirent par devenir les chefs de presque toute la contestation algérienne ! Alors que jusque là, les Algérois étaient plutôt athées ! (lire à ce sujet le livre de Camus intitulé " Noces à Tipaza ". Rappelons que Camus vivait à Alger et savait de quoi il parlait.)

          Les islamistes subjuguèrent la contestation algérienne à un tel point que les élections municipales du 12 juin 1990, massivement boycottées par les Kabyles, furent facilement gagnées, avec 54,3% des voix, par le FIS (Front Islamique du Salut : fondé le 18 février 1989 dans la mosquée al-Sunna de Bab el Oued à Alger, le FIS a été légalisé par le ministère de l'Intérieur le 16 septembre 1989.)

          Puis vinrent les fameuses élections législatives de 1991-92 où les islamistes firent une percée faramineuse. A tel point que si les militaires n'avaient pas fait un coup d'État5 juste avant le second tour, les islamistes auraient pris le pouvoir en Algérie ! Avec toutes les conséquences que cela auraient eu : voir l'Iran de Khomeiny ou l'actuel Afghanistan.

          Le coup d'État des militaires fut donc accepté dans le monde entier et même très souvent par les Algériens de fRANCE. À croire que si auparavant les chefs militaires algériens avaient autant favorisé l'islamisme algérien, c'était pour avoir une bonne excuse pour faire ce coup d'État !
          Les élections se trouvaient en effet annulées par le coup d'État alors qu'il aurait été facile de les truquer ! Mais un truquage électoral n'aurait jamais donné autant de pouvoir aux militaires qu'un coup d'État !

          Il fallait ensuite justifier le coup d'État vis-à-vis de la population algérienne elle-même. Le FIS fut dissout le 4 mars 1992. Il put se militariser, et, très puissant, prendre le maquis. L'Armée Islamique du Salut (AIS), la branche armée du FIS, est entrée en action en juillet 1992 en s'attaquant à l'armée et à des objectifs publics. L'AIS avait pour instructeurs militaires des islamistes algériens ayant été entraînés en Afghanistan par les Américains (Les Américains s'étaient servi de l'islamisme pour virer les Russes d'Afghanistan et avaient entraîné militairement les islamistes de ce pays ainsi que beaucoup d'Algériens ayant fait le déplacement pour se battre à leurs côtés). Le FIS était d'ailleurs financé par les Américains par l'intermédiaire de l'Arabie Saoudite. Et quand les USA ordonnèrent au FIS de cesser toute lutte armée, celui-ci s'exécuta sans rechigner !
          Il y eut donc une situation de guerre intérieure, militaires d'un côté et AIS de l'autre. Cette situation permettait donc aux militaires de faire tout et n'importe quoi sans avoir à se justifier ni vis-à-vis des Algériens, ni vis-à-vis du reste du monde. Du moins dans un premier temps.

          Mais l'Algérie, ce n'est pas les USA, c'est la fRANCE ! C'est bien connu ! Les Français ne pouvaient donc pas laisser les Américains régler seuls le problème algérien. Ainsi fut monté un groupe concurrent du FIS, le GIA (Groupe Islamique Armé, fondé quelques mois avant les élections législatives algériennes de décembre 1991), financé par la fRANCE à travers le Soudan ! (oui, ce Soudan qui livra cet imbécile de Carlos6 à la fRANCE, ce Soudan dont le pouvoir islamiste est financé et tenu à bout de bras par la fRANCE : fRANCE qui finance en particulier la guerre des islamistes soudanais contre les révoltés chrétiens et animistes du Sud-Soudan (deux millions d'entre eux seraient déjà morts !))

          Le GIA fut encore plus horrible que le FIS dans ses pratiques terroristes. Plus tard, l'Amérique abandonna la partie et demanda au FIS de cesser sa guérilla et sa terreur. Ce qui fut fait immédiatement. Mais, bien sûr, le GIA continua ses massacres de plus belle !

