FAUT PAS POUSSER MÉMÉ DANS LES ORTIES!

FAUT PAS POUSSER MÉMÉ DANS LES ORTIES!

______________________

REPONSE A GUDULE SUR L'AMOUR LIBRE

______________________

 

          Dis donc, Chère Gudule, c'est pas moi, qui dit comment l'on doit se comporter en amour; c'est cette société qui nous impose ses devoirs et ses interdits, notamment en amour. D'une façon douce avec ses coutumes et sa morale inculquées depuis la plus tendre enfance, d'une façon dure avec son code civil et sa police. Mon texte est, bien au contraire de ce que tu crois, un appel à la liberté. Ce n'est certes pas un nouveau règlement. Mais un appel au dérèglement le plus total! Et bien entendu l'amour communiste est l'idéal.

          Imaginons une insurrection réussie. Les insurgés se précipitent sur les portes des prisons, les fracassent, et libèrent les prisonniers. Quelle n'est pas leur surprise de s'entendre dire par l'un d'eux: "Comment? Vous voulez me forcer à vivre en dehors d'ici, quelle prétention! Et de quel droit? Je suis très bien ici, vous n'avez pas à m'indiquer le 'mode d'emploie' de la vie." Que vont-ils penser? Que ce prisonnier a complètement oublié ce qu'est la liberté, voire qu'il est né en prison (ce qui est notre cas à tous), et ne sait pas ce qu'est la liberté, qu'il a peur de l'inconnu. C'est à ce prisonnier que ta réaction me fait penser. Bien sûr, il n'y a pas en ce moment d'insurrection en amour, surtout en ces temps de SIDA; mais il y a un appel à tenter une telle insurrection. Et bien sur, comme avant toute insurrection, l'immense majorité croit que c'est impossible, et que d'ailleurs, même si la vie qu'on mène n'est pas l'idéal, elle est la moins mauvaise possible. Beaucoup, même, se croient libres parce qu'ils sont conditionnés pour le "penser". Ils confondent prison et liberté. Ils ne voient donc pas pourquoi il faudrait changer les choses et croient que ceux qui veulent la liberté vont les mettre en prison. Mais faut pas pousser mémé dans les orties. Voilà pour l'essentiel de ma réponse. Passons à quelques détails.

          Où as-tu vu que les "expériences" (la froideur scientifique de ce mot ne convient pas pour parler d'amour) d'amour libre se soient toutes cassées la gueule? Sinon dans ton conditionnement.

          Souviens toi des hippies, c'est leur grande liberté en amour qui fit leur succès, même si elle était loin d'être totalement réalisée chez chacun d'entre eux. Et depuis cette époque, tu peux chercher un autre mouvement de jeunesse qui a pris une telle ampleur. Il n'y en a pas. Si les hippies ont échoués ce n'est pas à cause de leur liberté sexuelle et amoureuse, c'est pour d'autres raisons comme les mauvaises drogues ou leur idéologie non-violente.

          Il existe encore en Afrique au moins une tribu non encore sortie de la forêt de l'éden où l'amour est totalement libre. Ces gens n'ont pas les concepts de père, de mère, de frère, de soeur, de cousin, de cousine, (ni même de travail, est-ce une autre histoire?). Ils n'ont pas de complexe d'oedipe et l'amour est communautaire. Certes, ils disparaissent. Mais c'est la disparition de la forêt qui les tue, pas la liberté.

          Considérons maintenant le milieu homosexuel masculin. Tu n'es pas sans savoir que l'amour et le sexe y sont très libres depuis longtemps. Pourtant ce milieu est loin de s'être effondré! Seul le SIDA a pu les ramener à la raison dominante, et pas complètement.

          Le néolithique est la période de sédentarisation et d'invention de l'agriculture. Ce sont les femmes qui inventèrent l'agriculture, parce que cette dernière demande à rester sur place et à bien connaître les plantes : les femmes se déplaçaient moins facilement que les hommes parce que souvent enceintes, et le biberon n'étant pas encore inventé, c'est elles qui s'occupaient des enfants ; de plus, et pour les mêmes raisons, de tout temps elles s'occupaient plutôt de cueillette que de chasse, les plantes étaient mieux connues d'elles que des hommes.

