JOURNAL

 

"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."

 

N°44,          21 juillet 2000

 


CELLATEX :
UN EXEMPLE A SUIVRE !


          En menaçant de faire exploser leur usine, et en déversant de l'acide sulfurique dans un affluent de la Meuse pour prouver qu'ils étaient capables de mettre leur menace à exécution, les ouvriers de Cellatex nous montrent ce qu'il faut faire pour gagner une grève : il faut établir un rapport de force favorable.


          Pour voir un peu l'ambiance, vous pouvez commencer par lire cet article du " Monde ". Pour bien comprendre que les ouvriers de Cellatex ont vraiment gagné, vous pouvez lire cet autre article du " monde ".

          Bien sûr, " vraiment gagné ", sur un site qui s'appelle " VIVE LA RÉVOLUTION ", cela devrait vouloir dire que le capitalisme et tout autre forme d'exploitation de l'individu par l'individu ont totalement disparu de la surface de la planète. Mais les ouvriers de Cellatex ne s'étaient pas fixé un but aussi ambitieux, du moins dans un premier temps. Il n'empêche qu'ils ont gagné sur l'essentiel de leurs revendications et que, par conséquent, ils nous ont montré, un peu, comment nous devrons nous y prendre pour réussir totalement la révolution. En particulier, nous avons désormais compris que si les syndicats nous disent de " ne jamais toucher à l'outil de travail " et de ne jamais utiliser la violence, c'est parce qu'ils sont dans le camp du patron, parce qu'ils veulent qu'on perde : les syndicats sont des bordels et les partis les meilleurs proxénètes des masses.

          Je sais, il y a plein de syndicalistes sympas, et qui ne travaillent pas pour les patrons. Quand je dis que les syndicats sont des bordels, ça veut dire que leurs principaux chefs, ceux qui prennent vraiment les décisions, sont achetés par la bourgeoisie. Enfin, ils ne parviennent pas toujours à prendre les décisions. Par exemple, en décembre 1986, la CGT et la CFDT n'ont pas pu empêcher les ouvriers de la SNCF de construire une coordination afin de se diriger eux-mêmes ; en Mai 68, la CGT n'a pas pu empêcher le mouvement d'atteindre des sommets qu'un mois plus tôt personne n'aurait oser imaginer ; ou, tout récemment, aucun syndicat n'a pu empêcher les ouvriers de Cellatex de mener leur combat de façon efficace, de façon à gagner.
          Mais ce n'est malheureusement pas toujours le cas. Trop souvent, les syndicats réussissent à prendre les décisions à la place des ouvriers. Ainsi, en décembre 1995, le chef de la section SNCF de la CGT a réussi, à force de démagogie, à empêcher les ouvriers de construire une coordination, ce qui lui a d'ailleurs valu de l'avancement : il est devenu le chef de l'ensemble de la CGT !

          Les partis sont comme les syndicats. Prenons l'exemple du parti prétendu " communiste ". Robert Hue, le dirigeant " communiste ", a averti les ouvriers de Cellatex qu'''ils pourront compter sur une large solidarité, sur un soutien de l'opinion à condition que les formes de leur action ne soient pas désespérées au point de les couper de l'opinion publique''. Les " communistes " et la CGT, leur courroie de transmission, voulaient calmer les ouvriers. Mais les ouvriers nous ont montré que, bien au contraire, pour gagner, il faut s'énerver!
           Quant a Dominique Voynet, la ministre du maïs transgénique, qui se prétend écologiste, elle a, bien entendu, condamné l'action des ouvriers de Cellatex. Elle pense, bien sûr, selon le principe du " pollueur payeur ", que seuls les riches ont le droit de polluer. Elle aurait visiblement aimé, elle qui vient pourtant de l'ancien PSU, plus à gauche que le P"C"F, que les ouvriers n'osent pas montrer leur détermination, n'osent pas gagner. La pollution, c'est Dominique Voynet !

 

          Les capitalistes n'hésitent pas à utiliser la violence policière ou militaire contre la population. On peut donc se demander pourquoi les ouvriers en grève n'ont pas utilisé plus tôt des solutions radicales comme celles de Cellatex à Givet ou d'Adelshoffen à Schiltigheim (Remarquons que les ouvriers d'Adelshoffen n'ont pas hésité à mettre un masque pour déverser la bierre dans les rues de la ville. Ils ont bien eu raison, ça leur évitera d'éventuelles poursuites judiciaires. Peut-être que la prochaine fois, la bierre, ils l'offriront à la population, ou qu'ils la revendront à leur propre profit, pour financer leur grève, comme l'avaient fait, en 1973, année de solidarité LIP-Larzac, les ouvriers de LIP avec les montres !)
          La réponse est assez facile : pour empêcher la population d'utiliser des moyens radicaux, pour l'empêcher d'utiliser la violence contre ceux qui l'exploitent ou contre leurs chiens de garde (policiers ou autres bandes armées du pouvoir), l'état doit traumatiser la population, ancrer en elle un préjugé contre tout ce qui est radical, contre toute forme de violence ; pour cela, le moyen couramment utilisé est le spectacle de terrorisme. C'est-à-dire que l'état, par l'intermédiaire de ses services secrets ou de groupuscules infiltrés et manipulés par les dits services secrets, fait poser des bombes aveugles dans les supermarchés, ou fait assassiner des gens. Ensuite, par l'intermédiaire des médias, il nous fait croire que ce sont des personnes qu'on aurait envie d'aimer qui ont commis ces crimes. Ainsi, non seulement ces personnes nous parraissent d'un seul coup moins aimables, mais, en plus, cela provoque en nous le traumatisme anti-radical et anti-violence tant recherché par l'état !