          Bien sûr, le FIS, puis le GIA étant totalement manipulés par les services secrets (les services secrets français et algériens travaillent mains dans la mains : l'Algérie, c'est la fRANCE !) ne massacraient pas forcément n'importe comment ni n'importe qui ! les villages qui gênaient le pouvoir furent particulièrement choisis. De même, quand le pouvoir voulait se débarrasser de quelqu'un, comme Mohammed Boudiaf ou Matoub Lounès, on faisait faire le sale travail par les islamistes, ou du moins on prétendait que c'étaient eux les coupables ! Cette situation de guérilla et, surtout, de terrorisme permettait aux militaires de justifier une dictature absolue !

          Mais il se trouve que les Algériens finirent par se rendre compte d'une grande partie de la réalité des choses : ils ne devinèrent peut-être pas le rôle joué par la fRANCE dans le financement du GIA, mais ils finirent tout de même par comprendre petit à petit que le GIA n'était qu'un groupe fictif complètement aux ordres des militaires et l'affaire de Bentalha (lire une intervention en AG ou un article du monde) ne fit qu'accélérer les choses. Maintenant, tout apparaît à peu prêt clairement dans la tête de tous les Algériens :

          L'épisode islamiste ne fut qu'un tragique moment voulu par l'occident et les militaires algériens pour stopper net la nouvelle révolution algérienne qui naquit en 1988. Par conséquent :

          Les Algériens reprennent aujourd'hui leur révolution là où ils l'avaient laissée en octobre 1988 !

____________

Post Scriptum : 1°) En Algérie, la population s'est organisée en comités de villages réunis dans une coordination digne de ce nom : ces comités et cette coordination ne veulent être récupérés par aucun parti et par aucun syndicat !
                           2°) Le site des officiers libres d'Algérie dénonce les manipulations du pouvoir (le GIA est un groupe fictif au service du pouvoir) et parle de retour à octobre 1988. Visiblement, en Algérie, une fraction de l'armée est au moins moralement dans le camp de la nouvelle révolution algérienne.
                           3 °) Le combat, s'il a touché en premier les Kabyles, c'est peut-être parce qu'ils avaient été les moins sensibles à l'islamisme, parce qu'ils étaient moins tombés dans ce piège que les autres. Mais, parti de Kabylie, le mouvement révolutionnaire algérien a dors et déjà gagné toute l'Algérie !

____________

Notes : (1) Le prolétaire est celui qui n'a aucun contrôle sur l'emploi de sa vie et qui le sait.
            (2) Ce sont souvent les plus opprimés qui font les révolutions, c'est-à-dire les jeunes et les femmes. Ce n'est pas pour rien si les symboles de la Révolution Française sont Gavroche et Marianne (tiens ! aucun symbole d'homme adulte !) Et c'est bien pour parer à ce danger que représente la jeunesse que, sous couvert d'humanitarisme, le pouvoir n'a de cesse de faire de la propagande pour rendre les armes inaccessibles à la jeunesse !
            (3) Voici quelques citations trouvées dans l'article intitulé " Quand Tocqueville légitimait les boucheries ", écrit par Olivier Le Cour Grandmaison et publié dans Le Monde Diplomatique de juin 2001 en sa page 12 :
                       — « Mettre un terme au déclin de la France, restaurer son prestige et sa puissance, telle est l'obsession de Tocqueville qui est convaincu que, en l'absence d'une vigoureuse politique de conquêtes, le pays sera bientôt relégué au second rang et la monarchie menacée dans son existence même. »
                       — « La guerre et la colonisation se présentent donc comme des remèdes aux maux sociaux et politiques qui affectent la France. » [ndd : à l'époque de Tocqueville, bien sûr, mais plus tard aussi : 1870, puis première et deuxième guerre mondiale !]
              (4) Quand je dis défaite, je veux dire que les 33% d'augmentation du SMIG que l'on nous accorda en 68 afin d'acheter notre retour au travail n'avaient rien à voir avec ce que nous voulions : la révolution totale !
              (5) Dès le premier tour, le 26 décembre 1991, le FIS est en passe d'obtenir la majorité. l'Assemblée Nationale Populaire est dissoute par décret présidentiel le 4 janvier 1992. Le 11 janvier (cinq jours avant la date prévue pour le deuxième tour des élections), le président Chadli démissionne. Le 14 janvier, la direction du pays est confiée à un Haut Comité d'Etat jusqu'en décembre 1993 (du moins officiellement !).
                      Le Haut Comité d'Etat (HCE) est une présidence collégiale établie à la suite du coup d'Etat militaire du 11 janvier 1992 qui a interrompu le processus électoral avant le second tour des élections législatives qui allait donner la victoire au FIS. Après avoir dissout le FIS, le 4 mars 1992, le HCE a instauré un état d'urgence permanent, créé des juridictions "spéciales" dans le cadre de sa lutte contre "le terrorisme et la subversion" et soumis la presse à la censure
              (6) Carlos, parce qu'il est un grand défenseur de la cause Palestinienne, se croyait en sécurité au Soudan sous prétexte que c'est un pays islamiste ; mais, quelque soit le régime d'un pays, il est au service de celui qui le finance !