          Dominant l'agriculture, les femmes ont dominé le néolithique. C'est pourquoi les dieux de cette époque étaient des déesses. Dans cette société matrilinéaire, l'amour était libre, comme dans toutes les sociétés de type néolithique visitées par nos horribles ethnologues modernes. C'est seulement bien plus tard, après l'invention de la guerre (entre nomades, sans notion de propriété, cueillant ce qui se présente, et sédentaires, propriétaires parce que travailleurs produisant eux-mêmes leurs récoltes) que les hommes ont pris le pouvoir (Ce sont les hommes qui font la guerre, pour les mêmes raisons que ce sont eux qui vont à la chasse : ils se déplacent plus facilement). Alors, la société est devenue patrilinéaire. Mais contrairement aux femmes qui savent à tous les coups qui sont leurs filles, les hommes ne peuvent savoir qui sont leurs futurs héritiers que si les femmes ont le devoir de baiser uniquement avec leur mari! C'est alors que sont nés les interdits sexuels, les religions monothéistes avec un dieu (pas une déesse) considérant les femmes comme propriétés de leurs maris, et tout un tas d'autres saloperies dans ce genre comme un pouvoir dur, vraiment hiérarchisé, les armes de guerre à la main. Oui, historiquement, la phallocratie et les interdits sexuels sont nés en même temps, et à cause de la guerre (Ce qui pourrait justifier le slogan hippie "Faites l'amour, pas la guerre"). C'est amusant, donc, qu'une fille soit contre la liberté sexuelle et amoureuse. Mais ce n'est pas étonnant, puisque les filles sont éduquées à éduquer les enfants, et qu'elles devront le faire selon les idéologies dominantes. Par contre, il me semble naturel que ceux qui veulent la liberté la veulent aussi du point de vue sexuel et amoureux. Voila pour les références au passé que tu me réclamais.

          Je te cite : "on compare ici le fait qu'une personne éprouve de l'amour pour une autre (et une seule) à un viol". Où as-tu lu ça dans mon texte? Je parts non pas du contraire, mais de l'inverse: "Tires-tu orgueil d'être la seule personne aimée et désirée de ton conjoint? D'en être propriétaire?". Je n'ai pas considéré le cas où une personne aime un (seul) individu, mais celui où elle veut être la seule aimée de celui-ci! Je n'ai pas dit qu'aimer (même une seule personne) est un viol, mais que vouloir être la seule personne aimée de quelqu'un l'est. Ce n'est donc en aucun cas un sentiment que j'ai assimilé à un viol, mais la propriété sur une personne. Je pourrais me contenter de dire que la réthorique, c'est toi qui la fait, et mal. Mais ce n'est pas plus de la réthorique de ta part que de la mienne, et il est facile de comprendre pourquoi tu as fais une telle inversion de ce que j'ai écris : tu as été éduquée (ou du moins ton inconscient) à ne pas discerner entre aimer et être propriétaire, or je dis qu'être propriétaire de quelqu'un, c'est le violer; donc tu as compris: "aimer c'est violer"; et, conséquence secondaire, le côté "une seule personne", tu l'as mis entre parenthèse. Ou, pour analyser plus en profondeur et être complet, quand tu aimes, tu te sens propriétaire (toi, pas moi ni forcément les autres), et quand tu as lu que la propriété sur les individus est un viol, toi qui faisais ça en toute bonne conscience, tu t'es sentie accusée (Ne dis pas non, car tu utilises contre moi l'expression "juger les gens dans leurs pratiques de l'amour") ; pour ton inconscient, la défense la plus commode fut de te faire lire l'inverse de ce que j'ai écris. Ainsi, l'accusation s'est refoulée dans ton inconscient et s'est retournée contre moi dans ta conscience (j'aurais dit, d'après ton inconscient qui t'as menti, qu'aimer c'est violer!).

          Vouloir être la seule personne aimée d'une autre c'est vouloir en être propriétaire, ça, tu ne le remets nulle part en question. La seule chose que tu pouvais donc contredire est qu'être propriétaire d'un individu est assimilable à un viol. Ce qui t'amena à conclure : "On ne peut, à mon avis, comparer le viol à la propriété sur les individus, qui sont complètement consentant et heureux de l'être." Le fait que tu rajoutes ce qui suit ta dernière virgule montre que tu as tiqué quelque part, que tu t'es sentie obligée de mettre une restriction. Mais je suppose qu'aujourd'hui tu iras jusqu'à te rendre compte que ça fait de ta conclusion une monstruosité : je ne suis pas sûr que les esclaves noir des champs de coton m'auraient contredit quand je prétends qu'appartenir à un propriétaire c'est être violé, surtout s'il s'agissait de femmes ; mais il est sûr qu'ils n'étaient ni consentant ni heureux d'être la propriété d'un autre! Et seule une époque aussi décadente que la nôtre peut trouver qu'un individu qui est la propriété d'un autre peut être "complètement consentant et heureux de l'être". C'est pour attaquer l'amour libre que tu as été obligée d'admettre une telle horreur. Avec d'autres, je préfère entendre : "N'appartiens jamais à personne."

          En "bon anarchiste" je pense que "la propriété, c'est le vol", et si voler un objet est un vol, voler un individu à lui-même est bien un viol!

 

____________________

VIVE LA LIBERTE

___________________

MA LIBERTE S'ARRETE OU COMMENCE

LA PRISON DES AUTRES

________

 

Réponse du comité: "LA PROPRIETE SUR L'INDIVIDU C'EST LE VIOL"

 

 

textes sur l'amour libre :

 

Texte initial : l'amour nouveau est arrivé
Réponse de Gudule : Réponse à "l'amour nouveau est arrivé".
Réponse à la réponse : Faut pas pousser mémé dans les orties.

 


 

Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                    ou : http://www.cs3i.fr/abonnes/do
           ou : http://vlr.da.ru
              ou : http://hlv.cjb.net