          Le terrorisme d'état a déjà été dénoncé sur ce site à propos de l'assassinat du Prefet Erignac, ou à propos de la bombe du McDonald's de Dinan. Pour en savoir un peu plus sur le sujet, vous pouvez visiter cet excellent site
          Diverses personnes ont dénoncé le terrorisme d'état. Par exemple, à propos de bombes non explosées retrouvées récemment en fRANCE et soit disant posées par " les corses ", un journaliste de TF1 a demandé à des corses ce qu'ils en pensaient : la plupart avaient peur et ont refusé de prononcer un mot, puis le journaliste a enfin réussi à trouver un corse qui a osé dire la vérité : " C'est l'état qui a fait poser ces bombes et qui nous en accuse ". Depuis cette dénonciation à une heure de grande écoute, il n'y a plus de terrorisme en fRANCE ! Il faut dire que les journalistes ont commencé à comprendre que l'état peut faire tuer des journalistes pour les récompenser de ne pas dénoncer que le terrorisme, c'est l'état.

          En Espagne, la population n'a pas encore compris que l'ETA est complètement infiltrée et manipulée par les services secrets espagnols. Aussi, l'état espagnol s'en donne à cœur joie : un bombe aveugle par ci par là, de préférence dans un super-marché, un peu de terrorisme qui vise pour varier les plaisirs, tout cela agrémenté de quantité de manifs très importantes de soutien à l'état, l'arme du capital ; " Seul l'état peut nous sauver du terrorisme, et vive la collaboration de classe ! ", finissent par penser les espagnols. Ce serait vraiment bien si quelqu'un pouvait traduire en espagnol, et transmettre aux révolutionnaires espagnols, quelques textes de dénonciation du terrorisme trouvés sur ce site (Par exemple le texte sur Dinan, puisqu'il montre que tout ce qui touche à " l'explosif de Plévin " est manipulé par les services secrets français et espagnols !) ou sur A BAS LA CENSURE. Ce serait vraiment bien aussi, de me transmettre ces traductions. Ainsi, je pourrais les mettre sur mon site pour que les espagnols puissent les consulter. Le terrorisme d'état doit cesser en Espagne aussi !

          Et justement, en fRANCE, pour le moment du moins, l'état a dû rengainer son spectacle de terrorisme. Du coup, le traumatisme anti-radical et anti-violence commence à se dissoudre. C'est ce qui a permis aux ouvriers de Cellatex d'utiliser les seuls moyens qui permettent de gagner une grève.

 

POUR GAGNER, IL FAUT S'ÉNERVER !

          

PS) Pour gagner, puisque l'union fait la force, en plus de s'énerver, il ne serait pas mal que toutes les grèves s'unissent solidairement dans une seule coordination qui appellerait à la grève générale totale et illimitée : s'énerver, c'est bien, s'énerver tous ensembles, c'est mieux !

PPS) Bien sûr, Nous ne pourrons réussir ce que je propose au post scriptum précédent que si nous avons conscience que tous les syndicats et tous les partis chercheront à nous en empêcher !

DERNIÈRE MINUTE (22 juillet) : on m'a déjà posé la question : " penses tu réellement que le fait de polluer une rivière est vraiment un acte de lutte intéressant ? " vous pouvez aller lire la réponse en AG, c'est l'intervention N°76. Et le débat continue !

Nouvelle du 24 juillet 2 000, que je viens d'entendre à France-Info : Martine Aubry abandonne le PARE, le projet UNEDIC que les patrons voulaient nous imposer ! Cette décision gouvernementale suit de près la victoire des ouvriers de Cellatex ; aussi, soyons bien sûr que la radicalité de l'actuel mouvement ouvrier, et le fait qu'il ait su, au moins ici, trouver son expression théorique, ne sont pas pour rien dans cette décision du gouvernement. Et, si ce que je viens de dire est vrai, ça prouve d'une façon absolue que, tout en tentant de passer en revue quelques phases particulièrement intéressantes du mouvement révolutionnaire, j'ai bien eu raison de dire, en AG à l'intervention 78 : " Rien que d'écrire les chiffres de tous ces morts, 100 000 à Pékin en 1989, 100 000 pendant la commune de paris, etc., j'ai les larmes qui me viennent aux yeux en pensant que certains reprochent aux ouvriers d'avoir mis trois gouttes de pollution là où le capital en met des milliards et des milliards de tonnes. Au lieu de chercher des cheveux sur la tête des ouvriers qui les ont perdus tellement ils ont des soucis, je préfère tourner mes reproches vers l'ennemi qui, lui, est vraiment sans aucun scrupule. Comme ça, au moins, j'ai un peu plus l'impression d'avoir de la conscience de classe ! "

 


Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                    ou : http://www.cs3i.fr/abonnes/do
           ou : http://vlr.da.ru
              ou : http://hlv.cjb.net