VIVENT LES ÉMEUTIERS DE GÖTEBORG !
—————
          Göteborg, c'est l'Alger du Nord ! Si apparemment les émeutiers d'Algérie se battent essentiellement pour libérer l'Algérie de l'oppression, je parie cependant qu'ils ont éprouvé un grand élan de sympathie envers les émeutiers de Göteborg, qui, eux, se sont battus pour libérer la planète entière de l'oppression capitaliste.
—————

          Les émeutiers de Seattle furent le renouveau du mouvement révolutionnaire international. Les nouveaux guérilleros sont vraiment internationaux, ils se soutiennent les uns les autres, et se battent pour la même chose : la suppression de l'exploitation de l'individu par l'individu.

          Les autorités, avec l'aide de leurs chaines de télévisions, nous poussent à renommer " antimondialisation " notre mouvement révolutionnaire, afin d'en amoindrir le sens et le but. Mais c'est bien la révolution que nous voulons, et nous ne lâcherons pas !

          A Göteborg, les autorités ont prétendu que les émeutiers venaient de l'étranger. Ne doutons pas que le mouvement anticapitaliste soit international ; mais ce n'est pas gratuit, de se déplacer si loin ! Il est bien sûr que de même que les émeutiers de Seattle étaient essentiellement de jeunes Américains, les émeutiers de Nice de jeunes français, les émeutiers de Davos de jeunes Suisses, les émeutiers de Göteborg étaient essentiellement  suédois ! Même si de nombreux " émeutiers " ont fait un long voyage pour venir participer à la révolution mondiale.
          Oui, messieurs les capitalistes, vous pouvez essayer de vous voiler la face, essayer de nous mentir, mais nous le savons bien : la révolution est partout !

          Et nous savons que vous avez peur de nous :
          *La Banque Mondiale a renoncé à la réunion qui devait être organisée à Barcelone fin Juin. Elle avait trop peur des guérilleros anarchistes espagnols ! Elle se souvenait de 1936 !
          *Le prochain sommet du G8, prévu du 20 au 22 juillet, pourrait se tenir sur une base militaire, voire sur un navire ancré dans la baie de Gênes, pour éviter les débordements qui ont perturbé le récent Conseil européen de Göteborg (Suède).


VIVE LA VIOLENCE RÉVOLUTIONNAIRE !
—————
          On veut nous faire croire que la violence est mauvaise en soi. Mais la violence essentielle est celle de l'oppression ! au sens où l'oppression est en soi la première violence, comme au sens où elle utilise sans arrêt la violence pour se maintenir.
—————
Göteborg : Les bandes armées du pouvoir en action !

          Il n'y a pas la violence en soi :

          Il y a d'un côté la violence du dominant contre le dominé, la violence qui sert à maintenir la domination. Domination qui, en elle-même, est la pire de toutes les violences, et qui est la violence première, celle qui engendre toutes les autres. C'est la violence réactionnaire.

          Et de l'autre, la violence du dominé contre le dominant. La violence qui veut détruire toute forme de domination. C'est la violence révolutionnaire.

          Si les dominés acceptent de croire ce que le dominant lui dit à la télé : que les dominés ne doivent jamais utiliser la violence pour se défendre, sous le prétexte fallacieux que les salauds qui sont au pouvoir seraient des gentils, alors, les dominés l'auront toujours dans le cul ! parce que les dominants, eux, n'hésitent jamais à utiliser la violence pour maintenir la domination.

         Les émeutiers d'Algérie ont raison. Le pouvoir est sacrément gonflé, de dire avec le ton du reproche que les émeutiers d'Alger sont violents, car qui a monté le pseudo-gang nommé GIA afin de massacrer des villages entiers ?

          Les émeutiers de Göteborg ont raison, car qui est le plus violent ? le manifestant qui lance des pierres, ou le flic qui tire dans la foule avec une arme à feu ?

          Les émeutiers ont raison de piller et de casser. Il faut que ça coûte le plus cher possible aux capitalistes, quand ils nous font du mal. Il faut que ça leur coûte plus cher que quand ils ne nous font pas chier ! C'est le seul langage qu'ils comprennent !

           D'un côté les casseurs, de l'autre ceux qui ne cassent rien !

          Une des techniques couramment utilisée par le pouvoir consiste à diviser pour mieux régner. Cela s'applique aussi aux manifs qui virent à l'émeute. Avec l'aide de ses journalistes (les journalistes de télé sont le plus souvent des hypnotiseurs-propagandistes au service du pouvoir, et elles (ils) nous la mettent bien profond avec leurs jolies petites frimousses à qui l'on " donnerait le Bon Dieu sans confession ". Ils (elles) sont choisiEs en fonction de leurs capacités physiques (sex-appeal), intellectuelles (putasserie) etc. à remplir ce rôle !), le pouvoir essaie de nous faire croire qu'il y a un fossé aussi large que le canyon Colorado entre les manifestants bien tranquilles et les émeutiers. Mais ce n'est qu'un mensonge. Les manifestants sont tous là, tous ensembles, pour lutter contre la même chose, contre l'oppression ! Ils sont tous les mêmes !
          Certains manifestants sont un peu plus conscients que d'autres, certains ont un peu moins peur que d'autres, certains ont subi plus de choses que d'autres, certains sont plus motivés que d'autres et certains sont un peu moins bien conditionnés que d'autres. Dans une manif qui vire à l'émeute, il y a tous les degrés intermédiaires entre le simple manifestant bien tranquille et l'émeutier le plus révolté, le plus violent. Il y a tous les degrés intermédiaires de conscience, tous les degrés intermédiaires de révolte et tous les degrés intermédiaires de violence. Et parfois, le plus tranquille devient le plus violent !
          Mais le pouvoir fait exprès d'oublier tous ces intermédiaires, il fait exprès d'oublier que le plus violent peut devenir le plus tranquille, ou l'inverse. Il ne prend que les deux extrèmes, puis il nomme " manifestant " le manifestant le plus tranquille et " casseur " le manifestant le plus violent, afin d'essayer de mettre entre les deux une barrière infranchissable7 ! Le pouvoir tente ainsi de nous faire croire que le manifestant le plus tranquille est l'ennemi du plus violent ! Il incite même le " plus tranquille " à dénoncer, voire à livrer le " plus violent " à la police ! le pouvoir incite donc le " plus tranquille " à utiliser la violence contre le " violent " ! ce qui montre bien qu'en fait ce n'est pas la violence en soi que le pouvoir veut interdire, mais seulement la violence contre le pouvoir !

          Nous devons systématiquement dénoncer cette manipulation du pouvoir afin la déjouer.

          Pour supprimer les émeutes, il faut supprimer le capitalisme !

          Le capitalisme est en soi la pire des violences ! et ce pouvoir salaud nous accuse d'être violent ? Mais lui, il l'est un million de fois plus que nous !

          Pareil en Palestine occupée : les Israéliens accusent les Palestiniens de violence ! Mais voler l'essentiel du territoire palestinien pour fabriquer l'État d'Israël, c'était pas de la violence ? continuer à voler les terres palestiniennes pour constituer de nouvelles colonies sionistes, c'est pas de la violence ?

          C'est toujours le plus salaud, le plus violent, le dominant, qui accuse le plus faible d'être violent dès qu'il cherche à se défendre un tout petit peu ! Car le dominant trouve normal d'utiliser la violence contre le plus faible. Et il trouve tout aussi normal de tenter de faire croire que le plus faible n'a pas le droit d'utiliser la violence pour se défendre. C'est ça que les capitalistes appellent la loi du plus fort, mais c'est la loi du plus salaud !

          Nous cessons petit à petit de tomber dans ce piège, et nous nous souvenons que la prise de la Bastille n'est rien de plus qu'une émeute qui a réussi ! La prise du Palais des tuileries, le 10 aout 1792, qui abolit la monarchie, est aussi une émeute qui a réussi.

          L'émeute est une de nos armes favorites !

          Dix jours de violences révolutionnaires viendront à bout de 3000 ans d'enténèbrement !

          Le sous-titre ci-dessus vient du livre de Raoul Vaneigem intitulé " Traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations " il est publié chez Gallimard. Je vous en conseille la lecture. La première fois qu'il fut publié, c'était en 1967, peu avant mai 68 !

          L'auteur du livre rappelle qu'il y eut un jour une inondation dans les laboratoires de Pavlov. Vous connaissez Pavlov ? C'est un savant Russe qui faisait des expériences sur les chiens. Il faisait sonner une clochette à chaque fois qu'il leur donnait à bouffer. A la fin, chaque fois qu'il faisait sonner sa clochette, les chiens se mettaient à saliver même s'il " oubliait " de leur filer la bouffe ! C'est ça, le conditionnement.

          De cette triste histoire, nous pouvons en conclure que le pouvoir nous traite comme des chiens, puisqu'il n'a de cesse de nous conditionner le mieux qu'il peut. Et la science du conditionnement fait des progrès de jour en jour. Auguste Compte, le philosophe positiviste, classait les sciences par ordre d'importance. Selon ce philosophe bourgeois du XIXeme siècle, la science la plus importante est la sociologie, vient ensuite la psychologie. Viennent ensuite les autres sciences et je ne me souviens plus dans quel ordre. Ce qui n'a aucune importance.

          Car ce qui est important est de bien remarquer que pour la bourgeoisie, les deux sciences les plus importantes sont la sociologie et la psychologie. C'est bien normal car :
          La sociologie est la science du maniement des foules.
          La psychologie est la science de la manipulation de l'individu.

          Mais revenons à nos moutons, ou, plutôt, à nos chiens de Pavlov, qu'en fait, je n'avais pas perdu de vue. Il arriva qu'un jour, les laboratoires de M. pavlov furent inondés. Beaucoup de chiens moururent, mais les survivants étaient tous déconditionnés ! Raoul Vaneigem se base sur cette expérience pour dire qu'un raz de marée révolutionaire nous déconditionnera totalement : 10 jours de violences révolutionnaires viendront à bout de 3000 ans d'enténèbrement !

Une manif est une émeute qui se cherche !

Une manif sans émeute, c'est une baise sans orgasme !

          Nous avons pris la Bastille, nous dit-on, pour libérer les prisonniers. C'est certainement vrai, mais il n'y avait que sept prisonniers. Par contre, La Bastille était un énorme dépot de poudre ! et il y en avait sacrément besoin, pour faire la révolution ! Suivons l'exemple de nos ainés :

Aux armes citoyens !

  

   

Note : 7°) Lire la thc (théorie du concept) pour comprendre toute l'importance du langage et des concepts !

Post scriptum : 1°) Certains font à juste titre la remarque : « Ce que tu proposes mène le prolétariat tout droit vers un conflit avec l'état. En cas de conflit, celui qui aura les meilleures armes et la meilleur organisation a toute les chances de son côté ! »
          J'ai répondu à cette remarque en AG avec un texte intitulé " OSER PENSER, OSER PARLER, OSER SE BATTRE, OSER VAINCRE ! les meilleures armes et la meilleure organisation, c'est nous, le prolétariat, qui les aurons ! "
          C'est l'intervention N° 78. (c'était lors d'un débat sur Cellatex)
                        2°) Comment sera constituée la future armée révolutionnaire ?
          L'union des bandes de quartiers (de banlieues, si vous préférez) dans une même coordination formera la nouvelle armée révolutionnaire. L'union devra se faire aussi avec cette sorte d'émeutiers qu'on trouve à Seattle, Nice, Göteborg etc.
          Bien sûr, l'État fait tout pour manipuler les " bandes de voyous " qui viennent des " quartiers " pour piller les centres-villes lors de certaines manifs. Il pratique là aussi la division pour mieux régner. Il se débrouille par diverses provocations, par diverses manipulations, pour qu'au lieu d'être unies contre le pouvoir, ces diverses bandes se battent les unes contre les autres. Cette technique d'anihilation de notre armée naturelle vient des USA où elle a particulièrement bien été appliquée dans toute son efficacité. Cependant, pendant les émeutes de Los Angeles, en 1992, les diverses bandes (notamment les Bloods et les Creeps) avaient su faire une grande alliance. L'armée des USA dut venir pendant trois jours pour parvenir à les maîtriser...
          Cette technique, diviser pour mieux régner, a été utilisée récemment à Alger où les services secrets ont, paraît-il, réussi à manipuler une bande de banlieue pour la faire se battre contre la manif sous le prétexte raciste que les manifestants étaient tous Kabyles, ce qui était pourtant loin d'être vrai !
          Il me paraît par conséquent urgent de constituer cette union des bandes, même s'il n'y a pas à proprement parler de bandes de quartiers. Pour ça, il faut discuter avec ces " jeunes voyous " dont parlait Leo Ferré dans " il n'y a plus rien ". Et les inciter à discuter entre eux et entre bandes par l'intermédiaire de délégués élus et mandatés, bref, il faut les inciter à monter une coordination des bandes !
          Il faut expliquer les intérêts communs, les manipulations de la police et de la télé visant à empêcher l'union des bandes etc.
          Une fois réalisée cette union des bandes, la police secrète et les journalistes ne pourront plus manipuler les diverses bandes pour qu'elles se battent entre elles au lieu de se battre contre leur véritable ennemi, leur ennemi commun : le pouvoir !
          Notre armée naturelle, c'est l'union des bandes.
                        3°) Quelle sera la stratégie de notre guerre ?
          Le pouvoir habite dans les centres-villes. Les pauvres habitent dans les banlieues, qui sont autour des villes. L'union des bandes de banlieues aura donc toute facilité pour assiéger les villes ou les centres-villes. C'est là notre stratégie naturelle ! Ce qui n'empêchera pas toutes les formes tactiques d'improvisation, notamment aider les piquets de grève ou attaquer tous ensemble et directement un lieu du centre ville où se réunissent les maîtres du monde ou leurs valets politiciens !
                        4°) A qui obéira l'union des bandes, l'armée révolutionnaire ?
          Elle sera totalement autonome et se gèrera elle-même comme une coordination. En réalité, très vite, la coordination des grévistes et l'union des bandes s'uniront dans une seule et même coordination afin de supprimer toutes ces frontières artificielles. De sorte qu'il deviendra impossible de différencier un(e) guérillero(a) d'un(e) gréviste !
                        5°) Quelle sera la différence entre l'armée révolutionnaire et un groupe terroriste ?
          J'ai déjà, sans le dire, plus ou moins répondu à cette question dans ma lettre ouverte aux membres de base d'Armata Corsa. Ceux qui veulent avoir une bonne intuition de la différence entre notre future armée révolutionnaire et un groupe terroriste sont invités à étudier cette lettre ouverte !
          Cependant, comme le sujet est d'importance, je vais essayer d'apporter ici quelques précisions.
          Pour cela, comme l'armée révolutionnaire ne sera pas une armée régulière mais une armée de guérillera(o)s, je vais commencer par citer le " grand maître " de la guérilla, c'est-à-dire che guevara :
          « Le guérillero doit être au sein du peuple comme un poisson dans l'eau ! »
          En fait, tout le secret de la guérilla, des villes ou des champs, ainsi que le secret de la différence entre armée révolutionnaire et groupe terroriste tient dans cette seule et unique phrase.
          Mais je sens bien qu'il me faut développer un peu plus.
          Il est essentiel de comprendre que c'est quand la police et les journalistes réussissent à faire en sorte que la population utilise la dénomination de " groupe terroriste ", pour parler de ce qui voudrait être une guérilla aimée et protégée par la population, que cette " guérilla " est effectivement un groupe terroriste ! Car alors, au lieu d'en accueillir et protéger les membres, la population en aura peur et la dénoncera ! Alors que le guérillero doit être au sein du peuple comme un poisson dans l'eau !
          Par contre, quand la police et les journalistes essaient de faire passer une guérilla pour un groupe de terroristes, mais que la population répond en disant que : « Le terroriste est un guérillero qui n'a pas encore vaincu ! », alors, la guérilla est vraiment une guérilla et pas un groupe terroriste.
          Cela peut sembler subtil aux intellectuels, mais en pratique, c'est tout simple. Les médias essaient toujours de coller le concept de " terroriste " sur le guérillero. Si elle y parvient, alors le pouvoir a momentanément vaincu le guérillero ! Et il ne reste plus à celui-ci qu'à cesser momentanément ses activités pour réfléchir à la situation, comprendre comment il a ainsi pu être vaincu et remédier à cela afin de pouvoir devenir un vrai guérillero. (Voici un avantage supplémentaire de l'anonymat !)
          Pour éviter d'être transformé par la police et les journalistes en terroriste, je crois que le guérillero doit appliquer à la lettre les conseils que je donne dans ma lettre ouverte :
          « Je pense qu'un révolutionnaire (ou un groupe de révolutionnaires) actif [ndd : un(e) guérillero(a)] ne doit jamais se couper des masses. Il doit toujours être un pas en avant d'elles mais jamais plus. Faire les actions que bien des gens font peut se faire mais ne fait pas beaucoup plus avancer les choses. Par contre, il est des actions dont beaucoup de gens rêvent mais n'osent pas faire. Ce sont ces actions là qu'un révolutionnaire un tant soit peu sérieux doit faire pour montrer l'exemple, pour montrer que c'est possible, pour expliquer comment on les fait. »
          « Par exemple, " La Corse a su préserver ses paysages et ses rivages de l'immobilier sans frein, et ce n'est pas une mince victoire lorsqu'on voit ce qui reste de la Côte d'Azur en France où des Iles Baléares. " Si un tel résultat a pu être obtenu, c'est parce que des volontaires ont su courir le risque d'aller poser des bombes qui ne tuèrent ni ne blessèrent jamais personne. Bombes qui détruisirent au fure et à mesure qu'ils se construisaient les complexes hôtelier ou touristiques qui n'étaient pas les bienvenus. Bien sûr de telles actions furent comprises et approuvées par une grande partie de la population corse. Elles étaient donc justifiées même si l'état français appelait ça du terrorisme ! (D'ailleurs, à ce sujet, les corses devraient peut-être un peu mieux les expliquer aux habitant de fRANCE métropolitaine). »
          Autre exemple : « L'exécution de Carrero Blanco par l'ETA Basque, il y a environ 25 ans, était justifiée elle aussi. La preuve en est que toutes les villes d'Europe ont fêté ça par d'énormes manifs répétées dont le slogan était toujours le même : " Eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeet hop ! Franco ! Plus haut que Carrero ! " Slogan qui n'est pas vraiment oublié puisqu'il est couramment repris, en changeant seulement les noms, quand un mouvement de contestation vient de faire " sauter " un ministre et aimerait bien que son supérieur " saute " aussi. »
          « C'est seulement quand une grande partie de la population en arrive à faire elle-même ce que jusque là seuls les révolutionnaires osaient faire, et se met à rêver mieux, que les révolutionnaires doivent faire un pas de plus. »
          « Et même les actions justifiées, quand elles sortent de l'ordinaire, il faut faire très attention à ce que les médias ne puissent pas les présenter de façon à ce qu'elles déplaisent à l'ensemble de la population. Si on n'est pas sûr de soi, je crois qu'il vaut mieux s'abstenir ! Une règle simple permet de déterminer si une action peut être accomplie : Il faut se poser la question : " Si on se fait coincer, malgré toutes les précautions qu'on va prendre, est-ce que nos amis pourront monter un fort mouvement de soutien en notre faveur ? " Si la réponse est oui, l'action peut être faite, sinon il vaut mieux renoncer ! »
          Mais aucune explication théorique ne remplacera des exemples bien précis. Je vais une fois de plus m'en référer à che guevara :
          Il y a deux che guevara ! Celui de Cuba et celui de Bolivie.
          * En Bolivie, il fut trahi par les Russes, dont il avait dit un ou deux ans auparavant lors d'un discours resté célèbre sous le nom de " discours d'Alger ", qu'ils (les Russes) se comportaient avec les pays sous-développés aussi mal que les Américains, et, donc, il fut trahi aussi par le Parti "Communiste" de Bolivie qui, non seulement n'envoya pas les guérilleros promis, mais, de surcroix, ne fit rien pour empêcher la réussite de la propagande journalistique qui faisait passer che guevara pour un terroriste, et même pour un bandit de grand chemin et un assassin ! C'est tout juste si le P"C" bolivien n'en rajouta pas afin d'aider le pouvoir à vaincre le che!
          Il s'en est suivi qu'au lieu d'être au sein de la population bolivienne comme un poisson dans l'eau, le che était obligé de la fuir ou de se cacher d'elle, car la plupart du temps, quand elle le voyait passer, lui et ses amis, elle prenait peur, évitait tout contact avec lui, et le dénonçait immédiatement à la police et à l'armée !
          Quand il a vu ça, le che aurait mieux fait de rentrer à Cuba !
          Mais nous savons tous comment cette triste histoire a fini...
          C'est malheureusement ce mauvais exemple du che que suivent les terroristes !
          Et c'est bien normal, parce que l'admiration envers quelqu'un pousse à l'imiter. Mais, comme il est très difficile d'en comprendre les qualités, c'est plutôt, sans s'en rendre compte bien entendu, en imitant les défauts de la personne aimée qu'on cherche à lui ressembler !
          * A Cuba, c'était l'inverse, il y était venu avec Fidel, qui, lui, était déjà très connu et aimé de la population cubaine depuis qu'il avait attaqué avec des amis la caserne de la Moncada, le 26 juillet 1953, date qui donna le nom du Parti de Fidel : le M 26-7.
          Je vous conseille absolument de lire le bouquin de Jean Cormier sur le che, il est très bien ! N'achetez surtout pas celui de Kalfon qui fut ambassadeur de fRANCE en Amérique Latine et qui est donc au service du pouvoir !
          A Cuba, contrairement à ce qui se passait en Bolivie, la population n'avait pas peur de la guérilla, qui en était donc vraiment une, et pas du tout un groupe terroriste ! Quand la population voyait arriver la guérilla chez elle, elle sautait de joie ; elle voyait s'avancer la libération du pays et allait à sa rencontre : de nombreux volontaires venaient remplir les rangs de la guérilla !
          A Cuba, la guérilla était vraiment au sein de la population comme un poisson dans l'eau !
          C'est bien sûr cet exemple là qui éclaire le chemin de la révolution ! 


Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                    ou : http://www.cs3i.fr/abonnes/do
           ou : http://vlr.da.ru
              ou : http://hlv.cjb.net